J'ai vu
La Vie d'Adèle 
C'est un film formidable
Jamais je n'avais vu un Kechiche aussi bien réalisé, cadré, monté, avec une photo aussi réussie (quoiqu'un peu "malickienne" par moment, mais rien de choquant).
Mais surtout, il y a une de telle richesse dans ses thèmes que woaw, j'ai cru revoir un des meilleurs Godard ou Truffaut. :huh:
Tout d'abord en première lecture, ce n'est pas juste une belle histoire d'amour homosexuelle, c'est une belle histoire d'amour tout court (même sentiment que pour
Liberace en fait). Intelligente, émouvante, très fine... certes, il y a 3 passages où j'ai cru le projectionniste avait basculé sur Youporn catégorie "lesbian kamasutra"
(K6 pourra témoigner, elles font la totale. Et face caméra. Léa Seydoux pourra dire ce qu'elle veut, mais le clito qu'elle lèche, il n'est pas en CGI - ou alors les effets spéciaux français ont fait des sacré progrès
), mais même ces moments, qui m'ont fait rire sur le coup par leur outrance et leur crudité, trouvent leur sens, en contrepoint, par la suite. Ce n'est pas de la provoc' à la Lars Von Trier, rien n'est gratuit. Il y aurait notamment beaucoup à dire sur le cadrage des bouches, la sensualité que ça peut dégager, mais également la répulsion.
Ensuite, en seconde lecture, c'est un film qui porte un propos politique. Et son personnage principal, Adèle, m'a particulièrement intéressé, dans le sens où c'est l'anti-
Jeune et Jolie de Ozon. Les deux héroïnes ont en commun de franchir un interdit, un tabou, une moralité. L'héroïne de Ozon est une bourgeoise qui, pour combler le vide de sa vie, ressent le besoin de se prostituer, et se conforme donc à une logique capitaliste ultime, où elle échange son corps contre de l'argent. L'héroïne de Kechiche est une fille de la classe moyenne, travailleuse, fille de l'école de la République, et qui va transgresser le tabou saphique pour se réaliser. C'est à mon sens ici une réelle démarche féminine et libertaire, et non pas une dévoyée comme le prétendait le final de Ozon. Si l'héroïne de Kechiche est solaire, celle de Ozon, c'est l'étoile noire. Et pourtant, les deux sont contemporaines, réalistes, mais n'ont pas été éduquées dans les mêmes valeurs.
Et comme ce personnage d'Adèle est super généreux et réellement attachant, il sert, non seulement de sujet d'étude en proie à la discrimination sexuelles (1er épisode du film) mais également victime d'une discrimination sociale (2ème épisode), ici encore entre prolétaires (elle travaille comme institutrice) et bourgeois (les artistes qu'elle côtoie par le biais de sa meuf, Léa Seydoux).
Et putain, qu'est-ce que c'est bien illustré putain ! Il faut la voir Adèle, ayant plus de sensibilité humaine et d'empathie que n'importe quel autre personnage du film, au prises avec des prétendus artistes, qui méprisent son boulot et son "absence de réalisation culturelle". C'est à peu près aussi révoltant que si Karl Lagerfeld se foutait de la gueule de feu l'Abbé Pierre parce qu'il était mal fringué. Le film est brillant parce qu'il pose les valeurs que j'estime essentielles à leurs justes places : le système éducatif, la littérature à l'école, sont ici montrées sur un jour particulièrement valorisant, et ma foi ça fait du bien. En parallèle, le microcosme artistique, l'oligarchie des intellectuels apparait carnassière et cynique, et je trouve cela extrêmement juste et trop rarement souligné.
Et finalement, ce qui empêche l'histoire d'amour de se réaliser, ce n'est pas tant la discrimination sexuelle, mais la discrimination sociale - ou la discrimination au capital culturel, pour paraphraser Bourdieu. Et ça, à notre époque où Marx est méprisé comme un anachronisme, c'est vraiment bien vu.
En plus de cela, j'ai beaucoup aimé l'ambiance
teen movie de la 1ère heure, montrant le quotidien d'une lycéenne, tantôt drôle, routinier, cruel... ça m'a rappelé mes années lycées, et pourtant je ne suis ni femme ni lesbienne. Kechiche touche décidément juste dans sa description de la jeunesse, son meilleur film pour moi.
Tout cet aspect Star Tours, justement, et cette mise en scène qui semble plus intéressée par son spectateur que par son film. Mais c'est vrai de tellement de films d'action que j'adore que bon. A croire que ce côté forain me saute aux yeux une fois en 3D 
Il y a des trucs qui marchent : quand ils se foutent sur la gueule leur filmo, j'adore comment Seth Rogen en prend plein la tête 
Ce qui suit pour Jonah Hill est drôle aussi, mais c'est Rogen qui mange le plus cher 
(il y a pas mal de trucs sur sa voix à la con aussi)
ça a dû être tourné sous ecstasy, pas possible autrement. Je ne conteste pas son audace plastique, mais c'est trop pour moi (TWSS)
