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Balada Triste de Trompeta, l'histoire de euh un clown dont le père clown a été euh embrigadé de force dans la résistance pendant la euh guerre civile espagnole même qu'il a dézingué du franquiste à la euh machette, et qui débute sa carrière dans un cirque craignos où il sera euh persécuté par son partenaire clown alcoolo sadique qui baise une trapéziste ma foi bien bonnasse.
J'ai vu beaucoup de films au scénario décousu, des films au scénario prétexte, des films ouvertement sans scénario, et même des films scénarisés par Luc Besson, mais de mémoire de spectateur, je n'avais jamais assisté à un tel patchwork de tout ça. A savoir que tout ici, les personnages, l'espace, le temps, tout est sujet à réinitialisation, une comédie devient un film de guerre devient un film d'évasion devient un freak-show devient un film d'horreur. Clairement, le scénario navigue à vue, celle d'un aveugle bourré dans un brouillard havrais. Certains maitrisent à merveille cette discipline et savent rendre naturels ces changements de ton, mais pas Alex de la Iglesia, qui ose mettre en scène une histoire imaginée quand il avait euh deux ans. Les personnages ne sont rien que des vecteurs creux de l'hystérie qui est il me semble la marque de fabrique de ce réalisateur, et qui rend impossible tout suspense, tout pic d'intensité, toute implication dans cette suite de vignettes jamais liées.
Il se passe quelque chose, tout de même, une fois admis que le film n'a pas pour vocation d'être une histoire, et il faut reconnaitre à De La Iglesia un talent certain dans la mise en place de morceaux de bravoure assez guedin, et de cette plongée dans la folie assez artificielle émerge une obsession pour la laideur, le grotesque, qui confirme ma théorie que tout ce que la culture espagnole a produit de valable évoque la fange immonde dans laquelle baigne depuis sa naissance cette nation dégénérée. De ce point de vue, la tentative n'est pas sans intérêt, mais à part ça le film ne vaut pas grand chose. Y penser,
ça occupe dans l'ascenseur.