*The Coach Of The Day*

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Benedetto
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Benedetto »

Pour te donner plus de billes, sur le sujet des maths et utilisation de la data, ça parle de Manchester City à l'achat du club par l'Emirat, de Fleig, du lieutenant-colonel Reep, de Lanham, de Wenger et de son programme informatique Top Score développé dans les 80's, de Lobanovski bien entendu et de sa relation avec le professeur Zelentsov, d'Egil Olsen, de l'apparition d'Opta en 1996, de l'influence de l'ouvrage Moneyball dans le développement de l'utilisation des data...
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Marv
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Re: *The Coach Of The Day*

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Yep c'est bien celui là.
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KaramaZoff
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par KaramaZoff »

Zeman, j'adore. Encore plus offensif que Bielsa ou Guradiola, ou Cruyff ou Michels

Lorsque ça joue comme ça, que dire :

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Benedetto
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Benedetto »

:beer:

Je viens de capter maintenant que c'était un hommage à Stan, Zeman.

Vraiment super timing Marv.
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mishymo95
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par mishymo95 »

J’en avais déjà entendu parler de Zeman mais je connaissais presque pas vu que c’est pas du tout ma génération du coup thanks Marv.
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Marv
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Re: *The Coach Of The Day*

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Bene mdr3
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brettonrock
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par brettonrock »

Zeman, un entraîneur effectivement anachronique, mais dont la vision du football est salutaire par les temps qui courent.
Merci Marv :beer:
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Benedetto
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Benedetto »

Leverkusen like a Bosz

Il y a des entraîneurs dont la plus grande force, le refus de transiger, peut aussi être la plus grande faiblesse. Des hommes qui doivent convaincre leur groupe de les suivre les yeux fermés, quitte à ce que ce soit dans le mur. Des tacticiens dont la stratégie perd en surprise ce qu'elle gagne en maîtrise et pour qui travailler un plan B serait rater l'occasion de perfectionner le plan A. Peter Bosz est de ceux-là.

Le Néerlandais est arrivé pour relancer une équipe de Leverkusen dont les résultats, moyens sans être catastrophiques (milieu de tableau en Bundesliga, qualification en Ligue Europa), ne reflétaient qu'en partie la médiocrité du fonds de jeu. Et le sentiment de stagnation, dans la foulée d'une pourtant encourageante cinquième place, avec autant de points que Dortmund et Hoffenheim.

Après une défaite contre Gladbach faute de réalisme (0-1) et un succès à Wolfsbourg (3-0), le nouveau venu a enchaîné en faisant tomber le Bayern (3-1). Un résultat qui récompense les intentions du Bayer, disposé dans un 4-3-3 avec les milieux offensifs Julian Brandt et Kai Havertz dans l'entrejeu. Un choix ultra offensif, presque incohérent sur le papier, légèrement assoupli quand le second s'est blessé et que Julian Baumgartlinger l'a remplacé à la pause.

Si Bosz n'a pas quasiment pas d'entrejeu – seul Charles Aranguiz devait protéger la défense –, c'est qu'il mène sa bataille ailleurs sur le terrain. Avec un pressing de tous les instants, symbolisé par sa règle des cinq secondes pour récupérer le ballon, cet admirateur de Johan Cruyff (sa seule idole, dont il collectionnait les articles), Louis van Gaal (pour qui il faisait 80 bornes voir les séances d'entraînement à l'Ajax) et Pep Guardiola (dont il adapte les principes) fait entrer les matches dans une sorte de quitte ou double.

"Quand je vois mon équipe uniquement défendre et détruire comme je le faisais en tant que joueur, je ne vais pas prendre de plaisir, disait-il au Guardian. Quand je suis sur le banc, je peux au moins faire en sorte de passer un après-midi sympathique, et donc offrir ça aux fans." Lesquels doivent aussi accepter les ratés de la stratégie.

Les Lyonnais, qui se souviennent de la demi-finale de C3 contre l'Ajax, savent qu'affronter un adversaire qui défend toujours en avançant et essaie de ne jamais baisser le pied amène beaucoup d'incertitude. Les Munichois, à quelques centimètres de mener 2-0 et finalement battus, auraient tout aussi bien pu gagner 4-2. Ou 2-0. Ou perdre 5-1. À Dortmund l'an dernier, la série de victoires s'était rapidement arrêtée et le coach n'avait pas passé l'hiver.

À l'image de Marcelo Bielsa, le danger qui guette Bosz est de tomber amoureux de ses idées. D'une philosophie qui s'adapte si peu au profil des joueurs qu'elle peut réduire leur expression et en faire des exécutants. Et créer les mêmes débats sur les choix de jeu, là où les entraîneurs sans idées pourront toujours blâmer les erreurs individuelles et une liberté mal utilisée.

Samedi, Leverkusen a encaissé un but sur une phase de pressing où ses dix joueurs de champ étaient dans le camp adverse (illustrée par la photo ci-dessus). Mais l'outsider a surtout su accepter de subir un peu plus en seconde période pour concrétiser des transitions. Car, dans une Bundesliga où l'on court toujours autant, savoir trouver le bon moment pour se reposer est parfois le meilleur moyen de gagner.

http://www.cahiersdufootball.net/articl ... bayer-7172
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KaramaZoff
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Thanks. :beer:
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Benedetto »

C'est un coach que j'aurais aimé qu'on fasse à l'issue de cette saison. J'ai bien conscience que ça passe ou ça casse avec lui et que l'effectif en l'état est pas forcément adapté mais en fonction de notre fin de saison, il est probable qu'une revue du groupe soit de mise. Il sait travailler avec les jeunes et j'aurais bien vu un Radonjic par exemple être mis en avant avec lui.

Un peu marre de se faire chier, ce qui rend sa signature à Leverkusen un peu amère pour moi. Mais content que ça se passe bien pour lui pour l'instant là bas.
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KaramaZoff
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par KaramaZoff »

J'imagine que la proximité avec le jeu prôné par Bielsa n'a pas dû enthousiasmer les néo dirigeants marseillais.
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Benedetto »

Cette année, j'ai eu le plaisir de voir le 2-1 de Levante contre le Barça ainsi qu'un bout de leur dernier match contre le Celta. Du coup, comme une recommandation de White concernant un vin étonnant, je tenais à faire suivre ce petit zoom sur le Levante de Paco Lopez.

D'ailleurs en général cette année le cru en Liga est très sympa visuellement tant dans la variété et la qualité des approches foot. Je me suis régalé il y a peu devant un Espanyol-Rayo par exemple.
La transformation tactique de Levante avec Paco López

Après vingt-quatre journées de championnat, le Levante de Paco López est treizième de Liga à huit points de Getafe, cinquième. Mais au-delà du classement, son équipe a la sixième meilleure attaque d’Espagne. Et le plus grand succès de l’entraîneur espagnol est d’avoir transformé l’équipe à son image, avec une personnalité bien définie. Depuis son arrivée, Levante tente de nouvelles expériences, impressionne par son style et pourrait parachever son ascension avec une place européenne en mai. Avant la réception dimanche soir du Real Madrid de Santiago Solari, anatomie de jeu des Granotes.

Idée : « Ce qui n’a pas de limite, c’est l’envie, le désir et la passion »

Parce que pour les esthètes, un tel match est une nouvelle étape dans la construction d’une identité de jeu, ce match est crucial pour Levante et Paco López. Un genre de grand match que le technicien espagnol a pris l’habitude d’imprégner de son jeu. Le 13 mai 2018 lors de la 37e journée de Liga, alors que Paco López et son 4-4-2 restaient sur sept victoires lors de ses neuf premiers matchs, ils accueillaient à la Ciutat de València le Barça d’Ernesto Valverde, invaincu depuis 43 matches de championnat.

Quelques heures plus tard, après la victoire de Levante (5-4), le technicien catalan s’inclinait en conférence de presse : « Ils sont actuellement en forme, ils sont très rapides en contre-attaque et c’était certainement un match surprenant. Mais c’est étrange car soyons clairs, ce n’est pas normal que nous encaissions cinq buts car nous n’avons jamais été dans cette situation de toute la saison. Toutefois, il faut prendre en compte le fait que c’est une équipe qui peut marquer à tout moment, qui ne joue pas avec la pression de descendre en seconde division. Nous devons reconnaître le mérite de l’adversaire ». Ce soir de 13 mai 2018, les propos de Valverde semblent faire écho à ceux de Pep Guardiola à propos de Bielsa après une rencontre Bilbao-Barça (2011) impressionnante d’intensité : « Ce que j’ai appris de Bielsa, c’est le courage de ses équipes. Peu importe où, contre qui, et quelle que soit l’équipe qu’il dirige, il osera toujours aller vers l’attaque. »

Il y a quelques semaines, le Barça a coulé une nouvelle fois contre Levante (2-1) lors du match aller des huitièmes de finale de Coupe du Roi avant de se rattraper au retour (0-3) grâce à son numéro 10. Le 16 décembre 2018, le Barça de Valverde, s’est fait malmener par les hommes de Paco López pendant plus d’une demi-heure avant que Messi n’entre en scène (3 buts, 2 dernières passes) et permette aux Catalans de l’emporter 5-0. Un tremblement de terre dès l’entame de la rencontre qui rappelle la victoire acquise au Bernabéu (1-2) en octobre dernier alors que le LUD menait 0-2 dès le premier quart d’heure de jeu.

Après cette rencontre marquée par un passage du 4-4-2 au 3-5-2, Paco López déclarait sur le changement de composition : « L’important, ce n’est pas le schéma mais son développement et sa mise en forme ». Les adversaires, les joueurs et le jeu peuvent varier, mais la manière non : « Nous avons une personnalité offensive à laquelle nous ne renoncerons pas ». Interrogé par El País en décembre sur ce changement, le technicien espagnol lâchait : « Je ne m’enferme pas dans un schéma. J’essaie d’utiliser celui qui s’adapte plus à l’idée du football que nous devons jouer et aux joueurs. Nous jouons conformément à une idée de jeu et au profil de nos joueurs. C’était le moment de changer par la situation que nous vivions et nous avons pris cette décision ». Lors de sa conférence d’après-match face au Real, Paco López énonçait un dicton : « Le talent a une limite, mais ce qui n’a pas de limite, c’est l’envie, le désir et la passion. Je suis très fier du travail de mes joueurs. » Mais quel travail ?

Les principes de jeu

En 2017, pour leur retour en première division avec Juan Muñiz, les Granotes mettaient en œuvre un jeu amorphe, contrairement à d’autres « petits ». Las Palmas entreprenait de bien construire depuis l’arrière, Eibar déclenchait un des meilleurs pressings d’Europe… mais Levante restait enfermé près de sa surface, dans l’attente du bon moment. Son manque d’identité de jeu forte en faisait une équipe fiévreuse, qui voyait la lumière par intervalles grâce à la grande activité du Colombien Jefferson Lerma et aux rendements offensifs du trio Ivi-Morales-Jason. Et cela se payait en championnat : début mars, Levante, avec 21 points (3 victoires, 12 nuls, 12 défaites), était à un point du dix-huitième.

Le 5 mars 2018, Paco López prend le relais. Et fait presque tout l’inverse. Avec l’ancien entraîneur de la réserve en quatrième division, l’équipe passe d’une disposition très prudente à être capable d’aller chercher l’adversaire dans son camp. L’Espagnol implante une identité claire : en attaque et en défense, tout passe par l’unité et la cohésion. Levante a adapté son style aux ambitions joueuses de son entraîneur chauve, qui s’inspire d’un autre chauve, ancien de la Liga, Jorge Sampaoli : « Notre identité est de ne pas avoir peur, de ne pas attendre et de plus penser à leur but qu’au nôtre ». Désormais, Levante bâtit un pressing haut par moments pour éviter la sortie de balle adverse. Et quand ils ne pressent pas en raison du contexte du match, les joueurs se positionnent en bloc médian puis mettent en place un jeu de transition vertical depuis leur camp. Dans certaines rencontres, l’équipe déploie des variantes tactiques pour faire face à ses rivaux. Résultat : en onze journées, l’équipe bat notamment Getafe, Eibar, Bilbao, Séville, Barcelone et conclut la saison à 46 points avec un bilan renversant (8 victoires, 1 nul, 2 défaites).

Quitte ou double

L’un des traits de l’identité du Levante de Paco López est le pressing à la perte. Si avant son arrivée, l’équipe reculait pour mieux attendre, avec lui, elle avance pour donner plus d’incertitude. En phase sans ballon, le replacement discipliné a laissé place au pressing intense de ses offensifs. À domicile ou à l’extérieur, lorsqu’elle évolue en 3-5-2, elle ne compte quasiment pas d’entrejeu. Seul Campaña reste posté devant la défense. Morales, Roger, Jason, Bardhi, Rochina et les ailiers sont eux chargés d’établir un pressing de tous les instants. Quitte ou double.

À noter, sur les phases sans ballon, la transformation d’Enis Bardhi. Totalement déconnecté du bloc-équipe sous Juan Muñiz, il est devenu un pion engagé dans l’équipe de Paco López. « Je ne sais pas si je l’ai amélioré. Je crois que nous nous trompons en étiquetant les joueurs talentueux seulement comme tels, parce qu’en fait, eux aussi travaillent. Nous lui avons fait savoir qu’il y a une phase de travail sans ballon dans laquelle tous les joueurs doivent apporter. Il l’a simplement compris. » détaille le technicien à El País.

Station médiane

Quand Levante n’a pas réussi à récupérer le ballon à sa perte, il s’organise en 5-3-2. L’engagement mis lorsque l’adversaire entre dans certaines zones spécifiques du terrain est dangereux pour les chevilles. Cette station médiane du bloc Granota peut donner lieu à de longues séquences de possession pour l’équipe rivale. Mais dans cette disposition, elle pense plus au but adverse qu’au sien. « Nous ne sommes pas une équipe avec une méthode suicidaire. Nous essayons d’avoir un équilibre mais nous avons une personnalité offensive à laquelle nous n’allons pas renoncer » confiait l’entraineur espagnol à El País en décembre.

En raison du contexte du match, Levante accepte de subir un peu plus, pour concrétiser les transitions. La situation passe d’un comportement agressif sans ballon et des distances élevées entre les joueurs à un bloc-médian dense où prime l’occupation de l’espace pour empêcher la progression rivale, en bouchant spécialement l’axe du terrain. Adapt or die.

Mais selon le rival et le plan du match, ce type de situations peut être modifié pour donner plus de solidité à l’équipe. Face à des équipes comme le Barça ou le Betis, qui impose de la largeur, Levante passe du 5-3-2 au 5-2-3. Avec ses 5 défenseurs et 3 chasseurs, l’équipe est prête à gérer le troisième central et éviter une situation embarrassante dans l’axe.

Le Commandant José Luis Morales

Si l’équipe essaie de presser le rival dans son camp et de récupérer la balle proche de la surface adverse, la plupart du temps, c’est son bloc médian qui est responsable de la récupération de balle. Et par extension, de la sortie en transition. Ici, l’équipe met l’un de ses joueurs à profit : son capitaine José Luis Morales. Surnommé « El Comandante », il transforme les transitions avec ballon de Levante en deux temps en arme létale. D’abord, c’est par les projections coordonnées de ses coéquipiers pour entraîner les adversaires que Morales a de l’espace pour conduire la balle. Puis, parce que Morales est redoutable par son placement, sa faculté à éliminer ses vis-à-vis et à montrer la voie à son équipe.

Devenu postulant naturel à la Roja, il est le taulier (8 buts, 2 passes décisives) d’une attaque rapide et guide son acolyte Roger Marti (9 buts), avec qui il est monté en première division. En plus, deux autres joueurs sont pris dans le sillage de Morales. Le talentueux ailier droit Jason, pièce clé de l’équipe lors de la promotion en Liga. Auteur d’une grande saison, il rejoindra le FC Valence cet été. Et Borja Mayoral, prêté par le Real Madrid.

Profondeur et jeu long

Si Levante est une équipe proactive dans les phases sans ballon, elle cherche à donner du sens à ses moments avec. Les centraux Granotes ont l’habitude de minimiser les risques en jouant avec deux circuits de construction : chercher un déplacement des attaquants dans la profondeur ou ouvrir sur un côté.

Lorsqu’ils ont le ballon dans les pieds, Cabaco, Postigo, Rober et Vezo cherchent long. Par moment, ni phase de préparation prolongée à outrance, ni échanges stériles entre les centraux et les milieux, ils allongent de longs ballons et de longues diagonales à destination de Morales ou Jason. Quitte à ce que le ballon soit perdu, ou un temps partagé avec l’adversaire. Dans l’utilisation du ballon, Cabaco rentre plutôt dans l’archétype du défenseur shérif façon Atlético de Simeone. À ses côtés depuis peu, Rúben Vezo, recruté en prêt durant l’hiver. Tout comme le replacement de Coke en défense central pour chercher les milieux Bardhi ou Rochina entre les lignes.

Toutefois, la mécanique principale de construction passe au sol. Et toujours par les latéraux. A côté d’eux, José Campaña est le joueur qui offre une sortie de balle en l’absence de ligne de passes verticales, et apporte son soutien pour combiner. Mais devant eux, on trouve deux situations. D’une part, les séduisants milieux relayeurs, Enis Bardhi et Rubén Rochina, qui se proposent entre les lignes pour attaquer ou élaborer dans les half-spaces.

Le week-end dernier encore, contre le Celta Vigo de Miguel Cardoso (1-4), les hommes de Paco López ont marqué deux buts en utilisant ces circuits de passe. Si Rúben Rochina a réalisé un beau match, Levante a brillé sur plusieurs points : récupération du ballon, sorties de balles, attaques placées, attaques rapides. Et les deux milieux ont excellé.

D’autre part, les milieux relayeurs et attaquants s’occupent de l’espace libre dans le dos du latéral ou des centraux adverses. Ensuite, ces derniers trouvent généralement un nombre conséquent de partenaires dans la surface en raison de la densité sur toutes les phases de jeu désirée par Paco López. Ici, une caractéristique de l’équipe se fait remarquer : l’importance de ses latéraux (40% des attaques se font sur le flanc gauche, 37% à droite) dans la phase de construction. Ce sont les pôles de créations de l’écosystème Levante.

En perte de vitesse depuis la deuxième quinzaine du mois de décembre, Levante a vu les places européennes s’éloigner (à 3 points de la cinquième place lors de la 16e journée, à 8 points lors de la 24e). Et si les hommes de Paco López se dévoilent étonnamment séduisants mais surtout bons dans l’identité collective, ils ont des difficultés en défense. L’équipe encaisse un nombre de buts élevés sur coups de pied arrêtés (9) et à la suite de fautes individuelles d’une arrière-garde moyenne (4 buts concédés sur penaltys). Pourtant, qu’on ne s’y trompe pas, Paco López a imposé sa patte sur un groupe au même visage mais au comportement bien différent d’il y a quelques mois. En moins d’un an, Levante s’est métamorphosé de promu à un acteur crédible de Liga. De quoi voir l’Europe la saison prochaine ? Getafe, Alavés, Valence, Eibar, Leganés, l’Espanyol, le Betis, la Real Sociedad et l’Athletic Bilbao -rien que ça- l’ont aussi en vue. Mais après tout, dans cette Liga, les nouvelles forces de cet effectif sont celles-là : toujours y croire peu importe l’adversaire. Todo se equilibra al final.

https://lagrinta.fr/la-transformation-t ... opez&7245/
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Marv
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Re: *The Coach Of The Day*

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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Benedetto »

J'avais raté cet article très intéressant d'Eurosport sorti en janvier que le journal du jeu m'a permis de découvrir.
Style et beau jeu : A la découverte de la méthode Roberto De Zerbi

SERIE A - Alors que la Juve caracole en tête et que la lutte pour la 4e place s’annonce intense, la première partie de saison de Serie A a été marquée par le jeu séduisant de Sassuolo, longtemps accroché aux premières places avant de rentrer dans le rang au classement, sans jamais s’éloigner de ses principes de jeu.

"Pour moi, le résultat n’est pas important. Ce qui l’est, c’est de voir comment on arrive à ce résultat." Cette phrase aurait pu être prononcée par Marcelo Bielsa ou Pep Guardiola et cela n’étonnerait personne. Si l’esthétisme est au cœur de l’attention de ces deux entraîneurs, un autre technicien, moins connu, l’a également mis au centre de sa réflexion. Méconnu du grand public, Roberto De Zerbi, 39 ans et à la tête de Sassuolo depuis l’été dernier, est l’entraîneur qui monte de l’autre côté des Alpes. Mais le plus dur commence.

S’il ne veut pas finir comme Andrea Stramaccioni, Fulvio Pea ou Giuseppe Sannino, tous les trois ayant disparu des radars après des débuts prometteurs et des intentions plus que louables, Roberto De Zerbi va devoir confirmer les belles promesses sur plusieurs saisons. Dans un pays où la culture de la gagne est tellement ancrée que les quelques courants modernes finissent toujours par être ramenés au jugement du résultat, la tâche s’annonce ardue. Maurizio Sarri peut en témoigner, lui qui a marqué la mémoire des tifosi du San Paolo par son jeu spectaculaire, mais a toujours été rattaché au nombre de trophées glanés lors de son expérience napolitaine : zéro.

Depuis le début de la saison, Sassuolo impressionne et intéresse. Son jeu divertissant, basé sur une volonté de possession et beaucoup de mouvements, lui a ouvert les portes de la notoriété sur les réseaux sociaux où de nombreuses séquences sont décortiquées. Comment le club d’Emilie-Romagne est-il devenu le club de quelques hipsters affamés de tactique ? Partez à la découverte de la méthode De Zerbi avec l’aide de Mehdi Bourabia, milieu de Sassuolo cette saison. Ses idées, ses consignes, son travail quotidien et son management, on fait le tour avant le déplacement du club sur la pelouse de l’Inter, ce samedi à 20h30.
Tout est une question de style

Jouer et prendre du plaisir. Voilà qui résume bien l’état d’esprit de Roberto De Zerbi. Dans une interview au quotidien Libero il y a quelques mois, le technicien précisait cette volonté : "Si tu fais ce métier, le plus beau du monde, tu dois t’amuser. Cela s’appelle un ‘jeu’, ce n’est pas un hasard. Ce n’est qu’en prenant du plaisir que tu peux dépasser des difficultés, aller au-delà de tes limites." Son Sassuolo porte donc ses idées : avoir le ballon, jouer au sol, dessiner des triangles d’échange, relancer proprement depuis le gardien, et trouver ses joueurs capables de faire la différence dans des zones clés du terrain.

La prise de risque dans le jeu pour une formation de milieu de tableau se ressent dans les chiffres : 7e meilleure attaque et 5e plus mauvaise défense. Le niveau moyen des joueurs ne permet sans doute pas de grandement corriger les défauts de cette qualité de jeu, d’autant que l’entraîneur est des plus intransigeants. Par séquence, Sassuolo régale les observateurs avec un jeu très dynamique et porté par l’avant. Et par bribes, l’équipe frustre par sa naïveté quand elle n’a pas le ballon sur certaines phases défensives. C’est la conséquence directe d’un jeu ambitieux dans une équipe trop forte pour ne pas descendre et sans doute pas assez armée pour viser le top 6.

L’éclairage de Mehdi Bourabia : "Il prône le jeu court, au sol. C’est un fou de football, très attaché au moindre détail tactique de son équipe, sur les phases offensives comme défensives. Il accorde de l’importance au plaisir de toute l’équipe en passant par un jeu porté vers l’avant et des phases de possession. La transmission du ballon doit être rapide. Il doit vite voyager entre chaque joueur. Il y a une certaine liberté offensive pour créer des décalages. La prise de risque est encouragée dans ces zones-là, mais en défense et au milieu, elle doit être plus réfléchie. On sait qu’en Italie, chaque adversaire attend ton erreur pour contre-attaquer. On est ambitieux à travers notre jeu collectif, au sol, mais il doit y avoir des réflexions dans nos choix en défense et au milieu. Je ne vois pas d’autres équipes avec un jeu aussi fluide que le notre en dehors du top 6."

" La première chose que je dis aux joueurs, c’est de se souvenir de leur enfance. Sur les terrains de terre et de poussière, ils prennent du plaisir uniquement s’ils ont le ballon. Cela doit rester ainsi même lorsqu’ils sont professionnels. On doit avoir le ballon, le garder, avancer avec la balle aux pieds. Après on peut perdre, mais sans jamais renoncer à la beauté du jeu." De Zerbi"

Le travail quotidien à l’entraînement

Les séquences sont intenses. Roberto De Zerbi est un adepte de la répétition des gammes et de la reproduction de séquences que peuvent retrouver ses joueurs au cours des rencontres officielles. Très impliqué dans ses séances, il donne de la voix pour encourager et corriger les mouvements de ses joueurs. Malgré son jeune âge et contrairement à nombre d’entraîneurs de la même génération, il n’est pas obsédé par la vidéo et les statistiques.

L’éclairage de Mehdi Bourabia : "Les entraînements sont toujours différents. On peut très bien travailler un système de possession et des circuits différents selon notre adversaire du week-end. On comprend toujours la finalité de l’exercice. Il accorde autant d’importance à son système de jeu qu’à la réflexion liée aux adversaires et à leur manière de répondre à ses situations spécifiques, comme à la récupération du ballon. On travaille l’adversaire une à deux fois par semaine en vidéo. On a parfois des débriefings en vidéo s’il veut nous corriger sur certaines situations ou s’il voit des points à améliorer, mais tout dépend du match qu’on vient de faire et de notre état psychologique. Il consulte les statistiques mais on n’a jamais eu de discours ou de réflexion sur ça. Il a confiance en notre équipe, il sait qu’on donne le maximum. Il doit jeter un œil pour avoir une idée mais sans plus."

" Si je dis à mes joueurs ‘sur le terrain, on doit se divertir’, mais que je ne les aligne jamais, je ne suis pas crédible. Il y a donc du turn-over." De Zerbi"

Un manager ouvert porté sur la psychologie

Entraîneur moderne, Roberto De Zerbi sait que la réussite de son projet passe autant par le jeu que par sa capacité à manager des hommes et à les fédérer autour de son idée esthétique. En plus d’être un technicien, il se doit d’être psychologue pour gérer au mieux son vestiaire. Un domaine auquel il accorde une grande importance. Il se refuse par exemple à sortir un joueur en première période, même si celui-ci est en difficultés, par volonté de "ne pas l’humilier", malgré les conseils reçus lors de l’enseignement suivi à Coverciano (le Clairefontaine italien, ndlr), lorsqu’il a passé ses diplômes d’entraineur. Il s’agit de comprendre les joueurs et anticiper leurs ressentis et réactions. L’aspect psychologique est fondamental dans la réussite.

Jeune coach, Roberto De Zerbi était encore sur le terrain il y a cinq ans et il a su absorber les codes de la nouvelle génération. Un élément indispensable pour entraîneur Sassuolo, un club misant sur les jeunes talents. Lorsqu’on l’interroge sur sa façon de fonctionner avec son groupe, il concède se mettre au même niveau que ses joueurs. "Je veux un rapport d’égal à égal au quotidien, concède-t-il. Certes, je prends les décisions et je fais des choix. Mais je pense que ce n’est pas payant de se mettre sur un piédestal à penser que tu dois être suivi sur tout, le seul à être respecté. C’est fini le temps où un entraîneur ou un dirigeant était respecté quoiqu’il te dise, sinon tu en prenais une. Te mettre au niveau des autres, veut dire que tu peux prendre des idées des joueurs. Je n’ai pas peur de les faire parler, de les faire s’exprimer sur des corrections qui doivent être faites ni de m’excuser si j’ai mal géré une situation."

L’éclairage de Mehdi Bourabia : "C’est un homme honnête et droit. C’est un entraîneur très franc, qui va te dire les choses en face. Dès le début de la saison, il avait expliqué qu’on devait tous prendre du plaisir et que tout le monde aurait sa chance. Et c’est ce qui se passe. Il est capable de mettre un joueur titulaire sur un gros match alors qu’il n’a pas joué depuis plusieurs rencontres. C’est un coach très intelligent, c’est un meneur d’hommes qui gère ses joueurs comme un général d’armée. Il est toujours là à nous motiver, il ne laisse pas tomber ses joueurs, il a une grande influence psychologique. Il sait aussi responsabiliser les joueurs. C’est un coach sanguin, volcanique. On a l’habitude. Même s’il peut s’énerver, ça sera toujours constructif, pour te faire avancer."

" Je ne m’en prends jamais à un joueur qui rate quelque chose que je lui ai demandé de tenter et réaliser. Je m’agace s’il rate et qu’ensuite il se cache." De Zerbi "

Le dogme du jeu plutôt que l’obligation de résultats ?

Roberto De Zerbi sait à quoi s’attendre. En cas de victoire, les journalistes et consultants loueront son jeu attractif, ses idées et le courage de défier n’importe quelle équipe avec le même plan de jeu ambitieux. Dans le cas inverse, les critiques reviendront inlassablement sur la naïveté de ses joueurs sur les actions défensives et le manque de rigueur sur ces phases de jeu, comme lors de la défaite à domicile face à Milan (1-4) où les Rossoneri parvenaient à se projeter bien trop facilement dans la surface de son équipe avec des 3 contre 2 sur des transitions rapides. Régulièrement accusé de ne pas assez travailler les phases défensives, le jeune entraîneur de 39 ans contre-attaque et rappelle que l’aspect défensif est primordial pour lui dans son travail quotidien.

Bien jouer et gagner ne sont pas toujours deux vérités dissociables et le football regorge de vainqueurs ayant enthousiasmé supporters et observateurs par leur style de football attrayant. Mais en Italie, c’est un peu plus compliqué qu’ailleurs avec une culture très forte du résultat. Dans le cas de Sassuolo, la saison 2015-2016, achevée à la 6e place sous l’égide d’Eusebio Di Francesco, montre la voie à suivre. Quitte à vivre des émotions, autant divertir, d’autant qu’une belle surprise n’est pas impossible. Allez demander aux supporters du Chievo s’ils n’auraient pas aimé assister à des matches haletants comme ceux du Sassuolo de Di Francesco ou de De Zerbi, plutôt que de se sauver sans panache ni émotion chaque année, avant de probablement descendre en Serie B à l’issue de cet exercice.

L’éclairage de Mehdi Bourabia : "Il a toujours ce souci de ne pas prendre de buts. On a pas mal de jeunes joueurs comme nos latéraux, mais aussi au milieu. On manque parfois de maturité, je pense que c’est parfois ce qui nous fait défaut. Le style peut totalement coller avec le fait de prendre peu de buts car il veut qu’on soit très efficace dans les deux surfaces. L’aspect défensif est même beaucoup plus important pour lui. La phase offensive découle de notre style et vient assez naturellement en match parce qu’on a une vraie liberté créatrice. On travaille au final moins les aspects offensifs à l’entraînement. Au delà du plaisir qu’on prend en jouant bien, on peut aussi en prendre en ayant des résultats, c’est mon cas. On essaye de lier les deux à Sassuolo. On aurait pu faire mieux sur certains matches, mais, pour nous, la finalité vient après le jeu car si on applique notre style en étant aussi rigoureux défensivement, alors on obtiendra des résultats. Moins bien jouer et avoir un meilleur classement, peut-être que ça embêterait le coach."

" Il n’existe pas qu’un seul type de football, donc tout le monde a tort et a raison à la fois, même celui qui gagne. Car même celui qui a soulevé des trophées, comme Mourinho, a aussi perdu. L’important est qu’au moment de juger un style de football, on le respecte et on essaye de le comprendre." De Zerbi"

https://www.eurosport.fr/football/serie ... tory.shtml
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"Pour moi, le résultat n’est pas important. Ce qui l’est, c’est de voir comment on arrive à ce résultat.
:love:
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Mike Dust »

Cette phrase marche avec Rudi, je me suis souvent dit: "mais comment on en est arrivé là ?!".
A tué deux parisiens en une fois! :yeah:
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Benedetto
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Benedetto »

Urba, après nous avoir parlé du football bolivien, tu pourras nous parler de ce coach stp?
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Re: *The Coach Of The Day*

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De quel coach ?
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Re: *The Coach Of The Day*

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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Benedetto »

Un sujet qu'on a pas encore abordé sur ce magnifique topic:
Périodisation tactique : la recette miracle du succès ?
Méthodologie

La périodisation tactique, voilà une méthodologie à la mode ! Pas étonnant donc que le sujet ait remporté les suffrages sur notre page Facebook. Qu’est-ce donc réellement que la périodisation tactique ? Pourquoi les entraîneurs l’utilisant ont tant de succès ? Pourquoi n’est-elle pas employée par plus d’entraîneurs ? Plongeons ensemble au cœur d’une méthode qui vous fera voir l’entraînement d’une façon complètement différente !
Vitor Frade, le père de la Périodisation Tactique

Sérgio Conceição, Leonardo Jardim, Jorge Jesus, José Mourinho ou encore André Villas-Boas. Voici quelques-uns des techniciens portugais à succès de ces dernières années. Le Portugal d’ailleurs, un pays moins peuplé que l’Île-de-France, champion d’Europe 2016. Mais quel est donc le secret de ces techniciens, la philosophie d’entraînement de cette nation ? Il s’agit, vous vous en doutez, de la périodisation tactique. Une méthodologie vous le verrez, basée sur le cerveau des joueurs plutôt que leur physique. En parlant de joueurs, voyez le nombre de joueurs de classe mondiale que le Portugal a sorti ces dernières décennies ! Tout ceci ne peut pas être qu’une coïncidence. C’est le fruit d’années de travail, et d’études du Professeur Vitor Frade pour créer une méthodologie : la périodisation tactique.

Avant d’attaquer les grands principes, attardons-nous quelques instants sur ces deux mots :

Périodisation, car la méthodologie fractionne la saison en blocs pour créer votre style de jeu. Ces blocs sont appelés morphocycles. Il s’agit du temps qui sépare un match d’un autre, soit en général une semaine. Chaque morphocycle est donc une période.
Tactique, car il s’agit de l’aspect qui va coordonner et modéliser tout le processus d’entraînement. Dans cette méthodologie, chaque course, chaque geste technique est le résultat d’une décision tactique.

Les fausses croyances sur la périodisation tactique

On lit souvent que dans la périodisation tactique le ballon est présent partout, tout le temps. C’est faux. On lit aussi que c’est une méthodologie qui englobe toujours les facteurs de la performance : Tactique, Technique, Physique, Mental. C’est faux également. La preuve ici avec un exercice de vitesse réaction de José Mourinho à Manchester United :

Il est donc fondamental de s’éloigner de ces fausses croyances. De plus, le fait que cet exercice provienne d’une session d’entraînement d’avant-saison n’est pas une excuse. Dans cette méthodologie, nous travaillons toute l’année selon le même modèle. Il n’y a pas de bloc spécifique comme les 6 semaines de préparation physique en juillet-août. La périodisation tactique est mise en place dès le premier entraînement. Le but est que les joueurs expérimentent un maximum de fois des situations similaires et prennent des décisions plus rapidement. On cherche donc à créer des habitudes chez nos joueurs.

Pour qu’un maximum de situations se répètent et que les joueurs les reconnaissent, nous avons besoin de deux ingrédients :

De la concentration
De l’intensité

La concentration doit être maximale durant toute la durée de l’entraînement. Cela signifie que les joueurs doivent diriger leur attention sur les informations pertinentes et ignorer les non-pertinentes. Et ceci durant 90 minutes ! La fatigue mentale est donc très présente dans la périodisation tactique. C’est la raison pour laquelle les séances dépassent rarement les 90 minutes, pauses comprises.

L’intensité mise dans les exercices et les jeux est primordiale. On entend ici par intensité la qualité des actions des joueurs et non pas la fréquence de celles-ci. Que les séquences soient courtes ou non, les joueurs doivent donc répondre à toutes les situations avec qualité. Que l’on soit en phase offensive, défensive ou en transition…
Premier pilier de la périodisation tactique : le modèle de jeu

Et voici le premier pilier de la méthodologie, le modèle de jeu. Dans la périodisation tactique, et dans bien d’autres méthodologies, il existe quatre phases :

Organisation offensive (nous sommes en possession du ballon)
Transition offensive-défensive (nous venons de perdre le ballon)
Organisation défensive (nous ne sommes pas en possession du ballon)
Transition défensive-offensive (nous venons de récupérer le ballon)

Ces quatre phases sont le premier niveau de la méthodologie, le « quand ? ». Pour chaque phase, nous définissons des principes de jeux. Les principes de jeux sont le second niveau de la méthodologie, le « quoi ? ». Par exemple, vous souhaitez jouer avec un bloc médian en phase défensive et verticaliser/jouer en profondeur dans la transition défensive-offensive. Vous avez donc déjà deux principes établis dans deux phases différentes. Vous savez donc déjà quoi faire quand.

Le troisième niveau de la méthodologie sont les sous-principes voire les sous-sous-principes de jeu, le « comment ? ». Par exemple, un sous-principe de verticaliser/jouer en profondeur serait jouer un ballon pour l’ailier dans le dos du latéral adverse.

Periodisation Tactique Modele

Et voilà un exemple d’une partie d’un modèle de jeu. L’idée est ici d’écrire tout ce que vous voulez voir de votre équipe dans chaque phase et comment y arriver. Vous pouvez bien sûr établir plusieurs principes pour chaque phase. On ne défend pas de façon identique si le ballon est à 30m de nos buts ou du but adverse. Pour des raisons de clarté, nous nous en tiendrons à l’exemple mentionné ci-dessus.
Deuxième pilier de la périodisation tactique : les principes

Dans cette méthodologie il existe trois grands principes à respecter :

Le principe de progression complexe sous-entend une hiérarchisation de vos différents principes de jeu, du moins complexe au plus complexe. Il permet une maîtrise rapide des premiers principes, pour ensuite travailler des choses plus difficiles. La progression n’étant pas linéaire, il arrivera que vous deviez retravailler un principe plus facile avant de pouvoir avancer. Selon le match à venir, certains principes auront naturellement la priorité sur d’autres. En effet, vous ne travaillerez pas les mêmes principes selon que vous affrontiez le premier ou le dernier du classement. La hiérarchisation n’est donc pas fixe et dépend de multiples facteurs à prendre en compte.

Le principe de propensions équivaut à la création de contenus dans lesquels le principe que l’on souhaite travailler apparaît régulièrement. De cette façon vos joueurs rencontrent la situation voulue un grand nombre de fois durant l’entraînement. Ils sont dès lors obligés d’y répondre, créant des habitudes. Il s’agit donc d’inventer des exercices et des jeux qui feront émerger le style de jeu général de l’équipe.

Periodisation_Tactique_Porto
26 mai 2004, le jour où la « méthode Mourinho » intéresse toute l’Europe. Sa méthode ? La périodisation tactique

Le principe d’alternance horizontale en spécificité veut une alternance dans l’intensité, la durée et la vitesse de sollicitation des muscles. Ce principe permet de réguler le dosage effort/récupération et d’empêcher le surentraînement. Biologiquement, il est impossible pour un organisme de délivrer le même type d’effort constamment. Il est donc ici nécessaire de classer vos principes et sous-principes selon le type d’effort qu’ils requièrent. De cette façon vous entraînez le bon principe/sous-principe le bon jour de la semaine. Cela permet au muscle de récupérer du type d’effort de la veille et d’arriver en parfaite condition pour le match.
Troisième pilier de la périodisation tactique : le morphocycle

Le dernier pilier sur lequel repose la méthodologie s’appelle le morphocycle. Il s’agit tout simplement d’une semaine d’entraînement, découpée de cette façon :

J±0, s’agit du match. Une particularité de la périodisation tactique est qu’à J+1 les joueurs sont en récupération passive. C’est-à-dire qu’ils ont congé. D’un point de vue physiologique, le mieux serait une récupération active, mais pas d’un point de vue psychologique. Or, je le rappelle, le match met le cerveau des joueurs à grande contribution. A J+2 la récupération est cette fois active. La durée des exercices est courte, les pauses nombreuses, l’opposition faible et les exercices faciles. Il est intéressant de faire des jeux titulaires contre remplaçants (11 contre 7). De cette façon les titulaires travaillent moins intensément que les remplaçants.

Nous arrivons maintenant dans le cœur du travail hebdomadaire. A J+3 nous sommes en période d’acquisition. La durée des exercices reste donc courte et les pauses nombreuses. On joue en petits groupes (sectoriel/intersectoriel) et dans des petits espaces. Des jeux à 6 contre 4 (attaquants/milieux contre défenseurs) sont parfait pour ce jour-là. A J-3 nous passons en période d’opérationnalisation. Les jeux durent longtemps, avec de grands groupes et de grands espaces et sont complexes. C’est le jour le plus ressemblant au match. Vous pouvez donc sans problème proposer un 11 contre 11 de surface à surface.

A J-2 nous restons en phase d’opérationnalisation. Les jeux sont plus courts, avec beaucoup de pauses et des surfaces plus petites. C’est le jour où l’accent sera particulièrement mis sur la finition. Vous pouvez donc proposer une opposition à 11 contre 11 sur un demi-terrain par exemple. A J-1 nous sommes en phase de récupération. Les jeux redeviennent donc courts, les pauses nombreuses, l’opposition faible et les exercices simples. Nous revoilà à J±0, avec des joueurs prêts pour leur match !

periodisation tactique morphocycle
En résumé et pour en savoir plus sur la périodisation tactique

Premièrement couchez sur une feuille de papier toutes vos idées. Qu’est-ce que vous voulez que votre équipe fasse dans chacune des phases de jeu ? Et comment le faire pour y arriver ? Une fois que c’est fait, hiérarchisez-les du plus simple au plus complexe. Il peut bien sûr y avoir plusieurs principes de même niveau de difficulté. Et enfin classez-les par type de sollicitations musculaires. Il n’y a que trois possibilités : intensité (force), durée (endurance), vitesse. Certains principes peuvent se trouver dans deux catégories différentes. Vous avez déjà là votre modèle de jeu et respectez les principes de progression complexe et d’alternance horizontale en spécificité.

Ensuite, trouvez des exercices/jeux qui répondent aux principes que vous voulez voir apparaitre. Encore mieux, inventez-les vous-même ! Certains suivront des principes individuels, d’autres sectoriels (une ligne) ou intersectoriels (deux lignes), voire de l’équipe toute entière. Vous respecterez ainsi le principe de propensions.

périodisation tactique

Pour finir, prenez votre calendrier de matches et arrangez vos semaines d’entraînement selon le chapitre précédent. C’est là que le problème réside véritablement car dans la plupart des clubs/équipes, les jours d’entraînements sont fixes. Or, si vous jouez une semaine le dimanche et la suivante le samedi, vos jours d’entraînements ne seront pas identiques. Et même si vous jouez toutes les semaines le même jour, nous sommes peu à pouvoir choisir nos jours d’entraînement.

Sachez enfin que j’ai eu beaucoup de plaisir à me replonger dans les principes de cette méthodologie. Et il y a encore tellement de choses à dire dessus ! Malheureusement les ouvrages sur le sujet sont inexistants, sauf en anglais ou en portugais. J’ai donc décidé de consacrer un guide complet sur le sujet qui sera disponible dans la boutique du site courant 2018.

https://www.simple-football.com/periodi ... te-succes/
On a également Le Temps, jamais décevant qui aborde ce thème:
«La périodisation tactique»: puissante symphonie conceptuelle

La méthode imaginée par le Portugais Vitor Frade pour permettre à l’entraîneur de football de transmettre son idée du jeu à son équipe fascine de plus en plus. Le sociologue Pierre Escofet la décrypte dans sa chronique


Il n’est personne d’un peu averti dans le domaine du football qui ne remarque en ce moment que «la périodisation tactique» a le vent en poupe: des conférences se donnent, des intellectuels s’y échauffent, des entraîneurs s’y convertissent. Et si son auteur, Vitor Frade (74 ans), professeur honoraire des sciences du sport de l’Université de Porto, s’avisait de sortir de sa réserve tout académique, cela irait à l’idolâtrie.

Issue de la «théorie des systèmes», l’heuristique de la méthode fascine. La diffusion de la «périodisation tactique» a pu compter sur une escouade d’évangélistes zélés, à l’image de Xavier Tamarit, licencié en sciences des activités physiques et sportives de l’Université de Valence. On lui doit plusieurs ouvrages très clairs sur la question. Les victoires de José Mourinho, adepte de longue date, viennent apporter à la méthode une caution de poids en matière de réalisme.
La vision et la logique

La «périodisation tactique», c’est d’abord une période où l’entraîneur prépare son équipe à une idée très générale du jeu. Cette idée, bien sûr, c’est la sienne. Et elle s’incarne: en prise de décisions sur le terrain. «Périodisation tactique», donc. Les adaptations bioénergétiques, les dominantes impliquées en matière de contractions musculaires (excentriques, pliométriques, concentriques, etc.), les émotions suscitées par une adhésion commune à cette idée très générale, sont à l’avenant. Non aux commandes.

En réalité, la méthode est explicitement construite sur la base d’une adéquation sophistiquée entre une vision et une logique procédant de cette vision. En langage «périodisation tactique», cette logique est aussi appelée «modèle de jeu» ou encore, «forme». Lorsque les joueurs se mettent à interpréter cette idée par leurs prises de décision sur le terrain, leurs relations épousent effectivement des «formes» particulières. Prenons un exemple concret. En tant qu’entraîneur, la possession du ballon est une idée qui vous possède. Vous voulez la posséder. Dans le dispositif de Vitor Frade, le processus d’opérationnalisation de cette idée ne peut prendre corps auprès de votre équipe qu’à plusieurs conditions. Et c’est ici que rentrent en scène les fameux principes de la méthode.
Progression complexe

Ainsi, jouer la possession est une idée trop générale. A l’aide d’un emboîtement hiérarchisé de «macroprincipes», de «principes», et autres «sous-principes», le «principe de progression complexe» va opérer un premier atterrissage vers la réalité. Pour se donner une chance de jouer la possession, il est primordial d’organiser des supériorités sur tout le terrain (macroprincipe); dans ce dessein, il est utile (par exemple) de considérer la circulation du ballon comme un pôle potentiel d’attraction (principe): le ballon circule, pour attirer l’adversaire, le désorganiser, désengorger des espaces.

Des attractions bien menées produisent des supériorités positionnelles, souvent décisives dans les seize mètres adverses. Enfin, un arrière central appliquant les «sous-principes» que voici aura tôt fait d’enclencher l’organisation des supériorités souhaitées: (1) si mon milieu axial est marqué par un adversaire, je conduis le ballon en leur direction. Ainsi, le rival est sommé de choisir. (2) S’il reste au marquage, je vais mon chemin. (3) S’il vient à ma rencontre, je fais la passe à mon coéquipier. L’engrenage est amorcé.
Le principe des propensions

Le passage des macroprincipes aux sous-principes (et inversement) est fractal. Il ne doit souffrir d’aucune déperdition logique. A l’entraînement, quel que soit le contexte aménageant les interactions entre les joueurs, (petits ou grands espaces, grands espaces, 5 contre 5, en supériorité…), on doit toujours reconnaître la dynamique du jeu. Alors que le principe de «progression complexe» veille à la continuité d’une même idée dans des dimensions différentes, le «principe des propensions» guide le façonnage des exercices les plus propices à déclencher les comportements tactiques désirés. Afin que les joueurs, peu à peu, en automatisent la logique. Cela ouvre sur des comportements adaptés, mais aussi sur l’émergence de solutions inattendues. C’est «un mécanisme non mécanique».

Bien que toujours vectorisée par la même obsession (dans notre exemple, la possession), l’application du «modèle de jeu» dans une opposition à 11 contre 11 sur tout le terrain, ou dans des ateliers à 3 contre 3 avec buts rapprochés, ne puise pas dans les mêmes registres de fatigue. De même, des exercices nouveaux demandent plus à ce niveau que des exercices familiers aux joueurs. Le «principe d’alternance horizontale en spécificité» a été conçu pour alterner les fatigues spécifiques impliquées dans les multiples dimensions inhérentes au «modèle de jeu». Il calibre la structure de la semaine d’entraînement. Il évite les surcharges et les accumulations.

Résumer la «périodisation tactique» tient du pari oulipien. Mais, déjà, en quelques lignes, se dégage une puissante symphonie conceptuelle, bien faite pour fasciner. Pourtant, selon moi, la méthode comporte une faille. Il faudra en reparler…

https://www.letemps.ch/sport/periodisat ... nceptuelle
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Benedetto
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Benedetto »

Cet article sur La Grinta est pas mal aussi:
Manuel Sérgio et Vítor Frade ont un point commun : ils sont les maîtres d’un héritage fort. Tandis que des hommes pensent le football comme une activité inutile et futile, d’autres le pensent comme une activité humaine. C’est peut-être bien là tout son intérêt.

De nombreux entraîneurs, adjoints, ex-joueurs, s’installent au fond de leur fauteuil dans un amphithéâtre de l’université de Porto. Et tous, journalistes compris, semblent suspendus aux explications d’un homme. Cet homme fait de l’effet. Mais ce phénomène qui force un tel respect ne vient ni du style vestimentaire de ce dernier, ni de sa carrure. Ce ne sont pas non plus les belles performances de son club ni les titres remportés par le Portugais en tant qu’entraîneur puisqu’il ne l’a jamais été. Si l’amphithéâtre semble lui appartenir, c’est parce qu’il dégage autre chose. Un petit truc que ressentaient aussi ses élèves, très souvent conquis dès le premier jour.

Cet effet, c’est celui du talent et du charisme de l’un des plus remarquables théoriciens du sport. « Congrès international de la périodisation tactique : Vítor Frade » s’affiche dans la salle. Comme cela aurait pu être « Colloque international : Professeur Manuel Sérgio ». Leurs noms ne sont pas scandés par les fans. On ne leur réclame pas d’autographes dans la rue. Ils ne font pas lever les foules dans tous nos stades. Non, ce n’est pas ça. Ils sont à la fois loin de nos héros du week-end et de ceux du mercredi en Europe, mais également très proches. Puisque mental et physique ne font qu’un.
Esprit globalisé

« Un homme avec une idée neuve est fou jusqu’à que son idée triomphe » selon Mark Twain. Manuel Sérgio (fondateur de l’Université de motricité humaine de Lisbonne) qualifié jadis d’illuminé est bien placé pour le savoir. Quand il appelle dans ses premiers ouvrages à la fin des années 70 à “une révolution dans la façon d’approcher le sport au Portugal“, il se heurte à une forte hostilité dans le milieu du football, comme Galilée autrefois dans un tout autre domaine. Quelques décennies plus tard, le vieux sage, qui a reçu un hommage national au Parlement il y a quelques mois, est devenu le gourou des entraîneurs portugais et étrangers, l’ayant fréquenté ou non, l’emportant ainsi face aux sceptiques. Cette « idée neuve » d’antan est devenue dogme au sein des clubs portugais et de la pensée populaire : le sport comme le théâtre de toutes les sciences humaines, football compris. « Celui qui ne s’intéresse qu’au football, ne comprendra jamais rien au football », confiera-t-il à Mourinho lorsqu’il était son élève, métamorphosant sa façon de voir le métier d’entraîneur.

La culture est un élément fondamental dans la pensée du Portugais. Bien plus qu’une activité physique faisant preuve d’une insoutenable légèreté. Le football comme activité humaine, « le plus grand phénomène culturel du monde », l’entraîneur comme un meneur d’hommes, le footballeur comme un homme, avant tout et au centre de tout. Pour Sérgio, il faut s’ouvrir à d’autres champs, à la philosophie, la littérature, la physique, la physiologie, les sciences humaines en général, sortir de sa zone de confort, apprendre pour s’élever et imbriquer le tout. En d’autres termes : réaliser des parallèles entre des disciplines, les sciences et le football. « Chaque fois que je lis quelque chose, je pense à ce qu’il s’applique au football. Qu’il s’agisse de biologie ou d’épigénétique, c’est toujours du football » raconte Vítor Frade. Une approche différente, plus scientifique, du football et par extension de l’ensemble de ses composants. C’est simple, le football s’inspire de tout, parce qu’il s’agit d’une tentative de rendre compte de tout.

Si pour le créateur de la « motricité humaine », le football ressemble plus à un art qu’à une technique, c’est qu’il est tout entier composé d’une matière mouvante : l’esprit humain. Et dans le cheminement pour rejoindre cette confrérie secrète mais ouverte à tous dont nous ne sommes que de misérables mendiants, c’est bien cette partie incorporelle et instable qu’il faut développer. Selon Manuel Sérgio, la culture permet de devenir un grand leader, technique et mental (« un gestionnaire d’émotions » pour Sampaoli) : « Pour être un leader, il faut savoir communiquer, transmettre le savoir, avoir la culture et le comportement adéquat pour que les joueurs vous admirent. C’est ce qui différencie un entraîneur normal d’un grand entraîneur. Tous les entraîneurs savent à peu près la même chose sur la tactique. 4-4-2, 4-3-3, 3-5-2, etc. Tout cela, c’est de la musique. Un entraîneur n’entraîne pas des joueurs de foot. Il entraîne des hommes. Ce qui compte, c’est l’aspect humain plus que l’aspect physique ». Et pour acquérir cette culture, il faut passer par de la passion, du travail. Et donc des rencontres, des échanges, la transmission du savoir. Pour ainsi, avoir des idées claires et pouvoir les transmettre avec crédibilité.

L’histoire de Pep Guardiola et celle de son voyage initiatique en est remplie d’exemples. De 2006 à 2008, le quotidien de Pep se partage entre la lecture et le voyage. Il part à la rencontre de ceux qui deviendront des références idéologiques à la suite d’échanges sur leur vision de leur sport (échecs, volley-ball, water-polo), du football (Sacchi, Bielsa…) et du monde (économiste, cinéaste). Il s’inspire d’auteurs qui le marquent : Martí i Pol, Lucien Jerphagon, Edgar Morin. Des sources d’inspirations venues des grands de ce monde footballistique et d’ailleurs. Le cinéma, comme le football et comme d’autres activités humaines, sont des métaphores de la vie. Pour des hommes, des sources d’inspiration inépuisables. Une curiosité sans borne pour tout ce qui peut optimiser son travail. Tant dans l’idée d’améliorer certains aspects du jeu de son équipe, que dans l’idée de se former en meneur d’hommes, bon pédagogue. Jorge Sampaoli va dans le même sens : « Parfois, entendre un discours de Perón (ancien président argentin) est beaucoup plus intéressant que regarder un match de football ». S’ouvrir au monde, le footballiser, s’instruire toujours plus, lire et questionner sans retenue, percevoir les choses sous un nouvel angle plus global, créer des connexions entre des spécialités, s’imprégner de connaissances pour consolider ses idées, mieux comprendre ce qui nous entoure, ce à quoi nous allons faire face et s’auto-fournir des armes supplémentaires pouvant améliorer la performance de ses hommes et de son équipe.

En toile de fond, les travaux d’Edgar Morin (philosophe français) qui soutiennent le concept de pensée complexe entendue comme une pensée qui relie, fait le lien entre les champs de connaissances. Ce paradigme de la complexité rejette le paradigme de la pensée classique, formulé par Descartes, qui est fondé sur la disjonction, l’opposition entre l’esprit et la matière, le corps et l’âme. Le concept de complexité, basé sur la théorie de l’information de Shannon, la théorie des systèmes, la cybernétique de Norbert Wiener, et fondé sur la distinction, bien entendu, mais surtout sur la liaison entre les émotions et les fonctions cognitives, influença Seirul-lo (préparateur physique au FC Barcelone), lui-même grand inspirateur de Lillo et Guardiola. Or, cette notion est à la base de la réflexion de Manuel Sérgio : « Le football n’est pas une activité physique, c’est une activité humaine. Il doit être appréhendé en termes de complexité et de totalité ». Dans le travail de Mourinho que le philosophe portugais a inventé, cela va se traduire par la « planification anthropologique », et il va s’aider des travaux d’Antonio Damasio et son « homme neuronal » pour établir des entraînements des consciences avant ceux des corps. « Comme on entraîne les frappes, les sauts, les passes, il faut concevoir des exercices pour entraîner la créativité, la générosité, l’intensité, la solidarité », explique le mentor de Mourinho. Puisque d’abord et surtout, le football est un sport cognitif. La méthodologie qui va naître s’intitule la « périodisation tactique », dont le père est Vítor Frade, intellectuel portugais, ancien professeur des sciences du sport à l’université de Porto et ancien directeur de la formation au FC Porto.
Préparation globalisée

Le football est un jeu collectif et complexe, imprévisible même, qui est défini par l’interaction de quatre aspects : la tactique, le physique, la technique et le mental. En effet, à l’inverse des sports individuels, le football est un sport collectif à la dynamique non linéaire. « Ce n’est pas une somme de choses. Si tu fais cela, plus cela, tu acquières ça ». Non, « au contraire, le coach doit considérer tous les aspects du joueur et de l’équipe. Le football n’est pas un processus linéaire, n’est pas bidimensionnel, il est multidimensionnel », détaille Vítor Frade. La comparaison est imparfaite mais le jeu comme l’envisage Frade, est tel un Rubik’s Cube. Tout ce qu’un entraîneur effectue d’un côté, à une conséquence ailleurs. Cela ne fonctionne pas s’il tente de réparer un seul côté, le problème doit être considéré dans son intégralité pour l’intellectuel portugais. En football, si vous isolez une variable et maximisez une autre, vous minimisez la première. C’est le principe de base de la méthodologie de Frade qui détermine qu’il ne devrait pas y avoir de séance d’entraînement spécifiquement tactique, technique, physique, mentale, pour une unique raison : tous ces aspects du jeu sont interconnectés. La méthodologie de Frade soutient qu’ils doivent être traités comme tel, c’est-à-dire communément. Travailler ces dimensions et le savoir-faire du jeu de manière isolée (préparation physique de pré-saison…) est inadapté. C’est ce que préconise l’approche dite « analytique » richement utilisée en Ligue 1. Du côté de Frade, il s’agit d’une façon de penser toujours au plus proche de la pensée complexe du philosophe français : « C’est le sens le plus proche du terme complexus (ce qui est tissé ensemble). Cela veut dire que par opposition au mode de pensée traditionnel (favorisant la méthode analytique), qui découpe les champs de connaissances en disciplines et les compartimente, la pensée complexe est contre l’isolement et les restitue dans leur contexte et si possible, dans la globalité dont ils font partie ».

Face à la complexité du football, où l’aléatoire a une part importante sur l’évolution d’une rencontre, la périodisation tactique est une méthodologie précise et très détaillée qui soutient une approche systémique et globale du football, sous la pensée de Manuel Sérgio. « Le hasard n’est pas seulement le facteur négatif dans la stratégie. C’est aussi la chance à saisir », décrit Morin. Dompter l’ensemble des variables du jeu, irréel. Manager le chaos qu’incarne une rencontre, y mettre de l’ordre, la seule option. Ainsi la méthodologie de Frade propose de travailler des situations de match (phase avec ballon, transition vers une phase sans ballon, phase sans ballon, transition vers une phase avec ballon) pour développer un enseignement tactique autour d’un projet de jeu, la clé de la méthodologie. « L’imprévu n’est pas un accident. C’était la base du travail. La stratégie était donc une façon de se préparer à l’inattendu » explique aussi Juanma Lillo. Dans un contexte aussi dynamique que le foot, dans un contexte où toutes les structures sont mouvantes, la méthodologie de Frade a pour but principal d’entraîner les processus attentionnels qui sous-tendent tous les mouvements. Selon la théorie des « marqueurs somatiques » d’Antonio Damasio, la capacité d’un individu à apprendre dépend de son état émotionnel et par conséquent les émotions favorisent, assistent le processus d’apprentissage et de mémorisation ainsi que la prise de décision. C’est au cœur de la périodisation tactique ou encore de l’approche de Guardiola. Alors, le ballon est systématiquement présent, comme source d’épanouissement sur le terrain, habitat naturel du footballeur. « Quand vous jouez du piano, vous ne faites pas des tours ou des pompes avant de vous mettre à jouer. Pour vous entraîner, vous jouez du piano. C’est pareil avec le football », dit Sérgio. Travailler sans cesse la mémoire de l’homme, sa concentration, sa réflexion, son intuition. Dans l’objectif de permettre aux joueurs d’acquérir des références de jeu et d’assimiler les différents scénarios d’une rencontre : réduire l’effet de surprise, répondre au hasard, le transformer en avantage.
Vitor Frade. (DR)

À la remorque de cet aspect primordial, la méthodologie propose du travail footballistique global via des exercices répondant aux principes et sous principes de jeu définis par l’entraîneur. À chaque exercice, les joueurs travaillent simultanément leur concentration, la communication, la créativité, la technique, l’accélération, la vitesse, l’intuition, l’intelligence de jeu individuelle et collective : développer une intelligence situationnelle et des certitudes chez le joueur. « Ma méthodologie est globale, nous travaillons les aspects physiques, techniques et tactiques en même temps. Je crois qu’il est plus productif de travailler la dimension physique dans des situations au lieu de le faire séparément, parce que les joueurs sont plus motivés pour courir quand il s’agit de faire ce qu’ils aiment, c’est-à-dire jouer au football. Pour cela, il faut être toujours au contact de la balle », raconte Leonardo Jardim. L’entraînement comme un laboratoire où l’entraîneur ne laisse aucune place au hasard et insuffle des idées précises à ses joueurs. Une méthodologie qui a pour but de former les hommes pour qu’ils courent mieux, pas pour qu’ils courent davantage. Il s’agit d’une préparation footballistique, loin de la préparation analytique. Avec comme but principal de restituer, contextualiser ce qui doit rassembler les joueurs, puisque sans contexte, nous ne sommes pas qui nous sommes, nous l’être humain, construit avec un réseau de qualités complémentaires. « Vous ne pouvez pas mettre les choses en dehors de leur contexte auquel cas elles ne signifient plus grand-chose, même si vous prévoyez ensuite de les reconstituer […] Comment pouvez-vous être plus fort en football sans jouer au football ? Si vous courez, vous vous entraînez à courir, pas à jouer au football. Si vous courez, vous serez en meilleure santé parce que merde, c’est bon pour la santé de courir. Mais ça ne signifie pas que vous serez un meilleur footballeur sans prise en compte du contexte », étale Juanma Lillo.

Le monde social apparaît comme un système complexe où ordre et désordre s’enchevêtrent. Tout comme le football, en tant que science sociale et donc relative à l’extérieur et à l’activité humaine en général. Egalement, tout comme une équipe de foot, une organisation humaine et par essence : complexe. Aux amateurs de football d’en avoir conscience. Au Portugal, Manuel Sérgio a développé tout un mode de pensée autour des travaux de scientifiques (en particulier Edgar Morin) en les transposant au football, qui s’est ensuite largement répandu en péninsule Ibérique (Pep Guardiola, José Mourinho, Juanma Lillo…). Vítor Frade a lui établi une méthodologie d’entraînement d’une grande sophistication avec comme base l’approche déployée par Sérgio. Le premier incarne l’un des plus notables philosophes du football et du sport en général, là où le second endosse lui le statut de théoricien, au même niveau. Frade possède des convertis dans le monde entier, du plus célèbre, José Mourinho, à André Villas-Boas, Paulo Fonseca et Vítor Pereira, qui se sont convertis directement lors de leur passage au FC Porto, en passant par Leonardo Jardim, Marco Silva, ou la tête de la sélection portugaise (Fernando Santos), mais aussi au Royaume-Uni (Brendan Rodgers, Pepijn Linders) ou en France (Alain Casanova), dépassant même les frontières du monde footballistique avec Eddie Jones sélectionneur australien du XV d’Angleterre. Car au centre de tout ce modèle, c’est l‘être humain, qui en est la pierre philosophale.

Le football est une science humaine soumise à un nombre important de variables qui en font un domaine forcément mouvant et interpénétré, où les conclusions et les savoirs ne peuvent aller qu’en se redéfinissant constamment. C’est une incroyable symphonie de tout. D’où l’utilité d’aborder cette science à travers le concept de “complexité“. Une approche davantage scientifique, philosophique qui permet d’enlever ces petits autocollants qui nous masquent la vue pour ensuite laisser entrevoir ce que, derrière les innombrables préjugés et idées reçues, le football, comme toute science humaine, a à nous dire sur nous-mêmes. Comme science, la racine du football se retrouve dans la complexité humaine. Comme art, la racine du football se retrouve dans ce qui apparaît en nous. Art et science ne sont jamais bien loin l’un de l’autre. À l’instar du physique et de l’esprit, trop souvent dramatiquement disjoints. Tout un modèle basé autour de la complexité de l’homme et par conséquent sur la globalité du football, dans la façon de l’appréhender et dans la façon de l’entraîner : plus qu’une façon de penser, une idéologie particulière, un dogme personnel, il s’agit d’une transformation fondamentale du football.

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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Niko »

très intéressant :beer:
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par brettonrock »

Quand j'étais en formation l'an dernier le DT régional nous a expliqué que la DTN s'inspirait pompait les méthodes portugaises "parce qu'ils ont gagné l'Euro" (no joke, avant c'était l'Allemagne). Ca parlait de periodisation tactique mais il faut avouer qu'1 personne sur 2 se sentait concerné par ce qu'il disait.
C'est extrêmement compliqué de mettre tout ça en place à notre niveau. Non seulement parce que c'est difficile pour nous qui avons été élevés à la vieille école, c'est difficile à expliquer les enjeux des exercices, mais aussi parce qu'on ne bénéficie pas toujours des bonnes conditions en termes de materiel, de profondeur d'effectif et de motivation/régularité des joueurs.
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Benedetto »

Moi ça me rappelle mes cours de complexité en école de commerce. J'avais fait une étude du milieu carcéral et notamment du personnel, c'était hyper intéressant. Parce qu'au final, ce système s'inspire beaucoup d'Edgar Morin. C'est une réflexion et assimilation de la complexité du milieu footballistique pour permettre non pas de réduire les incertitudes mais de les gérer du mieux possible.
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par bueno_coco »

Cours de complexité ? C'est une matière, la complexité ? Ca consiste en quoi en gros ? :oops:
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Benedetto »

Ca faisait partie du panel des cours optionnels de mémoire. Pas très prisé comme la plupart de mes choix d'ailleurs (droit de l'environnement par exemple). :grinj:
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par bueno_coco »

Ca a un rapport avec la dynamique des systèmes ou je suis à côté de la plaque ?
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Re: *The Coach Of The Day*

Message par Benedetto »

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Re: *The Coach Of The Day*

Message par bueno_coco »

:beer:
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