Les aléas de la vie m'ayant contraint à demander un bouquin à mes collocs pour passer le temps jusqu'à mon prochain détour à la FNAC(©), je me retrouve à lire "
Et si c'était vrai", le chef d'oeuvre de Marc Levy. Je vous jure que je l'ai abordé en toute bonne foi et pas du tout dans l'idée de pouvoir en dire du mal, mais ça va être dur de ne pas

Je n'ai rien contre ce bouquin en tant que tel, je le trouverais presque touchant de sincérité maladroite, j'ai par contre du mal à comprendre qu'on ait pu accepter de le publier (mais le type qui a pris cette décision est très bon dans son job).
Même si en réalité, j'ai surtout du mal à comprendre qu'il ne fasse pas partie de la collection Arlequin.
C'est un empilement de segments qui n'ont pas grand chose à voir entre eux, et chacun compile TOUS les clichés de son genre respectif : Ghost, le Meg Ryan movie, la chronique de l'enfance, et depuis quelques pages un impayable roman policier avec un inspecteur qui porte un nom de saucisse imberbe. Et mon dieu qu'est-ce que c'est tarte

C'est un peu ce qui ne me rend pas ce bouquin tout à fait antipathique. Il faut oser, le paragraphe sur le héros attendri par le spectacle d'une mère de famille dans un jardin d'enfant, qui caresse la joue de son marmot alors que le fantôme de l'héroïne est toute émue de découvrir que sous des dehors de yuppie cynique se cache un tendre au coeur d'or. Il faut oser, il faut vraiment y croire.
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Car le héros me fiche la trouille. Cet Arthur, c'est lui le véritable American Psycho. Il aime les chiens, il ne rate jamais un coucher de soleil, ses fleurs préférées sont les roses et il a quitté Carol-Ann parce qu'elle était trop superficielle. Pas étonnant qu'il ait fini à San Francisco

Il faut dire qu'on lui a flanqué une mère pas possible, un espèce de résidus hippie plus égocentrique qu'une bloggeuse de 14 ans - avant sa mort, elle a conservé à destination de son fils tout un tas de ses lettres dans une valise
noire -, le genre à reveiller son fils de 6 ans à 5h du matin pour lui apprendre à parler aux tournesols (
"Car c'est une cabine téléphonique en ligne directe avec le Soleil").
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Niveau écriture, on oscille entre passages pas écrits - les meilleurs -, et ceux qui voudraient l'être, aussi pénibles à lire qu'une scène où le loser du lycée va demander à la pom-pom girl de venir avec lui au bal de fin d'année à regarder. Les tentatives romanesques sont invariablement foirées, pleine de grands sentiments vaseux et de pétales de roses planant au fil du souffle ample d'un vent brûlant.
Ah, il n'y a pas de cul, juste des ellipses.
Le livre est sauvé par son jusque-boutisme dans la guimauve. C'est ce qui fait d'un mauvais bouquin un gros gros nanar littéraire
C'est par contre un plaisir à lire dans les transports. Je suis même persuadé que le rythme des phrases est calqué sur celui des
toudoum-toudoum d'un trajet en métro, tant la combinaison des deux rend leur parcours respectif beaucoup moins pénible. C'est simple, je n'ai pas réussi à le lire ailleurs, à part à l'hôpital, peut-être parce qu'il rend la perspective de la mort un peu moins effrayante.