Pour moi j'ai 2 CDM qui m'ont vraiment marquées, d'abord celle de 1986 au Mexique. C'est sur j'avais 13 ans et c'etait ma première vraie CDM (encore que je me rappelle parfaitement de France-RFA 82). Je me souviens de l'équipe de France parmis les grandes favorites de la compétition dans un groupe assez facile avec le Canada, la Hongrie et surtout l'ogre soviétique. On était tous impatients de voir à l'oeuvre cette équipe de France qui arrive à maturité après l'euro 84 et avec le plus grand joueur qu'on ait jamais eu, Michel Platini.
Plusieurs équipes marquent la première phase de poule, le Danemark d'abord, de mon joueur préféré à l'epoque, Preben Elkjar-Arsen, un joueur énorme, je l'adorais, je sais pas si quelqu'un s'en souvient. Cette équipe qui a écrasé l'Uruguay de Francescoli 6-1 avec entre autre un triplé de Elkjar-Arsen et qui bat ensuite la RFA 2-0

Le brésil ensuite, des magiciens Zico, Careca et Socratès, qui déroulent tranquillement dans leur groupe avec trois victoires en trois matchs.
Et puis bien sûr l'Argentine du Dieu Maradona, personnellement le plus grand joueur que j'ai vu jouer.
Dans notre groupe, notre premier match contre le Canada est marqué par l'apparition d'un tout jeune attaquant, Jean-Pierre Papin. C'est lui qui marque le but de la victoire 1-0, mais le pauvre, que d'occasions manquées (A l'époque JPP avait la réputation d'être un gros vendangeur, une sorte de Bakayoko, sauf que JPP lui s'est mis a travaillé devant les cages à l'entrainement, comme quoi...).
Ensuite, vient ce qui fut un des plus beau match de cette compétition entre la France et l'URSS qui vient d'etriller la Hongrie 6-0. Le score final est de 1-1 mais que ce fut dur pour la France. Ballotée dans tous les sens par cette très impressionnante équipe soviétique et son redoutable buteur Belanov, on encaisse un but sur un missile de Rats des 30 metres
en pleine lucarne, Bats n'en revient pas. Je me souviens devant la télé, on n'en croyait pas nos yeux (bon nous, immigrés russes, on était pas spécialement tristes). L'équipe de France, une des plus belles qu'on ait jamais eu va pourtant reussir à égaliser sur une louche de Giresse à l'entrée de la surface pour Luis (c'est devenu un pitre mais c'etait vraiment un grand joueur) qui s'infiltre dans la défense un bat le meilleur goal de l'époque, le grand Rinat DASSAIEV à ras de terre.
Quel match ! Je me rappelle, après ça la presse ne parlait que du jeu léché et avant-gardiste du "rouleau compresseur" russe, tout le monde essayait de decortiquer leur jeu. Faut dire qu'a l'époque, ils étaient entrainé par un certain Valéry Lobanovsky.
La France termine 2eme du groupe à la différence de buts.
Arrivent les 8e de finales, les soviétiques affrontent ces diables rouges de Belges et la France l'Italie. Tout le monde attend avec impatience ce choc avec le champion du monde en titre mais a également les yeux rivés sur l'autre choc entre le Danemark et l'Espagne de la quinta del Rey du Real Madrid !
C'est avec un noeud dans le ventre que je m'apprete à voir ce match entre la France et l'Italie tellement cette équipe est toujours redoutable a jouer et combien fébriles peuvent parfois être les francais malgré leurs talents. Je crains le pire, l'elimination. Pourtant, après un match parfaitement maitrisé la France élimine 2-0 cette equipe finalement décevante et vieillissante.
Vient ensuite, URSS-Belgique, un match de toutes beautés, qui se finit sur une immense surprise, l'elimination 4-3 de l'URSS, malgré un triplé de l'Ukrainien Belanov, surdoué qui finira ballon d'or cette année là, match marqué par un arbitrage honteusement en faveur des belges qui marqueront leur 4eme but sur une position de hors-jeux de 2 metres. Arbitrage politique assurément. Parfois le football vous laisse un gout amer dans la bouche, celui de l'injustice et parfois même du dégout.
Après France-RFA de 82, il y a pour moi cet URSS-Belgique dans le livre noir de l'enkulage orchestré.
L'autre grand match oppose l'Espagne au Danemark. Et à la Stupéfaction générale, le Danemark s'écroule subitement. L'espagne va infliger une véritable correction aux danois, 5-1, avec 4 buts du vautour, El Buitre, le surnom de Butragueno, le petit attaquant madrilène, veritable terreur des surfaces. Sniifff, je ne verrais plus mon idole dans cette competition.
Un hommage au Maroc, qui après avoir finit premier de son groupe, se fait eliminer par la RFA sur un but de Matthaus à la 87e !!!!! ainsi qu'à la Pologne du grand Boniek sortir 4-0 par le Brésil.
Tous les autres favoris se sont qualifiés.
Et là on est pas au bout du suspens puisque que la France joue le Brésil en 1/4, pour ce qui est le grand choc de ce tour.
C'est plus qu'un simple match, il fait parti de ce qu'on rêve de voir quand on aime le foot, les rencontres mythiques qu'on oublie pas entre des générations dorées, des immenses stars, ce qui se fait de mieux. Voir ces matchs là, c'est un bonheur, une joie intense, un privilège. C'est triste à dire mais un plaisir presque perdu dans le foot trop tactique et mercantile
d'aujourd'hui.
Le match se joue sur un faux rythme, il faut dire que la chaleur est assomante sur Guadalajara.
Guadalajara, un nom qui chante à nos oreilles, un plaisir auditif (un peu comme Gergovie ou Austerlitz

Malgré tout, la France est en difficulté, dominé par cette équipe du Brésil. On s'impatientait de le savoir, ça y est on sait, le Brésil nous est supérieur techniquement.
Et ce qui doit arriver arrive, sur une superbe action collective à la 17e, Careca reprend un centre à ras de terre au 16 metres et expedie le ballon dans la lucarne de Bats. On est abasourdi. Subjugués par ces brésiliens.
La France essaie de se reprendre, mais à du mal à s'approcher des buts de Carlos. Pourtant sur un centre de Tusseau je crois dans la surface à la 40e, Stopyra se jette sur le ballon, le rate (on était habitué avec lui), télescope le gardien et alors que le ballon va sortir derriere le 2eme poteau surgit Michel Platini qui pousse le ballon dans les cages.
Explosion de joie non contenue. Presque inespérée. Mon coeur recommence à battre.
La deuxième mi-temps voit la pression brésilienne s'accentuer, elle en devient etouffante même pour nous derriere la télé.
Sur un superbe centre au deuxième poteau, Careca envoie une tête sur la transversale. Et à dix minutes de la fin du match, coup de tonnerre, sur une action un peu confuse, Bats accroche un attaquant brésilien dans la surface, PENALTY !!!!!
Zico se charge de le tirer. Impossible de décrire ces moments là, tellement l'insupportable est proche. Le desespoir est au bout du pied d'un joueur, seul rempart possible le pauvre Joël. Zico s'élance... je ferme les yeux, et là j'entends mon père gueuler de joie, j'ouvre les yeux, regarde les images, Bats à le ballon dans les mains, il a plongé du bon côté et à stopper le tir trop mou de Zico. OUUUFFFFFFF!!!!!
Fin du match.
Dans les prolongations, le jeu s'équilibre, la France en contre-attaque se montre maintenant la plus dangereuse, Sur une superbe ouverture, Bellone part tout seul au cage, le gardien est sorti à sa rencontre en dehors de la surface, Bruno le crochette du droit passe le gardien qui le pousse et commet une faute, Bellone est désequilibré mais essaie de continuer, il n'aurait plus qu'a pousser le ballon dans les buts...deux-trois enjambées pour essayer de se rétablir...Et il finit par s'ecrouler, vaincu. On est tous debout, coller au téléviseur à gueuler faute, penalty, carton rouge, enculé de goal !!!!
Et là stupéfaction, l'arbitre fait signe de continuer à jouer ??????? Incompréhension totale, grossiere erreur d'arbitrage, on se dit que le sort a choisi son camps.
Vient l'epreuve des tirs au but.
Socrates s'elance, il vise la lucarne gauche, Bats s'elance et le sort du bout de la main droite. Au tour de Platini, qui le met au-dessus. Platini qui rate le cadre, on est sans voix devant la télé. Pour la 20e fois de la partie je cours aux chiottes faire pipi. Au tour de Bellone, qui s'elance et Pan le poteau, mais quelque chose d'incroyable va se passer, le gardien à plonger à ras de terre du bon coté, le ballon lui revient dessus, lui tape le dos et rentre dans les cages.
Personne n'en croit ses yeux tellement c'est miraculeux. Bats arrête un nouveau tir au but et Luis Fernandez s'apprete à tirer le dernier. Insoutenable, j'ose à peine penser ce qui doit se passer dans la tête du joueur et du goal a ce moment là.
Il s'elance, tire... Et prend le goal à contre-pied,
BUT !!!, BUT !!!, BUT !!! BUT !!! BBBUUUUUUUUUUUTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT !!!!! BBUTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT !!!
Fernandez s'elance en courant, poursuivi par tous les joueurs francais, Platini est en larmes, comme tout le monde chez moi, les commentateurs sont fous de joie. Enorme. Après ce que Pelé appelera le plus beau match de l'histoire des coupes du monde, la France élimine le Brésil.
A partir de ce moment là, cette coupe du monde ne porte plus qu'on seul nom. Celui de Diego Armando Maradonna. La France se fait éliminer par la RFA en demi-finale au terme d'un des plus mauvais matchs que j'ai jamais vu. Je n'en ai d'ailleurs pas le moindre souvenir (c'est ou Alesia ?).
Dans les autres matchs, Maradonna et l'Argentine eliminent l'Angleterre avec la main de Dieu et surtout le plus beau buts qui ait jamais été inscrit en CDM ou Diego parti du milieu du terrain driblera toute la defense Anglaise, goal compris avant de pousser le ballon dans les filets.
En finale, on retrouvera toute l'atmosphère enjouée et spectaculaire de cette coupe du monde pour la victorie 3-2 de l'Argentine, qui après avoir mené 2-0, se fait rejoindre 2-2 sur deux buts de notre Rudy Voeller avant de mettre le 3e et dernier but par Buruchaga. Une finale haletante, offensive dans un stade magnifique.
Quelle belle coupe du monde !!!

