C'est le premier Episode, j'en publierai d'autres, notamment sur la rivalité OM-PSG de l'époque, assez intéressant, ainsi que sur ses débuts à l'OM avec des anecdotes sympa.
Y'a donc quelques paragraphes dont devraient s'inspirer nos joueurs actuels.
Ce n'est pas une incitation à la bagarre, mais une réalité dans le foot moderne que certains ne semblent pas connaitre... Nos joueurs n'étaient pas des enfants de coeur !

On y voit donc les débuts de Basile, quand il se faisait marcher dessus par des gars comme Halilodzic (bah oui !


Les débuts de Basile : sa conception du foot :
...Les nantais possèdent alors l'attaquant le plus redoutable du championnat, Vahid Halilodzic, un Yougoslave... Il marque un but - et moi un autre, contre mon camp. Le Yougoslave m'a ridiculisé, brutalisé, j'ai reçu des bourrades plein les cotes sans pouvoir me défendre, j'ai mal et je suis vidé. Triste constat : je suis incapable d'enchainer deux matchs, je suis tristement sans physique, bêtement sans vice... Fragile et naïf... et épuisé. (à ses débuts à 16-17 ans...)
...Milla, j'aurai facilement accroché sa photo au mur il n'y a pas longtemps. Et je l'avoue, naïf, au journaliste venu m'interviewer avant la rencontre... "Milla, je le respecte, ça me fait quelque chose de jouer contre lui..." Avant le coup d'envoi, le "respecté" me regarde en rigolant... Ensuite il aligne les coups les plus vicieux de la gamme : crampons dans les jambes, coudes dans les cotes, bousculades, tout ce qui fait mal et humilie... A un moment, je suis par terre, sur le gazon, le souffle coupé, les larmes dans les yeux... "Alors tu le respectes... tu es impressionné de jouer contre lui... il se fout bien de toi..." C'est Jean-Luc Charles, un coéquipier, qui m'assaisonne. Je me relève, vexé. Le temps que la colère monte... J'attends que l'arbitre ait le dos tourné. Je m'approche de Milla. Et j'envoie à l'idole le plus beau coup de boule de ma carrière, mon front en plein sur sa tête, le coeur y est, la préparation impeccable, l'élan venait de la poitrine, un modèle de coup de tête, à balancer un ballon bien centré dans les filets... Milla est assommé. Et moi, bien, libéré, déniaisé, je peux poursuivre tranquillement ma carrière professionnelle. Voila la leçon initiatique. Tape avant d'être tapé. Tape discrètement. J'entre dans la carrière sous le signe des guerriers. Le contexte auxerrois exacerbe mes tendances combattantes.
...Il y a les autres... tous les autres... Je les connais par coeur, les attaquants du championnat... Delio Onnis, l'Italo-argentin de Toulon, rusé, et fort comme la vie... Après que je l'ai maitrisé, il me souffle à l'oreille, en rentrant aux vestiaires : "alors, pétit Boli, tou m'as niqué auzoud'hui..." Et quand il marque, il hurle de joie en courant vers son entraineur, Roland Courbis : "Roland, zé l'ai niqué, lé pétit Boli...".

...Je sais rendre les coups, en donner, je sais faire mal pour me venger ou venger un partenaire, et de manière efficace encore, je sais impressionner le type d'en face pour qu'il se calme le temps d'une partie... Un match de foot est aussi une guerre entre deux bandes. Une guerre de talent, de génie, d'envolées, d'accord - parfois une guerre tout court. Avec intimidation, dissuasion, mesures de rétorsion, agression et riposte graduée... A Marseille, nos attaquants, Chris Waddle, Abedi Pelé, Papin mettront au point un code pour signifier aux chiens de garde de la défense qu'il est temps de montrer les crocs... Papin est taclé. Il lève le bras. Et aussitôt, un des "fondus de l'arrière", s'en va chatier, précis et sévère, l'adversaire qui a agressé une de nos flèches d'attaque. nous avons la réputation d'être durs, à l'OM, et nous en jouons...
Un jour, Carlos Mozer et moi terrorisons un jeune attaquant adverse qui nous titille un peu trop - par un simple dialogue : "Je m'en occupe, Carlos? - Non, j'y vais, moi, je m'en charge. - Non, laisse le moi...". Le malheureux n'ose plus se frotter à nous de toute la partie. Simple Dissuasion...
...Les coups sont bénins, en général, et font partie de la routine d'un match. Les spectateurs ne perçoivent pas toutes les brutalités et les intimidations des terrains. Mais tout le monde joue ce jeu, même les meilleurs, même les plus grands...
...Nous affrontons, un jour, la Tchécoslovaquie. En face, Moravcik, beau technicien, qui joue à Saint-Etienne... Les Tchèques sont coriaces. Moravcik s'amuse. Il se moque de nous aussi, il chambre, comme on dit sur les terrains... Nous sommes vexés. Platini (alors sélectionneur) lui-même s'énerve. "Ce type-là, si on peut le choper, on y va", proclame t-il. Michel sait que la beauté du foot ne se conçoit pas sans quelques tâches moins nobles... Donc il faut punir Moravcik. Quelque temps plus tard, à l'occasion d'un Marseille-St-Etienne, en championnat, je retrouve le Tchèque. Son genou apprend à me connaitre. Rien ne se perd... Il faut respecter les autres, camarade...
Je raconte, mais je ne suis pas fier... Le foot est ainsi...
...Dans le monde du foot, il y a des lois. On respecte ses partenaires en ne les abandonnant pas; on respecte aussi l'adversaire, on ne cherche pas à le ridiculiser, on n'enfonce pas ceux qui vous font face, on ne les attaque pas sans raison. Ou la punition est inéluctable. Il y a des règles, dans le foot, perceptibles par les seuls joueurs... Des défis et des mouvements codés. La manière d'appuyer un geste, parfois, s'identifie à la ronde des mâles défendant leur territoire, dans les batailles d'animaux... Quand un match commence, je peux dire, dès le premier contact, si mon adversaire est déterminé ou pas. Le poids de son épaule sur la mienne, l'intensité avec laquelle il a lancé son tibia contre le mien, le geste de recul qu'il esquisse ou non sur le premier tacle... Je sens tout. Je suis un animal guerrier dans son élément, je hume l'odeur du sang, et je fonce.
Mais ce métier me transforme et m'arrache à moi-même, à ma gentillesse et ma main ouverte... Au vestiaire, pendant que je me concentre, je deviens un autre homme. Pas enragé, possédé. Je brûle l'adversaire du regard. Je n'hésiterai pas à le briser s'il le faut. Ma carapace...
La suite bientôt...

