La Provence.fr a écrit :Retour à la case départ
Publié le lundi 22 juin 2009 à 07H00
Un énorme micmac, des tractations secrètes, des gens qui ne se parlent pas alors qu'ils sont invités à travailler pour le bien du club; d'autres qui oeuvrent dans l'ombre. L'OM étouffe, Marseille en prend pour son grade. Voilà où on en arrive quand personne n'est capable de prendre des décisions fortes et radicales. Il est plus facile d'évincer des personnes, parfois pour des histoires ressemblant à des gamineries de cour d'école, que de remettre un bateau à flots.
L'avenir de l'OM se joue dans le proche entourage de Robert Louis-Dreyfus et le silence de l'actionnaire principal souligne la complexité du dossier. Il y a une lutte de pouvoir, d'intérêts entre ses principaux conseillers. En incidence, l'OM paie les pots cassés de ces influences malsaines. Jean-Claude Dassier n'était pas le candidat ayant dégagé une unanimité en très haut lieu. Il était le choix de Vincent Labrune et Xavier Boucobza, même si ce dernier a été tenté de conforter Pape Diouf.
Jacques Veyrat, le frère d'Antoine, directeur général du club, avait une solution plus politique avec, en arrière-plan, le projet de développement du stade. Ces divergences n'ont cessé d'être nourries, heure après heure, avec les ultimatums de Jean-Claude Dassier lorsqu'il a commencé à avancer ses pions et les hommes avec lesquels il entendait engager sa mission. Hier a ressemblé a une journée de dupes. En soirée, plusieurs personnes faisaient état de l'annonce d'un grand coup de balai pour rétablir l'ordre dans l'institution, dont les fondations tremblent, à la veille de la reprise du staff.
L'urgence commandait de remettre l'OM dans le sens de la marche afin de lui permettre de retrouver une crédibilité, totalement égratignée en l'espace de cinq jours. Plusieurs années de travail intense ont été réduites à néant en l'espace d'une demi-semaine. C'est pathétique. Le contexte est lourd, insupportable et l'OM est en grand danger.
Antoine Veyrat n'a pas apprécié
La situation est hallucinante. Dans la direction entrevue ces derniers jours, tout évolue à chaque minute. À la mi-journée, un proche de José Anigo avouait que le directeur sportif ne souhaitait pas travailler avec Jean-Pierre Bernès : "Il n'a rien contre M. Bernès, nous a-t-on dit, mais José se demande quel serait son rôle. La situation serait anormale pour lui et il trouve que chacun se marcherait sur les pieds." Dans la foulée, Jean-Claude Dassier réagissait auprès de l'AFP : "José ne doit pas le prendre ainsi, j'arriverai à le convaincre, il faut qu'il m'appelle. C'est une tempête dans un verre d'eau."
Le monde à l'envers. Il y a un projet à exposer et c'est Anigo qui doit appeler alors qu'on lui demande rester expressément ? Le directeur sportif n'aurait pas apprécié que plusieurs réunions se tiennent sans lui à Paris, que des tractations soient déjà fomentées dans son dos. Dans le même temps, Antoine Veyrat a modérément goûté à la possibilité d'être chapeauté par Jean-Pierre Bernès. Il y aurait vu une façon de rogner sur ses prérogatives et aurait menacé de démissionner.
Un premier camouflet
Dans un univers impitoyable, où les coups bas se multiplient heure après heure, personne, ou presque, n'a le courage de se dire les choses ouvertement, avec la franchise requise. Tout est affaire de susceptibilités, de prérogatives. C'est dramatique. Chacun avance avec ses conditions, d'autres leurs intérêts. Les erreurs de communication se multiplient. Samedi, sur RMC Sport, Vincent Labrune annonçait que Jean-Claude Dassier signerait son contrat ce dimanche. Une demi-heure plus tard, le directeur de l'information de TF1 précisait qu'il ne signerait rien, tant qu'il n'aurait pas rencontré toutes les personnes. Cela partait d'un bon sentiment et soulignait le désir humain d'être certain de fédérer les principales personnes concernées autour de ses idées.
Avant de s'engager, Dassier voulait avoir des certitudes, du concret, sans être cependant mandaté de manière contractuelle par le conseil de surveillance. Pour résumer : Dassier avait fait de la présence d'Anigo, puis de Bernès des conditions indispensables à sa venue. Mais Anigo a récusé Bernès. Tout comme une partie du conseil de surveillance et une majorité des Marseillais. L'organigramme de Dassier a donc été affaibli avant même qu'il n'entre en scène officiellement. Tard dans la soirée, une tendance s'est dégagée : l'entourage de RLD aurait rejeté la proposition de mission proposée à Jean-Pierre Bernès, afin de calmer la tempête soulevée et demander à Jean-Claude Dassier d'oeuvrer dans les trois conditions émises par RLD :
1. Accepter la présidence du directoire;
2.Nommer José Anigo directeur sportif;
3.Continuer avec Didier Deschamps comme entraîneur, dont le contrat entre en vigueur le 28 juin.
Un autre camouflet puisque la veille, Vincent Labrune avait déclaré que Dassier avait les pleins pouvoirs; la composition de l'organigramme n'était pas du ressort du conseil de surveillance. Il y a pourtant eu intervention en haut lieu. Plusieurs inconnues demeuraient. Désavoué sur le dossier Bernès, Jean-Claude Dassier s'engagera-t-il enfin, alors qu'un retour vers TF1 paraît dorénavant délicat, puisque le directeur de l'information de la première chaîne européenne a été mis en minorité par le syndicat des journalistes de sa rédaction ? Hier, TF1 s'agaçait des tergiversations incessantes à l'OM, mauvaises pour l'image de la chaîne.
Didier Deschamps voudra-t-il poursuivre sans Jean-Pierre Bernès, "son ami, son confident", comme le soulignait Dassier, la veille ? José Anigo, rétabli dans ses fonctions, révisera-t-il sa position après la mise à l'écart de Bernès ? L'OM est revenu à la case départ, avec le triumvirat qui s'était dessiné le jour de l'annonce de l'arrivée de Jean-Claude Dassier. Mais, en haut lieu,la lutte de pouvoir est loin d'être terminée. Il ne peut en être autrement quand il n'y a pas de véritable patron, quand les courants de pensée sont multiples. Il en est ainsi du quotidien de l'OM...
Par Thierry Muratelle