Chaque saison, dès que cette affiche approche, nous avons droit au même débat : les confrontations entre l’OM et le PSG, méritent-elles le nom donné à cette affiche. Depuis que le PSG est entré dans l’ère qatari, ce terme est toujours justifié et je vais tenter de le démontrer de manière classique comme il se mérite.
Un scénario classique...
Je vais prendre pour commencer la définition la plus commune du mot « classique » :
Classique, adj. : Qui a ordinairement lieu dans telles ou telles circonstances, qui ne surprend pas, habituel.
Cette définition correspond totalement à ce match, autant hors que sur le terrain.
En dehors du terrain, le public marseillais va se déplacer en masse et faire le spectacle. Comme lors de représentations de grands classiques de l’opéra c’est souvent là où nous apercevons également des nouveaux venus, curieux avides de l’expérience ou dilettantes faisant l’effort spécialement pour cette représentation. La différence, c’est qu’à l’inverse de l’opéra, ce public ponctuel est plutôt d’origine aisé.
Dès le début des festivités, la vox populi est réglée comme du papier à musique. Elle va siffler l’entrée des joueurs parisiens comme d’habitude, insulter la moindre décision arbitrale en sa défaveur comme d’habitude, chanter des « Aux armes » très fort comme d’habitude, le public parisien ne sera pas là comme d’habitude depuis que ce match est classé à risque par un gouvernement lancé dans une chasse aux sorcières, ce qui occasionnera donc aucun débordement qui pourrait perturber le déroulement conventionné du spectacle.
Sur le terrain, le scénario est déjà écrit. Marseille ne niant pas ses origines, c’est souvent sous un fond de tragédie grecque avec des acteurs caprins adorateurs du satyre Dyonisos que se jouent la pièce. Déjà sous l’ère Diouf, lorsque l’OM jouait en Ligue des Champions, l’équipe réalisait une prestation honorable qui aboutissait à une défaite malgré des occasions créées qui auraient pu nous faire gagner le match. Le lendemain, les mêmes réactions dans les médias et des supporters, les « on est passé près », « on a donné le change » et autre « au milieu on les a bouffé » étaient de mise. Il était donc déjà écrit que lorsque Paris devait se monter une équipe niveau LDC, l’OM égal à lui-même, continuerait de réaliser les mêmes matchs que lorsqu'il était confronté à des adversaires de ce niveau. Si le match se joue en 2 mi-temps, l’intrigue se déroule bien en 5 actes telle une tragédie classique comme lors de ce dernier Classico (Acte 1 : exposition des 2 équipes dans les médias, Acte 2 : La réalité du terrain représenté par le but parisien, Acte 3 : La rébellion engendrant l’espoir (le but de Cabella), Acte 4 : Le dénouement fatidique (le but de Di Maria et l’arbitre Parque s’amusant avec son sifflet comme avec le fil du Destin des phocéens) et Acte 5 : Le coup de sifflet final mettant fin au rêve de victoire de tout un peuple)
La veille du match, sur RMC, même les pronos ne comportaient aucune surprise, les spécialistes voyant d’un commun accord une victoire du PSG avec les 2 équipes qui marquent. Etant donné notre capacité à jouer le contre et le PSG étant une équipe joueuse, c’était une évidence. En sachant cela, pourquoi ne pas jouer autrement et ainsi créer une expérience Schrodingerienne si cher à OMForum. Ouais mais connaître sa destinée n’a pas empêché le héros tragiquo-classique Œdipe de coucher avec sa mère. Héritage grecque qui nous a donné notre propension à demander gentiment à l’adversaire d’aller faire du bien à sa maman. Oups désolé pour la digression.
... mais des réalisations différentes
Présenté comme ça, ça ne donne pas trop envie d’aller voir ce match à moins d’être un brin maso me diriez-vous. Oui mais non. Classique ne signifie pas forcément ennui. Ce n’est pas parce que je suis français que je ne vais pas apprécier à sa juste valeur un tableau néoclassique sur Waterloo. Je vais quand même regarder Gladiator (qui est pour moi un classique du 7ème art) lorsqu’il est programmé, insulter Commode de fils de pute tout en mangeant des pop corn sur mon canapé et être triste de la mort de Maximus sachant qu’il avait aucune chance de s’en sortir car les dés étaient pipés dès le début du combat. D’accord la fin du film est moins triste que celle d’un OM-PSG, parce que il y a match nul, Maximus arrive à sauver les meubles en emportant ce salaud de Commode avec lui.
Même sous la parenthèse Bielsa, ce match était classique malgré les apparences. El Loco étant juste cet original Monsieur Keating du cercle des poètes disparus qui a déconditionné nos joueurs de la méthode L1 pour les faire jouer avec emphase et romantisme un scénario classique. La génération Bielsa se souviendra aussi qu'il a fait de Morel un acteur émérite en lui donnant un rôle plus central alors qu'il faisait le palmier sur le côté avec les réalisateurs précédents. Dommage que cet excellent pédagogue ait été traité par l’académie footballistique française de la même façon que ce cher professeur anglais par les conformistes du Vermont.
Au même titre que Gladiator ou Le Cercle des Poètes Disparus, OM-PSG, on a tous vu ce film. C'est un classique.