Ce moment étrange où tu entres dans une salle du cinéma en te demandant "Voyons voir si
Another Country va ravir la première place de mon top 2012 à
The Day he Arrives, l'autre Hong Sang-Soo sorti plus tôt cette année". La salle était remplie de "Mémé Chanel", comme les appelle Buk, je crois que j'en suis devenu une
(La réponse est non

mais c'était bien

)
(Ce moment pathétique, où tu réalises que tu ne vas plus au cinéma que pour remplir ton palmarès

)
Sinon, ce week-end j'ai aussi vu Meryl Streep tailler une pipe à Tommy Lee Jones devant le Dîner de Cons. Et non, ce n'est pas le C.R de ma dernière partie de Kamoulox.
Je suis encore étonné d'avoir été surpris par
"Tous les espoirs sont permis", qui rentre à donf donf dans le cadre de ces films qui pourraient être générés par ordinateur (sans déconner, je suis convaincu qu'à partir d'un pitch pareil,
un vieux couple va voir un thérapeute pour retrouver un second souffle, on peut produire au moins, et sans intervention humaine, un scénario, un casting, une affiche et une bande originale). Meryl Streep rejoue sa partition Mamie Nova standardisée par Mamma Mia, Tommy Lee Jones grogne comme Tommy Lee Jones, et Steve Carell campe un psychanalyste dont la placidité morbide est à l'image de celle du film. Je sais maintenant quel film va m'accompagner vers l'au delà.
Et puis il se passe un truc un peu chelou, vaguement inattendu : le film a en fait un sujet! Malgré ce que l'affiche voudrait nous faire croire, c'est pas juste l'annuelle random comédie romantique pour vieux, d'ailleurs Nancy Meyers n'apparaît même pas au générique (même si, ne rêvez pas, le film pue la guimauve comme un sri-lankais après une journée de taff à la foire du trône)
Alors ca fait quand même un peu trois paragraphes sur un film dont je me fous, je vais donc abréger un peu. Le film a un sujet, ouais. Un sujet pas foufou hein, la vie sexuelle des vieux, mais ça déjoue un peu les habitudes scénaristiques du genre. Je veux dire, à la lecture du synopsis tu
sais que ça va parler de cul, tu vois déjà la scène, le cabinet du psy, les silences génés, Tommy Lee Jones
"eeerr I ain't gonna talk about it", etc. Sauf qu'au lieu d'être uniquement une source de gags american pie pour les vieux, le film s'attarde sur la question, y revient, s'intéresse, et au final ne parlera que de ça. A l'horreur initiale se substitue alors une autre forme de morbide, celle de s'imaginer Meryl Streep et Tommy Lee Jones comme des formes de vie sexuées. S'enchaînent alors les séquences douloureuses, que j'aurais pu lister ici, mais je préfère vous dire qu'il vaut mieux revoir la scène de fracture ouverte de The Descent en boucle.
Et quand vient cette scène de fellation devant Jacques Villeret (une FELLATION devant JACQUES VILLERET, vous voyez à quel point ce film est pervers ??), à vrai dire, en fait, j'étais soulagé. Si la gradation dans l'horreur avait été constante, Tommy Lee Jones aurait mis sa bite dans le pop-corn. J'étais sûr que Tommy Lee Jones allait foutre sa bite dans du pop-corn! Vous imaginez ? C'est un film qui te fait te dire "ouf, au moins Tommy Lee Jones n'a pas mis sa bite dans le pop-corn". Voilà le film que j'ai vu.