Hier au soir, moi et mes négros nous rendîmes au mk2 Beaubourg voir
J'ai tué ma mère, de Xavier Dolan, ce jeune réalisateur de 20 ans, fils de Manuel Tadros, qui débuta sa carrière à la télévision, dans une vingtaine de publicités pour les pharmacies Jean-Coutu, réalisées par André Mélançon. Excusez Jeandupeux! L'histoire, c'est celle du ravisseur de la chevelure de Nicolas Sirkis, parti comme Mesrine se réfugier au Canada, et des racines capillaires de son mal-être.
Ce film remarquable, sous influence Gus Van Sant (c'est à dire que le temps s'y dilate comme le col de l'uterus de la maman d'E.T, et que les gens y sont pédés et de dos), en plus de nous faire découvrir le James mange du caribou (eh oui, le James Dean Quebecquois

) propose une explication originale au taux de suicide anormalement élevé là-bas. En effet, comment être un écorché vif et avoir un accent ridicule ? Quel est le quotidien d'un adolescent à fleur de peau quand sa rébellion ne trouve comme seul écho que les quolibets d'une mère hilare d'entendre son fils la taxer de baril de poulet Kentucky ? Xavier Dolan y apporte une réponse toute visuelle (et donc complètement cinématographique) en échouant délibérément dans l'iconisation du mal-être adolescent, filmant son héros avec un tel recul qu'on finit par le considérer avec le même sérieux qu'un snorky sous l'emprise de la coke.
Allez, blague à part. Film souvent chiant, assez pompeux (d'où son plébiscite à Cannes

), mais assez souvent brillant, en fait. C'est éclairé de manière fort judicieuse, et le film n'a pas peur d'être mis en scène (
le truc qui veut rien dire)