Il est construit en deux parties, d'abord le posage de bombes puis le huis-clos pour tenter de s'échapper ; le 1er acte est une catastrophe : Bonello s'essaye au thriller, lui l'habitué des tempi ouatés et des cadences ternaires : il joue constamment à contre-temps. Il n'y a pas de rythme, le film est abominablement lent et semble de surcroit avoir été écrit par les game designer de Resident Evil : les terroristes prennent le métro à la Fourche, vont chercher une carte dans un scooter à Bourse, cette carte qui ouvre une porte dérobée dans la tour Montparnasse, tour où ils obtiennent une clé de voiture dans laquelle se trouve une bombe, bombe qu'il faut déposer dans une autre voiture en traversant à pied la moitié de Paris tout en n'oubliant pas de piéger la statue de Jeanne d'Arc auparavant. En gros, à quelques herbes de soin près.
Également, les prétentions politiques de ce film sont grotesques. Mais ça encore, ça aurait pu passer. Cela ne serait rien si le scénario n'était pas aussi niais, et les personnages aussi mal construits. Le film dépeint des jeunes anarchistes de 12 à 19 ans, ciblant des institutions régaliennes de l'Etat, visant des banquiers et
"aussi le MEDEF" tout en évitant de tuer les civils. C'est sans doute le terrorisme le plus "sympathique" que l'on puisse filmer au cinéma, le terrorisme de gauche, le terrorisme qui pense, le terrorisme des gens biens

C'est aussi le terrorisme le plus sexy, le plus romantique, sexe, bombes et rock'n'roll

Et bien, croyez-le ou pas, à aucun moment Bonello ne parvient à rendre ce tas de cons sympathiques, même dans ce huis clos de 2ème partie dans la Samaritaine qui est pourtant fait pour ça

Tous sont des pisse-froid, des bande-mou insupportables, affichant leur morgue germanopratine à l'écran. Aucune flamme, aucune fougue, aucun idéal.
"Le projet Mayhem ? Attends deux secondes j'essaye ce costume Azzedine Alaia. Ah oui, puis après je vais bouffer chez ma mère à Neuilly. Mais fuck le capitalisme hein !"
Le problème principal vient d'un principe simple que Hitchcock avait quasiment théorisé et que Bonello ne respecte pas : tu ne peux pas créer une tension dans une traque si le spectateur s'en bat les steaks de ceux qui sont traqués. Comment peux-tu faire aimer un scénario où tu pries pour que chaque personnage crève le plus tôt possible ?

Comment peux-tu faire aimer un scénario où le good guy du film, c'est Manuel Valls ?

Comment peux-tu faire aimer un scénario qui se termine comme un mauvais Piège de Cristal, et où tu es content qu'un gamin de 12 piges fan de Neymar se fasse abattre par la bande à Manu ?

J'avais plus d'empathie pour Hans Gruber que pour ces terroristes-là.