La flamme ravivée
Le feuilleton Bielsa en dit long sur le climat autour de l'OM. Issue favorable ou pas, pour les dirigeants, plus rien ne sera jamais comme avant...
"Alors, il a signé Bielsa ?" Pas un jour ne se passe sans qu'un supporter de l'OM ne nous interroge sur l'éventuelle venue de l'entraîneur argentin à l'OM. Depuis que les contacts ont été révélés voilà deux semaines, Bielsa a créé un enthousiasme considérable chez les suiveurs du club marseillais. Comme si la flamme chancelante avait enfin trouvé l'étincelle pour se raviver. Qu'il accepte ou pas de prendre en main la destinée de l'OM, le feuilleton Bielsa traduit mieux que toutes les manifestations et banderoles du vélodrome l'état d'esprit d'une immense majorité des supporters olympiens. A son terme, les dirigeants devront en tirer les leçons.
L'espoir de rêver de nouveau
L'euphorie suscitée par Bielsa, du jamais vu pour un entraîneur, en dit long sur l'exaspération et la frustration accumulées chez les fans depuis des années. Revenu au sommet en 2010 après dix-sept saisons sans titre, l'OM a détruit pièces par pièces tout ce qui faisait son particularisme pour au final laisser en chemin une partie de ses fidèles. La faute à une direction sclérosée qui a placé le business avant le sportif en phagocytant la passion de la majorité pour contenir une minorité longtemps bienveillante. En ce printemps, elle dispose d'une occasion unique de tourner la page pour recréer ce lien si précieux. En ce sens, Bielsa est l'homme idéal.
Pour certains supporters, "El Loco" symbolise le retour de certaines valeurs de travail et de combat. Pour d'autres, c'est le spectacle assuré avec un groupe qui serait enfin digne de la devise du club "Droit au but". En outre, et ce n'est pas un détail, le passeport du personnage est un atout au moins autant puissant que son passé. Si en 2009, Didier Deschamps incarnait à lui tout seul la gagne (le titre un an plus tard validera cette réputation), Bielsa représente le plaisir, la folie et le show. En un mot : le rêve. Car voilà bien longtemps que les supporters n'y ont plus droit. Face à un PSG intouchable, c'est tout ce qu'ils réclament désormais.
L'Argentine c'est mieux que Dortmund
Quand Elie Baup (souvenez-vous, il dirigeait l'OM il y a quatre mois) évoquait à l'envi "son projet de jeu" et "le foot populaire" personne n'y croyait. Pas plus d'ailleurs qu'au plan Dortmund que Vincent Labrune a voulu faire avaler de force à des gens qui ne savaient même pas où situer le Westfalen Stadion sur une carte. Choisir comme modèle un club allemand qui ne compte lui aussi qu'une Ligue des champions à son palmarès était au mieux une erreur de perspective au pire une méconnaissance de la génétique olympienne. Car à l'OM, Buenos Aires sera toujours plus proche du stade vélodrome que la Ruhr.
En optant pour Marcelo Bielsa, le messie de Rosario, Labrune peut rattraper le coup. Il n'est jamais trop tard pour opérer un virage à 180° quand on va dans le mur. Sans tourner le dos à sa rigueur financière, le président de l'OM a peut-être compris qu'il abîmait le supplément d'âme qui rend ce club unique. Se déplacer à Paris en tressant les louanges du PSG ou s'avouer vaincu avant d'entamer la campagne de Ligue des champions, quand bien même elle lui offrait le groupe de la mort, furent autant de fautes que les supporters ont considérées comme des trahisons.
Labrune à un tournant
Après avoir retourné l'opinion en sa faveur (il partait de très loin en 2011), Labrune a entendu pour la première fois des supporters réclamer sa démission et observé des tags où on le traitait de "parisien", insulte majeure par ici... Fin observateur, Labrune a remarqué combien le dossier Bielsa avait créé un espoir. Quitte à s'engager dans l'inconnu, Labrune, qui semble avoir pour une fois privilégié l'affectif, joue une carte essentielle pour sa présidence. Avec le choix de ce nouveau coach, il a l'opportunité de faire chavirer l'OM dans une nouvelle ère en rameutant ses troupes avec lui. Tel un chef d'Etat qui opterait pour un remaniement, Labrune est à un tournant de son mandat.
Un autre coach serait du Canada Dry
L'identité du futur entraîneur dira beaucoup sur le climat social à l'OM. Si Bielsa s'installe à la commanderie, c'est la garantie d'un retour de flamme entre l'OM et ses supporters. Quoiqu'en disent les dirigeants qui voient un complot derrière elles, les vagues de protestation ne sont pas dûes au hasard mais à la désespérance d'un peuple. Par le passé même quand il se bâtissait sur des sables mouvants, l'OM a toujours su en mettre plein la vue. La façade était colorée et les fleurs pétillantes au balcon et qu'importe si les fondations étaient fragiles et la cave remplie de détritus. Le strass et les paillettes comptent au moins autant que la bonne gestion. Bielsa personnifierait une certaine idée perdue de l'OM...
En revanche, si Bielsa refuse le défi marseillais, tout autre coach aura la saveur d'un Canada Dry. La barre a été placée trop haut pour que les supporters acceptent une déception aussi immense. S'ils se sentent trahis par les dirigeants ce sont les flammes de l'enfer qui leur seraient promises...
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Elu par acclamation Président du OMForum Dining Club.