
<span style='font-size:25pt;line-height:100%'>Le mensonge écolo</span>
Les scientifiques n'ont toujours pas établi la responsabilité humaine dans les changements climatiques. Pourtant, tout le monde y croit. Manip ?
Hervé Ponchelet et Olivier Hertel
Et si le réchauffement climatique mondial, par la faute de l'effet de serre dû à l'activité industrielle depuis un siècle, n'était qu'une hypothèse non vérifiée, pis, un fantasme plongeant ses racines aux sources de la plus pure tradition malthusienne et eugéniste ? Et si, après tout, George W. Bush, en refusant de ratifier le protocole de Kyoto sur la réduction d'émission du CO2, faisait preuve d'un solide bon sens et d'un pragmatisme économique très anglo-saxon ?
Dix ans après le Sommet de la Terre de Rio, qui avait accusé les rejets de gaz carbonique par l'industrie de chambouler le climat, cinq ans après la conférence de Kyoto, où, pour « sauver la Terre », un protocole de réduction des émissions de gaz à effet de serre avait été élaboré, et alors qu'à Johannesburg c'est le développement durable qui tient la vedette, la cause semblait entendue : l'homme, par sa croissance démographique débridée et sa fringale énergétique, met son « berceau cosmique » en danger.
Mais, comme l'enfant du conte d'Andersen s'exclamant « le roi est nu ! », alors que le royaume entier s'est laissé abuser par les escrocs censés avoir confectionné au monarque le plus bel (et cher !) habit du monde, de plus en plus de chercheurs constatent que, en matière de responsabilité de l'homme dans le réchauffement climatique actuel, rien n'est prouvé. En fait, depuis les années 80, durant lesquelles s'élabore l'hypothèse de l'effet de serre anthropique, nombre d'entre eux n'ont cessé de mettre en garde contre des conclusions hâtives en la matière. En 1998, Claude Allègre, alors ministre de la Recherche, qui aime certes provoquer, déclarait au Point : « Il y a une courbe idiote qui voudrait prouver que la température moyenne de la Terre se serait élevée, par la faute de l'homme, de 0,1 degré en cent cinquante ans. C'est complètement absurde ! » (no 1438). Effectivement, la relation de cause à effet entre CO2 industriel - effet de serre - et changement climatique n'est toujours pas scientifiquement démontrée.
De son côté, comme l'a relevé Jean-François Revel dans son dernier livre, l'Académie des sciences américaine, faisant le point, à la demande de la Maison-Blanche, sur les certitudes et les incertitudes du changement climatique, a constaté que la science était incapable aujourd'hui de conclure si l'homme était, ou n'était pas, responsable d'une part de l'évolution du climat mondial.
Difficile de se faire entendre lorsque les faits vont à contre-courant de la pensée écologique unique ! A preuve, la chaîne CNN a conclu que les rapporteurs de l'Académie des sciences étaient unanimes « sur le fait que le réchauffement global est réel », qu'il empire et qu'il est dû à l'homme ! Un message qui a peut-être satisfait le richissime Ted Turner. Fondateur de CNN, il est un fervent défenseur de Lester Brown et de son Worldwatch Institute, qui, chaque année, publie un volumineux rapport « millénariste » aux relents malthusiens et eugénistes sur l'état de la planète. Toujours est-il que ce mensonge répété cent fois devient une vérité...
Un fonds de commerce
La manipulation des conclusions du rapport par la chaîne globale était tellement grossière que l'un des rédacteurs du rapport, Richard Lindzen, professeur de météorologie au prestigieux MIT, sortant de sa réserve, fit la mise au point suivante : « Le rapport établit clairement qu'il n'existe pas de consensus, unanime ou autre, sur les tendances à long terme du climat et sur les causes de ces tendances [...]. Je ne peux trop souligner que nous ne sommes pas en mesure d'attribuer les changements climatiques au seul gaz carbonique ou de prévoir ce que sera le climat dans l'avenir [...]. A titre personnel, mais en cohérence avec le travail du groupe d'experts, j'estime que l'application du protocole de Kyoto n'aboutirait pas à une réduction substantielle d'un réchauffement [...]. » Courageuse mise au point au pays de l'Institut Rockefeller, bastion historique des héritiers américains de Malthus et du darwinisme social, qui longtemps plaida en faveur de l'eugénisme.
Pour reprendre la raison par le bon bout, comme dirait Rouletabille, il faut lire « L'ingérence écologique. Environnement et développement rural du Nord au Sud ». Publié en l'an 2000 par les très sérieuses éditions du CNRS, il ne s'agit pas d'un pamphlet comme « L'imposture verte », du journaliste Pierre Kohler (Albin Michel), mais de l'oeuvre du géographe Georges Rossi. Enseignant-chercheur à l'université Bordeaux-III dans l'unité mixte Regards (CNRS-IRD), il y analyse, en particulier, les mécanismes qui ont fait d'une hypothèse, mobilisatrice et formidablement féconde pour les sciences de la physique de l'atmosphère et du climat, un dogme de l'écologie politique dont le scénario catastrophe est devenu fonds de commerce.
En fait, s'échinent à nous rappeler les climatologues, ce qui caractérise le climat de la planète, c'est sa perpétuelle oscillation entre deux extrêmes : glaciation et surchauffe. Des cycles vraisemblablement initiés par des causes astronomiques qui font varier l'ensoleillement, donc le flux d'énergie solaires, « carburant » de la grande machine à vapeur qu'est l'atmosphère.
Cette pichenette énergétique, ce « forçage astronomique », disent les spécialistes, qui contribue pour 10 % à un refroidissement (la chose est inverse lors d'un réchauffement), est relayée par le « forçage des glaciers » de l'hémisphère Nord qui amplifie la tendance dans une plage de 40 %. La monstrueuse calotte antarctique, elle, n'a pratiquement pas varié depuis trente millions d'années, alors qu'en matière de réchauffement global elle en a vu d'autrement plus puissant que celui que nous vivons douillettement depuis onze mille ans.
Des fermes au Groenland
Quant aux 50 % restants, on estime qu'ils viennent effectivement de l'effet de serre naturel sans lequel la Terre aurait une température moyenne de - 18 oC, contre + 15 oC aujourd'hui. Effectivement, comme l'étude physico-chimique de la fameuse carotte de glace, récupérée en Antarctique à la station soviétique de Vostok, l'a prouvé dans les années 80, la courbe de variation des températures et celle du CO2 évoluent de façon strictement parallèle. D'où la question parfaitement légitime que se sont posée les chercheurs dès cette époque : si l'homme, en brûlant charbon et pétrole à tire-larigot, injecte dans l'atmosphère du gaz carbonique en plus de celui que la biosphère produit très naturellement depuis que la vie est apparue sur Terre, soit 3,5 milliards d'années, ne va-t-il pas renforcer, à l'excès, l'effet de serre et tournebouler les climats? Depuis, les scientifiques honnêtes s'avouent incapables de répondre à la question, encore moins de dire quel sera le climat de demain, même dans la perspective d'un réchauffement naturel. En tout cas, à part les imprécateurs intéressés par la manne financière que le catastrophisme attire, c'est vrai, vers les laboratoires, aucun météorologue n'accepte de faire le lien entre l'hypothétique changement climatique en cours ni avec les fameuses tempêtes de 1999, qui ont ravagé la France, ni avec les grandes inondations de l'Elbe ou la sécheresse en Inde de cet été.
De toute façon, l'humanité, bien avant de transformer les paisibles feux de camp en chaudières à vapeur alimentées par le bois, puis le charbon, puis le pétrole et le gaz naturel, a connu des périodes de chaud-froid. Aux IXe et Xe siècles, la périphérie de l'Atlantique nord a bénéficié d'un « petit optimum climatique ». Les températures y étaient de 1,5 à 1,6 oC supérieures à celles d'aujourd'hui, le sud du Groenland était tempéré, ce qui permit aux Vikings d'Erik le Rouge d'y installer pas moins de 400 fermes et laiteries. « L'Angleterre était alors suffisamment ensoleillée pour que la vigne y prospère », rappelle Georges Rossi.
Au XIVe siècle, patatras, sans que les hommes aient en quoi que ce soit modifié leurs habitudes énergétiques, un « petit âge glaciaire » pétrifie les mêmes régions. En Europe occidentale, les températures étaient de 2 à 4 oC inférieures à celles dont nous jouissons aujourd'hui. Ce coup de froid prit fin vers 1860. Mais, entre-temps, la succession des mauvaises moissons, dues aux étés froids et humides que subit la France de Louis XVI, entraînèrent le mécontentement populaire et la Révolution française...
L'Histoire nous apprend donc qu'il n'y a pas besoin de l'homme pour faire varier dans de larges proportions le climat, mais aussi qu'un changement climatique n'est pas forcément une mauvaise chose pour tout le monde. Dans ces conditions, on comprend mal l'alarmisme, bien peu rigoureux, du GIEC (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). En fait, cette émanation de l'Onu comporte deux niveaux. D'une part, un groupe d'experts, qui pond régulièrement un rapport sur l'évolution du climat, en tentant d'y discerner l'action de l'homme ; d'autre part, un collège des représentants de tous les pays qui votent, à raison d'une voix par pays, un rapport exécutif. « C'est ce rapport exécu-tif, document politique et non scientifique, qui, chaque fois, fait grand bruit dans les médias », constate Georges Rossi.
Une puissante machine, relayée par le Fonds mondial pour la nature sauvage (WWF) et Greenpeace, dont les fondateurs sont dans la mouvance néo- malthusienne. Un formidable rouleau compresseur capable d'entretenir la peur de l'impact anthropique global. « Une peur qui, selon Georges Rossi, a pris la suite de la terreur nucléaire comme instrument de régulation économique et politique du monde. Nous imposons aux pays du Sud notre vision de l'avenir. C'est de l'ingérence écologique, du néocolonialisme. »
Pour autant, l'arbre de l'écologisme global ne doit pas cacher la forêt de l'écologie de proximité, dont les problèmes sont, eux, bien réels. A Madagascar, au Togo, en Guinée, au Vietnam, et maintenant au Rwanda, Georges Rossi a consacré sa vie à s'efforcer toujours de démêler idées fausses et problèmes effectifs. Sa conviction : « Pour résoudre ces problèmes, c'est le développement économique qu'il faut, pas le malthusianisme. »
Source : Le Point.