OMFORUM DÉCRYPTE | L'OM commence-t-il à copier le modèle de Monaco ?

Suite à la saga Kondogbia / Imbula à l'Inter, on voit fleurir un peu partout sur Internet et sur Twitter des messages visant à démontrer la supériorité du modèle monégasque sur le modèle marseillais. Si l'on ne souhaite pas se prononcer sur la stratégie de Labrune et son fameux projet Dortmund, ce n'est pas pour autant que l'on doit souhaiter avoir ce modèle à l'OM.

Essentiellement, le modèle monégasque a pour stratégie de générer le maximum de revenus, pas forcément pour le club, mais surtout pour l'ensemble des intervenants et intermédiaires. Quelque soit le prix à payer sportivement.

Évidemment, un des meilleurs moyens de générer des revenus est de bien figurer sportivement, tant en termes de valorisation joueur que de recettes directes, ce qui fait que le supporter peut aussi y trouver son compte, mais la logique qui sous-tend le système, serait selon nous incompatible avec un club comme l'OM si attaché à son âme et à sa spécificité.

Monaco est un des jouets de Jorge Mendes

C'est un des plus grands changements dans le football du début des années 2010, la prise de contrôle d'une partie importante du marché des transferts par Jorge Mendes et son empire.

Dans l'cul l'OM, dans l'cul l'OM, dans l'cul...

Dans l'cul l'OM, dans l'cul l'OM, dans l'cul...

L'OM vient d'en payer le prix à 3 reprises et en quelques jours. Tout d'abord, dans un de ses clubs sous contrôle, le FC Valence, il a orchestré un revirement de dernière minute, via Nuno Santo Espiritu, pour placer Caio à la place d'Imbula alors que tout était réglé entre les différentes parties. Juste après, c'est au tour du transfert de Kondogbia à l'Inter, de faire échouer le transfert d'Imbula. Entre temps, une des cibles de l'OM depuis 2 ans, Guido Carrillo, signait à Monaco pour 9 millions d'euros. Le point commun entre ces 3 joueurs ? Ils font tous partie de la galaxie Mendes. Le portugais contrôle plus ou moins directement une quinzaine de clubs européens (Porto, Benfica, Sporting au Portugal, Valence, Deportivo La Corogne, Atlético Madrid et Real Madrid en Espagne, Chelsea et Manchester United en Angleterre, AS Monaco en France), une ribambelle de fonds d'investissement et de structures diverses, et donc plusieurs entraîneurs et de nombreux joueurs.

Cela lui permet de créer de nombreux mouvements de joueurs, en accroissant si possible à chaque fois leur valeur et en créant surtout des indemnités pour les intermédiaires. Un des cœurs de cette stratégie est d'acquérir des joueurs en TPO dans des pays qui l'acceptent comme l'Espagne, le Portugal ou une grande partie des pays d'Amérique du Sud et les revendre dans des pays qui l'interdisent comme la France, l'Allemagne ou l'Angleterre, ce qui permet au fonds d'investissement d'encaisser le cash.

Comment l'ASM participe à cet empire ?

Toute l'implication de Rybolovlev à Monaco est motivée par une recherche de respectabilité, en passant par une reconnaissance princière et une promesse de passeport monégasque pour l'oligarque et sa fille (certaines mauvaises langues diront que c'était également un moyen de donner une nouvelle virginité à certains fonds).

Le prix à payer était de redonner du lustre au club et pour cela de très importants investissements ont été effectués, à perte dans un premier temps, avec une volonté de concurrencer le PSG.

Le modèle ASM par Goethe : le diable, l'autre diable et ce couillon de Faust

Le modèle ASM par Goethe : le diable, l'autre diable et ce couillon de Faust

Afin de constituer rapidement une grosse équipe, son bras droit Vasilyev fait appel à quelqu'un qu'il connaît bien pour avoir notamment collaboré à l'époque de Fedcom, Jorge Mendes. Le portugais gère de nombreux joueurs en copropriété et recherche un point de chute en France, pays qui interdit les copropriétés de joueurs et qui restait alors peu utilisé par son réseau. L'ASM, qu'il connaît depuis la fin des années 90 et le transfert de Costinha, est le partenaire parfait : un propriétaire avec beaucoup d'argent, une fiscalité très favorable pour tout le monde (dont les joueurs), et une très faible influence des supporters lui permettant d'avoir une marge de manœuvre quasi totale.

C'est dans ce cadre que ce nouvel ASM commence à se construire avec comme point d'orgue les arrivées à prix d'or de Falcao et du duo Moutinho/James. Kondogbia et Ricardo Carvalho renforceront également le club. L'ASM se positionne alors comme un vrai concurrent pour le PSG qatari.

Trois événements viendront bouleverser cette stratégie : le divorce très médiatisé et très coûteux de Rybolovlev, la promesse non tenue de passeport monégasque et surtout le fair play financier qui vient de facto bloquer cette stratégie.

Au lieu de revendre le club et d'arrêter les frais, le modèle monégasque mute alors pour devenir une machine à générer de l'argent. Un proche de Mendes est placé à un poste clé, Campos passe de conseiller spécial à directeur sportif et le très souple Jardim remplace le pourtant efficace (mais trop difficile à contrôler) Ranieri comme entraîneur.

La providence fait que James réalise une superbe coupe du monde, ce qui permet de générer une énorme plus-value lors de son transfert au Real de Madrid pour environ 90 millions d'euros. On trouve un point de chute pour Falcao, à Manchester Utd, pour un prêt payant de 20 millions d'euros  et cela permet de faire arriver deux joueurs de l'écurie de Mendes, Wallace et Bernardo Silva. Ils viendront d'ailleurs en prêt afin de limiter dans un premier temps les investissements de l'ASM, un peu sur le modèle de ce qui avait été fait par Mendes à La Corogne.

On a d'ailleurs constaté à quel point le modèle était en place lors des prêts presque simultanés d'Ocampos à l'OM (qui ne fait pas partie de la galaxie Mendes et dont l'ASM veut se débarrasser) et de Matheus à l'ASM, joueur de troisième division brésilienne, appartenant au reseau Mendes et qui aura l'occasion de se faire valoir.

Que donnerait ce modèle à l'OM ?

Il est clair que ce modèle ne pourrait selon nous pas fonctionner durablement à Marseille. Tout d'abord, l'OM est un objet politique et médiatique sans équivalent en France. Même le PSG a une importance relative beaucoup moins importante pour son environnement. Et le modèle Mendes/ASM a besoin de discrétion et d'une totale latitude, sans interventions ou ingérences extérieures, qu'elles viennent de la justice, de la presse, des supporters ou du politique.

La logique purement financière de ce modèle fait fi de tout élément perturbateur comme l'attachement des supporters à un joueur (ou son rejet d'ailleurs). Le changement total de stratégie de l'ASM s'est traduit uniquement à Monaco par un tag Mendes=Mafia promptement effacé. Il est à parier que la même situation à l'OM aurait eu des impacts très différents. Bouchet a d'ailleurs payé pour le savoir en 2004. La principale raison de sa chute, malgré tout ce que l'on peut lire sur le sujet, reste la vente de Didier Drogba à Chelsea contre l'avis des supporters.

Par ailleurs, les marseillais auraient certainement du mal à s'attacher à des joueurs de passage, et à une stratégie aussi affirmée et décomplexée de tremplin et de revenu maximisé. Le club continue à valoriser la légende de ses minots ou de ses joueurs historiques, et s'il y a un club où le joueur qui vient de signer ne doit pas parler de tremplin, c'est bien l'OM.

Crise de conscience ? Non, j'déconne

Crise de conscience ? Non, j'déconne

Ça c'était le constat avant la vente de Payet et avant de savoir que Doyen Sports avait acquis Imbula pour le placer à Porto. Par ailleurs, selon certaines sources, Jorge Mendes avait été mandaté par Labrune pour trouver un acheteur pour NKoulou. À ce moment-là, nous nous sommes rappelé qu'avant la signature de Bielsa, le favori de Labrune était le portugais Villas Boas, dont l'agent est... Jorge Mendes. On peut également se souvenir des flirts de Labrune avec certains fonds d'investissement ayant abouti à l'arrivée de Dória et à celle d'Alef, sans parler de l'essai de Matheus.

On ne saurait donc trop conseiller aux supporters marseillais friands d'âme et de sens de bien profiter de cette parenthèse d'intégrité portée par l´entraineur argentin, avec ses hauts et ses bas, malgré ce mercato "tout est à vendre" (même si nous avons démontré que selon nous c'était nécéssaire pour la poursuite de Bielsa à l'OM) car le futur pourrait bien être différent.

Si à OMForum, nous avons la conviction profonde qu'appliquer le modèle monégasque à l'OM aboutirait à un échec, nous commençons à avoir la certitude que cette opinion n'est pas partagée par les principaux décideurs du club.

 

5 comments

  1. Doyen Sports et l'OM, complot maçonnique et illuminatis, la vérité | OMForum 25 août, 2015 at 00:06

    […] Par ailleurs, après avoir été partenaires sur de nombreux dossiers, Doyen Sports est aujourd’hui perçu comme le principal concurrent de l’écurie de Jorge Mendès, et son propre fond d’investissement, Quality Sports Investment, qui a déjà satellisé le FC Valence et l’AS Monaco, comme le détaillait le Professeur Urbain au moins de juin. […]

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