Le chantier du stade Vélodrome n'est pas terminé
Les travaux d'agrandissement et de rénovation du stade Vélodrome, initiés en vue de l'organisation de l'Euro-2016, sont sur le point d'être terminés. Mais de nombreux dossiers restent encore en chantier. À Marseille, la date de livraison n'a pourtant jamais été si proche. Pour preuve, la pose de la toiture de la tribune Jean-Bouin a été finalisée. L'OM, qui avait formulé le voeu de commencer la saison à l'extérieur, inaugurera l'enceinte du boulevard Michelet lors de son 2e match de championnat, face à Montpellier, lors du week-end du 15 août. Mais ce sera sans flonflon, la date de la cérémonie officielle n'étant pas encore arrêtée par Arema, gestionnaire des travaux et nouvel exploitant du site (jusqu'en 2045), par ailleurs mandataire de GFC Constructions, une filiale de Bouygues.
En attendant d'y voir plus clair, la question (primordiale) du loyer de ce nouvel écrin reste en suspens. Tout comme l'interrogation autour du naming, du nom de l'opération permettant à une entreprise d'adosser sa marque au Vel'. Un retard dans les annonces qui a de quoi interpeller. Des sujets également brûlants dans les hautes sphères olympiennes, où les dirigeants ont été accaparés ces dernières semaines par l'arrivée de Marcelo Bielsa. Mais comme les élections municipales l'ont souligné, l'enjeu du stade dépasse largement le jeu de l'équipe.
La situation est simple : contraint d'évoluer dans un stade en travaux trois saisons durant, l'OM s'est acquitté d'un montant annuel de 50 000€ depuis le début du chantier, voté le 9 juillet 2009.
Avant les premiers coups de pelleteuses, les dirigeants réglaient une note annuelle d'1,5M€. Aujourd'hui, la donne va changer. Si la mairie de Marseille suit les recommandations de la Chambre régionale des comptes, ainsi que les préconisations de l'ancien adjoint en charge des finances, Jean-Louis Tourret, elle réclamera 8M€ par an à l'OM afin d'alléger l'addition du très décrié partenariat public-privé (PPP), largement épinglé par le Sénat, les parlementaires et les experts interrogés sur la question.
Son successeur aux finances marseillaises, Roland Blum, suit la même idée. Selon lui, le loyer pourrait aussi être évolutif au-delà (et non en deçà) de 8 M€/an. "Nous n'avons jamais caché nos objectifs et nos préoccupations, qui ne sont pas forcément ceux de l'OM", glisse Blum, lucide sur l'âpreté des négociations à venir. Et pour cause : le club olympien, amputé de près de 24M€ en recettes de billetterie à cause des travaux, ne l'entend pas de cette oreille. "Jamais on ne paiera une telle somme !", s'emportait l'an dernier Philippe Pérez, le directeur général du club. "Je ne vois pas en quoi l'OM serait responsable du coût des travaux, s'étonne, encore aujourd'hui, Vincent Labrune, le président. Que l'OM paie un loyer en fonction des recettes, c'est tout à fait normal. Mais la moindre des choses est que l'augmentation du loyer soit indexée sur l'augmentation des recettes. Sinon le club est mort."
La capacité est passée de 59 000 à 67 500 places
L'institution marseillaise, qui n'est pas propriétaire de l'enceinte, a des arguments à faire valoir. "Un loyer théorique aux alentours de 8M€ n'a pas de rationalité économique par rapport aux recettes additionnelles du stade, tranche VLB. Si l'OM doit s'acquitter de cette somme sur les 30 prochaines années, ça détruit le club. Et on ne peut pas construire un stade sur le dos de l'OM."
Car avant de penser à régler la douloureuse de ce stade, dont la capacité est passée de 59 000 places à 67 500 (avec une offre VIP supérieure), l'OM doit avant tout songer à le remplir. Ce qui ne sera pas le cas si souvent, hormis contre le PSG, voire Monaco et l'OL. Pour les dirigeants olympiens, il n'y a d'ailleurs pas de sens d'établir un loyer fixe alors que le nombre de matches diffère de saison en saison, en fonction notamment de la qualification en coupe d'europe. À titre d'exemples, l'OGC Nice paie 1M€ de loyer fixe (+ un pourcentage sur le taux de remplissage, pour un total maximum de 1,6M€) pour un stade deux fois inférieur en capacité ; les dirigeants de l'AS Saint-Étienne payaient 1M€ avant les travaux, ils régleront 1,8M€ une fois le stade livré ; au Parc des Princes, qui sera lui aussi lifté (avec prise en charge du club pour 75M€ !), le loyer du PSG sera de 2,5M€. Le Losc, lui, règle 4,5M€ pour son Grand Stade.
Si des discussions à bâtons rompus ont déjà eu lieu entre l'OM et la Ville, une réunion importante est prévue en début de semaine, aujourd'hui ou demain. Une délibération est aussi attendue lors du conseil municipal programmé le 30 juin ; le championnat de L1 reprenant le vendredi 8 août, le prochain rassemblement municipal étant fixé en septembre, il y a urgence. Deux possibilités se profilent : soit l'accord est trouvé d'ici là et le conseil délibère sur ledit loyer ; soit l'accord n'est pas trouvé, ce qui est fort possible, et il y aura alors une délibération pour un fonctionnement en AOT (autorisation d'occupation temporaire) du domaine public. Sur la base de quel montant ?
Vincent Labrune : "L'OM n'est pas responsable du coût des travaux"
Ce qui est certain, en revanche, c'est que l'issue de ces tractations influera sur le montant de la redevance - 12M€ par an sur les 35 prochaines années - que la Ville s'est engagée à régler à Arema. De son côté, en cas d'échec des négociations, la municipalité agite la menace de la taxe spectacle, cet impôt que les communes sont en droit de faire payer aux organisateurs de réunions sportives qui ont lieu sur leur territoire. Jusque-là, l'OM en a été exonéré (8 % des recettes brutes). De source proche du dossier, la mairie ne cédera pas en dessous de 5M€. Une somme qui semble encore trop élevée par rapport aux calculs olympiens. "On aura sûrement des difficultés avec l'OM", concédait d'ailleurs le sénateur-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, lors du dernier conseil municipal. "Je comprends très bien les préoccupations du président Labrune, remarque pour sa part Roland Blum. À lui de comprendre les nôtres. Nous sommes confiants et bien décidés à ne pas nous laisser faire."
Reste à savoir ce que cela coûtera aux Marseillais sur les 30 prochaines années. Et si l'OM était relégué en L2, comment cela se passerait-il ? Avec la situation du Mans et de Grenoble, expédiés en divisions amateurs au bord de la faillite, ainsi que de Lille, exsangue financièrement, la pertinence du PPP devient toute relative, et le poids qu'il fait peser sur les finances publiques fait trembler. Or, pour la municipalité, le but de l'opération est que l'OM assume la part la plus large afin que le contribuable n'ait pas à (re)mettre la main à la poche. Un son de cloche qui ne passe pas à La Commanderie. "L'OM n'est pas responsable du coût du PPP", répète Labrune, qui précise : "Sur le papier, nos positions sont aux antipodes, mais le bon sens finira par l'emporter."
http://www.laprovence.com/article/om/29 ... rmine.html