La Provence a écrit :Ben Arfa : "Je ne retournerai pas à Lyon"
Hier, en fin d'après-midi, Hatem Ben Arfa a reçu "La Provence des Sports". Sa décision est définitive
Depuis deux semaines, à raison d'un coup de téléphone quotidien, nous avions cherché à joindre Hatem Ben Arfa. Jour après jour, nous étions inlassablement tombés sur le répondeur. Hier après-midi, plus par habitude que par conviction, nous avons recommencé. À la deuxième sonnerie, une voix:
"Allô.
"Bonjour Hatem, c'est "LaProvence". Pourrions-nous nous rencontrer ?"
Après quelques minutes de discussion, rendez-vous est pris en fin d'après-midi dans un coin calme de la région. Deux heures plus tôt, Hatem Ben Arfa a rencontré les dirigeants olympiens à La Commanderie pour évoquer la situation. En tenue de vacancier, tee-shirt rose, pantalon léger en toile noire, il a répondu à nos questions.
Détail important, quand Hatem parle, il vous regarde dans les yeux.
- Hatem, les dernières journées ont été compliquées. Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Hatem Ben Arfa : Serein. Heureux d'avoir signé à l'OM. Les négociations ont été longues, mais je suis content d'être à Marseille.
- Heureux d'avoir signé, mais Lyon affirme qu'aucun accord n'a été trouvé et vous a convoqué ce lundi à 15h.
H.B.A. : Ils peuvent toujours m'attendre. Je suis ici et je ne me rendrai pas là-bas. Quoiqu'il arrive, je n'y retournerai pas.
- Votre décision est-elle ferme et définitive ?
H.B.A. : Ferme et définitive, comme vous dites. Et j'insiste, quoiqu'il arrive.
- Lyon n'a toujours pas signé la convention de mutation...
H.B.A. : Le club peut me créer tous les problèmes qu'il veut, je n'y remettrai plus les pieds.
- C'est un bras de fer ?
H.B.A. : J'ai signé à l'OM et je reste ici.
- Donc, demain matin à 9h, vous serez à La Commanderie pour votre premier entraînement ?
H.B.A : Oui. Les petites histoires de ces derniers jours n'y changeront rien.
- Avez-vous eu les dirigeants lyonnais ces derniers jours ?
H.B.A. : Non, mon manager a réglé ce problème, j'ai essayé de rester en dehors de tout ça.
- En signant à Lyon, Claude Puel a dit vouloir vous rencontrer pour évaluer votre état d'esprit. Ce rendez-vous a-t-il eu lieu ?
H.B.A : Non. Ça n'aurait servi à rien puisque ma tête est à Marseille.
- Avec ce feuilleton, avez-vous pu réellement couper psychologiquement ?
H.B.A. : Oui. J'ai débranché pendant une dizaine de jours. Cela aurait pu être plus long, mais j'étais pressé d'arriver à un accord avec l'OM afin d'avoir les idées claires le jour de la reprise.
- Arrivez-vous à vous détacher de tout cela ?
H.B.A. : Oui. Il y a la vie aussi. Le foot n'est qu'une partie de notre existence. Le sport véhicule de grandes valeurs, de justesse, de partage, de compréhension. J'ai confiance en la LFP pour entendre ces valeurs essentielles du sport et du foot, l'attachement de l'être humain à ces repères.
- Quand avez-vous pris la décision de rejoindre l'OM ?
H.B.A.: Au terme de la saison et des premiers contacts. J'ai vraiment été flatté. J'ai senti une réelle volonté de m'engager. J'ai eu d'autres propositions, en France et à l'étranger, mais l'OM reste unique. La chaleur de cette ville, des gens, le public, c'est une autre dimension.
- Le fait de ne pas avoir joué les dernières semaines à Lyon a influencé votre décision ?
H.B.A. : Cela a surtout influencé mon choix de quitter Lyon. L'OM correspond à une envie profonde.
- Le stade Vélodrome vous a copieusement applaudi lors de votre dernière apparition. Avez-vous été touché ?
H.B.A. : Je m'en souviens très bien. Et ça, j'aime. J'adore le contact avec le public. Au début, il m'avait chambré, c'était très marrant. J'espère qu'à partir d'aujourd'hui, il m'applaudira plus souvent.
- Quitter un club qui est sept fois champion de France d'affilée pour rejoindre un club qui n'a rien gagné depuis 15 ans est un drôle de challenge...
H.B.A. : C'est mon challenge. Tout le club a envie de retrouver ce titre. Moi, j'y crois dur comme fer.
- Le stade Vélodrome attend du spectacle...
H.B.A. : Mais le football est un spectacle. J'aime tout ce qui procure des émotions, des sensations rares. Le football réunit tout cela. Il y a une telle chaleur dans le stade Vélodrome qu'on oublie tout ce qui se passe ailleurs. On vit l'instant. C'est tellement beau.
- Votre discours est passionné.
H.B.A. : Je le suis. Je suis passionné par le jeu que j'aime par-dessus de tout.
- Avez-vous eu Éric Gerets ?
H.B.A. : Je l'ai eu au téléphone avant de signer. Il m'a dit combien il comptait sur moi. Je lui fais confiance pour me donner les moyens de progresser.
- Le jour de la reprise, il a tenu des propos élogieux à votre encontre.
H.B.A. : Ce sont des mots importants et ils me touchent. Son discours a été essentiel pour arrêter ma décision.
- Après avoir évolué à Lyon, vous devez avoir les épaules pour supporter l'exigence de Marseille.
H.B.A. : Bien sûr.
- Marseille est particulière.
H.B.A. : Cette pression aura un effet dopant pour mon comportement. Ici, il y a quelque chose de bon: la passion entre les joueurs et le public. Quand tu n'es pas bon, c'est normal d'entendre des noms d'oiseaux. Tu es sensé être sur le terrain, porter ce maillot pour être bon. Marseille est pile poil pour mon caractère.
- Comment définissez-vous votre caractère ?
H.B.A. : Un garçon qui avance avec des émotions, comme le peuple marseillais. Ça devrait bien coller.
- Avez-vous un message à transmettre au public ?
H.B.A. : Aidez-moi dans mon adaptation et on passera de bons moments. J'espère que ce club nous fera tous rêver cette saison. Gagner le plus de titres possibles...
- Un, ce serait déjà pas mal...
H.B.A. : Tout peut arriver dans le foot...
Mercato : la Ligue s'empare du dossier Ben Arfa
Alors que le dialogue est rompu entre Lyon et l'OM, l'arbitrage de la Ligue de football professionnel est devenu inévitable pour trancher sur le dossier Ben Arfa. Aujourd'hui, la commission juridique de l'instance se saisira du dossier et des pièces expédiées par l'OM, vendredi, soit trois jours avant la date butoir fixée par Lyon.
Selon toute vraisemblance, la commission, présidée par l'avocat lyonnais Me André Soulier, conviera toutes les parties demain pour une audition. Hatem Ben Arfa reprendra donc l'entraînement demain matin avec les Olympiens, mais dans l'après-midi, accompagné de Pape Diouf et Julien Fournier, il se rendra à Paris pour s'exprimer devant la commission.