OMFORUM DÉCRYPTE | Le Standard de Liège et l'OM, destins croisés (2/2)

OMFORUM DÉCRYPTE |Les destins de l'OM et du Standard de Liège se sont croisés pour la première fois en 1999 lors de l'achat du Standard par Robert Louis-Dreyfus. Pendant 15 ans, ces deux clubs auront eu une importante influence, l'un sur l'autre. Décryptage des moments où les destins se sont entremêlés.

 


1. Les années RLD et d'Onofrio

2. La revente du Standard et Michy


 La revente du Standard et la non-revente de l'OM

Le Standard sera le premier des deux clubs à enfin remporter un titre de champion, pour le plus grand plaisir de RLD en 2008, puis en 2009.

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A la mort de RLD, Margarita Louis-Dreyfus souhaitait vendre le club, notamment sur les conseils d'Acariès (qui en passant, allié à Roussier, prétendait avoir un repreneur prêt à mettre 100 millions d'euros pour recruter le club) mais c'est Labrune qui la convaincra de le garder, persuadé que l'OM avait une opportunité unique de remporter le titre, et de rendre ainsi un hommage à la mémoire des son défunt mari. La suite lui donnera raison. À noter en passant qu'un des exécuteurs testamentaires qui gère l'héritage des jumeaux LD est le fameux Reto Stiffler, encore lui.

Par contre, MLD prévient tout de suite, elle ne mettra plus un euro dans le club qui devra s'autofinancer. Et la gestion de Dassier et de Veyrat frère leur coûtera leur tête, MLD leur reprochant leur manque de transparence (mensonges sur le montant du transfert de Lucho, sous-évalué et sur le salaire de Gignac, le double de ce qui était prévu) et leur perte de contrôle de la masse salariale. Comme pour Diouf par son mari deux ans plus tôt, elle décide alors de débarquer le président qui n'obéit pas aux directives. Et pour le même motif, avec une injonction de baisser la masse salariale qui n'est pas respectée. Afin de prendre directement le contrôle, elle décide de nommer Labrune comme président de l'OM, avec comme objectif de redresser les finances du club, qui doit s'autofinancer suite à son entrée dans le nouveau stade en 2014.

L'état des comptes de l'OM est déplorable pour cette saison 2011-2012 et il faut que MLD prête 20 millions d'euros en juin 2011 pour permettre à l'OM de recruter à l'intersaison. Elle procédera également à un abandon additionnel de créance sur compte courant à hauteur de 11 millions d'euros. Ces 31 millions d'euros sont issus notamment de la vente du Standard de Liège pour 40 millions d'euros en juin 2011. Sacha Tavolieri rappelle que "la vente du Standard a été la première étape de la chute d'un club qui avait atteint l'apogée de son histoire en faisant le doublé, fin 2009. Lucien D'Onofrio a voulu trouver des investisseurs du même calibre que RLD mais Pierre François, son directeur général, est allé chercher un investisseur belge, Roland Duchâtelet, sans la bénédiction de d´Onofrio. Depuis cette époque, le Standard n'a plus d'âme et n'est plus que l'ombre de lui-même".

Devant les énormes difficultés financières de l'OM, MLD mandate en 2012 Igor Levin et Mehdi El-Glaoui pour analyser les comptes du club phocéen. Les conclusions du duo sont sans appel et sur leur recommandation, MLD intervient pour bloquer au dernier moment, contre l’avis de Labrune, l’externalisation de la régie marketing à Sportfive pour environ 40 millions, ce qui aurait permis à l’OM de ne pas être obligé de vendre tous ses meilleurs joueurs à l’été 2012. L'OM est alors passé très près d'un dépôt de bilan.

Si l'on tire jusqu'à maintenant le bilan financier de l'époque MLD, elle a injecté 51 millions d'euros sous forme d'abandon de créance, dont 40 financés par la vente du Standard, l'impact sur l'OM a donc été masqué, mais considérable.

Les aventures de Michy

Lorsque la saison 2014-2015 commence, Bielsa est encore en train de prendre ses marques et l'entraineur argentin, si l'on en croit la presse, est surpris de voir arriver un joueur qu'il n'a pas choisi ni conseillé. Michy Batshuayi est un attaquant belge très prometteur de 20 ans, arraché par l'OM grâce aux excellentes relations entre son agent et Labrune. Meïssa NDiaye est même considéré par certains comme le directeur sportif officieux de l'OM, tant son influence semble importante.

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Labrune a également été très créatif en proposant un montant de 6 ou 7 millions d'euros, bonifié par un intéressement pour le Standard à hauteur de 35% sur une éventuelle revente, ce qui a convaincu Roland Duchatelet, le président du Standard de Liège. Pour convaincre Michy d'accepter un salaire raisonnable, l'OM lui verse également une confortable prime à la signature. Plusieurs observateurs se sont interrogés sur le choix de Michy, l'OM ne semblant pas au niveau sportif auquel l'attaquant d'origine congolaise pouvait prétendre, lui qui était suivi par plusieurs grands clubs.

Prévenu de cette arrivée probable, Bielsa exige alors de le soumettre à des tests physiques avant de donner son aval à son recrutement, ayant eu un portrait exhaustif de ses qualités techniques par Diego Reyes. Michy les réussira haut la main avant de signer à l'OM.

Pour Sacha Tavolieri :"la vente de Michy à l'OM a été une excellente nouvelle. C'était le club parfait. Avec un entraîneur qui l'a vraiment aidé à se discipliner. On est passé d'un joueur renvoyé d'Anderlecht pour bagarre et qui avait un revolver d'alarme dans sa Jaguar quand il était au Standard, à un ange avec un sac Bob l'éponge. Il a été transcendé par Bielsa. Beaucoup de mérite lui revient (...) au Standard, on a la culture des joueurs égoïstes, donc Michy énervait surtout en raison de sa nonchalance. À Marseille, il est en train de grandir."

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Dernière étape de la relation Standard-OM, et elle ne préjuge pas de futures autres relations à court terme, en août 2015, le Standard de Liège menace d'attaquer l'OM devant la FIFA, pour obtenir le paiement des 5 millions d'euros qui auraient dû être payés par l'OM deux semaines plus tôt. L'OM, via une entrevue de son directeur général sur son site officiel, Philippe Perez, se fend alors d'une communication faisant ressortir leur incompréhension «Je ne vous cache pas mon incompréhension face à cette attitude. Nous avons convenu d’un échéancier avec les dirigeants belges. Nous le respectons à la lettre. Nous avons versé la moitié de la somme due au cours de ce mois d’août. La seconde moitié le sera, comme prévu, au mois de septembre

 

L'OM et le Standard auront donc partagé un destin commun pendant plus de 15 ans, et les tempêtes médiatiques, judiciaires et financières de chaque club auront eu un impact sur leur cousin d'Outre Quiévrain. Les relations risquent d'être plus distantes dans le futur, mais il était intéressant de revoir l'histoire récente de l'OM à travers le prisme Rouche.

3 comments

    • Latche 11 février, 2016 at 23:16

      Ceci dit quelques saucisses n’ont été que trop mollement démenties telle celle concernant le contrat de Bielsa censé comporter une clause libératoire.

      Enfin je me plais à croire que le club n’aurait pas accepté nu tel intéressement à la revente…

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