CINÉMA | MIDSOMMAR, LE POUVOIR DES FLEURS

CINÉMA | Une bande de thésards - et la copine de l'un d'eux, qui est l'héroïne du film et ressemble à Greta Thunberg - se rendent en Suède dans une communauté isolée pour assister à des rites de célébration du solstice d'été. Je suis sûr que vous pouvez raconter la suite de l'histoire vous-même.

Welcome to Ecologic Park

Changer les cœurs avec des bouquets de fleurs

Littéralement : vous ouvrez une poitrine, vous prélevez le cœur, et vous mettez un bouquet de tournesols à la place ; voici Midsommar.

Midsommar, n'évoque pas qu'un été à chanter du Laurent Voulzy. Avec sa photographie pastel, sa campagne fleurie et ses hippies a priori sympathiques, il a des allures du film The Wicker Man, sorti en 1973. Ce classique de l’horreur de la hixploitation (sous-genre horrifique se déroulant dans les milieux ruraux reculés, comme Confessions intimes Délivrance) empruntait le même sujet pittoresque de la secte religieuse écologiste, avec Christopher Lee en gourou halluciné.

Le décor rappelle aussi étrangement une université d’été d’Europe Écologie Les Verts, les adhérents ayant un sens du recyclage extrêmement poussé. Plus prosaïquement, Midsommar nous remémore les suicides collectifs de la secte de "l'Ordre du Temple Solaire", ayant fait près d'une centaine de victimes dans les années 90.

Will Poulter et le lobby judéo-maçonnico-écologiste

Sauvez la planète, mangez un américain

Curieusement, la direction artistique a un côté "Terrence Malick païen", et une distance au récit inhabituellement proche pour un récit de ce genre : les héros américains, globalement antipathiques (un des problèmes du film malgré tout), ne sont pas pour autant des bros imbéciles, et le film embrasse par instant la ferveur des rituels de cette communauté suédoise Hårga.

La mise en image est très premier degré, et loin de juger les fanatiques, elle semble même par moment les comprendre. « Vous n’acceptez pas les sacrifices humains ? Mais vous êtes un fasciste intolérant, respectez nos coutumes ! ». Cette citation glaçante n’est pas du tout dans le film. Mais elle aurait pu.

Si Midsommar n’est globalement pas effrayant, il ne s’interdit toutefois pas le gore et le voyeurisme (mais ne vous excitez pas trop, les femmes nues ont toutes plus de 60 ans).

 

« Mais t'avais dit qu'on ferait des knackis végan »

Cinémato-scepticisme

Midsommar a cependant deux défauts principaux :

  • d’abord une complaisance scénaristique : c'est un peu long, et les personnages deviennent plus idiots qu'ils ne le sont quand ça arrange le script. Elle rejoint une certaine complaisance technique, le montage et la réalisation sont parfois gratuitement sophistiqués - même si ça se calme par la suite
  • Ensuite, c’est un film qui commence trop bien, et ne maintiendra pas le niveau de son formidable prologue. L'intensité horrifique diminue, et si la décroissance peut être ecolo-friendly, elle ne sert pas le film.

 

Gloire à toi, ô Yannick Jadot

Make planet horror great again

Après les grandes attentes soulevées par Hérédité, la machinerie de Midsommar était peut-être trop élaborée. Pour son prochain film, Ari Aster gagnerait à se recentrer sur un sujet plus "petit", plus bis : il a tout l'air d'avoir un sacré niveau.

Les Fleurs du Mal

 

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