Comment réagissez-vous à la défiance affichée samedi par les supporters ?
Christophe Bouchet : «Il ne faut pas confondre les dirigeants des groupes de supporters d’une part et les supporters de l’OM d’autre part. Ce sont deux populations assez différentes. Les responsables de groupes poursuivent parfois des buts assez éloignés du soutien à leur équipe. Je ne prends pas cela personnellement puisqu’ils sont historiquement dans un processus de déstabilisation quasi-permanente de l’équipe dirigeante. Ils emploient divers moyens, les banderoles font partie des plus visibles».
Quelle est votre explication de cette situation ?
Ch.B. : «Je ne suis pas complètement naïf. Il y a des personnes qui agissent en sous-main pour que la direction de l’OM ne soit jamais totalement sereine… Cela vient de plusieurs endroits et les intérêts ne sont pas forcément communs. Mais ce sont des gens suffisamment bien placés pour faire entendre leur musique.
On pourrait croire que certains souhaitent que le club assure une certaine paix mais ne soit pas trop en avant non plus … J’ai d’ailleurs déjà transmis à certains intéressés mes remarques sur le sujet. Ce n’est pas en brisant sans cesse l’élan que l’OM et Marseille progresseront».
Ce sont les groupes de supporters, enfin, les dirigeants des groupes de supporters qui destabilisent l'OM, sans eux, nous serions premiers et largement
Quelle serait la motivation des groupes dans ce cas ?
Ch.B. : «Cette volonté de maintenir une vraie pression sur l’équipe dirigeante répond vraisemblablement à une envie de préserver des intérêts. Mais cela montre qu’ils ne m’écoutent pas, qu’ils pensent que je suis un menteur professionnel. Je n’ai jamais changé de position. Je n’aurais pas choisi ce système qui leur permet de commercialiser de manière exclusive les abonnements en virages, mais que je ne compte pas le remettre en cause. Ce soupçon-là est pourtant toujours alimenté par quelques filous pour créer le bazar.»
Nooooon !
Une rumeur a couru ces dernières semaines selon laquelle vous comptiez mettre des panneaux publicitaires dans les virages…Ch.B. : «En fait, il y avait deux rumeurs. Celle-là et aussi une autre qui laissait entendre que nous allions profiter de notre partenariat avec Creyfs (agence d’intérim) pour constituer un fichier de nos abonnés à travers les dépôts de CV. C’est n’importe quoi et je défie quiconque de prouver le contraire. Si nous voulions avoir ce fichier, il nous suffirait de retirer la gestion des virages aux groupes et encore une fois ce n’est pas mon intention».
Et pour ce qui est de la rumeur sur les panneaux ?
Ch.B. : «C’est faux. Je me suis engagé à me battre pour que les supporters puissent faire leur animation au stade comme ils le souhaitent en échange d’une plus grande attention de leur part au problème des fumigènes. Si nous étions dans la logique qui nous est reprochée nous ne laisserions pas les banderoles hostiles comme nous le faisons»
Et les réunions avec les groupes ? Elles étaient à quel sujet ?
Cette fronde de groupes de supporters ne traduit-elle pas aussi un mécontentement strictement sportif ?
Ch.B. : «Nous sommes bien allés en finale de la coupe de l’Uefa l’an passé avec «Dirigeants cassez-vous» sur une banderole à chaque match… Etre aujourd’hui mécontent du jeu de l’équipe c’est une chose naturelle. On en est tous là, on a tous envie d’ajouter la manière et la joie au résultat.
Oui, l’équipe a mal joué contre Toulouse mais c’est complètement stupide de siffler les joueurs. Ils savent mieux que quiconque qu’ils ont gagné dans des conditions déplorables. A quoi ça sert d’en rajouter ? Ca ne peut que les déstabiliser davantage. Comme dit José, ça risque d’être compliqué de jouer 38 matches à l’extérieur. Chez nous, il est clair que les joueurs ne tentent pas. Faut voir leur rendement à l’entraînement, c’est le jour et la nuit. Ce n’est pas normal que ça s’évanouisse au Vélodrome. Si on en est toujours là à mi-championnat, ok, on pourra dire «nous ne sommes vraiment pas bons». Mais là, ça me paraît bien trop prématuré».
Là, je suis pas complètement contre ce qu'il dit, c'est quand même prématuré
La soirée de samedi semble avoir pris beaucoup d’ampleur…
Ch.B. : «Il y a une irresponsabilité manifeste de plusieurs organes de presse importants qui relaient des infos sans distance. On est quand même dans un monde de fou quand le journal local consacre un-tiers de son compte-rendu de match à des banderoles, et la moitié de la page à une photo les montrant. Le tout sans recul, sans s’interroger. Pourquoi ces banderoles sont là ? qui les met ? Idem pour L’Equipe qui donne le sentiment qu’il y en avait de partout.
Forcément le lecteur doit se dire que c’est un énorme bazar à l’OM. Alors que ce n’est pas la réalité».
Y aura-t-il une réaction du club ?
Ch.B. : «Je vais déjà écrire à ces deux journaux pour leur dire qu’ils prennent une énorme responsabilité. J’irai la chercher un jour s’il le faut. On ne pas jouer avec des allumettes et se plaindre ensuite qu’il y ait des incendies. Ce sont des apprentis sorciers».
Ben alors, on ressort les jolies métaphores des pyromanes ?
Il y a eu un incident entre un journaliste de La Provence et José Anigo dimanche…
Ch.B. : «Dans cette affaire, il ne faudrait pas qu’on prenne l’ancien journaliste que je suis en otage. Je veillerai à ce que des limites ne soient pas franchies, mais je suis à fond derrière José Anigo. Peut-être que je n’emploie pas les mêmes mots, mais je partage les mêmes idées. Il ne faut pas pousser le bouchon trop loin. Oui, José a eu des mots qui font mal envers ce journaliste. Mais quels sont ceux qui font le plus de dégâts ? Les mots de cette conversation privée ou bien ceux écrits en gras à la une d’un quotidien ?
La Provence ne doit pas ignorer la responsabilité lourde de ce qu’elle publie dans une ville où l’OM est le sujet principal. Elle doit peser chaque mot au millième de gramme. Personne ne peut imaginer ce qu’est le boulot d’un entraîneur ici. Pour José, l’OM c’est son club. Et La Provence, son journal. Tout comme des dizaines de milliers de Marseillais. Alors quand il lit dans son journal, grosso-modo, «si tu ne gagnes pas samedi, ta tête roulera», c’est assez logique qu’il ait une réaction épidermique».
Deuxième ennemi officiel du club, après l'Equipe, la Provence...
Trouver cet équilibre est une tâche qui revient à José Anigo…
Ch.B. : «Non, c’est beaucoup plus collectif. José est à la baguette, c’est le chef d’orchestre mais si un violon sonne faux… On ne peut pas tout lui imputer. Je ne dis jamais la formule «j’ai confiance en mon entraîneur» parce qu’on s’empresse toujours de retourner la phrase. Avec José, on a besoin que d’un regard. Si un jour, il n’est plus là, d’un côté ou de l’autre, on le verra. Ce n’est pas la peine de se mettre une pression inutile. Il y a encore du travail, mais le succès est au bout».
Ah ah, ça me rappelle l'histoire Perrin
