<span style='font-size:25pt;line-height:100%'>ULTRA, amuse les VIP et boucle-la ! </span>
Au hasard, lu cet automne sur le forum du site d'un groupe d'ultras stéphanois: " La LFP sert qu'à nous faire chier et à nous foutre des amandes (sic) ". Sans les amuse gueules, le reste est à l'avenant. Ambiance chez les ultras depuis le début de la saison : proche de la crise de nerfs.
Raisons: répression de plus en plus sévère.
Coupable : la Ligue et ses suspects habituels (clubs, forces de l'ordre), accusés de faire appliquer à loi Alliot Marie avec un zèle inversement proportionnel à leur capacité de discernement.
Principal point de discorde: le zéro tolérance appliqué à l'interdiction des fumigènes dans les stades.
"Si on se fait prendre, c'est désormais comparution immédiate " résume un supporter de Saint Etienne. "A l'occasion d'un déplacement à Strasbourg, l'un de nos membres a passé la nuit en garde à vue pour avoir soi disant allumé une torche. Sans preuve, sur simple dénonciation d'un stadier. Alors que ce n'était même pas lui " témoigne Eric, membre des Devils de Bordeaux. Résultat: les condamnations judiciaires et les interdictions de stade tombent sur les ultras, les amendes pleuvent sur les clubs. Certains dirigeants tapent du poing sur la table, façon père de famille autoritaire. " Il y a peu de temps, Triaud nous a dit: les fumigènes, les amendes, ça suffit "confie Eric des Devils. D'autres louvoient ou tentent de trouver des terrains d'entente, pas franchement déterminés à se couper de leur base populaire d'irréductibles.
C'est le cas de Bouchet et Graille qui ont enfilé les habits de go between en début de saison. Quels que soient le degré de compréhension des uns pour les autres, les ultras crient "au racket de la LFP ". Le sentiment d'exaspération est général, aliment par d'autres " marques de mépris " selon les ultras, comme les matchs décalés ou l'absence de dialogue franc avec les dirigeants des clubs. " Ça devient n'importe quoi " regrette Philippe Lambert Rique, porte parole des Ultras 84 de Marseille. Laurent N'Guyen, des Bad Gones de Lyon constate que, de nos jours, " c'est devenu privilège d'avoir le droit d'encourager son équipe
" Le mouvement ultra est parvenu à maturité "
Alors, pour faire entendre leur voix, les ultras ont décidé de se taire. Les 5 et 6 décembre dernier. 48 groupes (*) de 30 clubs de Ligue 1, 2 et National ont observé 20 minutes de silence. Une grève pour dénoncer ce climat de suspicion et plus généralement "l'aggravation des conditions d'existence et d'activité des supporters de football ". Dans tous les virages des stades de France, une banderole a été déployée: " Union des ultras pour un football populaire ". Le mouvement tenait à montrer, qu'au delà de subir une politique du bâton synonyme du peu de considération des instances pour ceux qui animent les virages, il restait attaché à une certaine vision du football. "Les attentes des supporters sont ainsi trop souvent occultées au profit des exigences des gros financeurs du football français: actionnaires, télévisions, sponsors... " précisait un communiqué qui fleurait bon l'intersyndicale unitaire. La manifestation de à 17ème journée du championnat parachevait quatre mois de discussions engagées l'été dernier. Les groupes ultras se sont rencontrés le 19 juillet à Clermont Ferrand, puis le Il octobre à Lyon. Plutôt habituées à s'adresser des bras d'honneur, Les associations ont décidé c'oublier un moment leurs rivalités sportives pour se mettre autour d'une table et organiser leur défense. Aujourd'hui, l'heure est a l'entente de circonstance. "Réunir des gens qui se sont longtemps tapés sur la gueule n'a pas été évident. On m'aurait dit ça il y a quelques années, je ne l'aurais pas cru ", estime un membre des Devils de Bordeaux. Une telle démarche n'a pas abouti du jour au lendemain ajoute Philippe Lambert Rique des Ultras 84: " La Coupe du monde en Corée fut un moment décisif. La Fédération avait convié certains ultras
à venir grossir les rangs des supporters de l'équipe de France autour de Francis Lalanne. De là sont nées des discussions entre ultras de différents clubs. Ils se sont vite aperçus, au delà de l'adversité, qu'ils étaient confrontés au même type de problèmes. // paraissait donc logique de se réunir pour mieux défendre nos intérêts communs ". "Cela montre que le mouvement ultra, né au milieu des années 80, est parvenu à une certaine maturité " conclut Eric.
" Nous sommes dans l'obligation de nous cacher"
De ces deux réunions surveillées de près par les RG, "elles n'avalent pourtant rien de subversif" signale un participant, est née une coordination nationale. L'objectif: nouer un dialogue avec la Ligue, se faire entendre pour modifier une loi Alliot Marie accusée de criminaliser des pratiques que les ultras qualifient de festives. " Aujourd'hui, 99 % de nos animations sont hors la loi", constate Laurent N'Guyen: "Ne serait ce que de se tenir debout dans les tribunes est interdit "L’innocuité des règlements pondus par Ubu, roi du football professionnel, ne s'arrête pas là : "Si on va au bout de la logique, les clubs n'ont pas le droit de vendre des écharpes. Car si tu rentres avec un drapeau ou un bout de tissu dans une enceinte sportive, tu dois, en théorie, produire un certificat de résistance au chaud ".
Autre exemple de la tendance hygiéniste actuellement en vogue dans les stades : plusieurs clubs ont été récemment punis pour jets de rouleaux de papier toilette. Tarif: 500 euros. Diable! À ce prix là, l'Argentine de 1978 n'aurait pas eu besoin du FMI pour plonger dans la cessation de paiement. Parvenus à l'âge adulte, les ultras s'estiment en mesure d'assumer leurs responsabilités et de parler d'égal à égal avec les instances. " Nous réclamons juste une révision de la loi en des fermes plus appropriés et un droit d'expression minimum " précise Eric des Devils, Un ripolinage de la loi d'autant plus nécessaire qu' elle ne résout rien selon Philippe Lambert Pique : " On constate tous les jours une application beaucoup plus restrictive alors que si l'on prend l'exemple des fumigènes, ils continueront toujours à être
allumés. Mais comme nous sommes clans j'obligation de nous cacher, nous les utilisons dans des conditions beaucoup plus précaires, donc dangereuses. Alors que nous pourrions les utiliser dans des endroits adéquats, en toute responsabilité ".
Pas tout à fait d'accord, Laurent N'Guyen des Bad Gones pointe les limites de l'esprit autogestionnaire de la culture ultra: « quand au lendemain de notre déplacement à Monaco où une quarantaine de fumigènes avaient été échangée avec des Niçois, le club m'appelle en me demandant: " C'est quoi ce bordel ? ". Je réponds: notre association, ce sont 2000 membres, pas 2000 salariés, ni 2000 soldats. Nous ne pouvons pas contrôler tout le monde et ça, c'est difficile à faire admettre par les dirigeants qui, le crois, sont très éloignés de la réalité du terrain ».
Politération contagion
Du côté de la Ligue, on se retranche derrière " la loi est la loi " tout en stigmatisant le laxisme de certains clubs français. " Plusieurs d'entre eux ont fermé les yeux pendant un certain temps sur l'application de la loi concernant leurs supporters, se dédouanant ainsi sur les instances car Ils n *osaient pas les affronter directement. Aujourd'hui, la Ligue et la FFF n'ont pas d'autre choix que de faire appliquer les règlements " se défend Gérard Rousselot. Le président de à commission nationale mixte de sécurité et d'animation de la Ligue justifie le tour de vis sécuritaire sur la question des fumigènes par les risques de "prolifération ". Il aurait observé "une véritable contagion des phénomènes sauvages, jusqu'en L2 et même au National! ". La faute "à la télévision " qui préfère montrer les virages d'un Vélodrome en feux plutôt que l'élégante conduite de balle de Johnny Ecker. "Et cela donne des idées aux autres ". Seul problème, la Ligue avait, il y a deux ans, fait preuve de la môme hypocrisie elle avait édité une plaquette pour vendre le spectacle "football "avec de belles images de tribunes surchauffées aux fumigènes interdits. Au bal des faux culs, Gérard Rousselot admet que la LNF a esquissé quelques pas de quadrille. "Je reconnais que c'est une erreur. Mais tout ça c'est fini ". Depuis quelques mois, les dirigeants de la Ligue honnie semblent avoir. au moins en apparence, pris la mesure de la grogne des virages. Ils ont récemment nommé, avec Bertrand Paquette, "un charge de mission supporters ". Cet ex directeur adjoint de la sécurité de la Coupe des Conf a été appointé comme l'interlocuteur unique des supporters auprès de la LFP. À sa demande, il a rencontré, le 10 novembre, les groupes d'ultras de la coordination. Depuis, les consultations se poursuivent et la Ligue se dit 1, prête à accompagner les supporters dans leur demande auprès des pouvoirs publics concernant l'assouplissement de la loi ". La mission de bons offices va t elle suffire à rapprocher les deux parles, à pérenniser le dialogue et à dé diaboliser le mouvement ultra? A la Ligue, on estime que "les supporters sont en partie responsables de leur marginalisation ". Pour Gérard Rousselot: "Ils ont toujours revendiqué une extrême indépendance. de peur d’être récupérés par les instances. Aujourd'hui, soit ils se sentent suffisamment forts pour dialoguer, soit Ils sentent la menace trop forte et se disent qu'ils ne s'en sortiront que dans le dialogue ".
"Aulas nous a conseillé d'aller plutôt supporter une équipe de Nationale"
Pour l'instant, c'est wait and see du côté des ultras, ils attendent du concret. "En adoptant une vision politique de la gestion des problèmes, la Ligue veut nous donner l'impression qu'elle agit. Par leur poste, leur fonction, Ils croient pouvoir se positionner en donneur de leçons " regrette Eric des Devils bordelais, dubitatif. Plus optimiste, Philippe Lambert Rique considère que le dialogue entre ultras et Ligue est "un préalable Indispensable qui va dans le bons sens. Nous attendons de voir maintenant si les propositions de nos groupes de travail sont acceptés par le Conseil d'administration de la LNF ". Il doute pourtant que les discussions réduisent " la cassure " entre supporters et dirigeants de clubs.
"A Marseille, quand tout va pour le mieux, nous n'1 avons quasi 1 ment aucun rapport avec les dirigeants. Par contre, si la situation sportive se dégrade, le dialogue s'instaure comme par magie histoire d'éviter que le mécontentement prenne de l'ampleur Nos relations sont donc avant tout conjoncturelles, rien de vraiment constant, solide.
La situation des supporters n'est jamais sérieusement abordée, la question de l'animation et des conditions d'accueil dans les stades est Ignorée.
Mëme constat amer, 350 kilomètres plus au nord, du côté de Gerland. Laurent N'Guyen regrette «qu'en quelques semaines, nous ayons eu plus de contacts avec la Ligue qu'en une saison avec Aulas. Et quand nous nous voyons, c'est souvent tendu. Sur le fond, le président et les dirigeants de Lyon comprennent mal que l'on s'implique autant, juste par passion, sans arrière pensée. Quand nous avons expliqué que la Ligue des Champions, on s'en foutait, qu'on préférait une équipe généreuse, un club qui défende certaines valeurs auxquelles nous sommes attachés, Aulas nous a conseillé "d'aller plutôt supporter une équipe de National "». Joachim Barbier Eric Lancellotti Vincent Maurice
(*) Les groupes participant à la coordination
Kop de la butte (Angers) / Supras Sharks (Antibes) / Ultras
Auxerre (Auxerre) / Devils et Ultramarines (Bordeaux) /
MNK96 (Caen) / Red Kaos (Grenoble) / Ultras Gueugnon
(Gueugnon) / Kop Rouge et Kridef (Guingamp) / Barbarians
(Le Havre) / Red Tigers (Lens) / DVE (Lille) / Merlus Ultras
(Lorient) / Bad Gones, Lugdunum's et Nucleo Ultra (Lyon)
Commando Ultra, Dodgers , South Winners et Yankee
(Marseille) / Génération Grenat et Horda Frenetik (Metz)
Ultras Monaco (Monaco) Butte Paillade et Ultras
Languedoc (Montpellier) Snipers ( Nancy) / Brigade Loire
(Nantes) / Armada Rumpetata et Brigade Sud (Nice) /
Gladiators (Nimes) / Authentiks, Boulogne Boys, Lutèce
La loi Alliot-Marie (encadré)
Ne pas voir (quoique ...) dans l'actuelle obssession sécuritaire de la tactiqe e, deux temps du gendarme Sarho (1. je tape avec l tonfa sur la tête des plu sfaibles. 2. j'engrange les intzntion de vote des autres). La loi Alliot Marie dite anti-Hollgans (sûrement histoire de marquer les esprits) à été promulguée le 6 décembre 1993 quelques semaines après les incidents survenus au Parc à l'occasion du match PSG-Caen. Relative à la sécurité des manifestations sportives, elle punit notament "quiquoque introduit des fusée ou artifices de toute nature" d'une amende de 600F à 100 000F et/ou de 2 à 3 ans d'emprisonnement.