OM et Coupe de France : le retour des belles années (1969/76) [3]

 OMForum HISTOIRE | L'Olympique de Marseille entretient depuis presque 100 ans une belle histoire d'amour avec la Coupe de France. Et comme dans toutes les histoires d'amour, il y a eu des bons moments (10 victoires) et presque autant de moins bons (finaliste à 8 reprises).

A l'aide de l'ouvrage L'histoire de l'Olympique de Marseille dirigé par Florian Sanchez (textes de Jérôme Andréacchio, Emmanuel Jean et Frédéric Rostain), OMForum t'emmène faire une petite virée au cœur du plus beau palmarès de France. Une manière comme une autre de se mettre dans l'ambiance avant la 19e finale de l'histoire du club, qui aura lieu au Stade de France le 21 mai contre le PSG. Mais tu le sais déjà, ça.

A partir de maintenant, tu retrouveras également, par ci par là, de courtes anecdotes de supporters de l'OM qui ont vécu ces finales. Et ce dans le noble but de faire perdurer la tradition de transmission de supporters en supporters pour que jamais ne s'éteigne la passion olympienne. Amen.


L'OM des Parisiens (1924-1927)

Le goût de la défaite (1934-1954)

Le retour des belles années (1969-1976)

La "décima" et c'est tout (1986-1991)

La fin d'une mauvaise série ? (2006-2016)

Bonus : l'histoire de l'OM en Coupe de France en 5 infographies


Nous voilà à la fin des années 60, l'OM n'a pas remporté un seul titre depuis le championnat en 1948, le club n'est plus allé en finale de Coupe de France depuis 1954 et ne l'a plus remportée depuis 26 ans ! Mais l'OM peut compter sur des joueurs exceptionnels comme le magicien suédois Roger Magnusson ou le futur soulier d'or européen (1971) Josip Skoblar, pour écrire une des périodes les plus glorieuses de son histoire.

1969 : back in business !

Le chemin sera difficile, des premiers tours jusqu'à ce huitième -désormais disputé en deux matchs- à Angoulême (3-3). Au Vélodrome, l'OM s'offre la victoire grâce notamment à un but de Djorkaeff père. En quart, l'OM sort le FC Saint-Germain. En demi, un match nul 0-0 à Angers permet aux Olympiens de se qualifier pour la finale devant les 40 000 supporters  de son stade Vélodrome.

En ce 18 mai pluvieux, l'OM retrouve Bordeaux (qui reste sur 5 défaites en finale), un adversaire connu et maltraité 4-0 (dernière année pour ce record, Saint-Étienne s'en emparera en 1970 en humiliant Nantes 5-0) lors de la finale de 1943. 50 000 personnes étaient attendues mais 14 000 ne viendront pas, découragées par le mauvais temps. Pas les 20 000 Marseillais (sur 36 000 spectateurs présents) qui seront plus que jamais derrière leur équipe.

C'est le défenseur bordelais Chorda qui doit s'occuper du magicien Magnusson. Le match est très physique car les Girondins sont nerveux et Chorda ne tarde pas à recevoir un avertissement. Jusqu'à la fin, la partie restera rugueuse et c'est sur une frappe de loin plein axe de Novi, contrée trois fois puis déviée par la barre transversale dans le but, que l'OM ouvre le score (80e). Les Bordelais craignent que la "malédiction" continue et perdent leur contenance. Marseille en profite, par l'intermédiaire de Joseph, pour se mettre à l'abri (89e). Les supporters envahissent la pelouse pour célébrer les héros qui leur offrent une septième Coupe après 26 longues années d'attente. Djorkaeff reçoit des mains de Alain Poher (qui remplace De Gaulle depuis son départ du gouvernement le 28 avril) le précieux sésame. Mais le meilleur est à venir,  la ville de Marseille offre un triomphe digne de ce nom aux vainqueurs, le président Marcel Leclerc (1965-1972) se jettera même dans le Vieux-Port, comme il l'avait promis.

Joli but en bandes. Labrune aime ça.

1972 : le premier Doublé

Les Olympiens arrivent en finale sans problème, se permettant même le luxe de corriger Reims 3-0 dans son stade Auguste Delaune en demi-finale. L'OM retrouve un Parc des Princes rénové, un peu plus tard dans la saison que d'habitude puisque la finale a lieu le 4 juin, pour y affronter Bastia.

Les Olympiens sont champions de France et n'ont qu'un seul objectif en tête : le Doublé, le premier de l'OM. Le papa de Kieros, Robert de Chateau-Gombert nous raconte :

C'était l'inauguration du Parc des Princes, et le stade était magnifique (à l'époque).

L'OM affrontait le grand Bastia, celui qui savait jouer au foot, pas celui qui ne fait que mettre des coups comme depuis 20 ans. Le grand Bastia, et un très grand gardien, Ilija Pantelic, le meilleur gardien Yougoslave de tous les temps et le meilleur gardien du monde à l'époque. Pilier de la sélection avec Skoblar, il avait annoncé avant le match « Josip ne marquera jamais en finale, je le connais trop bien. J'anticiperai ses tirs ».
Skoblar est effectivement transparent, et bute sur Pantelic les rares fois où il touche la balle. Heureusement pour l'OM, Magnusson est "brésilien" ce soir-là. Passe décisive pour Couécou pour le 1er but de l'OM.

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La fameuse tête de Skoblar.

Et puis le chef-d’œuvre, un but immortalisé par une photo restée dans les mémoires : Sur l'aile droite, passements de jambes et râteaux de Magnusson, il centre devant le but : Skoblar surgit au 1er poteau et arme une tête incroyable, un coup de front rageur décroisé qui trouve un angle totalement impossible dans le petit filet bastiais. 2-0, c'est la furie dans le stade, je me lève et casse les lunettes de ma tante, qui ne verra pas la réduction du score bastiaise. Qu'importe, la Coupe est encore à nous !»

Les Bastiais sauvent l'honneur à la 85e mais ne privent pas les Phocéens d'une huitième Coupe et de son premier Doublé. Une grande partie des 44 000 spectateurs du Parc sont habillés aux couleurs olympiennes et laissent exploser leur joie lorsque Georges Pompidou remet la Coupe au capitaine marseillais. Marseille est en fête, et cela durera jusqu'au retour des héros.

Le présentateur cache maladroitement le fait qu'il n'en a strictement rien à battre, mais alors vraiment maladroitement.

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Voir le match en intégralité et gratuitement sur Footballia.net

1976 : l'OM bascule

Le parcours de l'OM est laborieux, dès les 32e contre Avignon (0-0, 2-0), même topo (1-1, 3-1) au tour suivant face à Reims, c'est un doublé de Bereta au Vélodrome qui qualifie les Olympiens. En quart, les choses se compliquent encore un peu plus puisque l'OM s'incline à Angers 1-0 mais remporte le match retour 2-0. La demi, face au Nancy de Platini et Rouyer, se déroule au Parc des Princes. Après un but de Boubacar (10e), Platini égalise de la tête (59e) mais sort un peu plus tard suite à un choc avec Marius Trésor. Les Nancéiens évoluent à 10 et Yazalde en profite pour donner l'avantage à l'OM (63e) avant que Boubacar (73e) et Bereta (89e) n'offrent une douzième finale à l'OM.

La finale a également lieu au Parc, le 12 juin, devant 44 000 spectateurs, face à Lyon. Doumé a d'ailleurs une anecdote sur son voyage et son arrivée au stade :

Putain la finale de 76... J'avais 19 ans. On est monté à Paris dans la Mercedes 220 D de Tonio. 4 freaks complètement rétamés au fringanor, à la bière et à l'herbe qui écoutaient en boucle des cassettes des Dolls, de Feelgood et d'Aerosmith.

Après 10 h de trajet, on est arrivé au Parc 1 h avant le match. Au moment du contrôle des billets, pris d'une légère indisposition, j'ai abondamment gerbé sur le préposé. Pas rancunier, il m'a laissé entrer dans l'enceinte. 2 h plus tard grâce à Noguès et Bouba on remportait une neuvième Coupe.

Quant à Robert, il nous détaille la situation :

L'OM avait une équipe d'artistes à l'époque. De bons joueurs, de bonnes individualités mais pas d'équipe, parce que le président Méric, au fond, connaissait mieux le cinéma que le football.

Le Lyon de Jacquet était supérieur, et pendant une heure on n'a pas vu le jour. Comme un symbole, je me souviens de François Bracci, baladé par Serge Chiesa, qui perd sa chaussure sur un changement d'appui et poursuit le lyonnais pendant 5 minutes, en chaussettes, sans réussir à l’attraper.

Mais on ne craque pas et Lyon n'arrive pas à la mettre au fond. Et puis un peu après la soixantième, sur le côté droit Noguès veut centrer, il dévisse un peu sa frappe qui s'élève et va s'écraser sous la barre du jeune Gilles Di Rocco légèrement avancé. But, on reste tous cons, Noguès le premier, et puis on se lâche tous après cette heure de souffrance. Lyon doute et le combat change d'âme, Yazaldé qui n’avait rien fait du match part du centre du terrain, fait un grand pont et démarque Boubacar. Et Boubacar ne ratait jamais dans les 18 mètres. 2-0, la Coupe est encore à nous.

C'est la folie au Palais des Sports du Parc Chanot où le match est retransmis sur écran géant. Tous se rendent sur la Canebière et le Vieux-Port pour chanter à la gloire de cette équipe qui ramène une neuvième Coupe à Marseille. Robert et Doumé ne le savent pas, à l'époque, mais l'OM vient de refermer les plus belles pages de son histoire d'amour avec la Coupe de France. Il y aura bien la joie symbolique du dixième titre mais aussi presque autant de défaites lors des 30 prochaines années que lors des 60 qui viennent de s'écouler.

Si tu regardes bien, à un moment on voit Doumé.

 

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