Nouvelle saison : Qu'attendons-nous de l’OM ? | L'EFFECTIF (1/2)

Le football français reprend ses droits, l’OM en première ligne, alors que les dernières manœuvres pour tenter de finir coûte que coûte une saison tronquée par le Covid s'achèvent. S’il est particulièrement difficile de s’aventurer à des pronostics, entre un mercato semi-gelé, une absence de repères vieux de moins de 5 mois et la présence toujours menaçante de la pandémie qui promet encore de nombreux épisodes tragicomiques, rien n’empêche de s’aventurer à deviner à quoi pourrait ressembler l’OM post-covid de l’an Villas-Boas II.

Episode 1 : L'effectif
Episode 2 : Tactique et adversité

"Ça ? Alors ça c'est Valère, il va épauler Benedetto en Ligue des Champions"

Villas-Boas n'avalera pas de couleuvres financières

Tout a été dit sur les finances rouge-écarlate du club, conséquence de l’échec cuisant de la phase 1 du projet, qui aurait pu être fatal sans le petit miracle réalisé par André Villas-Boas la saison dernière.

Les sanctions prononcées par le Fair-Play Financier cet été, marquent la fin du plan de redressement forcé des comptes de l’OM, avec comme objectif l’équilibre dès 2020-2021 et l’assouplissement temporaire de ce même FPF suite aux douleurs du confinement. Ainsi, l’heure est à la prudence financière.

Cependant, si le poids des arguments économiques est depuis le dernier mercato d’été - et sans doute pour quelques saisons encore - tout aussi important (voir plus) que celui des arguments sportifs, la liquidation à toute allure des valeurs marchandes significatives de l’effectif annoncée par certains ne devrait vraisemblablement pas avoir lieu, pour essentiellement deux raisons :

La première : le non-départ de Villas-Boas. Une des clés de la conquête de la deuxième place a été la relation de confiance qu’il a su tisser avec la quasi-intégralité de son groupe, en particulier les éléments les plus malmenés par le management désastreux de Rudi Garcia sur la fin de son mandat. Les joueurs se retrouvent donc en position de disputer la Ligue des Champions, dans un club qu’on sait très observé et avec un coach qui, pour la majorité d’entre eux, a su leur redonner de la confiance et un lustre qu’on a cru perdu. De quoi faire réfléchir même les plus ambitieux et désireux de franchir un cap supérieur à l’idée d’un départ dès cet été, quand la perspective d’une confirmation peut leur ouvrir bien plus de portes dans un an. D’autant plus, avec la possibilité de disputer l’Euro 2020 (ou 2021, on ne sait plus trop) à l’issue de la saison.

L'OM fait le pari de la jeunesse (air connu)

La seconde raison d'une non-liquidation des valeurs sportives : c’est précisément cette même rationalité économique qui devrait désormais primer dans les décisions relatives au mercato. Ce qui est vrai du point de vue des joueurs l’est aussi du point de vue du club : au moins en ce qui concerne les éléments les plus prometteurs et demandés de l’effectif, il est bien plus rationnel de planifier une vente dans un an dans un marché rétabli du choc de la pandémie et avec l’exposition en coupe d’Europe ayant fait exploser la valeur des joueurs concernés que de précipiter une liquidation massive dans des conditions peu favorables, à l’heure où la stabilité de l’effectif et la possibilité de surfer sur une dynamique positive est un vrai atout face à une concurrence souffrant pour la plupart d’instabilité chronique.

Ces arguments s’appliquent en particulier à Caleta-Car et Kamara, titulaires jeunes et incontournables qui pourraient voir toute l’Europe à leurs pieds très rapidement si ce n’est pas déjà le cas. On peut éventuellement élargir aux cas de Sanson, Sarr, Amavi ou même Lopez, qui pourrait bien profiter de la multiplication des compétitions pour saisir sa chance et se relancer après une saison difficile qui l’a vu relégué à un rôle de dépannage entre milieu et aile droite peu conforme à ses qualités.

Il faut vendre avant de ne pas acheter

Cependant, cette logique a ses limites : s'il n’est pas dans l’intérêt du club de procéder à une liquidation de grande envergure, il a malgré tout besoin de se renforcer quantitativement pour pouvoir défendre ses chances sur tous les tableaux sans se retrouver dans une situation précaire physiquement à cause d’une trop faible capacité de rotation, comme ça a été le cas sous Garcia avec la finale d’Europa League, ou même la saison dernière, malgré l’absence de compétition européenne.

Le club a beau avoir démontré qu’il était capable d’attirer des joueurs même avec un budget mercato réduit à sa plus simple expression avec les arrivées de Gueye et Balerdi, les possibilités sur le marché des prêts et des joueurs libres restent très limitées, et on ne peut vraisemblablement pas se permettre de dépenser des montants de plusieurs millions sans risquer d’énerver définitivement le Fair-Play Financier. Certains diront que sa crédibilité a été sérieusement entamée avec la farce des sanctions contre Manchester City, mais c’est un risque que le club ne peut se permettre de prendre.

Un indice sur l'identité de ce joueur masqué est subtilement glissé dans cette image

Sanson, sa révérence ?

Il est donc vraisemblable que le club connaisse un ou plusieurs départs, afin de se donner plus de marge de manœuvre pour satisfaire les demandes d’un AVB bien conscient des failles de son effectif et pour maximiser les chances de rester en Ligue des Champions pour la saison suivante, ce qui est d’une importance capitale pour le projet.

Le plus probable, à ce stade, semble être celui de Morgan Sanson, qui sort de sa meilleure saison dans le jeu et dont les statistiques flatteuses ont pu attirer nombre de prétendants, sans tromper pour autant les écuries les plus prestigieuses sur ses lacunes.

Si Sanson s’est révélé plus utile que jamais dans un duo hyperactif avec Rongier grâce à une bonne exploitation de ses qualités athlétiques et de sa tendance à jouer de l’avant dans une tactique misant sur un jeu direct et un pressing haut et intense, sa légitimité comme titulaire à l’échelle d’une saison complète reste douteuse. En cause : ses lacunes importantes dans la conservation du ballon, la gestion du rythme et l’orientation du jeu, qui le rendent bien moins utile voire dangereux dès lors que son équipe n’est pas dominante physiquement (comme on a pu le voir sur les derniers matchs avant l’interruption due au Covid, très poussifs).

Or, si d’après ses dernières déclarations André Villas-Boas compte construire sur les forces de la saison dernière et s’appuyer sur ce fameux pressing tout terrain qui a fait merveille lors de la meilleure période de la saison vers novembre-décembre 2019, l’équipe ne pourra pas soutenir ce rythme sur une saison européenne, alors même que l’effectif s’était très nettement essoufflé dès la reprise hivernale. Miser sur un plus grand réalisme pour s’offrir le luxe de gérer en fin de match ne suffira pas : l’OM devra réapprendre à pratiquer la conservation du ballon et l’art de percer les défenses en attaque placée, art pour lequel les prédispositions du duo Sanson-Rongier sont à ce stade tout sauf évidentes.

Bien sûr, Sanson pourrait très bien rester un élément important de l’effectif. Mais compte tenu de la situation du club et s’agissant du joueur ayant probablement la plus grande valeur sur le marché (après Caleta-Car et Kamara actuellement), on peut penser qu’il est préférable de laisser partir un élément pas vraiment indiscutable pour finir de compléter l’effectif avec des recrues de qualité en pointe et en arrière gauche. D’autant plus si les discussions pour un prêt de Cuisance, évoquées dans les médias pour le remplacer, sont réellement concrètes et ont de bonnes chances d’aboutir.

Valentin Rongier après 3 mois de gegenpressing de Villas Boas

Que les gros salaires lèvent le doigt

Restent les cas de Strootman et Thauvin, qui sont également des partants potentiels compte tenu de leurs salaires et, dans le cas de Thauvin, de sa situation contractuelle.

Concernant Strootman, son salaire très peu soutenable n’ayant été que bien trop peu souvent justifié par son apport sportif jusque là malgré de nombreuses circonstances atténuantes, on comprend aisément que le club rêve de voir une porte de sortie s’ouvrir.

Problème : le coût important de son transfert n’étant encore que très partiellement amorti, il faudrait une offre relativement élevée pour qu’un éventuel départ ait ne serait-ce qu’un impact neutre sur les finances de la saison en cours (environ 10 millions, à la louche).

Au vu des performances récentes du néerlandais, de ses exigences salariales et de sa situation contractuelle (il dispose encore de 3 ans de contrat sur la Canebière), il est très peu vraisemblable qu’une offre susceptible de satisfaire toutes les parties puisse arriver cet été.

A l’instar des joueurs cités plus haut, la meilleure stratégie pourrait donc être de compter sur son replacement en relayeur, son meilleur poste depuis toujours, et sur le besoin important de rotation sur la saison qui s’annonce pour redorer son blason et s’offrir un départ par la grande porte dans un an. D’autant que ses qualités techniques et tactiques, dans un registre différent de Sanson, paraissent tout à fait compatibles avec le projet de jeu de Villas-Boas, avec en particulier sa capacité à casser les défenses par son positionnement et la passe et à mener le pressing, qualités trop longtemps sous-exploitées avec son repositionnement forcé par les circonstances en sentinelle.

Thauvin, trop cher pour rester, trop bon pour partir 

Pour finir, évoquons le cas de Florian Thauvin. A un an de la fin de son contrat, on peut légitimement se poser la question du bien-fondé de conserver un joueur situé dans les plus gros salaires du club et qui a longtemps été le joueur le plus bankable de l’équipe.

Mais celui-ci sort d’une saison blanche, et dans un marché paralysé par les conséquences du Covid, le contexte est très défavorable pour espérer réaliser une bonne vente avec celui-ci. Or, l’apport sportif d’un Thauvin est énorme, d’autant plus que celui-ci évolue au poste où l’OM a été le plus en difficulté la saison dernière et dont les plans initiaux d’AVB dépendaient beaucoup de celui-ci.

La présence d’un Thauvin en forme pourrait résoudre une partie très importante des problèmes offensifs rencontrés la saison dernière, apportant un soutien de poids à Benedetto à la finition (et légitimant la présence d’un joueur avec son profil, capable de combiner, décrocher et lui laisser l’espace, en pointe) et permettant par la même occasion de moins dépendre des percées d’un Sanson pour apporter de la présence dans la surface adverse, favorisant ainsi un plus grand contrôle du jeu au milieu de terrain.

Seule une offre conséquente permettant de remplacer Thauvin par un joueur de qualité au profil similaire pourrait remettre en cause cette analyse ; offre qui, comme dans le cas de Strootman, a peu de chances de se présenter.

Une image qui vaut 50 millions de dollars

Moins d'argent, plus d'idées ?

Si des mouvements dans le sens des départs sont donc à attendre d’ici la fin du mercato, probablement en amont des dernières arrivées pour compléter l’effectif quantitativement en pointe et en latéral gauche, celui-ci ne devrait se décanter que tardivement, obligeant l’OM à débuter la saison dans une certaine incertitude avec un calendrier exigeant dès les premières journées.

Ce contexte difficile incite à la prudence quant au niveau à attendre des dernières recrues ; mais les arrivées de Gueye et Balerdi, qui à défaut d’offrir une garantie de succès ont le mérite d’être cohérentes avec le style d’André Villas-Boas et les failles identifiées dans l’effectif la saison dernière, laissent malgré tout de quoi être raisonnablement optimiste. D’autant que le club a eu l’occasion de montrer plusieurs fois par le passé qu’il était paradoxalement plus doué pour recruter avec peu de moyens quand il s’agit d’être inventif que quand il dispose d’un budget important à utiliser.

A suivre sur OMForum l'épisode 2 : Tactique et adversité

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