OMFORUM DÉCRYPTE | L'Analyse du Projet du Massilia Socios Club (2/2)

OMFORUM DÉCRYPTE | Comme le dit le proverbe : "Les joueurs passent, les entraîneurs passent, les dirigeants passent, les supporters restent" ; en cette année de grands changements, un mouvement de socios, le Massilia Socios Club, s'organise à Marseille. Leur but : faire entrer les supporters de l'OM dans le capital du club.

Dans cet article, nous allons analyser la possible entrée d'une association de sociétaires à l'OM et leur impact.

 


Première partie : Présentation des Différents Mouvements de Socios en Europe

Deuxième partie : Présentation et genèse du Massilia Socios Club

Troisième partie : L'Analyse du Projet du Massilia Socios Club (1/2)

Troisième partie : L'Analyse du Projet du Massilia Socios Club (2/2)

Quatrième partie : L'Interview du Massilia Socios Club


Partie 3 sur 4 | Deuxième partie : L'Analyse du Projet (2/2)

 

La participation au capital

Le problème de la prise de participation majoritaire ou minoritaire introduit aussi celui de la hauteur de la participation au capital. 10% ? 51% ? 100% ? Où placer le curseur ?  Outre le fait qu'il faut avoir le financement pour acheter ces parts, cette participation change la stratégie.

Si les socios sont majoritaires, deux problèmes vont se poser. D'abord, comme nous l'avons vu au-dessus, l'élection du président du club va devenir politique, celui-ci ne sera plus choisi pour ses compétences. L'autre problème est quel investisseur va vouloir acheter le capital restant si celui-ci n'a aucun pouvoir ? Nous savons que le football français est déficitaire pour les clubs, contrairement au football allemand. Il n'y a aucun intérêt pour un investisseur privé à acheter le capital restant.

Le cas où les socios sont minoritaires au capital semble plus sûr. Acheter une plus faible part limiterait les risques financiers pour tout le monde. En cas d'échec, elle serait plus facilement revendable. Mais ceci se traduirait par une absence de pouvoir concret sur la direction du club. Les socios ne pourront avoir un impact significatif qu'en décidant où ira leur investissement annuel.

C'est sur ce point-là, que la stratégie du Massilia Socios Club est à définir exactement.

Les investissements financiers

C'est là l'avantage majeur des socios : pouvoir avoir un impact financier annuel important et pouvoir choisir où il sera placé. Et c'est sur ce point-là que l'élection du conseil d'administration sera prépondérante.

En cas du succès du mouvement des socios et de l'adhésion de nombreux supporteurs, le budget de l'Olympique de Marseille pourrait rattraper celui du l'ASM et de Lyon. Frank McCourt a déclaré qu'il comptait mettre 200 millions d'euros sur 4 ans. Si le mouvement des socios arrive à maturité à ce moment-là, il pourrait alors prendre le relais et continuer ces investissements annuels qui contribueront à améliorer le club. Et à le faire rentrer dans le top niveau européen de façon durable.

Il y a plusieurs types d'investissements possibles dans un club de football.

A très court terme, il y a le recrutement de nouveaux joueurs, qui est l'investissement le plus instable. Il peut être rentable financièrement, ou fait en pure perte. Il peut avoir un impact sportif, ou n'en avoir aucun. C'est celui qui coûte le plus cher et qui a le moins d'effet sur le long terme. C'est celui qui a conduit à des dérives au FC Barcelone et au Real de Madrid. C'est celui qui créera des problèmes politiques. C'est celui qui attirera les agents de joueurs à la recherche d'un pactole. C'est l'investissement à éviter.

A moyen terme, il est possible d'investir dans l'infrastructure du club et dans la cellule de recrutement. Il est ainsi possible d'améliorer le centre d'entrainement, les appareils pour la récupération physique, dans le staff sportif et médical. Avoir des scouts et de meilleurs analystes permettraient aussi de recruter à meilleur rapport qualité prix. Ce sont des investissements qui amélioreront petit à petit l'équipe et sur la durée.

Joueur de l'OM à l'entrainement

A plus long terme s'imposent les investissements dans le centre de formation. Investir dans celui-ci permettrait de resserrer les liens avec le territoire local. Il nous permet aussi de former nos joueurs. C'est la façon la plus économique d'améliorer le niveau du sportif. Les investissements dans celui-ci mettront plus d'une dizaine d'années à se faire ressentir.

A très long terme, il y a les investissements dans l'immobilier et le foncier. C'est l'investissement qui rapportera le plus. Grâce à l'argent apporté par les socios, l'Olympique de Marseille pourrait racheter petit à petit le Stade Vélodrome sans diminuer son budget annuel et impacter le sportif. A long terme, acheter son stade est très rentable et augmenterait de façon significative le budget du club. Les succès du FC Barcelone et du Real de Madrid et leurs transferts pharaoniques proviennent indirectement de leurs socios. Non pas grâce à leur apport financier annuel, mais grâce aux investissements fonciers faits depuis des décennies avec leurs cotisations. Ces deux clubs sont les propriétaires de biens immobiliers et fonciers de quasiment 1 milliard d'euros. Ces biens leur permettent d'avoir un passif et une solvabilité importants. Ils peuvent ainsi emprunter de grandes sommes d'argent aux banques et faire chaque année des transferts aux coûts galactiques.

C'est dans le choix parmi ces différents types d'investissements possibles que se situera le pouvoir des socios et leur plus grand avantage.

Les Sociétaires

Tout ceci ne peut arriver qu'en cas de succès et d'adhésion massive au Massilia Socios Club. Il ne faut pas oublier que, contrairement à ses voisins, le supporter français est peu engagé et actif. La passion est moins importante. Même si Marseille est la ville la plus passionnée par le football en France, elle reste aussi l'une des plus pauvres. Et son bassin de population est bien moins important que celui de Barcelone, Madrid et Londres. Du coté du nombre d'adhérents, le Massilia Socios Club s'est fixé comme objectif d'avoir le même nombre de socios que Madrid au bout de 4 ans. Un chiffre qui parait très ambitieux.

N'oublions pas aussi un autre point négatif. Le Massilia Socios Club sera actionnaire en partie de l'Olympique de Marseille. Or celui-ci est très souvent déficitaire en fin d'exercice. A ce titre, le Massilia Socios Club pourrait donc lui aussi être tenu de couvrir les pertes proportionnellement à sa participation dans le capital. Il devra donc puiser dans ses réserves ou faire un appel au financement à ses adhérents. Suivant les pertes du club et le nombre d'adhérents, les sommes demandées pourraient être non négligeables.

Conclusion

Comme nous venons de le voir, la réussite de ce projet n'est pas garantie. il pourrait même se révéler désastreux pour l'Olympique de Marseille. Pour réussir, il ne faut pas seulement attirer un nombre d'adhérents important, mais que ceux-ci soient éduqués et fassent des choix éclairés. De ce côté-là, ce n'est pas gagné. Pour la gestion d'un club de football, il serait peut-être préférable d'avoir une dictature éclairée qu'une démocratie participative.

On peut conclure que le meilleur choix à faire serait une prise de participation minoritaire. Ce qui donnerait deux avantages aux socios :

  • avoir accès à l’intérieur du club et à toutes les informations, ce qui permettrait, par exemple, de vérifier la légalité des transferts ;
  • pouvoir investir intelligemment chaque année et augmenter petit à petit la valeur du club et son niveau sportif, pour l'installer durablement dans le haut niveau européen.

L'arrivée de Franck McCourt et Jacques-Henri Eyraud serait peut-être le meilleur atout de l'arrivée des socios à l'OM. Sous l'ère des Louis-Dreyfus et de leur gestion catastrophique, cela nous aurait conduit droit dans le mur.

 

Accéder à la quatrième partie du dossier : L'Interview du Massilia Socios Club

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