Je suis d'accord avec ça, ce qui m'a géné c'est de voir ensuite le jury saluer l'originalité de l'interprétation d'un tel ou d'un tel (et encore, je ne me base que sur les - rares - que j'ai su identifier) comme si elle ne venait de nulle part plutôt que d'en citer les origines/influences. Se faisant, je n'suis pas sur qu'on fasse découvrir des horizons musicaux , mais plutôt qu'on profite de notre manque de culture (de repères ?) pour faire exploser le potentiel marketing du candidat en le faisant passer pour un génie qu'il n'est pas (je ne dis pas pour autant qu'il s'agit de tâcherons sans substance). Tant mieux si l'un permet l'autre, ceci dit, après tout, c'est par Diana Krall que j'en suis arrivé à Duke Ellington. Mais M6 ne m'aurait jamais donné les outils pour passer de l'une à l'autre. Au final, j'ai de la meilleure musique dans les oreilles, mais je suis toujours en train de passer à côté de quelque chose.
Et puis, il y a autre chose. Cette tendance de la Nouvelle Star d'encourager les interprétations "inattendues" s'inscrit dans cette démarche récente de promouvoir ce qu'on aura certifié comme original, parce qu'on a tellement vendu le reste que le public ne suit plus. J'ai du mal à l'expliquer, c'est je crois comparable à ce qui est arrivé au cinéma indépendant américain qui, victime de son succès, s'est retrouvé labellisé (j'ai peur de vouloir dire récupéré

) jusqu'à ce qu'on en arrive à des extrémités telles que Little Miss Sunshine, synthèse molle, partiale et injuste de quinze ans de Sundance, dont le carton mondial efface instantanément les grandes réussites du genre aux yeux du grand public. Ou encore cette incursion de la pop-culture geek dans les blockbusters (les récents Die Hard et Transformers) parce que les grands pontes d'Hollywood payent des gens pour surfer sur something awful et se sont rendus compte depuis internet qu'il y a un énorme public à conquérir. J'ai l'impression que la nouvelle star, ou encore le succès de cette "nouvelle scène francaise" dont les tristes avatars actuels font oublier les Arthur H, Dominique A ou autres, c'est un phénomène comparable. J'suis pas tout à fait convaincu, mais je ressens une tendance à vouloir faire du "hors-norme" la norme, pour mieux le marketer. Et parce que Little Miss Sunshine, parce que Vincent Delerm, j'ai peur qu'une emssion comme La Nouvelle Star ne soit trop mercantile pour que ces effets ne soient pas néfastes à moyen terme.