Le Barça lâche l'affaire. Ils vont prendre leur chèque de 220 millions d'euros et fermer leur gueule. Tant pis pour eux. Le football espagnol, qui a tant profité des largesses de l'administration fiscale, de la dérégulation, qui a tant contribué aux plans de financements scabreux, aux bulle spéculatives sur le marché des transferts, au surendettement des clubs, récolte ce qu'il a semé. Le Qatar souffle sur leur château de cartes. Peut être va-t-il s'écrouler, peut être pas. Je m'en fous.
Les dirigeants du foot français et les journalistes qui leurs sont inféodés sont aux anges. Canal Pute prépare déjà sa "NeymarCam". Eux, autrefois si prompts à dénoncer l'injuste concurrence étrangère sans règles ni taxes, se sont déjà couchés depuis longtemps, même So Foot. Pas un n'écrira d'éditorial amer pour expliquer son écoeurement face à tant de pognon étalé, pour dire sa nausée face à un montage financier ahurissant de cynisme et d'immoralité, pas un pour dénoncer les excès du football moderne à l'image d'un Vincent Duluc s'étouffant du montant du transfert d'Anthony Martial à Manchester United. Sauf peut être le père Aulas (enculé), celui qui a le plus à perdre dans cette histoire, et d'ailleurs déjà moqué pour ça par les commentateurs. Peu importe qu'en matière de capitalisme sauvage (si on peut encore appeler ça du capitalisme) et d'économie crapuleuse, le football français, avec ses deux clubs phares, propriété d'une dictature pétrolière d'un côté, d'un mafieux russe dans un paradis fiscal pour l'autre, a déjà largement dépassé tout ce qui s'est fait ailleurs, même en Russie. Peu importe car en vérité, contrairement aux autres, nous ne magouillons pas, nous ne faisons pas de doigts d'honneur aux règles et aux lois, nous faisons "des œuvres d'art". Privilège d'un pays cultivé et raffiné sans doute. A moins que ce soit une histoire de poutre et de paille, allez savoir.
L'UEFA va laisser faire. Au nom du fair-play financier, elle imposera, au pire, des sanctions financières au QSG. Elle n'ira pas plus loin. Le monde du football français criera à l'injustice parce que "les autres magouillent aussi". Le Qatar se fera un devoir de payer rubis sur ongle pour se racheter une virginité et tout le monde sera content. Et des milliers de cerveaux talentueux, qui pourraient pourtant servir l'intérêt général, continueront à être employés (et grassement rémunérés) à contourner les lois, afin d'enrichir les déjà riches. Les Etats continueront à faire semblant d'écrire des lois de plus en plus complexes pour les en empêcher, mais au final, ces lois ne serviront qu'à rendre le monde un peu plus invivable et incompréhensible pour nous.
Je n'avais déjà pas un amour inconsidéré pour le foot business mais au moins il avait sa logique et récompensait un peu le mérite sportif. Mais voir chaque année les même affiches passé les huitièmes de finales de ligue de champions ne m'intéressait plus beaucoup. Je ne regardais guère plus que la Ligue 1 et l'OM. Là, avec le Qatar et le PSG, on est plus dans le business, on est dans la politique. Ça n'a plus de sens.
