Voilà une vision intéressante dans l'agglomération de Rennes, sur le sujetLiberation.fr a écrit :A Rennes, des îlots caressés par la foule
Pour éviter les déplacements inutiles, la communauté d'agglomération a fait le pari de la densité urbaine.
Par Pierre-Henri ALLAIN
LIBERATION.FR : Vendredi 1er septembre 2006 - 15:26
Rennes de notre correspondant
C'est un phénomène infernal : les gens veulent une maison. En ville, elle est chère et rare, donc ils s'éloignent. Une fois loin, ils font tous leurs trajets en voiture, avec un véhicule pour monsieur, un pour madame, parfois un par grand enfant. Ce phénomène, qui sévit partout en France, s'appelle l'étalement urbain. Il est dévoreur de pétrole car plus les lotissements s'étendent, moins il est possible de les desservir avec des transports en commun. Trop cher.
Déplacements doux
Depuis plusieurs années, Rennes-Métropole, communauté d'agglomération de 37 communes, réfléchit à ces questions et propose une solution : la densification urbaine. En clair : davantage d'habitants sur moins de terrain. Avec, en contrepartie, des zones vertes préservées. Il n'est plus question de construire des lotissements à perte de vue mais pas non plus de revenir aux grandes barres de béton. Cette densification nouvelle manière s'appuie sur des modes d'habitat innovants. Ce que Rennes et ses voisines veulent inventer, c'est la «ville archipel» ou «ville polycentrique». «Pour limiter les déplacements, il faut rapprocher les gens des services tout en conservant la qualité de vie, explique Jean-Yves Chapuis, vice-président délégué aux formes urbaines de l'agglomération. Sans renier le rôle de la ville centre historique, nous cherchons à créer des poches d'urbanisation avec leurs services et des liaisons vertes qui favorisent les modes de déplacement doux comme la marche ou le vélo. Il faut aussi des transports en commun performants.» Et ne pas perdre de vue un quadruple objectif : répondre au désir de logement individuel, contenir les coûts pour les rendre accessibles aux plus modestes, économiser l'espace et s'inscrire dans une démarche de préservation de l'environnement.
Dans l'agglomération rennaise, Saint-Jacques-de-la-Lande fait figure de pionnier en la matière. Son territoire était morcelé et le projet consistait à recréer ex nihilo, entre deux quartiers historiques, un nouveau centre-ville, la Morinais. La municipalité a joué à fond la carte de l'habitat innovant, tels ces immeubles perchés sur un centre commercial au toit planté de merisiers. «Pour chaque îlot, nous avons fait appel à des équipes d'architectes différentes, souligne Daniel Delaveau, maire PS de la commune. Ça enrichit la réflexion et on apprend quelque chose qui va servir à l'îlot suivant. Les parcelles mélangent logements individuels et collectifs avec 25 % de logements sociaux, et à peu près autant en accession aidée à la propriété. La mixité sociale fait partie intégrante du projet.»
Dans ce nouveau quartier, où les constructions ont été calquées sur les délimitations du bocage d'autrefois, derrière des immeubles de facture assez classique sont apparues des formes plus originales. Comme ces petites maisons blanches à toit plat de 90 à 100 m2 avec leur bout de jardin, serrées mais décalées pour préserver l'intimité de chacun. Ou ces ensembles à trois niveaux aux larges baies vitrées, bordés de pelouses et coiffés de grandes terrasses. Ici, ni hall, ni ascenseur, mais des accès par coursives ou escaliers qui font pénétrer directement dans des appartements de rez-de-chaussée ou des duplex inversés (chambres au premier niveau, salon-cuisine avec terrasse au-dessus) prévus pour des familles de deux à trois enfants. Avec des prix, en 2003, s'échelonnant de 130 000 à 160 000 euros. Et des volets de bois, le PVC ayant été proscrit. Autre singularité, de chaque côté de rues étroites plantées de charmilles et d'ajoncs, de camélias et de rhododendrons : des rigoles à ciel ouvert où s'écoulent les eaux pluviales. «L'argent que l'on ne met pas dans les réseaux souterrains, on peut l'investir ailleurs», remarque Daniel Delaveau, qui dit s'être inspiré des cités- jardins du XIXe siècle.
A la Morinais – qui compte 3 500 habitants et qui s'est dotée d'une médiathèque, d'un espace culturel polymorphe, d'une école, de cabinets médicaux– la voiture n'a pas disparu. Mais son usage aurait diminué. «La ligne de bus est celle où l'augmentation de la fréquentation a été la plus forte des lignes périphériques de l'agglomération», assure Daniel Delaveau. Un programme vise à rejeter l'automobile à une cinquantaine de mètres des habitations pour former un îlot piétonnier. Les habitants adhèrent. Avant, Muriel, 31 ans, un mari et deux enfants, prenait la voiture pour aller chercher le pain. Elle vit ici dans une maison achetée au prix d'un appartement et fait beaucoup de choses à pied. «On devrait bientôt abandonner notre deuxième auto», dit-elle. L'architecture a séduit le couple, même si la parcelle est petite. «Le terrain, on s'en fiche mais c'est très fonctionnel et très lumineux.» Ils déplorent toutefois l'absence de cave ou de grenier pour les rangements etle fait que les rues, bordées d'immeubles, rappellent encore un peu trop les cités-béton. Sophie, 28 ans, ne regrette pas non plus. Elle s'est installée avec son mari et ses deux enfants dans un duplex doté d'une pelouse de 250 m2. «Il y a plus de place, de clarté et de calme», se félicite-t-elle en évoquant son précédent logement. Et c'est sans trop de vis-à-vis.» Mais surtout, point clé d'une densification réussie : «Ça fait un petit peu maison.»
Dix maires, dix projets
Saint-Jacques-de-la-Lande n'est pas seul à avoir fait le pari de la densité. Rennes-Métropole a lancé l'opération «Dix maires, dix projets» pour entraîner d'autres communes dans la même dynamique. A Chantepie, un projet de petits immeubles collectifs, qui doit démarrer en mai, s'attache aux économies d'énergie : pas d'ascenseur, capteurs solaires et récupération des eaux de pluie. Rennes-Métropole doit construire 4 500 logements par an jusqu'en 2012. Pour atteindre son objectif : «Doubler le nombre de logements tout en diminuant de moitié l'espace à urbaniser», résume Jean-Yves Chapuis.

Ils arrivent pas mal à conjuguer les différents objectifs

Manque juste la desserte en TC vers le centre de Rennes, mais ça avance bien
