Allez hop, aujourd’hui FFXII
Autant le dire d’entrée, c’est un jeu bancal, foiré, chaotique, inégal et donc décevant. Mais c’est aussi le FF le plus foisonnant depuis fioute une sacrée lurette.
Foiré parce que le changement d’équipe, on le sent passer à chaque seconde de la centaine d’heures que compte le jeu. Difficile de passer outre le nombre d’idées non abouties qu’on croise ça et là. J’avais parlé de Vagrant Story 2, c’est à peu près ça, moins la précision chirurgicale dans les réglages de gameplay qui faisait de VS un jeu si abouti.
Le scénario d’abord. Ca peut paraître accessoire sauf que c’est tout l’inverse, bon nombre de RPGs auront été sauvés par leur histoire (les Suikoden en première ligne). En un mot : frustrant. Tout part pourtant très bien, l'histoire laisse la part belle aux complots, aux trahisons, aux sénateurs ambitieux et aux vassaux inquiétants, les références à Star Wars se multiplient (on frôle parfois le plagiat lors des premières heures), le design architectural est fantastique et à part quelques fautes de goûts (le pirate aux ray-ban, l'elfe en string), le casting est à l'avenant. Mais l'histoire va être progressivement mise de côté, se limitant à quelques timides péripéties passé l'emballement initial. Du coup, fautes d'enjeux scénaristiques forts, le déroulement du jeu se trouve très dilué.
Bizarrement ca tombe plutôt bien, parce que dans ce jeu, on va passer le plus clair de son temps à marcher et à combattre :
- A marcher : Ce qu’il faut savoir c’est que dans FFXII, quand on va d’un endroit à un autre, on y va à pied

L’occasion de traverser des lieux à l’ampleur visuelle inédite. C’est du très très rarement vu à ce niveau là, d’autant que le design des lieux (des extérieurs surtout) couplée à l’incroyable distance d’affichage donnent l’impression d’un monde immense et vivant. Il faut voir ce dragon qu’on distingue péniblement derrière une tempête de neige, il faut traverser cette mer de sable qui s’étend à perte de vue (passage fabuleux alors que dans les faits, on passera une heure et demi à parcourir les mêmes décors et à combattre les mêmes monstres)… Sur ce plan là, c’est plus que réussi, c’est brillant, incroyable, historique : c’est simple, on croirait être dans un monde aussi grand et évolutif que celui d’un MMORPG. Malheureusement, parce que c’est parfois trop étiré et pas toujours bien amené, certains passages trainent en longueur (surtout que rares sont les évènements scénaristiques qui viennent relancer l’intérêt) et le jeu devient assez monotone. Parfois dans le bon sens du terme, parfois non.
- A combattre : sur ce plan, le bilan est un peu plus mitigé. Le système de combat est très bon, mais moins addictif que celui de Vagrant Story (aaaaah, la forge). Et comme son glorieux ainé, FFXII est un jeu totalement dévoué à son système. Déjà, il faut le dire, malgré les combats en temps presque réel, on aura jamais été aussi passif dans un final fantasy. En fait, l’issue des combats se décide dans les menus. L’enjeu principal est la recherche de l’initiative et de la rapidité. Pour cela, il faut automatiser le comportement de son équipe pour ne pas avoir à entrer manuellement les ordres des persos (en cas d’urgence seulement).
Jusque là, ca semble être du déjà vu (la série des Tales of, notamment), sauf que ca atteint ici une profondeur à mille lieues du classique « ce personnage guérit les autres ». Au vu du panel de conditions et d’actions disponibles, après quelques heures de jeu le nombre de combinaisons et de façons de combattre est assez important. Par exemple, en utilisant un personnage pour lancer le sort Vitalité (double les points de vie max) + leurre (les ennemis n’attaquent que le personnage ciblé) sur le leader qui disposera du meilleur équipement, les monstres se consacreront a attaquer le personnage le plus résistant pendant qu’un troisième, un gros bill dont on aura augmenté les stats offensives, pourra tranquillement les dézinguer. Ce système prend tout son intérêt face à des ennemis qu’on n’est pas censé rencontrer à ce moment là du jeu. Se farcir grâce à une bonne tactique des streums qui ont dix niveaux de plus que soi, c’est le pied
Le revers de la médaille, c’est que le levelling est rendu tellement agréable qu’on a très vite tendance à s’y perdre et qu’au moment de reintégrer la quête principale, tout devient bien trop facile et on peut se faire chier. Heureusement, certaines quêtes secondaires garantissent un niveau de difficulté tel qu’une toute petite erreur de réglage pourra entrainer une mort cruelle.
Voilà voilà, en somme on peut dire que FFXII est un jeu terriblement mal réglé, parfois stimulant parfois chiantissime, absolument pas sympa –une complexité telle dans un jeu devenu le chantre de la blockbuster attitude, fallait oser- mais très riche, loin d’être définitif mais très important.
Ah, j'oubliais : c'est un jeu qui est comme diraient les jeunes "putain d'exigeant" : a moins d'être chomeur ou étudiant, faut même pas y penser
Demain, Okami
