ZeroZero13 a écrit :J.Edgar [...]
J'ai également été choqué par le maquillage de Armie Hammer lorsqu'il joue le vieux Clyde Tolson. Ça ne fait vraiment pas réel et pour un film à si gros budget, je trouve ça un peu bizarre. Ou alors c'est moi qui ai un problème

(1)
Sinon le film est quand même intéressant car d'une part il raconte l'histoire d'un personnage ultra important de l'histoire américaine et d'autre part par la prestation de Di Caprio que j'ai trouvé très fort (2)
(1) C'est effectivement le gros ratage du film

Incompréhensible
(2) Un Di Caprio tonitruant en effet, bien au dessus de ce qu'il avait pu faire dans Aviator (auquel le film fait pas mal penser)
Ce J.Edgar débute avec un postulat intéressant, la manière dont la figure maternelle va contaminer Hoover et comment il va contaminer l'Amérique. Le Hoover de Eastwood ressemble un peu au Norman Bates de Hitchcock, d'ailleurs

Tout entier dominé par sa mère intégriste, raciste, haineuse, incapable d'émotion, il va transposer sa paranoïa privée en paranoïa publique, effrayé que son pays et sa mère soient envahis par les communistes, les gays, les noirs... Enfermé sans son bureau-panoptique devant lequel défilent les présidents, Hoover s'imagine une Amérique dans lequel il projette toutes les peurs du petit Edgar.
Je ne sais pas si c'est vrai (et je m'en moque, ce n'est pas un documentaire), mais cet axe de lecture est passionnant. Par exemple, sa frustration de ne pouvoir assumer son homosexualité au grand jour (maman ne voulait pas) explique une scène d'écoutes téléphonique dans laquelle il espionne les aventures sexuelles d'un des puissants de ce monde. C'était un peu son youporn de l'époque, j'imagine

L'obsession de Hoover de tout contrôler contamine jusqu'au film : Eastwood transcende la banalité du biopic, en lui donnant les clés de la réalisation; il fait la voix-off, les flashbacks et surtout, il manipule et tord les faits pour construire son mythe.
Vous l'aurez compris, ce film n'est pas vraiment un film politique. On pourra le regretter, mais les évènements et affaires cités constituent davantage des marqueurs temporels, des illustrations, que le cœur du film. On n'apprendra pas grand chose sur l'influence des dossiers secrets de Hoover. Le récit va surtout s'attacher, via un montage par flash-back, à nous montrer la pesanteur de son personnage, vieillissant dans sa chair, déclinant, consumant ses rares proches comme lui-même, mais restant immuablement le même dans sa tête, prisonnier de ses lubies, alors que le monde évolue. Eastwood déroule ses thèmes : la vieillesse, la désillusion, la peur de la mort, la quête du sens, la postérité. Film foisonnant, on retrouvera du
Sur le route de Madison, dans le threesome platonique de Hoover-Tolson-Gandy, du
Mémoire de nos pères, dans cette vision qui fait le lien entre la grande l'histoire d'un pays et la petite de quelques uns, de
l'Echange sur quelques pans historiques du film.
Martial, autoritaire, conservateur, en proie aux doutes, Hoover est un héros Eastwoodien. Mais il a la particularité d'être un bad guy, décrit sans ambages comme arriviste, capricieux, orgueilleux, libidineux et envieux. Mais tout antipathique qu'il soit, il parvient à dégager de l'émotion au fur et à mesure de son naufrage, de cette faillite qu'est sa vie. La scène où il demande à miss Gandy
"Must I kill everything I love ?" -qu'il tue elle-même à petit feu par sa folie- est la plus belle de toutes. Je craignais le pire après
Hereafter, ce film m'a finalement emballé au fil des minutes.