OM et Coupe de France: le goût de la défaite (34-54)[2]

OMForum HISTOIRE | L'Olympique de Marseille entretient depuis presque 100 ans une belle histoire d'amour avec la Coupe de France. Et comme dans toutes les histoires d'amour, il y a eu des bons moments (10 victoires) et presque autant de moins bons (finaliste à 8 reprises).

A l'aide de l'ouvrage L'histoire de l'Olympique de Marseille dirigé par Florian Sanchez (textes de Jérôme Andréacchio, Emmanuel Jean et Frédéric Rostain), OMForum t'emmène faire une petite virée au cœur du plus beau palmarès de France. Une manière comme une autre de se mettre dans l'ambiance avant la 19e finale de l'histoire du club, qui aura lieu au Stade de France le 21 mai contre le PSG. Mais tu le sais déjà, ça.


L'OM des Parisiens (1924-1927)

Le goût de la défaite (1934-1954)

Le retour des belles années (1969-1976)

La "décima" et c'est tout (1986-1991)

La fin d'une mauvaise série ? (2006-2016)

Bonus : l'histoire de l'OM en Coupe de France en 5 infographies


Trois victoires en autant de finales et en seulement 4 années, les années 25 ont été fastes pour l'OM. La suite est beaucoup plus disparate. Après sept années sans finale, l'OM y retourne enfin au milieu des années 30. Mais en 20 ans, les Phocéens connaissent autant de succès que d'échecs. Les trois nouvelles Coupes glanées n'ont donc pas vraiment la même saveur que les trois premières. D'autant plus que l'OM va connaître sa première grande disette, 15 longues années sans finale mais surtout 26 sans victoire !

1934 : la première défaite

La "belle époque" des Coupes est terminée depuis sept ans. Mais l'OM en a profité pour remporter le dernier championnat de France amateur organisé par la FFF en 1928/1929, il est remplacé par le championnat de football professionnel en 1932. Les Phocéens ont également gagné la Ligue du Sud-Est de football de 1929 à 1931.

Les Olympiens sont revanchards, en 1930 ils se sont fait sortir par leur "meilleur ennemi de l'époque" : Sète, qu'ils retrouvent en finale pour la revanche de 1924. Éliminés rapidement en 1933, ils débutent en 256e de finale un long parcours face à des clubs amateurs. L'opposition n'est pas très élevée et l'OM claque 51 buts (pour un seul encaissé !) en 4 matchs... Les choses sérieuses commencent en 16e, l'OM l'emporte 2-0 face au CF Paris puis 2-1 en huitième face à Mulhouse. Marseille est même tenu en échec, en quart, par Rennes (2-2). Le match d'appui est remporté 4-0, un score net et sans bavure. Une timide victoire 1-0 contre Roubaix en demi permet à l'OM d'atteindre sa première finale depuis la victoire de 1927.

On compte des personnalités marseillaises parmi les 40 000 spectateurs du stade Yves-du-Manoir, comme Bourrageas, directeur du Petit Marseillais ou le cinéaste Guy Maïa. L'OM marque dès la 2e par Zermani, mais Kohut et le buteur olympien se blessent en première mi-temps. Or, à l'époque, le règlement interdit les remplacements et Sète en profite pour égaliser par son international hongrois, Lukacs (24e). Deux actions litigieuses entachent le match : un envahissement du terrain après que l'arbitre ait refusé un but aux Sétois en première période puis des échauffourées, en seconde, notamment à la suite, encore une fois, d'un but refusé aux Héraultais par l'arbitre. A la 75e, Lukacs double la mise et offre à Sète le premier Doublé Coupe-Championnat de l'histoire du foot français.

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FC Sète 2-1 OM
Source : OM4ever

1935 : le retour de la victoire

Les Marseillais vivent mal leur défaite de l'année précédente, ils veulent se rattraper. Agde, Nîmes et Antibes en font les frais. Mais, déjà, le danger guette, puisque Sochaux (futur champion de France) se trouve sur la route de la finale. Qu'importe, l'OM en colle trois aux Doubistes. En demi, le club olympien retrouve un vieux camarade en la personne du Red Star. A l'issue de ce match, un des deux clubs les plus titrés de la compétition (3 pour l'OM, 4 pour le Red Star) sera éliminé. Et c'est le plus titré qui tombe, 3-2 grâce à un but de Eisenhoffer en toute fin de match. Fidèles à leur devise, les Phocéens ont inscrit la bagatelle de 53 buts pour arriver en finale, dont 17 pour Alcazar et 16 pour Boyer, qui vit sa dernière saison au club.

L'OM affronte Rennes en finale. Les supporters bretons sont plus nombreux que les marseillais à Colombes. Il faut dire qu'un scrutin électoral a lieu le même jour et que la FFF a refusé de déplacer le match (mais a retardé le coup d'envoi de 30 minutes). L'OM 1935 est un beau mélange de Provençaux comme Durand, d'étrangers comme Eisenhoffer ou de Français d'outre-mer comme Alcazar ou Zermani. C'est une équipe qui a marqué les esprits et les mémoires des supporters. Rennes domine la partie mais Roviglione marque contre le cours du jeu à la 34e. Son but assomme les Rennais et Kohut en profite pour doubler la mise (38e). Juste avant la pause, l'OM profite d'un but contre-son-camp d'un milieu breton (42e). Rennes ne se relèvera jamais. Le capitaine Max Charbit soulève le quatrième trophée du club, l'OM rejoint le Red Star et met fin à 8 ans de disette.

Une conduite de balle aussi fluide que Messi.

1938 : la finale des "coussins"

L'OM se hisse tranquillement en demi où il se heurte au Havre. Le match nul 0-0 débouche sur un match d'appui que les Marseillais remporteront sur le plus petit des scores. Marseille est opposé à Metz en finale, le match se déroule au Parc des Princes (à l'époque doté d'un... vélodrome), le stade de Colombes étant en travaux pour cause de Coupe de Monde.

Les arbitres Munsch, Conrié et Capdeville vont avoir un rôle important dans cette finale du 8 mai. En effet, alors que la tactique en WM des Lorrains gène l'OM, l'arbitre accorde un pénalty à Metz suite à une faute de main de Bouali à la 37e. Le capitaine Ferdinand Bruhin convainc l'arbitre, celui-ci revient sur sa décision et n'accorde pas de pénalty. Les Marseillais décident de prendre les choses en main et ouvrent le score par Kohut au retour des vestiaires (48e). Metz parvient à égaliser à la 84e et arrache les prolongations.

A la 118e, Aznar décoche une tête, repoussée de la tête par un défenseur grenat mais... derrière la ligne de but. A l'intox, les Marseillais célèbrent le but et, encore une fois, Bruhin intervient et convainc l'arbitre que le but est bien valide. Les supporters messins sont en colère et jettent les coussins sur lesquels ils sont assis sur le terrain, d'où le surnom donné à cette finale. Il aura fallu seulement 14 années à Marseille pour remporter son 5e titre (le record à l'époque). L'OM est ainsi le premier club à remporter le trophée au Parc.

Merci Eugène mais c'est la Coupe 38...

1940 : une finale en temps de guerre

Malgré la guerre (septembre 1939) et l'absence de nombreux joueurs appelés, 136 clubs participent à la -temporairement renommée- Coupe Charles-Simon. L'OM sort Nîmes, Montpellier, Nice et Sète et se permet, en demi, d'atomiser Lens 9-1. L'OM retrouve le Parc des Princes en finale et un adversaire local, le RC Paris. Malgré l'ouverture du score par Aznar (16e). Roulier, le capitaine parisien, égalise pour Paris (25e). A la 78e, Mathé donne l'avantage aux Parisiens. Vexés, les Olympiens perdront même Conchy, expulsé par l'arbitre pour un mauvais geste. Une grande partie des 26 000 spectateurs exultent. En ce 5 mai, Marseille vient de laisser filer sa 2e finale.

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De droite à gauche, au premier rang, Thibault Giresse, Jacques Chirac, Lorik Cana...
Source : OM4ever

1943 : la première finale en deux actes

L'Occupation a changé le format de la Coupe. Désormais, le vainqueur de la zone Nord rencontre en finale le vainqueur de la zone Sud. En 6 matchs, l'OM marque 28 buts tout en en concédant seulement 5 et n'a aucune peine à remporter la "petite" finale de la zone Sud (3-0 contre Perpignan).

Le 9 mai, les Olympiens sont confrontés à Bordeaux au Parc des Princes. Ces derniers alignent Nemeur qui n'est pas qualifié, cette irrégularité devrait donner la victoire à l'OM sur tapis vert. Mais Joseph Pascot, Colonel de l'armée française et haut commissaire au sports du Régime de Vichy, estime "qu'une finale ne se gagne pas sur tapis vert" au nom de la "morale sportive" et décide de faire rejouer la finale.

Le 22 mai, au même lieu, les deux équipes se retrouvent devant un public de 32 000 personnes largement acquis aux Girondins. En guise de réponse à la décision du Colonel "Jep", les Phocéens étrillent Bordeaux 4-0 grâce à un doublé de Aznar, dont un tir puissant qui troue les filets (véridique !) à la 31e, et deux buts de Dard (57e) et Pironti (80e). Jusqu'en 1970, ce score de 4-0 restera le plus large infligé en finale. L'OM ramène à Marseille sa 6e Coupe et Roger Scotti en devient, à 17 ans, le plus jeune vainqueur. Pour l'anecdote, cette année, l'attaque Dard-Scotti-Aznar-Robin-Pironti avait inscrit le modique total de 100 buts en 30 matchs de championnat (45 pour le seul Aznar, notamment auteur d'un nonuplé contre Avignon !).

Le charme désuet des commentaires anciens.

1954 : une finale pleine de superstition

Nous voilà au milieu des années 50, Scotti est toujours là, Ben Barek et Gunnar Andersson l'ont rejoint. Les Olympiens éliminent Grenoble (3-0), Reims, Strasbourg (2-1) en huitième, Rouen après prolongations grâce à un but de Ben Barek, puis, en demi, Sedan.

Les Phocéens sont de retour à Colombes après trois finales (2v-1d) au Parc des Princes, devant près de 57 000 spectateurs dont Gaston Defferre et Jean Médecin, les maires des deux villes, et René Coty, le président de la République, pour affronter Nice en ce 23 mai. Pour la mise au vert, les dirigeants marseillais, superstitieux, veulent absolument retourner dans le même hôtel que lors de la demi-finale face à Sedan. Mais le Pavillon Henri IV ne peut les recevoir car l'empereur du Vietnam, Dao Bai, et sa délégation s'y trouvent. C'est finalement à l'Hostellerie du Cheval Blanc, l'hôtel des Sedanais vaincus, que l'équipe marseillaise s'établit.

Après seulement 10 min de jeu, Nice mène 2-0 (6e et 10e). Cependant, les Marseillais ne se découragent pas et l'incontournable Andersson réduit l'écart à la 53e. En toute fin de match, Scotti pense envoyer l'OM en prolongations mais Gonzales détourne in extremis le ballon d'un retournée acrobatique sur sa propre barre. Dans la continuité de l'action, le 2e buteur Carniglia, sur sa propre ligne de but, repousse de la tête un tir marseillais. Pas de Goal Line Technology à l'époque, et Ferdinand Bruhin n'est plus là pour convaincre l'arbitre d'accorder le but. Mais d'après les images d'archives ci-dessous, il n'y avait effectivement pas but. Nice remporte la Coupe (sa 2e en 4 ans). Les Phocéens quittent Paris extrêmement déçus, et encore, ils ne savent pas que l'OM mettra 15 ans pour retrouver le chemin d'une finale de Coupe de France.

Ok, après avoir vu un match filmé aussi proche du terrain, je ne me plaindrai plus jamais des zooms inutiles dans le public et des ralentis trop nombreux des réalisateurs modernes. Promis.

Accéder à la suite : le retour des belles années (1969-1976)

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