Ce récit doit se trouver dans les méandres d'OMforum.
La Provence qui rend hommage à deux des protagonistes de cette 1/2 finale historique
Souvenir à l'occasion de cet OM - Angers
Bon nous y voilà à cette deuxième secousse sismique dont le stade vélodrome fût l’épicentre.
Dans la joie et l’allégresse de l’épisode précédent, nous venons donc d’éliminer l’AS Angoulême de la manière la plus tonitruante qui soit.
Et voilà t’il pas que notre OM tire au sort…pour les ¼ de finale… « ST GERMAIN » oui c’est bien ça, le club de la capitale, qui alors, joue encore en CFA. « St Germain » cette entité du club de la capitale qui en fait, n’est que l’ovule dans une remorque d’un des patrons d’une célèbre société de transport… « CALBERSON » .
Qui sera fécondée par le président du RC France et 20 000 spermatozoïdes de notables Parisiens.
Cette insémination artificielle donnera naissance au Paris Saint Germain, neuf mois plus tard, c'est-à-dire la saison suivante.
Pour une sombre histoire de liseré blanc qui a tendance à devenir de plus en plus maigre sur leur maillot, selon la volonté des dirigeants actuels de Paris….et non sans que ceux-ci ne s’attirent les foudres de certains de leurs supporters, qui voient en occultant cette bande blanche de leur maillot une manière de dire à St Germain… « Merci et au revoir »…. La peur que le PSG ne devienne le seul « P ».
Depuis 2011, le Qatar est à la tête de ce club de VIP, qui, s’il écrase tout en compétitions nationales, a les pires difficultés en compétitions internationales pour exister hors des poules de qualifications. Sorti au mieux en ¼ de finale, mais la plupart du temps en 1/8ème de finale ce qui n’est pas très flatteur au regard des sommes colossales investies.
Mais bon, était-ce nécessaire de parler de eux ?…7-1 sur l’ensemble des deux matches, vite fait bien fait, vite bâclée, l’affaire est dans le sac, les ballons dans les filets et les filets sont troués.
Dans une ambiance nettement plus feutrée qu’au tour précédent, le PQSG (Pas Qatar Saint Germain) n’aura pas existé.
Le tirage au sort des ½ finales, nous donne Angers… le SCO d’Angers…..Le SCO d’Angers en 1969…. fatche de con, hé béh, c’est pas un cadeau, car si Angoulême est second en D2, il y a un premier…et devinez qui c’est ? c’est Angers bien sûr.
Bon sang, jugez par vous-même …
Le SCO d’Angers leader incontesté dans cette D2 1968/1969, meilleure attaque…128 buts inscrits pardonnons les du peu. De plus le SCO est habitué aux ½ finales de coupes puisque ½ finalistes en 62 et 66 donc trois saisons plus tard et…. les voilà au vélodrome.
Mais avant il y a un match allé à jouer en Anjou, ce dont je me souviens par presses et images interposées, c’est que l’OM l’a échappé belle. Jean Paul Escale ce soir là est en état de grâce, il bloque toutes les tentatives des Angevins, il est impérial dans les airs… sur corner, sur les centres aériens à l’attention de Jean Deloffre, il rend l’utile àa l’agréable en allant nettoyer sa lucarne tout en allant chercher quelques ballons placé tout dans le coin de celle-ci.
Mes amis la Bonne Mère m’a donné des yeux pour voir….et j’ai vu lors de ce match un arrêt, que dis-je un arrêt ? non--- une parade ? oui---c’est ça !--- d’après le maître en la matière qu’était Bernard Lama, « une parade » c’est lorsque le ballon n’est pas maintenu dans ses mains, donc renvoyé !!
Alors allons y pour une parade. On a souvent parlé de celle de Gordon Banks, le goal keeper de l’équipe d’Angleterre, lors du mondial 70 au Mexique, lorsque le Roi Pelé déclenche une tête quasi a bout portant au ras du sol et que le gardien de Stocke City va chercher à l’autre bout de ses buts au prix d’une détente phénoménale, ce qui fera dire à la légende brésilienne, « j’ai marqué un but mais Banks, l’a arrêté ».
Ce que j’ai vu de mes yeux vu c’est---une reprise de volée à la Papin (une papinade) à l’horizontale en pleine extension de---Michel Margottin joueur blondinet, véloce sur son coté droit, que Jean Paul va chercher dans sa lucarne droite d’une détente---heeeeuuu comment dire ? fabuleuse ? fantastique ? grandiose ? les mots manquent pour qualifier un plongeon identique à un décollage de la navette spatiale Atlantis.
A l’instar des deux boosters qui se détachent de la navette une fois l’avoir propulsé dans les cieux, Jean Paul Escale lâche ses bras pour aller détourner ce ballon qui filait comme un météorite au fond de sa cage Jean Paul Escale se transforme sur ce coup là en Bruce Willis, il pouvait tenir ce jour là, son rôle dans Armagedon. 0-0 au terme de cette ½ finale, ou l’OM est sévèrement malmené. Mais le suspens reste donc maintenu pour le retour.
Les supporters de l’OM étant connaisseurs, sur une banderole ils demanderont que Jean Paul soit sélectionné en équipe de France.
La terre se met donc a frémir pour la deuxième fois--- 43 000 spectateurs se presse en ce mois de mai ensoleillé, dans la soufrière qu’est devenu en l’espace de quelques semaines le stade Vélodrome. Gallina, Chlosta, Dogliani (marseillais), Deloffre, Margottin, Bourdel, Poli, Stievenard, Perreau, etc…une équipe digne de la D1--- leader de D2---128 buts inscrits, je vous le rappelle, s’apprête donc a défier l’OM, dans son cratère.
Dés 10 heures le matin, pour un match débutant à 17 heures, les supporters sommes plaqués contre les grilles. Cette fois-ci je suis en virage nord, place payé par mon club de foot. (le Burel).
Pour y accéder, je me laisse porter par ce flot humain, mes pieds ne touchent parfois plus le sol tellement la foule est dense, elle me porte. Les gens sont collés les uns aux autres. Je sens chaque odeurs autour de moi, à ma droite, une odeur d’eau de toilette, devant moi, une odeur de cuir chevelu, à ma gauche, une odeur de transpiration, derrière, une odeur d’haleine. Un vrai bouquet de senteurs. Mais que ces odeurs soient agréables ou désagréables qu’importe, la véritable odeur qui va éveiller en moi une réaction sera celle de la victoire ou de la défaite.
Et en pénétrant dans les gradins, un air frais s’en dégage, un petit coup de vent qui me permet de respirer un grand coup et reprendre mon souffle. Ça sent bon l’herbe tondue fraichement.
Que vois-je d’en haut des virages ? une nouvelle fois les barrières s’écrouler devant la pression exercée par les milliers de supporters en folie, les forces de l’ordre une nouvelle fois dépassées, tentant une bien timide opposition puis résignées qui baissent les bras.
C’est une véritable marée humaine que je distingue du haut des gradins encore plus impressionnante vue d’en haut que lorsqu’on y est en plein milieu. Les gens se massent donc une nouvelle fois autour des lignes et des filets, s’assoient tranquillement comme si c’étaient leur place réservée.
Néanmoins par respect pour leur équipe et de peur de rater une finale les supporters reculeront derrière ces bien minces barrières. Autour de la pelouse ce seront des bancs de policiers qui, les supporters dans leur dos pourront assister au match.
C’est une ½ finale de coupe et les supporters ne veulent pas manquer ce rendez-vous, une place pour la finale à Paris est en jeu. Si par bonheur l’OM venait à passer le SCO d’Angers, ce serait sa dixième finale de Coupe et si on venait à la gagner, se serait notre 7ème victoire en Coupe de France. Donc les enjeux sont énormes et les spectateurs ne s’y sont pas trompés.
Un peu moins de monde néanmoins que lors de la première ébullition (OM-Angoulême) se sont présentés pour ce nouveau séisme. La recette ayant été fabuleuse (record battu) je pense que certaines personnes on dûi avoir peur de ce qui s’est passé contre Angoulême et cela a du en retenir un certain nombre. La suite va nous montrer que les fragiles du cœur ont bien fait de ne pas venir.
Il n’empêche que si 2000 billets de moins environs ont été vendus, le cratère se rempli rapidement, les virages sud et nord sont pleins les abords de la pelouse sont squattés de nouveau, la piste vélodrome et saturée de monde, il ne reste que les tribunes Jean Bouin et Ganay comme d’habitude a remplir, mais elles le seront sans aucun problème au coup d’envoi. Ce qui fera une nouvelle fois 50 000 milles personne au total. C’est tout bonnement ahurissant de voir tous ces gens excités comme des gamins. Se levant, se saluant, « oh putain tié la toi aussi ? » « et ouais et toi aussi tié là » ? « et ouais ma foi » !!!
Si j’ai connu de plus ou moins loin le « pique-nique » de la pelouse, je connais maintenant celui des gradins. Certains de mes voisins sont munis de glacières avec à l’intérieur : salade, viande froide, ils sont une petite quinzaine à se faire passer, se l’envoyer même…le jambon, le saucisson le pain et même le rosé…ces ingrédients volent devant moi avec d’autres odeurs qui flottent et chatouillent mes narines. Tout ça n’était pas interdit à cette époque.
J’ai toujours eu plaisir à observer les gens dans ce stade, pour voir simplement dans leur regard et leurs yeux, s’ils éprouvent les mêmes émotions que moi.
Donc je scrute en n’en plus finir et c’est magnifique.
Les joueurs Angevins sont accueillis par une bordée de sifflets, ils sont venus voir de plus près l’état de la pelouse. Les sifflets, pour l’équipe adverse ne sont pas nouveaux, c’est une tradition au Vélodrome pour leur mettre une certaine pression.
L’entrée des équipes se fait dans une ambiance hallucinante. Des appels micros sont fait régulièrement pour appeler les spectateurs massés en bordures de lignes de respecter les joueurs.
Le match peu démarrer, l’angoisse est perceptible sur chaque spectateur
Certains retardataires ne se sont pas encore assis, qu’a la 11éme minute comme contre Angoulême au même moment du match--- Roger qui est parti pour nous faire vivre un grand match, marque d’un tir rasant.
OUUUUUUUUUUUAAAAAAAIIIIIIIIISS, le volcan explose, tout le monde se lève comme un seul homme, déclenche une salve d’applaudissements, de rires, de joies---de courte durée malheureusement, ceux qui se sont trouvés des affinités dans ces embrassades n’ont pas finis de se faire des mamours, que Deloffre, l’excellent buteur du SCO égalise dans un silence d’enterrement. « Oh putain, c’est pas bon ça »
L’ambiance baisse un peu d’intensité. Puis repart de plus belle les attaques de l’OM deviennent percutantes. C’est alors que Gourault jeune gardien de 20 ans, qui remplace au dernier moment le gardien titulaire Gallina (qui se blesse durant l’entraînement de la veille) réalise exploit sur exploit, tout y passe, envolées spectaculaires, sorties dans les pieds, tirs stoppés ou détournés en corner, il est imbattable pour un gardien remplaçant---putain---la vache, il est bon ce con !!!
La reprise se fait à l’abordage de la part de olympiens, non seulement Gourault est en état second, durant la seconde mi-temps, il bloque encore quasiment toutes les tentatives de l’OM, mais en plus il a la baraka---Joseph place un coup de tête canon sur la transversale, Roger Magnusson, un tir sur le poteau faisant monter la température de la soufrière, à tel point que des gens sur les bords de lignes se sont levés et font les gestes des joueurs, voulant en cela les aider a frapper au but ou a mettre une tête. Certains voudraient presque pénétrer sur la pelouse pour les aider.
Mais à chaque fois, grâce à leur technique, les Angevins, dés qu’ils ont récupéré le ballon tente de calmer le jeu.
Une blessure de Magnusson, interrompt le jeu cinq bonnes minutes, ce qui permet à Frank Fiawoo de remplacer Guéniche, Nous sommes presque à la fin de la rencontre, toujours 1 à 1, Si l’OM ne gagne pas il y aura match d’appui, on ne sait où. Les olympiens poussent, poussent encore et encore. Frank Fiawoo qui vient d’entrer cinq minutes auparavant obtient un corner sur un nouveau détournement de balle de Gourault.
On est à la 89ème minute, les arrêts de jeu n’étant pas décomptés à l’époque…89ème minute donc, la foule se dit que si l’OM « ne marque pas là, on est frit » il y en a qui commencent a désespérer, mais pas une personne n’a quitté sa place, on entend presque le battement de leur cœur. D’ailleurs le Vélodrome n’est qu’un immense cœur qui s’arrête un court instant, le temps que Destrumelle, le capitaine, le tire à hauteur du point de pénalty, Joseph, Magnusson, Fiawoo, Zwunka, il ne manque que Escale, car tous les joueurs olympiens se jettent comme des morfales sur ce ballon venu du bas de la tribune Jean Bouin…Bonnel venu de très loin s’élève dans les airs au prix d’une détente superbe, balance le ballon pleine en lucarne du gardien Angevin.
Des voisins a moi tombe à la renverse, les potes de mon club, mon dirigeant de foot on se prend dans les bras, on s’embrassent « on est à Paris, on est à Paris, c’est fabuleux » le stade entier s’embrasse et s’embrase, les coussins en papier qui sont vendus à l’entrée du stade sont jetés en l’air, les spectateurs envahissent de nouveau la pelouse, certains se cassant la figure dans cette bousculade énorme, d’autres portant les joueurs en triomphe une nouvelle fois, d’autres encore courent pour attraper le président Marcel Leclerc et lui font faire un tour d’honneur sur les épaules des plus costauds, c’est du délire complet. « On est en finale, on est à Paris » Cela sera répété je ne sais combien de fois. Les cardiaques ont bien fait de ne pas venir, le suspens a été insoutenable jusqu’a cette avant dernière minute. Les supporters pouvons laisser éclater notre joie tant certains se sont rongés les ongles en se faisant même saigner les bouts des doigts.
J’avoue que j’aimerai bien être sur le gazon pour faire comme la dernière fois, courir dans tous les sens, approcher, toucher mes idoles, pourquoi pas, avoir un maillot ? mais je ne peux pas je suis trop loin et mon dirigeant ne le voudrai pas. Je regarde donc tout ce qui se passe sur le terrain et j’ai les larmes aux yeux.
Pour cette fois encore le volcan ne fait que gronder, il s’apaisera de nouveau.
Son appétit de victoire est assouvi.
La video:
https://www.ina.fr/video/RXF02029766
