PoF a écrit : ↑sam. nov. 11, 2023 16:08
Sinon, je vais bientôt être en mesure de parler de Mario Wonder, j'ai fini 3 mondes à 100% environ donc je vais pas tarder à me sentir en mesure de JUGER.
Six mondes à 100%, je juge. C'est
esseptionnel.
L'éléphant (héhé) dans la pièce : oui c'est un jeu "facile". "Facile" car le biais du gamer nous fait perdre de vue toutes les conventions et les pratiques qu'on a intégrées (par exemple : courir). Pour quelqu'un qui ne joue pas beaucoup/souvent, ça ne sera pas un jeu facile. On pourra certes regretter que toute l'offre Nintendo tourne autour de cette cible-là (Mario/Kirby/Yoshi, ça va les joueurs débutants ont largement de quoi débuter). Moi je ne le regrette pas, même facile le jeu m'amuse comme aucun autre.
Je trouve qu'on a trop vite négligé les New Super Mario Bros, ou plutôt qu'on fait l'erreur de les considérer comme un tout, alors qu'on y trouve peut-être le sommet de la série (l'épisode Wii U) comme son plancher (l'épisode 3DS). Il faut dire qu'ils souffrent d'une trop grande homogénéité visuelle, d'une trop grande timidité aussi, qui les fait passer pour plus conservateurs qu'ils ne sont. Sans être non plus un bouleversement radical,
New Super Mario Bros Wonder semble nettement plus vivant : les animations regorgent de détails (le regard de Mario est bien plus expressif, il rattrape son chapeau quand il rentre dans un tuyau, les ennemis nous fusillent du regard lorsqu'on s'approche d'eux, etc), les couleurs sont plus chaudes, plus nuancées qu'à l'habitude, et les musiques ne sont pas extraordinaires mais le
sound design est épatant : la texture sonore se modifie au gré des transformations, des surfaces, des plans, et ils se sont même débrouillés pour faire jouer de la musique par les vibrations de la manette. Quelle bonne humeur !
Au registre des nouveautés de cet épisode, les "fleurs prodiges" déclenchent des évènements qui font basculer chaque niveau dans un moment "autre" : ça peut être une accélération soudaine du rythme, une transformation en boule de gelée, un quizz (?), et si certaines sont très bien vues, d'autres souffrent de n'être que des
high concepts, marrants sur le moment mais qui existent surtout pour la surprise provoquée et ce faisant nuisent à la rejouabilité du niveau. Cette fois, la formule "une idée par niveau" n'est pas un lieu commun de testeur de jeu vidéo, et même si toutes ne sont pas bonnes, voilà qui ajoute encore à l'énergie dégagée, et ce bouillonnement est une qualité en soi : c'est une approche qui rappelle Yoshi's Island, et Yoshi's Island est la meilleure chose qui me soit arrivée.
Les badges sont l'autre nouveauté fondamentale de cet épisode. Ils permettent de modifier légèrement la jouabilité, par exemple en jouant sur la longueur du saut, sur la vitesse de course, ou en ajoutant un grappin. D'autres ressemblent plus à des malus : devenir invisible, rebondir comme un ressort. On peut s'en priver, et ils seront surtout utiles aux joueurs les moins expérimentés (ils peuvent faire office de petites roues pour contourner certaines obstacles) et aux speedrunners (qui vont faire n'importe quoi avec). Le jeu propose des niveaux "défi" comme des épreuves de permis, du tutorial à la maîtrise. Leur potentiel aurait été (sera ?) mieux exploité dans un jeu plus exigeant.
Ah, et le jeu - jouable jusqu'à 4 en local - offre un mode en ligne qui ne paie pas de mine mais qui est en fait très sympa : les joueurs qui jouent en même temps que nous apparaîssent en transparence, et on peut s'entraider, soit en ramenant à la vie quelqu'un qui viendrait de mourir, soit en posant des panneaux qui font office de
checkpoints temporaires. Ça peut sembler anecdotique mais ça crée de beaux moments de solidarité muette, quand un joueur reste dans les parages, le temps qu'un autre franchisse un obstacle. Le multi-joueur local n'est pas totalement réussi, la focale est plus courte que dans les New Super Mario, et caméra est centrée sur un joueur en particulier, ceux qui ne suivront pas son rythme seront souvent frustrés s'il est trop/pas assez rapide.
En fait, le jeu tient parfaitement la promesse des affreuses pubs Nintendo dans lesquelles trois générations d'une même famille se retrouvent autour d'un même écran. Je crois que ça n'a aucun équivalent, même les party games comme Mario Kart, Fall Guys et consorts ne sont que la "jeu-vidéoisation" de plaisirs ressentis par ailleurs; Mario Bros semble en avoir inventé un nouveau, et le perpétue depuis bientôt 40 ans sans avoir eu besoin de drastiquement le renouveler. Je rigole en jouant les amis, je rigole ! Moi qui ai passé les trois dernières années à pleurer. Quel sentiment merveilleux.