Hausse des prix, censure… Le Parc des Princes a grondé
La nouvelle hausse des abonnements au Parc des Princes a provoqué la colère des supporters parisiens, qui ont voulu se faire entendre face à Monaco mercredi. Mais le club parisien en a décidé autrement. Récit.
Parc des Princes. Tribune Boulogne bleu bas. Le PSG mène 2-0 face à l'AS Monaco en quart de finale de la Coupe de France. Dans une ambiance plutôt calme, pour ne pas dire morne malgré le beau jeu proposé par les hommes de Laurent Blanc, les abonnés de la tribune décident de protester contre la nouvelle hausse des abonnements. Enfin ceux qui n'ont pas revendu leurs places sur la plateforme d'échanges officielle du club… On est alors au début de la deuxième mi-temps. « Abonnement trop cher, supporters en colère », reprennent en chœur plusieurs centaines de supporters. Un chant à l'encontre de la direction du PSG, qui ne tarde pas à réagir. Un dernier refrain contestataire et quatre stewards de la sécurité débarquent dans la tribune pour se diriger vers le « capo », qui tente de lancer et de coordonner les chants de cette partie de Boulogne. Difficile sans porte-voix. Impossible quand on est embarqué par la sécurité. Car visiblement, en plus de pratiquer des prix élevés dans des tribunes qui n’ont de populaires que leurs souvenirs, le PSG pratique aussi la censure.
Fin de l'abonnement intégral
Et si « Casquette », de son surnom, revient quelques minutes plus tard, ce n’est que pour prendre ses affaires et quitter définitivement la tribune, toujours entouré des quatre agents de la sécurité. Les « supporters en colère » resteront silencieux jusqu’au coup de sifflet final. Les abonnements, eux, resteront trop chers pour un grand nombre de supporters parisiens. Car si l’augmentation - en moyenne de 5% pour la saison prochaine - n’est pas scandaleuse (d’autant que le Parc des Princes affiche très souvent complet cette saison malgré une ambiance en berne), l’augmentation constatée depuis 2011-12 est proche des 100%. A cette époque, qui semble très lointaine, un abonnement coûtait entre 200 et 1 500 euros. La saison prochaine, il faudra débourser entre 450 et 2800 euros pour assister à toutes les rencontres du PSG. Mais ce qui pose encore plus problème à l’abonné parisien, c’est qu’il devra en plus payer sa place pour un éventuel quart de finale ou une demi-finale de la Ligue des Champions. Les plus fidèles supporters devront ainsi débourser 35 € en plus pour les quarts et 45 € pour les demi-finales. En cas de participation à la Ligue Europa, le principe sera le même.
« Le Parc sans son ambiance, ce n’est pas le Parc »
Un système qui fait grincer des dents du côté des supporters parisiens pour qui la mise en place de nouveaux sièges, de nouveaux sanitaires ou encore l’accès au Wifi HD ne semblent pas des arguments suffisants. « On nous prend pour des vaches à lait, s’énerve dans la tribune Thomas, 29 ans dont dix en tant qu’abonné. Oui, on a des grands joueurs. Mais le Parc sans son ambiance, ce n’est pas le Parc. Le PSG sans ses supporters, ce n’est pas le PSG. Sans nous, ils ne sont rien ! » Las, il se réabonnera tout de même la saison prochaine. « J’aime mon club et je me fais avoir », soupire-t-il. D’autres en ont vraiment assez. Comme Thierry. « En plus d’ouvrir notre porte-monnaie, ils veulent qu’on ferme notre gueule. Y’en a marre, s’indigne le cheminot de 35 ans. Je préfère regarder les matchs à la télé plutôt que de leur filer de la thune dont ils n’ont pas besoin. » Car selon lui, la hausse du prix des abonnements n’est pas une nécessité financière mais une manière d’évincer les supporters les plus populaires, ceux susceptibles, dans l’esprit du PSG, de provoquer des débordements. Une sorte de gentrification des tribunes.
130€ au minimum à Barcelone, 1275€ à Arsenal
A titre de comparaison, le PSG n’atteint pas encore les prix exorbitants d’Arsenal qui demande au minimum à ses supporters 1 275 € pour assister à toutes les rencontres à l’Emirates Stadium. Mais en revanche, alors qu’il faut 174 € en moyenne au minimum pour se payer un abonnement dans un club de Bundesliga, le FC Barcelone pratique les tarifs les moins onéreux dans les grands clubs européens avec un abonnement de 130 € au Camp Nou. Une pratique que les dirigeants parisiens ne comptent pas suivre, le modèle anglais leur permettant de poursuivre leur opération de « pacification » dans et autour du Parc tout en récupérant quelques millions d’euros grâce à la billetterie. Et cela au dépit d’une certaine ferveur. Et parfois de la liberté d’expression.
"Casquette" risque trois ans d'interdiction au Parc des Princes
Contacté par Le Monde, "Casquette", ou plutôt Yoann Seddik de son vrai nom, a démenti avoir proféré des insultes envers le président du club, Nasser Al-Khelaïfi, raison pour laquelle, selon le club parisien, il a été expulsé de la tribune Boulogne. Le supporter parisien, abonné depuis deux ans au Parc des Princes, explique vouloir contester la décision du club avec l’aide d’un avocat : « Ils m'ont dit que j'allais recevoir un courrier ou un e-mail disant qu'ils allaient mettre fin à mon abonnement et m'interdire de Parc des Princes pendant trois ans. » Un épisode qui risque de raviver les tensions entre le club de la Capitale et ses supporters avec lesquels le dialogue est inexistant.
Foot365
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