Salut Homme de la Pampa!
C'est sympa de rester sur ce forum et felicitations d'avoir eu le courage de t'y investir malgre quelques frondes au depart.
Perso, tu as tout mon respect a present.
Pourrais-tu faire part de quelques anecdotes interessantes, telles que:
1)Quels joueurs, de L1 ou autre, t'ont le plus bluffe par leurs qualites humaines hors du terrain?
2)Quels joueurs de l'histoire de l'OM t'ont le plus marque de la meme maniere?
3)Est-ce que c'est vrai qu'un certain ex-entraineur de Ligue 1 a fait menacer des journalistes?
1)Quels joueurs, de L1 ou autre, t'ont le plus bluffe par leurs qualites humaines hors du terrain?
Etant donné mon âge avançé (là je vous préviens, ça va être séquence papy) c’est surtout des anciens, des joueurs avec lesquels j’avais le même âge ou pas beaucoup de différences. Et puis aujourd’hui, on a beaucoup moins de contacts. Avant, on allait dans les vestiaires, on faisait les déplacements ensemble. J’étais pas mal pote avec Giresse, même s’il hurlait comme un fou quand je lui mettais des notes qu’il trouvait trop basses. C’était (je parle du joueur parce que depuis qu’il a arrêté, on s’est peu vu) un gars bien, j’ai vécu la période où il est parti de Bordeaux à l’OM, pour lui c’était terrible de se faire insulter par Bez parce que il était de là bas. En plus il avait eu une embrouille avec Rohr (ils étaient associés dans un truc de stages de jeunes footballeurs) et j’en avais beaucoup voulu à Jacquet qui avait fait marquer (enfin, bastonner) Giresse par Rohr lors du fameux Bordeaux-OM, parce qu’il savait le différend qu’il y avait entre eux. Giresse, c’était un mec bien.
Lorsqu’il était à la Juve, j’ai pas mal bossé avec Platini. Il n’était pas facile à approcher mais j’ai appris à le connaître, c’était passionnant de voir comment un joueur français devenait une star dans un championnat qui à l’époque était le top mondial. Il était très malin, il avait compris que les journalistes italiens avaient besoin d’une petite phrase par semaine, il leur donnait et il était tranquille. Le lendemain du Heysel, j’étais rentré à Turin dans l’avion de la Juve, j’étais à côté de lui, il était détruit, c’était impressionnant. Dans cette génération là, Bossis était intéressant, il avait la classe, Tigana n’a pas changé, il était un peu morpion, il l’est resté. Fernandez à l’époque, je l’aimais bien, parce que c’était un gamin des cités qui s’était fait tout seul, il avait fallu qu’il se bagarre pour devenir pro, en équipe de France il était avec des gars qui avaient beaucoup plus la classe que lui, il les respectait et eux savaient qu’ils avaient besoin de lui. Maintenant, il se la pète, il est devenu insupportable.
Six, il me faisait marrer, c’était un gitan. Un jour, j’avais été avec lui à Aston Villa, il avait signé là bas, on était rentré en bagnole à Valenciennes en prenant le ferry parce qu’il trouvait que c’était plus pratique que de prendre l’avion le lendemain ! Il m’avait appelé un jour parce qu’il voulait que je l’emmène de Strasbourg à Stuttgart en caisse, juste pour me montrer son nouveau club, on avait débarqué là bas juste pour voir un match et hop, retour Strasbourg.
Sinon, j’avais des potes, pas des mecs forcément très connus, mais bonnards. Y’avait Bocande et Bernad à Metz, des bons compagnons, Perais, Barberis et Vitalis à Monaco, Rio à Nantes, Girard à Nîmes puis à Bordeaux (j’avais un faible pour ceux qui envoyaient…) . Courbis, j’allais le voir à Toulon, il me faisait marrer, un jour ils jouaient un retour de Coupe contre Monaco, ça avait été un peu chaud à l’aller, il avait décidé que Alfano (pour les bambins, c’était un des rois de la découpe comme défenseur) jouerait avant centre, ça avait été un spectacle !
Y’avait Montpellier aussi, Gasset, Mézy, Mama Ouattara, Vergnes, Pasqualetti, on se faisait des virées, c’était la grande époque, les femmes de Nicollin et Nouzaret faisaient les casses croûtes devant la tribune, après les matches, y’avait fiesta chez Loulou, la butte à la Paillade, c’était vraiment une butte, et c’est là que j’ai vu les plus belles bagarres générales, une fois avec Avignon, une fois avec Cannes, avec eux je ne sais pas pourquoi, ils ne pouvaient pas se blairer.
Pour les joueurs étrangers, il y a des rencontres, des joueurs avec qui tu fais une interview, qui t’impressionnent parce que tu sens que le mec a une épaisseur ou un truc qui fait le champion ou bien le gars te déçoit. J’étais rentré un jour de Londres dans un avion à côté de Pelé, on avait discuté une heure et je l’avais trouvé businessman, politicien démago, là tu gardes que le joueur immense en mémoire. A Milan, quand il y avait Van Basten et Gullit à Milanello et que tu allais les voir, tu savais que tu avais affaire à du lourd. Valdano, j’avais été le voir au Real, c’est un mec qui a de la conversation. Menotti, Lippi, Sacchi, tu t’enrichis en discutant avec des entraîneurs comme ça. Quand je suivais la Juve, Trapattoni, je le voyais souvent, c’est un passionné du ballon, il ne vit que pour ça et quel bonhomme…
Et puis il y a des équipes avec lesquels tu vis un moment et ça fait des grands souvenirs. Avant la Coupe du Monde 82, j’étais allé bosser sur Ipswich qui allait éliminer Saint Etienne. Une grande équipe, y’avait Muhren, Wark, Brazil, des cadors. Après le match, je me retrouve au bar avec Paul Mariner, l’avant centre. Je lui demande comment il joue, il me prend mon cahier et il me met comment joue son équipe, les déplacements et tout ! On était devenus potes, il y avait aussi Butcher un défenseur central et Osman on s’était retrouvés à la Coupe du Monde parce qu’ils jouaient en équipe d’Angleterre, ils m’invitaient dans leur piaule à boire des coups, c’étaient des dingues des courses, ils venaient à Paris dans les hippodromes, on s’était fait des soirées après.
En 1984, pour le championnat d’Europe, je bossais sur le Danemark et j’avais découvert des mecs incroyables. Le premier match contre la France, Simonsen s’était cassé la jambe, c’était pas la grande ambiance. Au deuxième contre la Yougo à Lyon, on était dans le même hôtel, après le match on se retrouve au bar, ça commence à la bière, y’en a deux trois qui sortent des clopes, une heure, deux heures, trois heures, au bout d’un moment je leur demande : et l’entraîneur, il dit rien ? Et eux : il nous laisse, il sait qu’on vit comme ça. Troisième match à Strasbourg contre la Belgique. Un match dur, ils s’étaient mis une bonne peignée et ça repart : deux heures, trois heures, ça a fini à cinq heures à la bière et la clope ! J’étais devenu pote avec Elkjaer Larsen, le matin il déboulait au p’tit dèj, la clope avant le café… Il jouait à Vérone, il me parlait du Bardolino, de son cheval qu’il avait laissé au pays, un mec bonnard. Et puis au quatrième match ils se sont fait éliminer par l’Espagne à Lyon et re-java jusqu’à pas d’heure. Deux ans plus tard je les ai retrouvé à la Coupe du Monde 86, toujours aussi jobards. Re-élimination contre l’Espagne, je vais voir mon Elkjaer Larsen qui me dit : tu sais, y’a des gars dans l’équipe qui jouent au Danemark, ça fait un mois qu’ils sont barrés de chez eux, ils voulaient rentrer…
Sinon, t’as des souvenirs, des moments rares. Après la finale de Cup 86, c’était Liverpool-Everton, j’étais rentré dans l’avion des joueurs, les deux équipes étaient ensemble et arrivés à Liverpool, t’avais le bus d’Everton devant, Liverpool qui avait gagné derrière, trois heures de balade dans la ville, un monde incroyable, un truc de folie. Y’a eu aussi Barcelone-Metz, à l’aller à Metz le Barça avait gagné 4-2. Au retour, on était trois journaleux français, 15.000 spectateurs au Nou Camp, 1-0 pour Barcelone et ça a fini 4-1 pour Metz, énorme ! Séville en 82, j’étais encore jeune, j’étais entre deux confrères qui avaient l’âge que j’ai aujourd’hui, ils étaient debout sur le pupitre à 3-1 ! Après… Mais bon, y’a eu Munich aussi après Bari, là j’étais content de pas bosser en direct (j’étais à l’Equipe Mag) parce que j’ai pu savourer le truc pleinement sans taper sur la bécane et voir que d’un œil.
2)Quels joueurs de l'histoire de l'OM t'ont le plus marque de la meme maniere?
A l’OM, Boksic et Stojkovic, j’aimais bien parce que c’étaient des mecs qui savaient partir en vrille, boire des coups, discuter toute la nuit, par eux j’ai connu Boban qui est un mec d’une culture incroyable. Les autres, je connais moins bien, comme je l’ai dit, les rapports étaient plus les mêmes. Ayache, je le connaissais, je l’ai vu pétocher un un seul match au vel’. Papin, on l’a tous vu grandir, au début, il faisait des dérapages en bagnole dans la cour du vélodrome, il avait le record du parcours vélodrome-Cassis, un frappé, et puis il a mûri, mais au début on n’y croyait pas … Et puis il y a tous ceux qui sont passés, t’avais pas le temps de les connaître qu’ils étaient déjà barrés. Francescoli, à l'époque, je ne bossais pas trop sur l'OM, je ne l'ai pas connu mais je regrette, c'était un énorme joueur. Il y avait bien sûr Goethals, on était dans le même hôtel à Marseille, il y avait Jean Fernandez qui lui servait de chauffeur, il l’emmenait chez le coiffeur et acheter les Belga, ça faisait des discussions pendant des heures, une crème le Raymond. Si, il y en a un que j’aime bien, je sais que ça va en faire couiner, c’est Dugarry. C’est un mec entier, le joueur y m’énerve parce que il a une technique incroyable mais il fait des gris gris, il a un côté un peu yougo. Mais c’est un gars bien, il a peur de rien. Je me souviens du match de Bologne, quand Luccin a failli se faire démonter après le match, c’est le Duga qui s’y est collé et là il m’a impressionné. Je me suis fait les images au ralenti comment il a chopé Paramatti en le prenant par le coup et qu’il lui a mis une droite, je me suis dit que dans une baston de bar, c’est un mec sur qui tu peux compter ! Laurent Blanc, je ne l’apprends à personne, c’était un seigneur.
3)Est-ce que c'est vrai qu'un certain ex-entraineur de Ligue 1 a fait menacer des journalistes?
Tu penses à qui ?
L'homme de la Pampa, parfois rude, reste toujours courtois.