Comment définir cette période de la vie olympienne ? Crise, mini-crise, malaise ?
C ‘est un grain. Il ne sert à rien d’être aveugle et sourd et de se cacher derrière des faux semblants. Trois défaites, c’est important, même si dans la manière et dans le fond d’ailleurs, elles n’ont ni les mêmes causes, ni les mêmes conséquences. Mais elles sont liés dans le temps, par le calendrier. Et si on veut un club de haut niveau, trois défaites d’affilée quels que soit les adversaires ou les causes, ce n’est pas acceptable.
Le calendrier ne va pas faiblir avec Lille, le Réal, PSG et Monaco…Oui, ça fait une belle série aussi. On verra notre capacité de réaction. On saura si le grain était passager ou s’il va falloir affronter la tempête.
Que s’est-il passé avec Alain Perrin depuis le match de Lyon ?
Il y a eu des réunions du staff technique. Certaines choses interpellent tout le monde. A Porto, ce n’est pas tant le résultat qui a agacé ou qui a insupporté les amoureux de l’OM, mais la première mi-temps. Comment peut-on entrer sur un terrain et disputer un match de la Ligue des champions contre l’une des bonnes équipes du moment avec un tel manque palpable de hargne ? On a des petits indices mais pas d’explications suffisantes. Avant le match, il y avait une vraie envie, une vraie détermination, une vraie émulation dans les vestiaires qui s’est effilochée puis étiolée pour s’éteindre complètement.
Contre Lyon, l’agressivité était là mais il y avait un sacré écart de niveau…
Lyon a une équipe bâtie sur quatre ans, techniquement très au point qui se trouve aujourd’hui sur un nuage. Si on avait une seringue pour injecter confiance ou doute, on le ferait, mais on ne l’a pas. Lyon est en avance de quasiment deux ans sur nous. Il faut qu’à tout les niveaux du club, il y ait une continuité, une stabilité. Ca s’obtient sur plusieurs années.
Justement, comment l’équipe peut-elle gagner en stabilité si elle change à tous les matchs ?
Je parle de stabilité dans le temps. Mais il est vrai qu’il ne faut pas tout le temps se chercher des excuses. On a une défense en replâtrage permanent à cause des blessures et des absences. Christanval vient tout juste de revenir et Dos Santos n’est toujours pas là. Deux joueurs qu’on peut qualifier de majeurs, absents de la défense, c’est déstabilisant. Et quand simultanément on change le système de jeu pour prendre une autre dimension, c’est compliqué.
Est-ce que tout ça ne manque pas un peu de simplicité ?
Un jeu simple et dépouillé, c’est le fruit d’une certaine maturité. Le grand collectif marseillais avec les supporters, le staff technique, les joueurs et l’encadrement, a essayé de franchir deux marches à la fois. D’une équipe portée sur un engagement total en défense, quitte à produire un jeu que tout le monde nous reprochait, on est passé à une autre où le mot d’ordre est « allez on fonce ! ». On a pas la maturité suffisante pour cela. Peut-être avons-nous été trop perméable à la demande populaire.
Quand il y a un problème en défense, ne faut-il pas sécuriser le milieu ? Aucun socle n’a été fixé en mettant l’accent sur telle ou telle association, quels que soient les hommes qui la composent. C’est incompréhensible, d’autant que l’insistance a prévalu par ailleurs, notamment avec Meïté, jusqu’à le laisser prendre en grippe…
La continuité, on la connaît devant avec Mido, Drogba et Marlet. Derrière, ça va être le cas avec le retour de Christanval et bientôt, je l’espère en janvier, de Dos Santos. Mais il faudra effectivement peut-être revenir à plus de continuité avec le milieu de terrain. Le reproche qui peut être fait, c’est d’avoir essayé de trop s ‘adapter à l’équipe adverse sans essayer de poser notre propre jeu.
Auxerre a les joueurs dont vous rêviez avec Mexes, Boumsong, Cissé… et les bourguignons vont moins bien que vous. Au-delà du recrutement, il est logique de se tourner vers l’entraîneur en cas de mauvaises performances.
A Auxerre il n’y a pas la Ligue des champions et l’effectif tourne sur treize joueurs avec les meilleurs à leur poste. Ca veut dire aussi que l’absolue stabilité n’est pas une réponse à tout.
En effet, pas plus que le mouvement permanent. Entre les deux, ne pourrait-on pas glisser un peu de souplesse ?
Alain (Perrin) ne le montre pas mais c’est un défaut d’apparence car c’est quelqu’un qui ne fuit jamais la discussion et qui est très ouvert, capable de revenir sur lui-même sur un sujet de désaccord en disant : « J’ai réfléchi, peut-être qu’on pourrait résoudre ça ». Il est souple. Mais l’apparition d’un modèle ne se fait pas sur trois mois. C’est là que l’agitation est agaçante. Et ce n’est pourtant pas la faute d’avoir crié : « Attention ! Ne nous enflammons pas ! ». En juillet, les entraîneurs de Ligue 1 donnaient l’OM champion ! On s’est demandé s’il ne s’agissait pas d’un complot, d’une désinformation. Parce que c’était quand même la preuve d’un sacré manque de lucidité ! Dire qu’une équipe se pose en sérieux challenger, OK. Mais qu’elle soit désigné à coup sûr grande favorite pour le titre de la part de tels techniciens, ça pose de multiples questions sur la compétence des uns et des autres. Lorsqu’il y a deux effectifs aussi riches techniquement que Lyon et Monaco, qui n’ont pas été touchés et qui, au contraire, se sont améliorés, il ne faut pas être devin pour s’apercevoir que c’est forcement ces deux équipes qui seront les meilleures du championnat. Il ne faut non plus être devin pour dire qu’une équipe renouvelée à 75% à l’intersaison aura du mal à trouver son homogénéité. On a confondu le potentiel et la réalisation du potentiel. Le potentiel existe avec des garçons comme Mido, Drogba, Meriem, Marlet, Vachousek… Et puis il y a la réalisation de ce potentiel que réussi Porto depuis dix ans, Lyon depuis quatre ans. Mettre en place un groupe à haut potentiel et l’améliorer, il n’y a que ça qui fonctionne et ça demande du temps. Il faut trouver l’alchimie qui convient à cette équipe et après il ne faut plus en bouger. Mais il faut la trouver.
Vous ne vous doutiez quand même pas que l’OM allait soudain encaisser but sur but ?
On s’est rapidement aperçus que l’équipe était très poreuse. Même Le Mans s’est retrouvé trois fois en position de marquer. Ce n’était pas normal. Mais à chaque fois, les gens ont mal interprétés les gueulantes, peut-être excessives, poussées par Alain. Quand nous avons gagné 1-0 à Vienne, il a déclaré : « J’ai peur », mais personne ne l’a entendu. On a simplement retenu que Perrin était un dictateur, jamais content de ses joueurs. Après ça, il est venu me voir et m’a glissé : « Je suis quand même bien obligé de dire ce qui ne va pas ! ». Les avertissements ont été répétés match après match et on a fini par toucher le problème du doigt contre Strasbourg.
Curieusement, ça a coïncidé avec l’annonce de la venue de Fabien Barthez…
Un coup de malchance. Ce jour-là, à Strasbourg, Vedran (Runje) a été exemplaire.
Comment l’affaire a-t-elle pu être aussi mal négociée ?
Tout de suite, on a su qu’il y aurait un problème de règlement à négocier et qu’une dérogation serait nécessaire. Je ne suis quand même pas un demeuré. Si j’y vais, c’est que je pense y arriver. Ou plus exactement, les gens qui font les règlements me le laissent penser.
Vous avez péché par naïveté ?
Non, j’ai trop fait confiance et c’est une leçon à tirer.
A-t-on abusé de vous ?
Non. Il n’y a pas eu l’intention de nuire. Simplement, la donne a complètement changé quand il est paru dans la presse un article annonçant que l’OM faisait pression sur la FIFA. C’était inacceptable pour tout le monde. L’affaire devenait des plus improbables à finaliser mais c’était lancé et il était trop tard pour reculer. C’est d’autant plus regrettable que nous avons raison sur le fond. A cause de l’affaire Barthez, l’UEFA va changer son règlement qui n’est pas le même en français et en anglais, pour la saison 2004-2005. Mais il était impossible de le faire maintenant, sous la pression d’un événement. Et la FIFA est en train d’y réfléchir. Tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il y a trop de joueurs sous contrat dans les clubs et nous avons nous-mêmes déjà réduit considérablement l’effectif. Mais dans ce cas, il faut pouvoir remplacer un joueur grièvement blessé. A 48 heures près, Monaco n’aurait pas pu prendre Morientes.
OK, mais n’auriez-vous pas pu demander une garantie ?
Non. Il fallait bien que j’accorde ma confiance et que je garde ainsi une part de risques. Sans ça, on ne réalise jamais rien.
Comble de malheur, l’OM paie aujourd’hui Barthez pour ne pas jouer…
Pour avoir une chance d’obtenir sa qualification, il fallait un contrat. Manchester continue à assurer une partie du salaire.
La situation actuelle peut-elle entraîner la venue d’un joker comme Dhorasoo dont le nom a circulé ces jours-ci ?
Financièrement, ce serait compliqué. Nous n’avons pas des moyens illimités. L’OM se doit d’être autonome. Je rappelle que nous ne sommes pas partis du plancher mais de la cave.
Dans ces conditions, pourquoi viser une star comme Fabien Barthez ?
Parce que c’était le meilleur marché ! Le troyen Heurtebis nous aurait coûté deux fois plus cher ! Alain le connaît bien et ce choix aurait été cohérent, mais le contrat aurait été de trois ans, pas de six mois. On nous demandait 2,5 millions d’euros pour le havrais Kameni, qui est excellent mais a seulement 19 ans, n’a jamais joué en Ligue 1 et partira à la coupe d’Afrique de Nations avec le Cameroun au début de l’année prochaine. Ce n’est pas donné sachant qu’un bon gardien de L1 vaut 4 millions d’euros. En France nous avons contacté quatre clubs : Bordeaux (Roux), Le Havre, Strasbourg (Fernandez), et Troyes. Le président des girondins, Jean-Louis Triaud, a eu l’honnêteté de me dire, alors que nous occupions la deuxième place du classement : « Je ne vais quand même pas te renforcer. On l’a déjà fait avec le prêt de Meriem ».
Ne pouviez-vous pas prévoir la longue indisponibilité de Manu Dos Santos et recruter un vrai défenseur latéral gauche ?
Il manque beaucoup, sur le terrain et dans le vestiaire. Mais il lui est arrivé quelque chose de très rare. A la reprise, en septembre, il a été victime d’une fracture de fatigue sur le cal de consolidation. Skacel avait été choisio pour sa polyvalence parce que le retour de Manu était envisagé raisonnablement assez tôt dans la saison. On se gardait ainsi la possibilité de les utiliser tout les deux par la suite, le cas échéant.
L’OM paie aussi une reprise très moyenne de Van Buyten. L’OM n’a plus de taulier…
Daniel a eu un début de saison compliqué par ses matchs sous le maillot de l’équipe nationale de Belgique où il a été très critiqué. Il était malheureux mais il a reprit du poil de la bête. On mesure aussi la portée du départ de Franck Leboeuf. Philippe Christanval a l’étoffe d’un patron mais il n’a pas encore eu la possibilité de le montrer. Mido et Drogba en ont aussi le caractère. Il faut que tout cela se rode.
Les critiques commencent aussi à s’abattre sur vous. Ne payez-vous pas aujourd’hui vos attaques tous azimuts qui ont pu paraître superflues par moments ?
Il faut savoir où on a envie d’aller. Et quelquefois, il faut y aller fort. Les droits télé ? On en a besoin pour progresser. Monaco ? IL nous enlève la perspective d’une place européenne, alors, puisqu’il s’agit d’un état souverain, je propose que la qualification obtenue sportivement ne soit pas prise dans le quota des clubs français. Il faut bien que quelqu’un commence à bouger ! Le fait d’être un ancien journaliste constitue un frein. Si je généralise, je crois que les journalistes ont plus d’aigreur que de fierté à voir l’un de leurs anciens confrères à mon poste.
Quel avenir à Marseille pour la politique de formation, quand on voit Fabien Laurenti, international espoirs en titre, se gâcher en CFA ?
On se dispersait. L’idée est de ne pas former des joueurs pour la Ligue 1 mais pour l’OM.
Nous sommes donc sur la voie d’une diminution des effectifs de 50% pour aboutir à un centre d’excellence. Le problème en France, c’est que pour jouer et gagner en maturité, il n’y a pas d’alternative entre la Ligue 1 et le CFA. Nous avons actuellement en réserve trois ou quatre éléments qui méritent d’évoluer un cran au-dessus mais il n’y a pas d’équipe pour leur permettre de progresser. L’idéal, c’est la solution espagnole avec les clubs filiales. Le Réal met ses jeunes de 22-23 ans en pouponnière.
Pourquoi ne pas prêter les jeunes joueurs ?
Ce n’est pas pareil. On n’est plus dans le même club, avec les mêmes entraîneurs…
Où en êtes-vous du projet de centre de formation au Sénégal ?
L’idée suit son cours. Il y a eu une modification du règlement de la FIFA. Saïd El Fakhri, vice président du conseil de surveillance de l’OM et aussi président de la fédération sénégalaise reste attentif. Je voudrais rappeler que l’objectif prioritaire, quand je suis arrivé, était de sauver le club, avec Robert Louis-Dreyfus psychologiquement au bout du rouleau. Depuis on bosse comme des forcenés avec une équipe réduite puisqu’il y a 85 salariés à l’OM, contre 240 à Lens par exemple. Imaginez que quatre personnes seulement travaillent à la billetterie pour organiser le premier spectacle de France ! Les RTT existent peu à l’OM.
Quand devez-vous déménager sur le site du Chevalier-Roze jouxtant le stade Vélodrome ?
Le dossier va prendre trois ou quatre ans. En attendant, nous allons tous déménager à la Commanderie dans des structures modulables. Il y aura ainsi une unité de lieu avec le centre d’entraînement, le siège administratif, OMTV… L’internat, ça viendra plus tard.
Il y a un an, vous souhaitiez développer le concept d’OM-Café. Est-ce encore d’actualité ?
Ca reste une priorité forte, avec un double intérêt : permettre de vivre pleinement l’OM à l’extérieur de Marseille et faire du commerce. Le but est de mailler le territoire français pour essayer de remplir complètement le Vélodrome. Pourquoi ne pas faire grimper la moyenne des spectateurs à 58 000 ?
Restons dans le stade pour conclure. Les récents incidents entre groupes de supporters, avec un jugement à venir pour quatre d’entre-eux, constituent-il un grand coup de frein ?
On aurait préféré ne pas vivre cet épisode mais il faut continuer à aller de l’avant. Les groupes de supporters ont réalisé un gros travail et nous avons moins d’amendes à payer à cause des fumigènes, même si le tarif a considérablement augmenté. Cette semaine, des représentants des Ultras, des Winners et des Yankees sont allés rencontrer le président de la Ligue Frédéric Thiriez à Paris pour évoquer ce problème. La LFP voudrait des supporters comme en Angleterre, assis et se contentant d’applaudir. En France, on a déjà du mal à faire venir les gens au stade, alors, s’il faut en plus leur imposer des contraintes ! Sans danger, le Vélodrome doit rester festif.
Interview recueuillie par Patrick FANCELLO
"Je suis le sergeant tirailleur Highway, j'ai descendu plus d'bières, ramassé plus d'pêche, baisé plus d'pouffiasses que vous tous ici bande de bleusaille". 
Certains pourront dire démagogie, je préfère croire à la prise de conscience 
, on peut faire le mm calcul avec n'importe qui 
la section gayzou au rapport et vite ! 
- Bienvenu au petit Lubo!
La bave de crapaud n'atteint pas le blanc de poulet