COMMENT VAINCRE ENFIN LE PSG ?

L’humiliation subie face au PSG dimanche soir a mis en lumière toutes les limites de l’OM Champions Project, plus de trois ans après son démarrage.

 

LE NAUFRAGE EN CHIFFRES

 

Des limites techniques d’abord, incarnées par les faillites du système de jeu d’André Villas Boas. On constate notamment une incapacité à se sortir du pressing parisien, parfaitement illustrée par les statistiques :

 

Bien sûr le constat d’échec ne s’arrête pas là. Ce qu’on a vu hier soir, c’est aussi un effectif incroyablement limité, un banc famélique, et ce malgré 200 millions d’euros !!! investis par le milliardaire américain. Laissons, une fois de plus, parler les chiffres :

 

Grande est la tentation de se cacher derrière la différence de moyens qui nous sépare de celui qui fut notre grand rival et qui aujourd’hui navigue dans des eaux où nous n’avons pas pied. Mais c’est oublier que :

  • Ça n’a pas empêché des équipes aussi diverses que l’OL, Rennes, Strasbourg et Guingamp de s’imposer face au PSG. Et parce qu’une bonne démonstration commence toujours par un bon tableur :

  • Nombreux sont les exemples de clubs ayant, avec des moyens similaires au yankee aux idées (mc)courtes, monté un projet sportif qui enthousiasme les connoisseurs :

Bref, le constat est accablant, et le moment parfaitement choisi pour tirer les conclusions qui s'imposent : cela fait huit ans que l’OM échoue à battre une équipe infiniment plus riche qu’elle, alors que d’autres y sont arrivées, une fois, fin mai.

ARE YOU NOT ENTERTAINED ?

Trêve de plaisanteries, place aux faits :

  • La Ligue 1 est une zone occupée. Occupée par un club beaucoup trop riche, dont l’hégémonie spontanée et artificielle a mis fin à l’histoire d’un championnat au palmarès pour longtemps souillé, décernant des titres qui ont autant de valeur que celui de 1941 (si le point Godwin vous dérange, je n’ai pas de bonnes nouvelles pour vous).
  • Occupée par un pays auquel l’état français a donné carte blanche diplomatique, fermant les yeux sur les victimes du terrorisme qu’il finance, sur l’Islam radical qu’il exporte (et dont les plateaux télés se repaissent des symptômes au lieu de s’intéresser à la maladie), sur les esclaves qu’ils épuisent sur les chantiers de la Coupe du Monde 2022.
  • Participant avec entrain à l’effort de légitimation de cette gigantesque mascarade, la presse sportive est un organe de collaboration. En d’autres temps L’Equipe serait le cahier sport de « Je Suis Partout », et le dernier mérite du foot français est certainement celui-ci : au moins, pendant ce temps-là Pierre Ménès de parle pas de politique.

Et si c'était vrai ?

 

  • Ce qu’il reste des supporters parisiens, qui ne se rendent compte de rien (ou font mine de), ne vaut pas mieux. Qu’on considère naturellement que la situation n’a rien d’anormal (c’est-à-dire, qu’on pense le foot comme un sport qui produit naturellement ce genre de spectacle), ou qu’il faille se faire bien des nœuds au cerveau pour produire une version de l’histoire qui en résout toutes les dissonances cognitives, c’est le signe d’une lâcheté morale rédhibitoire. Rédhibitoire dans ce qu'elle dit du citoyen, qui ne peut alors plus se revendiquer du moindre principe, ni articuler la moindre conviction, alors qu'il a échangé la mise à sac du patrimoine de son club par un état criminel contre le plaisir d'acclamer Cavani et Neymar Jr. Et rédhibitoire dans ce qu'elle dit du supporter, qui pour parvenir à se réjouir de la mascarade de ce club hors sol du terrain jusqu'aux tribunes ne doit pas tenir le football en haute estime.

 

Partant, la question devient plutôt : pourquoi vaincre le PSG ? Quand cela revient à se faire partie prenante de cette vaste entreprise de « football-washing » d’une entité qui n’a plus rien à voir avec le sport ? L’OM ne vainc plus le PSG mais la « bonne » nouvelle, c’est que toute victoire serait immanquablement une défaite, en ce qu’elle alimenterait le récit faisant du PSG un club de foot normal.

Traiter ce match comme n’importe quel autre, en produire une analyse tactique, c’est lui faire bien trop d’honneur. A l’image de Maximus Decimus Meridius, héros de l’arène et instrument malgré lui de la propagande de Commode le Clément, l’OM, et les dix-huit autres clubs de L1, sont des prisonniers qui se flagellent de perdre un match organisé par leurs geôliers.

Je vois des supporters couverts de honte après cette cinglante défaite, mais la honte, ça n’est pas d’avoir perdu ce match, c’est d’y avoir participé.

Et le Champions Project est peut-être un échec, ce « Classique » n’en sera jamais la preuve. Et ne sera jamais ce qu’il faut en retenir : les ratés de la Ligne Maginot n’empêchent pas les nazis d’être des nazis.

THE ONLY WINNING MOVE IS NOT TO PLAY

Dès lors, comment battre le PSG ? La question revient inlassablement. Puisque sur le plan sportif, toutes les issues s’apparentent à des défaites, la victoire ne saurait être que politique. On se prend à rêver à une sortie de crise qui ressemblerait au film de John Huston, « A Nous la Victoire », où un autre combat se jouait en coulisses d’un match de foot contre les nazis en forme de diversion.

Fair-play, Tomas Tuchel pose avec ses adversaires du soir

Plus trivialement, on pourrait espérer que Strootman enfonce sa dague dans le torse de M’Bappe que l’OM cesse de faire le déplacement, ou à défaut envoie la réserve. Cet acte de rébellion, que ceux qui auraient préféré qu’elle prenne la forme d’un village d’irréductibles qui résiste encore et toujours à l’envahisseur vivront certainement comme une trahison impardonnable de l’image qu’ils ont de leur club, aurait au moins le mérite de renvoyer aux promoteurs de cette grotesque fiction sportive, télévisions, journalistes, supporters, joueurs et présidents, la vérité d’une mascarade au croisement des intérêts politiques des uns et économiques des autres, et dont le panache sportif est très exactement celui d’une corrida.

(On remarquera au passage que notre boussole de la rectitude morale indique le même nord que celle de Pape Diouf : c’est dire si l’heure est grave).

Mais ce serait, pour tout dire, un peu hypocrite. Et sur le plan politique aussi, la question du comment cache celle du pourquoi. Pourquoi diable l’OM irait-il s’inscrire en faux d’un système dont elle a besoin ?  Et si les banderoles anti-QSI fleurissent moins spontanément dans les virages du Vélodrome qu’à Geoffroy-Gichard, c’est certainement par orgueil, mais peut-être aussi parce que vrais reconnaissent vrais. Et que si l’OM Champions Project ne s’érige pas en contre-pouvoir d’un système qui flatte le PSG et ses abjections, c’est évidemment parce qu’il en est partie prenante. Marseille outragée ! Marseille brisée ! Marseille martyrisée ! Mais Marseille touche les droits télés !

Au supporter de s’emparer du courage qui fait défaut à son club : en accordant au « Classique » le désintérêt qu’il mérite, en n’engageant ni son temps ni sa fierté, et qu’il soit le dernier, de ce spectacle de marionnettes, à en pointer les ficelles.

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