le titre jubilatoire en UNE de l'équipe "barthez n'y a pas coupé" notez le jeu de mot
CRACHER N’EST PAS JOUER et
peut même coûter très cher. Condamné
à six mois de suspension dont trois
mois avec sursis en première instance
pour cet acte incivil et antisportif commis
le 12 février, Fabien Barthez s’est
vu infliger hier par la commission
supérieure d’appel une sanction plus
lourde. Mais elle est aménageable
grâce à la possibilité d’effectuer des
travaux d’intérêt général. Cette
mesure avait été proposée jeudi lors
de l’audience par le gardien de but et
son avocat,Me Pech de Laclause. Dans
leur esprit, elle permettait de compléter
intelligemment une peine sans
prolonger la période de suspension.
Fabien Barthez avaitmême donné son
accord de principe. L’objectif n’a pas
été atteint. La commission supérieure
d’appel, présidée par Xavier Lebray, a
bien retenu l’idée d’une sanction éducative,
mais tout en prolongeant la
période de suspension. Elle a conditionné
la durée de celle-ci à la réalisation
de ces travaux d’intérêt général.
Pas douze travaux d’Hercule, mais au
total dix missions restant à définir (lire
par ailleurs).Au départ, la commission
en avait retenu vingt-deux, une par
Ligue. Beaucoup trop pour le temps
imparti.
La finalité reste la même : restaurer
l’image d’un sport et d’un sportif en
prônant, essentiellement chez les
amateurs, le respect de l’arbitre.
La philosophie s’apparente davantage
au poème du Grec Hésiode, « Les
travaux et les jours », qui met les vertus
du travail, la justice et l’honnêteté
en opposition à un idéal guerrier.
Il continuera sa carrière
Le marché est clairement posé : soit
Fabien Barthez accepte et il est suspendu
jusqu’au 15 octobre (
seulement),
soit il refuse et il ne peut pas
rejouer avant le 31 décembre. Bien
entendu, le gardien de l’OM et de
l’équipe de France, qui avait appris
dès jeudi soir, grâce à des fuites, la
décision rendue publique hier matin à
10 heures, n’a pas remis en cause sa
volonté de s’engager dans une telle
action, ni celle de poursuivre sa
carrière. Fabien Barthez contraint de
regarder les autres jouer jusqu’au
14 octobre inclus, cela signifie, à partir
d’aujourd’hui, treize matches de
Championnat manqués sous le maillot
de l’OM (contre trois avec la première décision),
éventuellement deux,
voire quatre autres en Coupe
d’Europe. En plus des deux rendez vous
amicaux de l’équipe de France et
de la rencontre de bienfaisance à Toulouse,
il fait également une croix sur
les quatre derniers matches déterminants
pour la qualification à la Coupe
du monde 2006.
En revanche, si la France devait en
passer par un barrage (aller et retour
en novembre), il pourrait retrouver sa
place dans le but. Mais, entre-temps,
Grégory Coupet, qui s’est refusé hier à
tout commentaire, se sera peut-être
imposé. En fixant la fin de la suspension
au 15 octobre (5mois et 20 jours)
plutôt qu’au 25, ce qui aurait été plus
logique compte tenu d’une sanction
qui a pris effet le 25 avril, la commission
supérieure d’appel a voulu se
dégager du débat juridique sur
l’incompressibilité d’une peine de six
mois prévue dans l’article 1.5.1 des
règlements fédéraux. C’est parce que
la commission centrale de discipline
avait inclus le sursis dans les six mois
que la Fédération avait fait appel,
contestant cette application.
En plaçant le curseur juste après la
campagne des Bleus, la commission
supérieure d’appel a voulu montrer
qu’elle n’était pas soucieuse de préserver
l’équipe de France des conséquences
sportives de sa sanction. Elle
a souhaité, surtout, en revenir au fond
du problème et juger cet acte, qui tend
à passer au second plan dans toute
cette embrouille juridique : ce crachat
envoyé par Fabien Barthez sur
l’arbitre marocain du match amical
entre le WAC Casablanca et l’OM le
12 février. Accueillie favorablement
par la FFF (lire par ailleurs) et sans
commentaire de la part du ministère
des Sports, cette décision, la dernière
d’une juridiction sportive, ne met pas
un terme à l’affaire Barthez. Bien au
contraire, tant ce jugement ne satisfait
pas le joueur ni le club marseillais.
« C’est l’aboutissement d’une procédure
très mal engagée et très peu soucieuse
des droits de tout citoyen, s’est insurgé
Me Philippe Pech de Laclause.
La commission a jugécommesi Fabien
Barthez avait agi à froid.Or, contrairement
à ce qu’a pu dire et voir
M. Lebray, ce match n’a pas du tout
été sympa et amical. Mon client avait
des circonstances atténuantes. La
commission a retenu notre proposition
de travaux d’intérêt général mais
elle a aggravé la sanction. Autant de
matches sans jouer jusqu’en
décembre ou même octobre, c’est
énorme ! »
Dès la communication de la décision,
hier matin, les avocats de Marseille
(Me Prosper Abega) et de Fabien Barthez
ont décidé d’engager trois nouveaux
recours devant le Comité national
olympique et sportif français
(CNOSF). Le premier porte sur la
déclaration d’appel de la FFF qui,
selon eux, se limitait à l’application
des textes. Les deux autres contestent
le caractère légal de l’article 1.5.1 ainsi que
la décision rendue en appel.« Je
constate, reprend Me Pech de
Laclause, que la commission d’appel,
en rendant cette décision, a reconnu
que le 1.5.1 était illégal. Une peine de
six mois ne devient plus un minimum
mais un maximum. La sanction infligée
à Fabien Barthez est donc illégale.
» Tous ces recours devraient être
déposés sitôt reçue la notification de
la décision, vraisemblablement en
milieu de semaine prochaine. Ils pourraient
être joints à ceux déjà engagés
auprès du CNOSF qui doit se réunir en
conciliation le vendredi 20 mai. Il est
d’ores et déjà évident que sa proposition
sera refusée par l’une ou l’autre
des parties et que cette lamentable
affaire Barthez jouera les prolongations
devant une juridiction civile : le
tribunal administratif.