Deux films formidables :
L'Odyssée de Pi : j'ai enfin eu la chance de le voir (ciné Publicis sur les Champs, superbe). Ang Lee est un réalisateur que je considère comme assez moyen dans le découpage de ces films, foutraque dans ses thèmes, mais doué techniquement et surtout remarquable conteur, avec la capacité de faire jaillir de l'onirisme d'à peu près n'importe quoi, par exemple des cow-boys qui s'enculent.
Avec ce film, tournée presque entièrement sur fond vert, je craignais une soupe aux CGI, une pellicule numérique sans âme, une cinématique de jeux-vidéos

. C'est au contraire une superbe réussite plastique : la 3D est magnifique et utile, les décors et animaux sont bluffants de réalisme, et l'ensemble des scènes font organiques, plutôt que synthétiques

Je ne sais pas comment ça rendra sur les TV, mais au cinéma c'est pari gagné. Le conte en lui-même est superbe, cruel mais rempli d'humanité, avec un dénouement qui m'a laissé sur le cul, d'une intelligence rare. C'est brillant et c'est beau

(et ce n'est pas pour les enfants, même si j'étais mort de rire de voir la gamine à côté de moi chialer parce que le tigre bouffait tous les animaux

)
Zéro Dark Thirty : BOUM SHAKALLAHKAH BOUM, serais-je tenté de dire en citant NBA Jam

Dans son duel à distance avec Argo dans la catégorie des
films de guerre qui niquent du barbu, il est à peu près 2000km au-dessus (cette expression ne veut rien dire). Ce sera injuste quand Bigelow perdra l'Oscar face Afflleck, car les ressorts anti-spectaculaires qu'elle utilise, sont à la fois plus méritoires et finalement, bien plus marquants. Recyclant la même recette que son précédent film, ce
Démineurs 2 est à la fois plus ample, plus impressionnant et plus historique. La chasse à l'homme qu'il narre est filmé à la fois à hauteur d'homme (de femme, avec Jessica Chastain en Erin Brokovitch-like), mais s'insère de manière chirurgicale avec l'histoire américaine post 11 septembre. Quasi documentaire, il s'ouvre par un fond noir sur les conversations des employés du WTC avant les crashs, et s'achève avec la mort de Ben Laden. L'histoire qu'il raconte au milieu, c'est celle du Rosebud de Welles, du Soldat Ryan de Spielberg, un formidable McGuffin de cinéma.