LE MERCATO À GOGO(S)

EDITO | La plume de Nanardstef est de retour, titillée par les ignominies parfois lues sur les réseaux sociaux ou les analyses indigentes entendues sur les ondes radiophoniques. Plus affûtée que jamais, elle va goulûment s’abreuver des inepties à sa portée, les digérer sous vos yeux ébahis et les transformer en une chronique pleine d’une mauvaise foi aigre-douce et d’une sémillante subjectivité.

Au menu du jour : LE MERCATO

On ne peut plus au goût du jour après le rebondissement « Balotelli », et à environ une semaine de sa clôture, ce sujet est particulièrement savoureux.

Cette double séquence annuelle est l’équivalent pour les supporters de football de la saison du rut pour les mâles du monde animal : chacun se sent envahi d’une sève féconde lui permettant d’éructer ses désirs à la face de la planète et de considérer qu’il est le Directeur Sportif Alpha par rapport aux autres qui n’ont forcément rien compris.

De la poudre de perlimpinpin !

Les plus irritants sont alors les fanatiques de Football Manager, ceux qui nous auraient permis de compter dans nos rangs des phénomènes de pays exotiques tels que Freddy Adu, Lebohang Mokoena et autres Maxim Tsigalko.

Commençons par celui (ou celle) qui veut changer 80% de l’équipe, ignorant à peu près tout des avantages que peut procurer la stabilité d’un effectif, les automatismes ou encore la cohésion de groupe. Celui-ci est généralement adolescent et peut dès lors être écarté par le brame réprobateur d’un adulte expérimenté ; mais on peut aussi le retrouver à la tête de certains clubs anglais spécialistes de l’ascenseur entre Premier League et Championship.

Nous trouvons ensuite celui (ou celle) qui fait des calculs d’apothicaire sans queue ni tête pour équilibrer le budget, faisant fi des contraintes de marché, des questions salariales ou encore des destinations possibles des joueurs. « Alors, si on vend Zambo, Njie, Germain et Abdennour, ça doit pouvoir nous rapporter 55 M€. On les réinvestit alors dans Samassekou à 21,4 M€ selon mes sources et Icardi à 31,95 M€. Ca nous laisse 1,65 M€ pour se faire prêter 1 ou 2 joueurs pour compléter l’effectif ». Cet individu est généralement un peu plus âgé mais souvent encore éloigné du marché du travail. Frustré par la difficulté de ses propres fins de mois, cet épicier sportif est un grand amateur des prêts !

Passons à l’éternel insatisfait pour qui on achète toujours trop cher et on brade nos joueurs. Et qui, dans le même temps, hurle à la mort si les négociations prennent trop de temps. Pessimiste incurable, il est impossible de discuter avec lui puisqu'il est persuadé que l’incompétence règne en maître absolu. D’ailleurs, il considère à la base que tous les directeurs sportifs et leurs « scouts » sont d’incommensurables branleurs qui finissent toujours pas approcher des joueurs que tout le monde connaît déjà, faute d’avoir su dénicher une pépite inconnue du grand public. Ce sont les mêmes qui seront néanmoins les premiers à vilipender la direction en cas d’échec de joueurs « pari ».

Il y a aussi quelques groupies qui ne jurent que par certains joueurs, à garder coûte que coûte dans l’effectif (s’ils y sont déjà) ou à aller chercher à n’importe quel prix, n’importe quel âge et où qu’ils soient. Icardi a récemment été la vedette de ces « fans » tandis que vendre Morgan Sanson cet été aurait visiblement déchaîné les enfers.

Un pognon de dingue !

Leur premier point commun à tous est une absence totale de connaissance de l’état des finances du club. A moins d’être informé et passionné comme le Professeur Urbain, il est pourtant impossible de connaître les contraintes financières associées à chaque nouveau mercato. Aussi toutes leurs élucubrations sont absolument hors contexte (et donc sans le moindre intérêt).

Le second point commun est qu’ils oublient tous qu’il ne s’agit là que de périodes d’ajustement des effectifs qui ne conditionnent que pour une modeste partie les résultats à venir. La préparation physique, la bonne ambiance dans l’équipe, le travail du staff, la survenance ou non de blessures, les choix tactiques de l’entraîneur, les erreurs arbitrales … sont des données au moins aussi importantes que le solde des départs et arrivées au cours d’un mercato pour analyser la performance d’une équipe.

Mais qu’importe après tout … car pour nombre de supporters, le chassé-croisé des transferts est presque plus important que les résultats eux-mêmes, parce qu’il s’agit d’un domaine où chacun se pense inspiré et compétent, d’un moment où chacun peut se rêver Directeur Sportif.

Votre serviteur n’est d’ailleurs pas le moins émoustillé ou le moins prolixe sur ce sujet : mais au moins ai-je conscience de la futilité de mes désirs et de mon absolue méconnaissance des ténèbres impénétrables des coulisses des transactions : aussi, sauf pour des âneries aussi évidentes que le recrutement d’Evra ou Sertic, je me garderai bien de juger avant l’heure, la pertinence du choix de la Direction Sportive de mon club adoré !

1 comment

  1. Sacrum 24 août, 2018 at 00:56

    Autre spécimen, l’amateur de joueurs libres!
    « Mais pourquoi on ne fait pas Yaya Touré et Max Meyer qui sont gratuits?
    On est attractifs, on leur file 800k mensuels et ils sont à nous… »
    Derrière le gars te sort une liste de 75 noms soit disant accessibles…

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