http://www.laprovence.com/article/om/2859634/om-ils-doivent-sattendre-a-souffrir-osvaldo-piazza.html a écrit :OM : "Ils doivent s'attendre à souffrir" (Osvaldo Piazza)
L'ancien défenseur argentin de Saint-Étienne (67 ans) évoque l'exigeance de Marcelo Bielsa.
Très présent auprès de son groupe, El Loco impressionne par le degré d'exigence qu'il demande à ses joueurs. "Son travail a pour but de les rendre meilleurs", souligne Piazza.
Osvaldo Piazza est actuellement en France. L'ancien stoppeur légendaire des Verts des années 70, passe, comme il le fait tous les ans, quelque temps à Saint-Étienne, son deuxième "chez lui" après l'Argentine. "Je me balade, je ne fais plus rien, je suis retraité, nous confie-t-il, avec du soleil dans la voix. Je peux ainsi profiter de mes enfants, qui sont français, mes deux filles sont nées à Saint-Étienne, mais vivent à Buenos-Aires et Montevideo, et de mes petits-enfants."
Sa présence était l'occasion de recueillir un témoignage de plus sur Marcelo Bielsa, de la part d'un ancien joueur du championnat de France et entraîneur des championnats argentin et uruguayen, où il a fait débuter Diego Forlan et eu sous ses ordres Lucho Gonzalez, Gabriel Milito ou Daniel Montenegro.
Connaissez-vous bien Marcelo Bielsa ?
Bien, non. Ce n'est pas quelqu'un de très liant.
Il vit un peu renfermé sur lui-même, passe beaucoup de temps tout seul, à étudier ses adversaires, à peaufiner son travail. C'est quelqu'un de très minutieux, de très sérieux et qui garde ses distances. Mais je le connais parce que c'est quelqu'un de réputé chez nous, qui bosse toujours avec un préparateur physique, je ne sais pas si c'est toujours le même ; un homme très exigeant, notamment sur le plan physique.
Il s'entoure toujours de gens très compétents, des compétiteurs avec qui passe la confiance. Le plus difficile pour Marcelo, ce seront les premiers mois.
Il vous avait succédé à Velez Sarsfield ?
Alors, je vais faire un peu long, mais il faut reprendre dans l'ordre. Carlos Bianchi a pris Velez en 1993 et il y a connu un succès phénoménal. D'un club de milieu de tableau, il a fait un champion d'Argentine, vainqueur de la Copa Libertadores et de la coupe intercontinentale contre le Milan en 1994. Il avait tout gagné.
Quand Carlos est parti à la Roma, j'ai pris le relais pendant un an et demi et je n'ai pas modifié grand-chose. Nous avons encore été champions au tournoi d'ouverture et de clôture. Quand je suis parti à Lima, c'est Marcelo Bielsa qui m'a succédé en 1997.
Et ça a donc été difficile pour lui pendant six mois.
C'est pour cela que vous estimez que le plus difficile pour lui, ce sera les débuts à Marseille ?
Oui, parce qu'à son arrivée du Mexique, il a véritablement transformé Velez et ça a été dur à accepter au club. Marcelo n'est pas de Buenos Aires, mais de Rosario, où il avait entraîné et fait briller les Newell's Old Boys, avec, notamment, Gabriel Batistuta ou Eduardo Berizzo.
Son exigence, son système tactique, qui demande une grande débauche d'énergie, ont mis du temps à prendre.
Et puis, au bout de six mois, il a réussi à faire fonctionner tout ça et il a été champion.
Donc, à Marseille, il va sans doute connaître les mêmes problèmes d'adaptation, avec des joueurs pas habitués à ses méthodes, à son intransigeance. Lui, il exige une concentration, une application de tous les instants. Et il est partisan d'un système à trois défenseurs, où, en fait, l'un des milieux latéraux vient toujours couvrir en position défensive. Et puis, il a été le premier à exiger un tel pressing des attaquants.
On a du mal à comprendre son échec en équipe nationale...
C'est vrai. D'autant que les qualifications avaient été exceptionnellement brillantes. Entre 2000 et 2002, l'Argentine a tout gagné et réussi les meilleurs éliminatoires de son histoire. Avec Batistuta, Crespo, Aimar, Simeone, Samuel, Ortega, Veron, on faisait partie des favoris de la coupe du monde. Et puis, on n'a pas passé le premier tour. Ce qui n'était jamais, jamais, jamais arrivé à l'Argentine. Pourquoi ? Peut-être parce qu'on n'avait pas l'habitude de rencontrer des équipes aussi bien organisées défensivement que l'Angleterre, la Suède ou le Nigéria.
Peut-être parce qu'il a sorti Veron au cours du deuxième match et que celui-ci n'a pas joué le troisième. Peut-être aussi que l'équipe était préparée pour être à son meilleur niveau à partir des huitièmes ou des quarts.
Ça a été un traumatisme et une cassure. Marcelo est resté mais pour honorer son contrat. Il a mené l'équipe au titre olympique en 2004, mais ça n'était plus pareil.
À l'OM, la situation n'est pas comparable à Velez qui restait sur des succès...
Mais ça ressemble un peu à l'Athlétic Bilbao, qui se traînait depuis des années et qui, avec lui, a disputé la première finale européenne de son histoire en soulevant l'enthousiasme.
Est-ce qu'en Amérique du sud, il y a des noms de joueurs qui circulent, qu'il pourrait faire venir à Marseille ?
Non, il n'est pas dans ses habitudes de faire venir des joueurs. Mais il aura son staff, qui l'entourera et lui fera confiance. Car il stresse beaucoup comme la plupart des entraîneurs et c'est ça qui a dû le faire grossir.
À Bilbao, il parlait espagnol...
Il sera vite capable de parler français, il prend déjà des cours.
Ses méthodes peuvent-elles passer en France, à l'OM ?
Je sais qu'à l'OM, c'est chaud. Plus qu'ailleurs en France. Mais ce sera un point commun avec lui.
Il est chaud aussi. Sur le bord de touche, il est intenable, debout, accroupi, il vit ses matches avec passion.
Après, il faut que les joueurs lui fassent confiance et comprennent tout de suite que son travail a pour but de les rendre meilleurs et d'améliorer le jeu de l'équipe. Il faut qu'ils s'attendent à beaucoup souffrir, à ne jamais se relâcher. Son jeu est exigeant physiquement et mentalement, ses entraînements aussi.
Vous savez pourquoi nous gagnions avec Saint-Étienne dans les années 70 ? Parce que nous nous entraînions plus que tout le monde en France.
Mais si à l'arrivée, tu gagnes, tu acceptes de vomir après l'entraînement...