C'est les 25 ans de Tetris, profitons-en pour dresser un panorama des jeux qui ont nourri notre passion pour les jeux vidéos
Ceci n'est pas un top 10, il n'y a pas de restriction de nombre, pas de classement. Même pas l'obligation que le jeu soit de qualité, mais seulement qu'il soit décisif dans votre approche des jeux-vidéos, pour des raisons que vous expliciterez. L'argumentation est, en effet, la seule "restriction" imposée
(Appuyez sur start)
Pole Position (ATARI XE - découvert débuts 90's)

Premier jeu de ma première console

La XE était une repackaging de l'Atari 2600, donc un hardware déjà assez vieux (et obsolète comparé à la NES et Master System, leader à l'époque), bénéficiant cependant de la compatibilité avec l'énorme catalogue Atari. J'étais ainsi né vidéoludiquement sous le signe de la hype. Évidemment, beaucoup d'heures passées dessus (malgré seulement 4 circuits et une F1 !), et c'est sans aucun doute ce jeu qui m'a inoculé la passion des jeux de bagnoles. Adaptation de la borne d'arcade de 1983, il était loin du
Vroom de Lankhor (la référence à l'époque, sur PC), mais je m'en moquais; avec mon joystick acheté à Alain Prost, je faisais des prouesses.
http://www.atarimania.com/detail_soft.p ... ON_ID=4042
Père de Formula 1, V-Rally, Colin Mc Rae, Crash Team Racing, Gran Turismo dans ma ludothèque
Joust (ATARI XE)

Mon premier "vrai" jeu, autre que sportif, avec un scénario (imaginé par moi-même, fallait être inventif

), un début et une fin (enfin, je crois, je ne l'ai jamais vue

). C'était un jeu de plate-forme assez frustre, au gameplay extrêmement simpliste (un bouton pour faire sauter les "cavaliers-autruches" d'un point à l'autre de l'écran, sans scrolling des décors), mais à l'animation très rapide. La lenteur de Mario sur la NES des potes faisait peine à voir en comparaison (même si il était en tout point meilleur sur les autres caractéristiques

), expliquant sans doute mon désamour pour le plombier, jamais démenti depuis.
http://www.atarimania.com/detail_soft.p ... ON_ID=2690
Père spirituel de Crash Bandicoot, court-circuiteur de plombier et de jeux de plates formes lents.
Mystic Quest (Seiken Densetsu) (GAME BOY - découvert en 94)

Attention, chef d'oeuvre

Premier jeu de la série
Secret of Mana sorti en Europe, mon premier RPG (Mais ces considérations, en 94, je les ignorais encore). Confortablement assoupi dans mon canapé de softcore gamer, je n'avais aucune conscience qu'il existât autre chose que des jeux de plate-formes (qui commençaient à m'ennuyer) et de sport (que j'adorais) dans le monde des jeux-vidéos. Ce don du ciel me parvint à la faveur d'un jour d'anniversaire, par l'intermédiaire d'un gamer qui avait incontestablement du flair. Ce fut une révélation : un scénario, des dialogues, une énorme liberté d'action, de la gestion d'inventaire

Pour remettre les choses dans leur contexte, deux jours auparavant, je bataillais encore pour passer le niveau deux à
Paperboy, et je gagnais le Coupe du Monde sur
Soccer avec Careca meilleur buteur pour la 43ème fois. C'est vous dire la fange dans laquelle j'étais plongé, et l'importance quasi messianique de l'apparition de
Mystic Quest pour ma Game Boy et ma conscience de joueur. Je pus constater que j'étais méga-nul et peu persévérant (il me fallut 3 ans pour atteindre les 3/4 du jeu

) et que je ne connaissais rien aux mécanismes du jeu moderne. Mystic Quest fut avant tout initiatique, et me permis de progresser énormément sur le méta-vidéo ludisme. Car malheureusement, en ce qui concerne le jeu lui-même, malgré tous mes efforts, je n'atteignis jamais la fin

Incapable de progresser, je stoppai l'aventure avant la fin du dernier donjon, un soir de juillet, sur le parking de la Commanderie, pendant que Köpke, fraichement arrivé à l'OM, répétait ses gammes devant moi. Je replongeai dans le tunnel de la médiocrité, et achetai Fifa 96 sur Megadrive dans la foulée.
Père de FF7 et Vagrant Story.
Fifa 96 (MEGADRIVE - découvert en 96)

Encore une fois, je n'avais pas choisi ma console (et c'était tant mieux , je voulais la Jaguar

:atariunjourataritoujours ), mais je voulais jouer au foot, parce que c'est là que j'étais le meilleur. Ce fut en quelque sorte mon seul jeu de la Megadrive, et je le parcourus en long, en large et en travers, ce qui n'était pas facile pour un jeu en 3D isométrique.
Shining Force,
Landstalker,
Streets of Rage ? J'étais dans ma bulle et ne soupçonnais même pas leur existence, n'ayant pour seul horizon que les 107 buts marqués en un match avec Van Basten et le Milan AC (et l'aide innocente du joueur 2, accessoirement). C'était totalement vain, ça ressemblait à ma vision des jeux
Père des jeux de footcheball.
Power Rangers (MEGADRIVE - découvert en 96)

Pour l'anecdote, le premier jeu que j'ai terminé

C'était un cadeau de noël (j'étais même pas fan des Rangers, moi j'étais nostalgique des Bioman

), et c'était un beat-them all assez médiocre (et très facile, cqfd). Pendant ce temps là,
Streets of Rage 2 était le meilleur jeu du genre au monde, sur la même console

Parfois, il arrive que l'on traverse les grand évenements de l'Histoire comme un fantôme
Père indigne.
Pitfighter (AMIGA 500 - découvert en 96)

La guerre des 32 bits commençait, la Saturn était sortie, la Playstation ne tarderait pas à en faire de même. Mon père m'avait dégotté je ne sais d'où un Amiga 500 de 10 ans d'âge (console culte si il en est), avec une bonne centaine de jeux, dont
Eye of the Beholder,
Shadow of the Beast,
Lemmings,
Vroom,
Prehistorik,
Great Courts,
Lotus Esprit Turbo Challenge. L'occasion de me faire enfin une vraie culture vidéo-ludique, parmi laquelle le Citizen Kane du jeu vidéo,
Another World. Au final, j'ai joué à l'ensemble de ces jeux comme on lit un livre en diagonale, et si il y en a un que je retiendrais, ce serait..
Pitfighter. Considéré à juste titre comme l'un des plus mauvais jeu de tous les temps, j'étais pourtant fasciné par ses graphismes qui "faisaient réels", bien plus que les
Street Fighter ou autre
DBZ qui tournaient sur SNES. L'animation était lente, la jouabilité aléatoire, le gameplay frustre (trois coups !

), mais qu'importe, c'était fun car de mauvais goût. Ce jeu tentait aussi les déplacements 3D en jouant sur la profondeur, au contraire des autres jeux de plate-forme ou de baston, qui en restaient à la pure 2D, ce qui m'exaspérait (j'aime pas la 2D

). Globalement, ceci reflète ma vision des jeux à l'époque : les graphismes enfantins me déplaisaient tellement que je préférais me reporter pendant des heures sur des jeux visuellement "adultes", au détriment du gameplay.
Père du nanardisme vidéo ludique prisé par chez moi (Mortal Kombat, Adidas Power Soccer, NBA Jam, Puma Street Soccer, Gun...)
Final Fantasy 7 (PLAYSTATION - découvert en 97)

Nous sommes en 97, et pour la première fois, je suis raccord avec mon époque, possédant la bonne génération de consoles au bon moment. Mes premiers jeux furent
Sim City 2000 (

),
Formula One (

),
Rapid Reload (

),
Tomb Raider (

) et
Mortal Kombat (

) choisis au hasard sur les étalages. Étant donné mes goûts visiblement aussi sûrs que ceux de Alain Roche sur un marché des transferts brésilien, je décidai alors de commencer à lire la presse spécialisée assidûment, pour enfin acheter en toute conscience. Fidèle de Playstation Magazine, je découvris FF7, noté 9/10, et annoncé à grande renfort de superlatifs. C'est donc lui que je commandai au père noël, constituant ainsi l'investissement le plus raisonné de ma vie de joueur. Le jour J arriva, le CD se logea dans la Play... intro superbe, BO énorme, ça s'annonçait grandiose... quand survint le drame : Clad descendit du train, et 10 années d'écart culturel avec le RPG japonais débarquèrent sur le quai avec lui. Stupéfaction immense, et je me demandai successivement :
"Pourquoi ce personnage, si viril et martial dans la cinématique, est désormais petit avec une grosse tête ? Pourquoi les autres protagonistes "entrent" dans le héros et n'apparaissent que pendant des combats ? Pourquoi ces dits combats se déclenchent-ils subitement, alors que aucun ennemi n'est visible dans ces couloirs que j'arpente ?" Choisissant de partir méditer sur la condition humaine avec un moine taoïste dans un cyber-café népalais, je le reléguai 6 mois au placard, ne le le ressortant qu'après m'être éduqué sur ce type de jeu... pour finir par le terminer avec bonheur au terme de 100 heures magiques

Le digne successeur de
Mystic Quest dans ma ludothèque
Père de la culture nippone dans ma tête.
Driver (PLAYSTATION - découvert en 99)

L'ancêtre de
GTA III, bien plus que les GTA 2D eux-même. Synthèse de jeu de course et de jeu d'action, avec une liberté de déplacement totale et une forte influence cinématographique saupoudrée d'immoralité, ses idées de base ne pouvaient que me plaire. Et si l'expérience fut ternie par un intérêt des missions aléatoire, des bugs à tous les coins de rue et une difficulté de borne d'arcade, c'est au final grâce à lui que j'ai découvert les liens entre les jeux et le cinéma "scorsesien", liens tissés par la suite avec les différents GTA. Des heures de jeu pleines de surprises.
Père de GTA III, Vice City et San Andreas.
Metal Gear Solid (PLAYSTATION - découvert en 1999)

Le premier jeu d'action avec des flingues que j'ai apprécié et terminé

Le prétexte de l'infiltration avait commencé par me plaire sur le papier, la richesse de la série me fit basculer dans l'amour fou, jusqu'au magistral
MGS3 (mon préféré). Grâce à lui, j'appris enfin à manier correctement un flingue et un viseur à l'écran, et vainquis le syndrome du les-jeux-d'actions-c'est-pas-pour-moi, causés par mes échecs successifs sur tous les supports, de
la Zoubida sur Amiga à
Tomb Raider sur PSX en passant par
Robocop sur Game Boy et
Jurassic Park sur Mega Drive

C'est avec ce jeu que je commençai à devenir agile de mes dix doigts, pad en main
Père de MGS2, MGS3, Hitman Blood Money...
Vagrant Story (PLAYSTATION - découvert en 2001)

Un jeu que j'ai aimé dès les premières minutes (au lendemain des épreuves du bac

). Une atmosphère envoutante, des décors médiévaux somptueux et un système de combat dans lequel je me suis investi avec tout la puissance de mon quotient intellectuel, 150 heures de bonheur et le jeu dont je suis le plus fier d'avoir vu la fin. Il a en effet une réputation de grande difficulté, qui tranche avec la facilité déconcertante que j'ai eu pour le finir (alors que, je vous le rappelle, je ne suis même pas parvenu à terminer
Tomb Raider). Parce que c'était lui, parce que c'était moi, on s'était compris instantanément. C'est avec
MGS3, le jeu le plus intelligent que j'aie jamais touché, un sorte d'action-donjon RPG ultime, synthèse géniale de deux jeux,
Zelda et
Diablo, que je n'ai jamais aimés séparément.
Père stérile d'une progéniture potentiellement bien trop brillante.
Hattrick/Freekick (MMPORG - découvert en 2005)

C'est grâce à ce jeu que j'ai pu exorciser ce fantasme d'être le meilleur entraineur de France

(vainqueur de la Coupe de France sur l'un et champion de L1 sur l'autre, siouplait

). J'ai toujours beaucoup aimé les jeux de gestion (Sim City, Telefoot manager (

) notamment), mais je trouvais frustrant de ne pas pouvoir exposer mes exploits à la vue du monde, ce qui rendait l'opération peu enrichissante (car pas de scénario, pas d'acquis de savoir). Ayant pour cette raison fait l'impasse sur
Football Manager (pourtant passionnant), le MMPORG s'avérera le meilleur moyen d'assouvir cette passion dévorante de jouer à l'entrainor. Deux années magiques, mais un constat au final : ça reste totalement vain, même en online
Père du temps libre, fossoyeur du football virtuel.
Resident Evil 4 (PLAYSTATION 2 - découverte en 2008)

J'avais finalement arrêté les jeux vidéos avec la fin de GTA San Andreas. La sensation d'avoir touché à un sorte de jeu définitif, et que les autres productions vidéo ludiques ne proposeraient plus rien de révolutionnaire après, se contentant de simples améliorations graphiques (ce qui n'était pas totalement faux mais largement pessimiste). C'est alors que, allez savoir pourquoi, je me décidai à déterrer ma PS2 et acquérir un nouveau jeu après deux ans de jachère : ce serait RE4. Choix volontairement kamikaze, n'ayant jamais acheté, et encore moins fini, le moindre
Resident Evil auparavant. Trop gothique, trop injouable, trop de stress, bref, c'était pas pour moi. En résumé, si ce jeu ne me plaisait pas, j'arrêtais les jeux vidéos pour de bon.
RE4 s'avéra le candidat idéal : ses 5 premières heures sont sans doute les meilleures de l'histoire du jeu vidéo, et dès le premier quart d'heure et l'arrivée façon Zombi 2 dans le village, c'était gagné

Le jeu baisse en intensité par la suite, mais qu'importe, le goût du jeu était de retour. En sus, celui des survival-horreur commença à poindre, me poussant à acheter
Code Veronica.
Père de la renaissance de ma ludothèque, et donc, entre autres, de Shadow of the Collosus, Shenmue, Prince of Persia, Fahrenheit... rien que ça 