En octobre, alors que la nature se couvrait de rouille, j'ai pris la route de la Haute Provence. J'ai marché dans des sentes rocailleuses, des forêts de chênes, de trembles et de châtaigniers. Au Contadour, j'ai vu la Ferme des Graves scintillante de givre sous le soleil matinal.
À Redortiers le Vieux, je me suis désaltéré à la source qui alimentait autrefois le village. Ici la vie s'est tue en 1918 lorsque le dernier habitant, un berger, s'est éteint. Tout est ruines et ronces, devenu domaine des couleuvres qui se cachent des rapaces, des renards et des sangliers qui fuient les hommes.
Un soir, un vent violent est venu du nord, avant garde d'un orage gros de colère dont la foudre a déchirée la nuit, provoquant des départs d'incendie sur les contreforts de la montagne de Lure. Le premier jour du monde ressemblait peut être à cela.
J'ai vu la première neige recouvrir d'un silence blanc les champs d'oliviers.
J'ai gardé en bouche le souvenir de la saveur d'une omelette aux truffes dégustée au Revest du Bion et de cailles des blés rôties sur des tranches de pain à la farine de châtaigne avec un peu d'huile d'olive.
C'est un pays qui peut parfois sembler rude et austère, mais pour ceux qui savent observer, être humble et respectueux, il saura s'offrir.
Longtemps que je n'étais pas venu ici. J'espère que tout le monde va bien et surtout que la joie demeure
