la critique de felson un mec sur le forum d'allociné qui se lache bien sur halloween
Plus que mauvais, une honte...
C'est violent, c'est sanglant, c'est bruyant... mais c'est pas du tout terrifiant, et en plus c'est mauvais. C'est peut-être ce que Rob Zombie s'est dit après avoir vu le premier montage de son film, qu'il a lui-même trouvé décevant.
J'ai claqué douze dollars pour voir ce truc en salles, et j'en suis sorti avec un début de migraine et une grosse envie de pleurer et de me marrer en même temps. En me disant que Zombie n'a décidément rien compris au chef-d'oeuvre de Carpenter.
Puisque Zombie est revenu à la naissance du mythe - pour mieux le réduire en miettes, même s''il croit avoir trouvé le grand truc -, je vais faire pareil. Dans l'original donc, Myers tue sa soeur aînée Judith à l'âge de 6 ans seulement, le soir d'Halloween. Pourquoi? Parce que dans la Bible, 6 est le chiffre mauvais, le chiffre du Diable, et parce que Halloween est une fête macabre qui renvoie à tous ces démons (tueurs, sorcières, lutins, etc.) et aux fêtes druidiques naguère tenues chaque automne - pendant Samhain - et censées chasser ces démons à l'époque des moissons. C'est donc, on peut aisément l'imaginer, un de ces démons qui a "pris" le petit Myers au moment le plus propice - alors qu'il a 6 ans, la nuit d'Halloween - et l'a poussé à tuer sa soeur - le tout bien sûr sans que ce qui a pu lui arriver avant y soit pour quoi que ce soit.
Dans sa version, Rob Zombie croit nécessaire de repousser l'âge de Myers à 10 ans et d'invoquer une enfance difficile pour prétexter - pire, pour expliquer – tous ses actes meurtriers. En faisant ça, il évacue toute dimension historique et religieuse, il sort du contexte Halloween et surtout, il démythifie complètement le personnage de Michael Myers, en le faisant rentrer dans le rang des pauvres-petits-psychopathes-qui-ont-pété-les-plombs-sous-la-pression-familiale-et-scolaire. Il lui enlève toute sa force et son mystère, et le rend aussi pathétique que le premier frappadingue venu. C'est donc par la faute de proches tous plus stupides et méchants les uns que les autres, sauf la mère - oh malheur, c'est une strip-teaseuse! -, et de camarades d'école bizuteurs qui l'humilient et le brutalisent sans arrêt à cause d'elle, que Myers serait devenu le tueur dément qu'on connaît aujourd'hui. Il prend cette terrifiante incarnation du mal et la retourne comme une crêpe, en en faisant un simple malade produit et secrété par notre société. L'intention est plutôt louable, mais elle vient presque 30 ans après cette vertigineuse dimension sur le Mal contenue dans le classique de Carpenter, du coup comment ne pas se sentir frustré et déçu, comment ne pas rester sur sa faim en voyant ça? C'est tellement banal, vu tellement de fois et traité sous un angle si ronflant dans ce film que ça donne envie de rire tout en rougissant de honte. Pour donner le change, et sans doute parce qu'il sait bien que son Myers n'est pas une incarnation increvable du mal, que ce n'est pas le croquemitaine, Zombie s'est permis de donner à Myers adulte un physique de réfrigérateur - par opposition au Myers "normal" de l'original -, sans doute pour mieux expliquer qu'il reste imperméable aux balles et aux coups de couteau, mais j'ai eu l'impression qu'il s'est cru obligé de faire ça, pour s'efforcer de garder le mythe intact et sauver ce qui peut encore l'être. Et même là-dessus, il s'est ramassé, parce qu'à cause de lui le mythe a disparu.
Personnellement, et comme je m'y attendais, je me suis ennuyé ferme, et c'est pas les tonnes de violence et de sang, encore moins les effets sonores abrutissants, qui m'ont fait sortir de ma torpeur. Je me suis surtout demandé quel est le ton du film: hein? quoi? Tout ce tintouin, tout ce sang versé, tous ces morts, tout ça pour simplement atteindre une nénette blonde, tenter de lui faire piger d'où elle vient, qui elle est vraiment, et essayer de nouer les liens qu'il a avec elle? J'ai failli tomber à la renverse en voyant ça, je n'y ai pas cru une seule seconde. Et c'est à mourir de rire.
Mais la question numéro 1 qu'on peut se poser, c'est: quel est le rapport avec Halloween? Les origines du mal chez Myers ne résident plus dans les origines de cette fête, alors pourquoi Myers massacre toute sa famille précisément pendant cette nuit? Zombie prétend tout montrer et tout "expliquer", en réalité non seulement il fait preuve d'une prétention sans bornes (je cite sa phrase: "Mon film montre comment Myers est devenu un tueur en série" - comme s'il avait réellement existé! Ben voyons ) mais surtout, à l'arrivée il se goure lamentablement, ce qui est encore plus grave. Parce qu'au fond il ne fait que donner sa (risible) vision du personnage sans rien expliquer du tout. Et en faisant pondre à Sam Loomis (Malcolm McDowell) un best-seller intitulé "The Devil's Eyes" (les Yeux du Diable) pour ensuite lui faire dire: 'Ce sont les yeux... d'un psychopathe' il touche le fond.
En plus donc d'une fin complètement stupide, le film est trop rapide, tout s'enchaîne trop vite; la photographie est réussie mais elle est gâchée par le 'camera operating' (tenu de caméra) encore plus désastreux que dans The Devil's Rejects, j'arrêtais pas de me dire "mais stabilise ta caméra, mec, on voit rien du tout!". Je vous laisse également les cadrages épouvantables, censés faire années 70 mais qui, avec ce tenu de caméra à vous flanquer la migrine pendant une semaine, font plus penser aux films pornos réalisés avec le style amateur crade de la même époque. Le film en arrive même à se répéter durant toutes les scènes de meurtre qu'il contient (trop de plans de femmes ensanglantées qui se traînent par terre, c'est barbant à force). La musique aussi navrante que tonitruante de Tyler Bates n'arrange pas les choses, au point que Zombie a cru nécessaire de la mixer avec celle de Carpenter, utilisée n'importe comment, si bêtement, si pauvrement que j'ai failli sortir de la salle avant la fin, histoire d'abréger le massacre.
Pour couronner le tout, en plus d'aplatir le personnage de Myers, Zombie fait pareil, peut-être pire encore, avec sa soi-disante soeur, Laurie Strode. Zombie prend cette jeune fille vierge, mature, intellectuelle mais coincée, jouée à la perfection par Jamie Lee Curtis dans l'original, et en fait une petite bimbo blondasse, aussi stupide et ignorante que la dernière des pétasses, qui glousse sans arrêt, aligne les blagues idiotes, fait tout pour se faire aimer et remarquer et s'habille en conséquence. Ce n'est plus une fille isolée, elle n'est plus réprimée par personne, surtout pas par ses deux copines (Annie et Lynda), elle leur ressemble désormais même tellement qu'on se demande pourquoi elle porte des lunettes (j'ajoute qu'elle les porte uniquement quand elle tient des livres sous le bras et quand elle est à l'école sinon, pas question! Pas fou?). Zombie a peut-être cru bon de l'affubler de lunettes pour qu'elle puisse faire style "je suis différente, j'en ai dans la caboche, je suis une vierge intellectuelle". Evidemment c'est de la poudre aux yeux, en réalité - et c'est trop visible - elle n'a plus rien à voir avec la Laurie de l'original, vu elle est aussi pouf, nunuche, insouciante et irritante que ses copines, et peut-être encore plus portée sur le sexe qu'elles, mais si elle n'a pas de petit ami (tiens, au fait, comment elle fait? Elle n'a pas de copain uniquement parce qu'elle porte des lunettes et pas ses copines? ) On n'y croit pas non plus, l'effet est si grossier, Scout Taylor-Compton est si insignifiante, si peu crédible dans son rôle que c'est à pleurer.
Même les pires ratages contiennent des éléments positifs, et ce remake/prequel bidon en contient mais seulement sur les doigts d'une main: Sheri Moon Zombie m'a agréablement surpris, je l'ai trouvée excellente, touchante et vraiment comédienne. Pour moi ce talent de comédienne qu'elle montre est la révélation du film! Elle fait ainsi aisément passer les dialogues navrants que son Zombie de mari lui a mis dans la bouche; on les oublie et on regarde Sheri se démener avec, en faisant preuve d'un réel sens de la comédie et du tempo. La scène du meurtre du beau-père crétin (William Forsythe, égal à lui-même) est pour moi un grand moment d'horreur. Pour un gamin de 10 ans, Myers fait déjà preuve d'une sacrée imagination dans la mise en scène macabre, une imagination qui lui fera totalement défaut par la suite - mais bon, vous me direz, pas besoin d'en avoir quand on ressemble à une espèce de bulldozer, une fois arrivé à l'âge adulte. Et le plan final - que je ne raconterai pas - peut laisser espérer qu'il n'y aura pas de multiples suites données à ce truc, ce dont je doute bien évidemment, faut pas trop rêver.
Bon bref, j'espère vous avoir fait comprendre qu'il n'y a - presque - rien à sauver dans ce film, et qu'à la limite Resident Evil 3 en vaut peut-être plus la peine, vu que ces deux films sortiront en France en même temps, d'après ce que j'ai entendu. Ne faites pas comme moi, ne gaspillez pas votre fric durement gagné pour ce remake foireux, attendez le DVD ou mieux, piratez-le!!