HOMMAGE A DIDIER DESCHAMPS

C'est en sélectionneur de l'Équipe de France que revient Didier Deschamps ce soir, deux ans après avoir été chassé par ceux qui sont en garde à vue à l'heure où l'on parle. L'occasion de rendre hommage à son parcours marseillais.

 

« VOICI VENU LE TEMPS DE DIDIER DESCHAMPS »

 

Soyons francs : je n'aime pas Didier Deschamps. Voilà une bien curieuse façon de commencer un hommage, n'est-ce pas ?

Ayant une relative sympathie pour Erik Gerets et son équipe, j'ai mal encaissé le peu d'égard de Deschamps pour le travail de son prédécesseur. Son recrutement de vieux briscards et leur salaire mirobolant m'a paru mettre en danger la situation financière du club, et est venue préciser l'image que je m'étais faite : celle d'un entraîneur court-termiste et carriériste, qui assume des obligations de résultat et tant pis s'il faut pour cela mettre à sac tout un patrimoine.

Je considère même que le titre de 2010 est le seul titre de l'histoire de l'OM à avoir été véritablement acheté, tant les Louis-Dreyfus ont accepté de lâcher les cordons de la bourse pour financer un titre devenu indispensable pour faire oublier la débâche du double départ Diouf/Gerets et calmer le peuple marseillais.

 Le champion de France 2010 fut une équipe défensive et puissante, configurée pour gagner avant de l’être pour jouer

Je n'aime pas Didier Deschamps pour ses vues d'entraîneur pragmatique, obsédé par la victoire comme un comptable l'est par le compte de résultat, et qui est au football ce qu'est devenu le producteur dans le cinéma contemporain; à savoir un type qui se fout bien de l'ambition artistique du film qu'il produit tant qu'il fonctionne au box-office. Le champion de France 2010 fut une équipe défensive et puissante, en plus d'être efficace sur coups de pied arrêtés, configurée pour gagner avant de l'être pour jouer, et je n'ai pour elle qu'une estime relative.

 Un fin communicant, habile politicien, jurant avec l'espièglerie de Gerets

Je n'aimais pas non plus Didier Deschamps pour ses interviews consensuelles, jurant avec l'espièglerie d'Erik Gerets et son mépris pour le journaliste sportif. Je l'ai (trop vite) classé comme venant du sérail, un autre de ces anciens entraîneurs qui affiche sa trop courte éducation sur toutes les conférences de presse de L1 (une pensée pour Laurent Blanc dont les lunettes ne suffisent pas à camoufler l'inanité de chacune des phrases qu'il prononce).

Je n'avais pas compris qu'il était en fait un communicant assez fin, un habile politicien qui sait comment on maîtrise son image.

 Bref vous l'avez compris, je n'aime pas trop Didier Deschamps, l'entraîneur.

Je suis un internaute comme tous les autres, j'ai une opinion, partiellement orientée, partiellement renseignée, partiellement valide. Vous qui avez probablement déjà listé toutes les erreurs que j'ai pu faire plus haut et les biais dans mon raisonnement, ne vous donnez pas cette peine, car moi-même, je me fous pas mal de ce que je peux bien penser de Didier Deschamps. Les opinions sont comme les trous du cul paraît-il, et comme les palestiniens j'ai de graves problèmes de colon.

 

UN OM QUI "DESCHAMPTE"

 

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Et donc on est tous là, à confronter nos opinions partiellement orientées, renseignées et valides, à vouloir donner aux faits la couleur qui nous arrange.C'est mignon, mais on ne sait de toute façon pas vraiment de quoi l'on parle.

L'opinion de la majorité d'entre nous, c'est que Didier Deschamps était un bon entraîneur tant que son équipe gagne. Et puis, l'équipe se mettra à perdre, et le consensus sera alors "Didier Deschamps est un mauvais entraîneur". Le cycle habituel. Sauf que.

 A Marseille, "on" l'a empêché de travailler

Sauf qu'à L'OM, Didier Deschamps n'a pas eu le temps de devenir ce mauvais entraîneur.

Parce que ses mauvais résultats n'ont pas signifié sa mise en échec sportive, mais ont été la conséquence d'une mise à mort politique, décidée parce qu'elle se trouvait au carrefour des intérêts d'Anigo et de son réseau, des frondeurs du groupe (Morel, Cheyrou, Gignac) et de certains acteurs des tribunes. Au fond, qu'importe ce que je peux bien penser de la qualité du travail de Didier Deschamps, puisqu'à Marseille on l'a empêché de travailler.

Poussé dehors par des gens qui ont l’OM dans le coeur parce que c’est ici qu’ils rangent leur portefeuille

À côté de ça, toute opinion est dérisoire. Comme n'importe quel autre entraîneur, Deschamps aurait dû finir par échouer sportivement. A l'OM, il n'aura pas eu cette "chance". Poussé dehors par des gens qui ont l'OM dans le coeur parce que c'est ici qu'ils rangent leur portefeuille.

Et ce n'est pas à Didier Deschamps l'entraîneur que j'ai envie de rendre hommage. Tacticien génial pour certains, meneur d'hommes pragmatique pour d'autres, despote irresponsable pour le reste, tout ça est sans importance. Il faut rendre hommage à l'immense professionnel qu'il est et qu'il a su rester même dans ce panier de crabes qu'est l'OM.

 Pendant que le système mafieux qui a eu sa tête est sous les projecteurs, il revient à Marseille en patron du foot français

Rendre hommage à un homme qui a été piétiné et chassé par des médiocres, des escrocs et des manipulateurs, lui qui voulait juste faire son travail du mieux possible. Le timing de son retour au Vélodrome est d'ailleurs des plus savoureux : pendant que le système mafieux qui a eu sa tête est sous le feu des projecteurs, c'est en patron du football français qu'il revient à Marseille, auréolé par ses convictions et son intégrité qui, espérons-le, éblouira en tribunes les minables qui le sifflaient deux ans auparavant.

Son EDF jouera peut-être en 4-4-2, l'animation offensive sera sûrement perfectible, et Griezmann sera peut-être encore sur le banc. Bon sélectionneur, mauvais sélectionneur, qui s'en fout ? Au moins ce soir, personne n'empêchera Didier Deschamps de faire son travail.

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