OMFORUM décrypte | Une certaine frénésie s’est emparée des médias, des présidents de club et de supporters suite aux résultats de l’appel d’offre commercialisant les droits TV pour les clubs de L1. À partir des éléments aujourd'hui à notre disposition, que cela signifie-t’il réellement pour l’OM ?
Une croissance très importante des droits TV domestiques
Tout d’abord, il est important de revenir sur les résultats de l’appel d’offre et ses implications à haut niveau.
Pour plusieurs acteurs majeurs de la LFP, et notamment Didier Quillot et Jean-Michel Aulas, l’affaire était claire, cet appel d’offre devait permettre de repositionner la L1 au même niveau que ses concurrents directs, exception faite de la PL, qui reste intouchable. De nombreux observateurs, dont votre humble serviteur, échaudés par les difficultés d’Altice, de Bein Sports et de Canal+, craignaient au contraire une stagnation, voire même une déflation.
Force est de constater que les dirigeants de club ont eu raison, avec un prix actuel aux alentours de 1,15 milliards d’euros par an, soit une croissance de plus de 50% par rapport au contrat actuel, et ce alors que deux lots ne sont pas encore attribués, ce qui pourrait ajouter au bas mot quelques dizaines de millions d’euros additionnels, voire pourquoi pas flirter avec le 1,5 milliards que même les plus optimistes osaient à peine évoquer.
Il est difficile de savoir à quoi auraient ressemblé les résultats sans le nouvel entrant, Mediapro, agence sportive qui a raflé l’essentiel des lots en jeu, ne laissant que des bribes à BeIn Sports et écartant totalement Canal+, mais dans tous les cas, et sauf mésaventure de type Calcio, le résultat est là.
Ce nouveau contrat positionne donc la L1 au dessus de la Liga, du Calcio et de la Bundesliga, comme le démontre le très complet article d’Ecofoot sur le sujet. Si les comparaisons sont hasardeuses car les périodes sont différentes, la L1 vient clairement d’effectuer un rattrapage inespéré.
Combien pourrait espérer toucher l’OM en droits TV ?
Évaluer le potentiel de revenus additionnels pour l’OM est périlleux. Le club phocéen a touché 37 millions en 2015-2016 (en finissant 13ème), puis 47 millions en 2016-2017 (en finissant 5ème). Avec le contrat actuel, sa 4ème place en 2017-2018 pourrait lui permettre de dépasser les 50 millions d’euros.
Pour évaluer l’impact de cette hausse, trois hypothèses sont possibles.
Tout d’abord, on peut imaginer une croissance linéaire, c’est à dire que l’on appliquerait le 59% de croissance sur les droits TV de chacun des clubs, comme effectué par Footballclubdemarseille. Selon une infographie publiée dans l’Équipe, en prenant comme référence 578,4M en 2016-2017, les clubs verraient leurs droits TV plus que doubler. L’Équipe évaluait donc à 97 millions le montant que pourrait toucher l’OM. En excluant les sommes qui ne sont pas réparties entre les clubs, et donc en appliquant une croissance de 59%, ce serait plus probablement un montant de 75 à 80 millions d’euros pour l’OM.
Deuxième hypothèse, la clé de répartition actuelle favorisant les principaux clubs, c’est une portion du gâteau plus importante qui serait affectée à l’OM, et donc un montant qui pourrait se rapprocher de l’évaluation de l’Équipe.
Mais, comme l’a fait très justement remarquer Fanduski sur Twitter, un rapport du Sénat « Muscler le jeu sur le football professionnel » fait référence à un accord consenti entre les présidents de club de L1 en 2016, et qui rebattrait les cartes.
« Le 11 novembre 2016, un accord a finalement été conclu pour une meilleure solidarité entre tous les clubs d'élite. Alors que le ratio entre le dernier et le premier de Ligue 1 s'établit actuellement de 1 à 4,1, il passera de 1 à 3,6 pour la saison 2017-2018 et de 1 à 3,2 pour les deux saisons suivantes. Une clé de répartition encore plus égalitaire a également été actée pour l'appel d'offres suivant (après 2020) sur la base de prévisions optimistes sur son issue. Ainsi, le ratio post-2020 passera de 1 à 2,5 si les droits TV atteignent 1 Md€/an et de 1 à 2,2 s'ils grimpent à 1,5 Md€/an. »
Cette dernière hypothèse verrait donc une croissance plafonnée des droits TV pour les principaux clubs, inférieure à 59% alors que les petits clubs verraient probablement leurs droits doubler.
Quel impact de ce nouveau contrat pour l’OM ?
Nous l’avons répété dans de nombreux articles sur les comptes de l’OM, le niveau très faible des droits TV domestiques crée actuellement en L1 une situation très compliquée à gérer pour un club ambitieux. Il est actuellement impossible pour un club de L1 d’avoir un budget supérieur à 200 millions d’euros et équilibré sans LDC ou vente de joueur, ce qu’illustrent assez bien les résultats nets de l'OM, déficitaires sans arrêt depuis le titre de la saison 2009/2010, et ce malgré des ventes très importantes en 2015-2016.
L’augmentation majeure des droits TV de Champions League l’année prochaine devrait même aboutir à une situation jamais vécue en L1, soit des droits TV LDC supérieurs à ceux du championnat. Cela va avoir pour conséquence pour l’OM de rendre sa participation à la LDC absolument indispensable dès 2019-2020. Étant donné qu’il y a 3 projets de même ampleur pour 2 places (OM, ASM, OL), ne pas se qualifier est l’équivalent d’une double peine car la situation s’accompagne, sauf exploit d'un Nice ou d'un Montpellier, de la qualification d’un concurrent.
Ce nouveau contrat va venir un peu atténuer cette situation, en rééquilibrant les droits TV domestiques par rapport à ceux touchés en LDC.
Selon l’hypothèse retenue, et en imaginant que les salaires ne suivront pas une inflation du même niveau, un OM quatrième pourrait équilibrer un budget à 200M s’il perçoit 100M de droits TV de L1. En revanche, si l’augmentation est inférieure à 59% pour l’OM comme le suggère le rapport du Sénat, l’impact sera beaucoup moins favorable et la LDC restera indispensable pour équilibrer le budget sans devoir vendre nos meilleurs joueurs ou demander à l’actionnaire de combler les trous.
McCourt est d’ailleurs un gagnant important de ce nouvel appel d’offre car le club pourrait devenir rentable sans LDC (et donc très lucratif avec LDC), si les efforts effectués sur la gestion du stade, les revenus matchday, le sponsors et le merchandising portent leurs fruits. Et un club rentable a une valeur bien plus importante qu’un club structurellement déficitaire.
Il faut donc attendre de connaître le montant touché sur les deux lots restants et surtout de savoir quels seront les critères de répartition entre les clubs avant de pouvoir déterminer s’il s’agit réellement d’un virage décisif pour l’OM ou si des efforts sur les autres revenus vont rester indispensables pour espérer avoir un club ambitieux, avec un budget équilibré, même sans présence en LDC.
Par ailleurs, et la L1 l'a vécue lors de la précédente grande croissance des droits TV au début des années 2000, si cette nouvelle situation s'accompagne d'une explosion du salaire des joueurs moyens, le gain devient beaucoup moins intéressant.
Super boulot.
La répartition des droits va vraiment être le nerf de la guerre.
La question va donc être de connaitre le but du championnat de France.
Est-ce que l’on veut une vision égalitaire avec un championnat plein de surprises et où les petits clubs sur une saison ou deux peuvent venir embêter les gros?
Ou veut-on un championnat tracter par trois ou quatre grosses locomotives, réduisant de facto l’intérêt du championnat mais permettant d’exister en Europe et peut être à terme d’obtenir une quatrième équipe en ligue des champions?
A priori, pour l’instant, on part sur une répartition plus homogènes contrairement à l’ Espagne.
« Par ailleurs, et la L1 l’a vécue lors de la précédente grande croissance des droits TV au début des années 2000, si cette nouvelle situation s’accompagne d’une explosion du salaire des joueurs moyens, le gain devient beaucoup moins intéressant. »…
Au clubs de ne pas renouveler les mêmes erreurs et d’investir sur leurs structures (infrasctrucutres, scouting, diversification des revenus) afin de ne pas créer à nouveau une inflation et se retrouver dépendant des droits TV.
Good job Urba!
Merci !