G.bédécarrax de dax a écrit :beyonder a écrit :
Un oscar pour Rourke, moi je dis chiche !
(cliquer sur l'affiche)
Vu il y a deux jours. En préambule et en réponse à votre honorée du tant, je tiens à préciser que c'est un film super attaquable et imparfait. On peut aisément lui reprocher ce qu'on reproche traditionnellement à
Requiem for a dream, à savoir un misérabilisme des plus racoleurs (mais, cette fois, sans mise en scène insoutenable et pompeuse). Au bout de vingt minutes, on a déjà vu défiler tous les clichés du mélodrame
white-trash lambda : image granuleuse, strip-teaseuse au grand coeur qui
a un fils à nourrir (©), gros plans sur les fesses flasques de Mickey, fille perdue et cheveux gras, vomi, drogues, etc. Rajoutez-y un déroulement et des situations confondantes de banalité, et il y a de fortes chances que vous détestiez déjà le film, même si comme moi vous partiez avec un
excellent à priori.
Pourtant, j'en suis sorti quelques quatre-vingt cinq minutes plus tard totalement bouleversé.
Il est étonnant de voir comment le film se nourrit de l'académisme de son scénario, un peu comme une voiture prise dans une flaque de boue et qui s'élancerait soudainement. Ici, ce qui l'a dégagé de la mélasse, c'est la synergie épatante entre la mise en scène et le jeu, le corps de Mickey Rourke, où figurent les stigmates du temps qui s'écoule. Car c'est un film sur la vieillesse autant qu'une anthologie de l'autodestruction, et dans ce misérabilisme un peu gratuit et systématique, le film ira puiser un élan tragique qui l'accompagnera jusqu'à un dénouement que je qualifierai pudiquement de somptueux.
Je terminerai plus trivialement, en signalant que les scènes de catch sont magnifiquement filmées, et que la bande originale du film, en plus du score pour une fois humble de Clint Mansell, ressemble à un petit précis du heavy-metal 80's, dont
The Ram aurait très bien pu faire partie, eu égard de sa chevelure.
J'ai un tout petit peu envie de dire que c'est un chef d'oeuvre. En tout cas, j'ai pris une vraie vraie grande claque.
TOUT-PA-REIL

Rourke
Sinon :
urba de bratislava a écrit :Et bien je m'y colle
J'ai été déçu, il faut dire
Je trouve que Kate Blanchett est magnifique, que le maquillage est exceptionnel, et que cela donne un très bon divertissement
Mais pas plus.
J'ai été un peu déçu par Brad Pitt, et je trouve l'histoire vraiment trop Forrest Gumpienne. En fait j'aurais adoré si je n'avais pas vu avant Forrest Gump. Là, ça m'a laissé un goût de trop peu.
Ça reste un vraiment bon film, mais je trouve le buzz autour un peu exagéré

(attention spoilers)
C'est effectivement un film facilement attaquable (comme tous les films faisant appel à l'émotion, sans doute

). Sur la première heure (Pitt vieux), j'ai eu le même sentiment qu'Urba, c'est une jolie histoire qui a des airs de déjà vus. Le vieillissement à l'envers fait gadget, et même si la relation filiale avec sa mère adoptive est belle et fonctionne bien, ça ne fait pas vraiment décoller le film. La scène de guerre est hallucinante de maitrise (Fincher s'est fait plaisir), mais on reste encore dans le divertissement. De plus, j'ai trouvé les scènes de l'hôtel avec Tilda Swinton assez inintéressantes, pour être franc.
Par contre, par contre...

dès qu'il recroise Cate Blanchett à l'âge adulte (quand elle a 18 ans, lui 60, je dirais) sur le perron de la maison familiale... là le film démarre vraiment

Le scénario retrouvailles/séparation est cousu de fil blanc (très gumpien en effet) et assez plat. Mais l'intérêt n'est, pour moi,
absolument pas ici. L'intérêt, c'est seulement les scènes en duo Pitt/Blanchett, et la manière dont elles se répondent de ce point là jusqu'à la fin. L'essentiel est là, et j'ai trouvé cela bouleversant. La scène des retrouvailles avec Pitt 25 ans et Blanchett 50 ans, après la naissance de leurs filles, est pour moi le sommet du film, et clôt un crescendo émotionnel extraordinaire
Je trouve d'ailleurs que le fait d'avoir "connu" Pitt jeune est pour beaucoup dans la réussite de ce final et de cette dernière heure. Ca touche à la méta-mise en scène (

), un peu comme quand un couple à la ville joue le couple à l'écran. En ce sens, je pense que c'est un film qui se bonifiera énormément à mesure que leurs acteurs vieilliront IRL.
Sinon, ça ne suit pas du tout la nouvelle, hormis le flash-back final façon Titanic complètement putassier... mais comme avec Cameron, il fonctionne très bien, et on se laisse avoir

Ici, l'intellect de Button se développe puis regresse "dans le bon sens" (inversement à son corps donc), alors que dans la nouvelle, corps et esprit croissaient dans le même sens, c'est à dire tous les deux "à l'envers". C'est un autre parti pris, et livre et film deviennent complémentaires dans ce "jeu intellectuel", c'est plutot malin. Cela permet aussi de développer la relation Pitt/Blanchett, au détriment de la relation père/fils qui est le noeud du livre, et qui permet d'aboutir, à ce chef d'oeuvre que je désespérais de voir au bout de la première heure
