Le titre est mauvais car ça laisse penser que le mec est un vieux con aigri, ce n'est pas le cas, il constate juste les différences (énormes) entre son époque et l'actuelle. Il m'a l'air même plutôt sympathique.
C’est à ce moment-là que tu as signé à Marseille, en 2001. L’OM a longtemps été une terre de joueurs yougoslaves avec Slišković, Bokšić ou Skoblar. Qu’est-ce que représente l’OM pour un joueur croate ?
À l’époque encore, c’était quelque chose. Ici, à Split, l’OM a la même image que l’Hajduk. Celle du club de province qui se bat contre la capitale. Je crois que même ici, Marseille est un mythe grâce à Skoblar, la finale de C1 en 91 contre l’Étoile rouge. C’est quelque chose de mythique. Pour moi, c’était différent, car Marseille luttait pour ne pas descendre. Ce n’était pas évident d’arriver dans une situation pareille, mais c’était un challenge.
Jouer au football avec la pression, la passion, était quelque chose d’important pour toi ?
C’est simple : un club sans supporter, ce n’est pas un club. Pour moi, les supporters sont les plus importants. Après, quand ça marche sur le terrain, c’est bien, sinon, il faut accepter les critiques. Même maintenant, depuis que j’ai arrêté, je le vois. Une tribune sans supporter, c’est rien. Quand tu joues dans un grand club, tu dois accepter de vivre avec la pression, ça doit te motiver et pas l’inverse. C’était le cas à l’OM.
Le Vélodrome te connaissait surtout pour ta grande gueule. D’où vient ce caractère ?
Je n’ai jamais aimé perdre. C’est pareil dans tous les sports, mais comme tout le monde je pense. Je n’ai pas travaillé sur ma grande gueule, c’est comme ça. Je pense que c’est ma vie qui a construit ça.
Du côté de Marseille, la première saison était compliquée, il y avait eu aussi ces deux matchs contre le PSG…
Au début, oui, c’était compliqué. La première année, il y a quelque chose comme quinze joueurs qui sont arrivés au club. Tous les jours, un nouveau mec arrivait. C’était pas facile de mettre ça en place sur le terrain mais, neuvième la première saison, c’était déjà mieux qu’une bataille pour la relégation. On connaissait le PSG, on savait que Ronaldinho pouvait nous faire mal. C’était déjà un grand joueur. Tu sais que quand tu joues contre Paris, il te faut un résultat, il faut gagner, pour les supporters. Alors oui, Ronaldinho nous a fait mal. La suite a montré le joueur qu’il était, mais, sur le moment, ça faisait mal quand même.
La saison suivante, vous accrochez la Ligue des champions.
(Il coupe) C’est ce qui montre que l’OM est un grand club. Tu te bats pour ne pas descendre et deux ans après tu fais revenir la Coupe d'Europe au stade. C’est quand même fort. En Europe, en 2003-04, on avait une grosse poule avec le Real, Porto et Belgrade. C’était une grande saison pour le club, mais pour moi, c’était le début des problèmes.
En janvier 2004, Barthez arrive en prêt et te pousse sur le banc. Tu ne joueras plus avec l’OM. Comment as-tu vécu cette situation ?
Honnêtement, même aujourd’hui, je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Depuis mon arrivée, j’étais devant les autres gardiens, dans un club qui ne voulait pas descendre. On revient fort et la direction décide de tout changer. On m’a changé moi, Barthez est arrivé. Je n’ai pas compris pourquoi, comment, ce qui est arrivé est arrivé mais même le public était contre cette décision. C’est le football.
Cette saison, le club était aussi porté par le talent de Drogba. Quel souvenir tu en gardes ?
Didier est arrivé avec une étiquette de bon joueur, mais il venait de Guingamp. Avec lui, on avait Mido qui avait déjà une solide réputation et Marlet. On ne savait pas trop qui allait jouer. Mais dès que Didier a commencé à jouer, c’est parti comme une flèche. Il marquait quand il voulait.
Après l’OM, tu retourneras à Liège et tu feras une saison en Turquie. Quelle ambiance as-tu trouvée à Istanbul ?
Je ne sais pas si on peut parler d’ambiance. C’était bien, mais c’était différent de l’OM. La Turquie, c’est bruyant, ça chante, mais le meilleur endroit pour jouer au foot, c’était le Vélodrome. Si je regarde tous les joueurs avec qui j’ai joué, la plupart avait peur en Turquie, mais à Marseille, ils se dépassaient. C’est difficilement descriptible. Quand j’étais à l’OM, le Vélodrome dégageait une ambiance positive, car on avait aussi des bons résultats.