C'est qui ce numéro 22 avec sa tête d'enfant et sa crête blonde ?
Lui, c'est Samir Nasri, enfant du Vélodrome, minot des quartiers marseillais qui débarque en L1 en 2004 à l'âge de 17 ans. Jouer à 17 ans à l'Olympique de Marseille en étant un pur Marseillais, c'est une énorme pression sur les épaules. La pression et Samir Nasri ? Ce n'est pas compatible. Rapidement, il gagne sa place grâce à une vista digne d'un mec de 30 piges et l'assurance du joueur qui a passé la barre des 200 matchs en carrière. Frêle mais solide, il impressionne par sa facilité balle aux pieds, sa qualité de passe et sa conservation de balle hors du commun.
À cette époque, j'étais abonné au stade Vélodrome et, de mon Virage Sud, je me souviens avoir vibré plus d'une fois devant ce phénomène. Le dernier jeune joueur que j'ai vu aussi doué sous le maillot olympien ? Peter Luccin ! Mais Samir Nasri, c'est autre chose, la catégorie au-dessus. Le genre de joueur qui ne peut qu'exporter son talent, partir très loin de Marseille qui deviendra trop petite pour lui. Si je ferme les yeux et que je pense à toi Samir, je te revois sous mes yeux en bas du Virage Sud, près du poteau de corner enchainer 2 puis 3 petits ponts consécutifs contre un pauvre troyen démuni. Je te revois à Bordeaux où Albert Emon t'a placé en faux numéro 6 - numéro 8, en une sorte de relayeur sentinelle qui défend moins mais qui illumine le match par des remontées de balle de 80 mètres. Seul au monde.
20 ans, déjà 100 matches en Ligue 1, meilleur passeur et fort logiquement tu reçois le titre de meilleur espoir en 2007. Trophée que tu reçois des mains de Dieu, quoi de plus normal pour un prince, le petit prince de Marseille comme on t'appelle. Ce n'est pas anodin de voir Zizou te remettre cette récompense : Marseillais, pseudo numéro 10, la comparaison nait aussi vite qu'il faut de temps pour dire "Zinedine Zidane".
Malheureusement pour nous, tu décides de nous quitter, après seulement 4 saisons professionnelles dans ton club de coeur. Club de coeur ? C'est à partir de ce moment là que je doute de tes sentiments et que je commence peu à peu à ne plus t'aimer. Rassure toi, si je ne t'aime plus, ce n'est pas parce que tu es parti, bien au contraire, tu étais beaucoup trop fort pour l'OM et pour la Ligue 1. Ce qui m'a chagriné, c'est que tu sois parti dans l'indifférence la plus totale, que tu ne nous dises pas au revoir et que tu ne reviennes jamais nous saluer. Pourtant nous t'avons tout donné Samir, tu étais le prince du Vélodrome et nous admirions chacune de tes cérémonies.
Mon désamour s'est transformé peu à peu en haine pour désormais laisser place à de l'indifférence. Est-ce que j'exagère ? Surement, mais quoi de plus logique pour un Marseillais. Et puis c'est souvent le cas lorsque tu as trop aimé, la douleur te fait voir les choses du mauvais côté. Il y a d'abord eu tes prises de position ridicules envers les médias où tu n'étais pas capable de reconnaitre ton faible niveau. Il y a eu ton départ d'Arsenal où tu as sous-entendu que si Leonardo t'avais appelé plus tôt tu l'aurais peut-être suivi…au PSG ! Mais il y a surtout ton détachement envers Marseille, envers l'OM, comme si ce club ne comptait plus pour toi, comme si tu avais oublié le minot que tu étais lorsqu'au Stade Vélodrome tu admirais les joueurs revêtir ce maillot bleu et blanc que tu rêvais de porter. Certes je préfère ta position à celle de Didier Drogba qui durant des années nous a fait espérer pour pas grand chose, mais je ne comprends pas comment tu as pu si vite oublier ton club alors que de nombreux joueurs ne cessent de parler avec émotion de leurs racines tout au long de leur carrière.
J'espère que tu ne reviendras jamais à Marseille, non pas parce que tu n'en as pas le niveau footballistique car rassure toi je te trouve toujours au dessus de 3/4 des autres joueurs. Mais si je ne souhaite absolument pas ton retour, c'est qu'au fond de moi je sais que la flamme olympienne s'est éteinte en toi. Et ça pour quelqu'un qui a l'OM dans le coeur, c'est impardonnable.
Efficace, objectif et bien écrit !