Charles Villeneuve se livre dans le supplément sport du Journal du Dimanche.
Fraîchement nommé président du Paris Saint-Germain, Charles Villeneuve soigne sa communication depuis son arrivée. Et le nouvel homme fort du PSG aime visiblement les formules percutantes. «L’instinct, les sens, je laisse ça aux femmes. Moi, je ne suis pas une gonzesse», explique Villeneuve dans Sport, le supplément du Journal du Dimanche.
Charles Villeneuve c'est moi :-|
J'ai passé mon entretien à l'école d'archi samedi dernier, ça a été un fiasco retentissant...
Convocation début d'après-midi, après deux jours en mode "énorme stressé de la vie", je me trouve étonnament décontracté à quelques minutes de l'instant si attendu (un peu comme la fois où en plein oral de rattrapage, le prof me demande pourquoi j'ai eu de si mauvaises notes et que je lui réponds que c'est parce que je ne suis pas un gros bosseur...

bref c'est pas un bon présage :-| )
Je rentre dans la salle et ça commence très mal. Mes deux interlocuteurs se présentent, m'exposent brièvement le but de l'entretien et :"Alors allez-y..." J'ai la chique coupée. A vrai dire je m'attendais à ce qu'ils me posent des questions précises ou du moins une ligne directrice. C'était marqué entretien sur le papier et pas grand oral. Visiblement ils me sentent désarçonnés et l'un d'eux ajoute, "présentez-vous".
Une fois que j'ai eu dit que je m'appelais machin, que j'étais actuellement en fac de truc et que changer de parcours, j'y avais longuement réfléchi ect... je suis à sec. Pitié, posez-moi une question.
Je ne sais plus comment j'en arrive à parler de mes différents voyages, on m'y demande ce que j'ai aimé dans les architectures locales. J'essaye tant bien que mal de donner une réponse interessante et je suis alors coupé par l'un des examinateurs qui n'avait pas dit un mot depuis le début et qui ne va plus ma lacher :pittbull: :"Mais qu'est-ce que vous avez vu de moderne dans ces villes?"
Moi :"Euh... rien de particuliers, j'en restais au coeur historique."
La réponse ne convient visiblement pas et je suis enchainé par :"Mais qu'est ce que vous avez vu comme exemple d'architecture moderne ?" qui sonne un peu comme un ultimatum...
Je précise "vu de mes yeux vu, en vrai" :-| Il acquiesce. Je cite Beaubourg mais précise que si c'est le seul véritable exemple d'architecture moderne que j'ai réellement vu, je connais les réalisations de Prouvé, Corbusier et d'autres choses vues à travers des revues de presse...
- "Et vous avez aimé quoi dans l'architecture de Beaubourg"
- "J'ai aimé"
Pour mémoire j'avais 17 ans quand j'y suis allé et ce que je voulais voir c'était surtout les peintures ect... à cette époque j'étais pas encore aussi sensible qu'aujourd'hui à l'architecture. Toutefois j'arrive à broder, sans convaincre.
Au fil des minutes, le stress me noue de plus en plus la gorge, j'ai la sensation d'être oppressé et d'être un peu "tu ne le sais pas encore mais tu es mort" Ambiance
On en arrive à la vision que je me fais de l'architecte et c'est le coup fatal.
J'explique que je ne vois pas l'architecte comme un simple créateur mais aussi comme un technicien qui doit connaître les matériaux, un scientifique pour une approche économique et un sociologue.
-"La dimension esthétique vous échappe donc totalement?"
ton limite consterné
Mais j'ai jamais dit ça!
Me sentant vraiment oppressé, je pense que je tente de rentrer inconsciemment dans ma zone de confort et sans réfléchir (pourtant j'aurai pu en dire des choses à ce sujet et enfin sortir la tête de l'eau

) j'essaie de montrer que cette dimension esthétique je la possède en prenant pour exemple la réhabilitation de mon logement.
J'explique un peu la démarche et précise que je recherchais une architecture au service d'une ambiance masculine.
-"Qu'est ce que vous entendez par masculine ?"
J'essaie d'expliquer en confondant allègrement décoration et architecture, tombant dans les travers que je dénonçais à demi mot dans ma lettre de motivation. Je commence à toucher le fond et à dire absolument n'importe quoi, à partir dans des explications sans queue ni tête.
Surtout, je me rends compte que je suis en train de passer pour un mysogine primaire notamment lorsque je dis que l'idée de la masculinité que je me fais, entre autre, c'est "ordre, rigueur, simplicité" et que je crois bon d'ajouter "pas de chichi quoi". Heureusement que j'ai pas conclu par "pas un truc de gonzesse quoi"
La question fuse :
-"Donc vous ne vous voyez travaillez que pour des hommes ? Et vous pensez que l'ordre, la rigueur et la simplicité sont des qualités inaccessibles aux femmes"
Autant vous le dire ça tourne sadique.
Je réponds que je me vois évidemment travaillez avec des femmes et que toute la qualité d'un bon architecte était de s'imprègné des exigences de ces clients. Même erreur, je précise par exemple que ce que j'ai trouvé dommage c'est que "mon architecte,
qui par ailleurs était une femme (auto-coup de grâce et rictus nerveux des examinateurs), n'ait pas su coller à mes désirs et se désinterresse du projet dès lors qu'il était différent de ses désirs à elle."
L'entretien touche à sa fin, je n'ai absolument rien dit de ce que je voulais dire sur ma motivation, l'étendu de ma passion, de mes connaissances, de ma vision de ce métier et le fait que je n'en ignorais pas les enjeux ni sa diversité.

Et surtout que ma vie n'était plus la même depuis que j'avais découvert cette matière et pour la première fois, je savais réellement ce que je voulais faire de ma vie et j'étais prêt, à 23 ans, à m'en donner les moyens.
Je suis lessivé, rincé, essoré. L'impression qu'on m'a laissé m'enfoncer sans jamais me tendre la main et de goûter à la dure réalité des entretiens d'embauche. Ma chance est passé, il me demande si j'ai des photos de mon appart je leur montre.
-"Au moins on voit du bleu et pas du rose, pour les couleurs vous ne vous êtes pas trompés"
Ils ont l'air réellement surpris par l'appart puis me disent que "c'est bien". Sentant qu'il est tant de partir je lance un "en espérant que ce ne soit pas ma dernière réalisation" qui trouve comme écho "ça c'est une bonne chute!" qui sonne comme un "On peut quand même applaudir notre malheureux candidat" avec le mélange de chaleur et de compassion que pourrait avoir un JP Foucault.
J'imaginai alors recevoir une invitation pour un dîner "entre amis" un mercredi soir.
Epilogue :
Aujourd'hui les résulats sont tombés. Je ne doutais pas que ma prestation allait marquer mais je ne me faisais aucune illusion.
Pourtant je ne fais pas partie des 250 éliminés de toutes façons ce qui en soit est déjà une performance et me laisse songeur sur ce qui a pu coincer pour eux.
Mais je suis à la place du con, sur liste d'attente et assez loin pour avoir la quasi-certitude de ne pas être dans la liste finale.
