Cinéma... Tchi Tcha !

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G.bédécarrax
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par G.bédécarrax »

L'histoire à l'origine du documentaire est en tous cas assez dingue. Le film semble très bien marcher en France, excellent bouche-à-oreille. Curieux je suis.

Sinon, l'autre soir je suis tombé sur Incassable (*insert an urba-joke here*), que je n'avais pas revu depuis sa sortie ciné. A l'époque, je pensais avoir vu un très bon film, Dieu que j'avais tort : c'est en fait un authentique chef d'oeuvre. La mise en scène semble extrèmement précise, extrèmement pensée (voire même, "trop" pensée, ostensible jusque dans sa discrétion). J'ai rarement redécouvert un film de la sorte. En tous cas pas dans ce sens :grinj: (that's what she said)

Citons l'excellente critique de beyonder, que j'aime et qui me manque.
Argh ça me sidère qu'on puisse limiter Incassable à son twist (tout comme sixième sens cela dit) Mais dans le cas de Incassable, le public s'est tellement focalisé sur le retournement final tant attendu qu'il est totalement passé à côté du reste.

Et le reste, c'est ni plus ni moins qu'une pure merveille de cohérence et d'inventivité au niveau de la mise en scène. Une richesse symbolique rarement égalée au cinéma et une pluralité de thèmes qui en font une oeuvre captivante. On pourrait en tartiner des heures, j'ai lu des critiques qui m'ont fait prendre conscience de jeux d'analogie proprement déconcertants.

Car avec Incassable, on n'est pas dans le fantasme puéril du super-heros deus ex machina qui intervient à l'ultime moment, cape au vent et muscle en saillie pour sauver l'innocent à grands renforts d'effets spéciaux numériques. Shyamalan court le risque de frustrer en permanence son audience, tout comme il s'escrime avec une savante minutie à tisser une toile complexe de relation entre ses personnages par le jeu de sa caméra, les effets de travelling et les plans fixes qui soulignent la solitude de Dunn ou de son épouse. Et puis il y a cette ambiance lourde, sombre, traitée avec minimalisme qui nous fait ressentir toute l'inéluctabilité du héros porté par son destin.

Bruce Willis campe Dunn, un homme fragile en apparence, peu sûr de lui, qui se sait pourtant doté d'un pouvoir dont il n'ose concevoir la puissance. Hanté par un passé qui l'a meurtri, il se traîne dans une famille qui bat de l'aile. Son couple est moribond, son fils lui en veut de ne pas être un modèle (au point de le menacer avec une arme.) Plus que l'antihéros traditionnel qui abrite son secret derrière une maladresse de façade, Dunn est l'incarnation de l'américain lambda. Le type qu'on croise et qu'on ne remarque pas. Un homme au potentiel gaché comme il en existe partout et qui sait au fond de lui, qu'il vaut mieux que ce qu'il est. D'où son insondable tristesse.

L'opposition entre Dunn et Elijah dépasse l'évidence de leur particularité physique. Plus que son ennemi, Elijah est son révélateur. C'est l'appel à sa conscience qu'il ne peut plus ignorer. Lorsque votre âme vous hurle de briser les liens de votre esprit et vous somme de vaincre cette peur panique qu'ont tous les hommes de leur liberté. Dunn ne s'estime pas digne. Il nie sa vérité et oblige Elijah à le confronter à son expérience personnelle. Elijah, geek ultime, dont le seul but de la vie est de trouver celui qui donnera un sens à son infirmité. Là encore, l'humain qui lorgne vers le démiurge pour mieux assumer les motifs de sa vulnérabilité. Et il y aurait encore tant à dire.

Et si vous n'êtes pas convaincu, voyez rien que la scène hallucinante de la gare en plan séquence avec la musique de James Newton Howard qui monte crescendo dans l'intensité sonore, lorsque Dunn frôle les gens autour de lui et s'empare de leur secret afin de se libérer de ses propres démons.

Chef d'oeuvre, je vous dis.
Détail rigoulo, le panneau introductif qui t'explique ce qu'est un comic book :grinj: Le seul aspect du film qui ait vieilli :beer:
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Kieros
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Message par Kieros »

Un très bon film, en effet :beer: Shyamalan est un réalisateur méjugé, souvent félicité pour la forme spectaculaire de ses films (les twists de Sixième Sens, Incassable) alors que leur fond était mésestimé. Ainsi, quand la forme a commencé à tourner au systématique, ses films ont été flingués, sans considérer qu'ils étaient bien plus qu'une machine à spectacle. "Shyamalan, c'est toujours pareil". Sur le fond, ce n'est pas vrai. Incassable n'est pas un sous-Sixième sens ("Le twist est moins impressionnant", c'est une critique bien trop 1er degré pour la richesse du film) et Le Village n'est pas un sous-Incassable (ce film est formidable par ses thèmes et son traitement, avec une réflexion sur la croyance et la religion intelligente, sublimée par la forme). Signes est également intelligent dans son propos, quoique plus emprunté dans sa forme.

J'espère que After Earth avec Will Smith sera son grand retour en 2013. L'énorme succès de Sixième Sens a fait injustement passer Shyamalan pour un J.J. Abrams, à savoir un réalisateur très efficace dans le 1er degré, mais sans grande profondeur dans ses thèmes. Pourtant, il est davantage dans la lignée d'un Carpenter, pour moi.
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Message par Kieros »

To the Wonder (A la Merveille), c'est Wondermerveilleux :love: :love: :love:

Soyons clair : si vous n'avez pas aimé la forme de Tree of Life, vous n'aimerez sans doute pas ce nouveau Malick. La structure est semblable, avec des longs travellings sur les personnages, la nature, peu de dialogues (Affleck n'a surement eu aucun problème pour apprendre son texte), et une narration guidée par les voix-off, à la manière de ce que pouvaient faire certains films de la nouvelle vague (j'ai beaucoup pensé à Hiroshima mon amour). C'est par contre moins lyrique, plus clair et cohérent, et il n'y a pas de dinosaures en CGI. Le film pourrait être en diptyque avec Tree of Life, mais curieusement, il renvoit à tous les films de Malick : il ressemble à une réécriture moderne du Nouveau Monde (les 2 films se clôturent quasiment dans les même lieux, avec des thèmes proches), se situe dans la même Amérique agricole que les Moissons du Ciel, avec une voix off comme la Ballade Sauvage, et une musique omniprésente comme Thin Red Line.

C'est donc un poème visuel, une succession d'images, de souvenirs inoubliables pour les protagonistes. Le film, en quelque sorte, commence par la fin : Ben Affleck et sa femme Olga Kurylenko, ont rompu, et successivement, leurs voix-off racontent leurs histoires, laconiquement ("Tu m'as m'a sortie de la pénombre. Tu m'as ramassée sur Terre. Tu m'as ramené à la vie"). Les images défilent, depuis leur rencontre à Paris, jusqu'à leur emménagement aux USA. Amour, passion, colères, mariage, séparation, retrouvailles, divorce, dépression, renaissance... l'ensemble du processus est montré, sans pathos mais sans oublier les bons ou les mauvais moments. On voit l'album photo de leur vie défiler devant nos yeux avec une certaine mélancolie. Le thème est donc l'Amour, la difficulté pour l'exprimer, la solitude lié à son incommunicabilité, et le doute qui s'ensuit; la renaissance des séparés qui se reconstruisent, encore plus lumineux. Le film prend de l'ampleur avec le personnage du prêtre (Javier Bardem), en proie au doute face à son amour pour Dieu. Car le film parle aussi de l'au delà, même davantage que pouvait le faire Tree of Life. Les personnages du film sont désespérément seuls, pourtant "Dieu" n'a jamais semblé aussi présent. Au fur et à mesure que le film avance, le ciel donne l'impression d'être de plus en plus bas. Le film ressemble d'ailleurs furieusement à Take Shelter, dont il partage le décor.

C'est un film qui rend meilleur :smilej: Le final est plein d'espoir.
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si-ma-tante-en-avait
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Message par si-ma-tante-en-avait »

Ça sent le titre de MVP pour ton film. :oops:
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:lol:
La cote est de 3 contre 1 sur Betclic, il est en effet fort probable qu'il finisse dans le tiercé de tête :cobysport:
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G.bédécarrax
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par G.bédécarrax »

Ah, tu rassures! car To The Wonder me fait très, très peur. J'ai tellement la trouille qu'il passe de l'autre côté de l'esthétique d'une pub pour du parfum :peur:
La cote est de 3 contre 1 sur Betclic, il est en effet fort probable qu'il finisse dans le tiercé de tête
:lol:
Je n'ai pas eu le temps de le boucler, mais j'avais l'intention de poster mon top 2013 dès maintenant, pour constater à quel point je suis un vendu la qualité de mes prédictions :oops:
Kieros a écrit :J'espère que After Earth avec Will Smith sera son grand retour en 2013. L'énorme succès de Sixième Sens a fait injustement passer Shyamalan pour un J.J. Abrams, à savoir un réalisateur très efficace dans le 1er degré, mais sans grande profondeur dans ses thèmes. Pourtant, il est davantage dans la lignée d'un Carpenter, pour moi.
Malheureusement, les échecs de Phénomènes et La jeune fille de l'eau, ainsi que le fiasco que fut The Last Airbender l'ont tâcheronisé aux yeux du public et des studios, et il est en passe de devenir un anonyme (son nom n'est franchement pas mis en avant sur les affiches de After Earth).
Je crois que le succès du Sixième Sens lui a amené un public qui n'était pas le sien, friand de twists, de fantastique et de Bruce Willis, et l'a trop tôt consacré petit maitre du suspense. Il a alors été scruté sur la qualité de ses twists - il a d'ailleurs un peu joué là dessus, reléguant comme tu le signales au second plan la richesse thématique de son cinéma, centré il me semble autour de la question de la Foi (religieuse dans Signes et Le Village, foi du merveilleux dans La jeune fille de l'eau, et Incassable est aussi un film sur l'espoir). C'est en se détournant peu à peu de ce twist comme argument de vente (Signes puis Le Village donc, de plus en plus ouvertement porteurs d'autre chose) que la critique s'est polarisée, entre le grand public "lol des extraterrestres" et les fans hardcore/théoriciens/poseurs, les Cahiers (qui à la sortie du Village lui avaient taillé une pipe si goulue que sur lolastube, elle aurait été classée dans la catégorie "Extrème" ), les Inrocks et Chronicart en tête, qui voient dans chaque nouveau film un joyau brut (ces derniers l'ont même suivi jusque dans The Last Airbender)

D'ailleurs - je ne suis pas du tout spécialiste du cinéaste, à tel point que je ne sais pas orthographier son nom, aussi je m'aventure sur les terres accidentées de l'extrapolation et de l'hypothèse, mais vu via ce prisme, Sixième Sens m'apparait comme le film le plus impersonnel de sa carrière pré-Phénomènes, et j'ai du mal à ne pas le voir comme un film où il montre ses muscles, essayant de gagner la confiance des producteurs via un film et un sujet (un peu) bankable.

En fait, il arrive à un point de sa carrière où il semble tellement seul contre tous qu'il pourrait être le héros d'un de ses films :hmm:
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si-ma-tante-en-avait
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par si-ma-tante-en-avait »

Alors moi hier, j'ai vu "Forces Spéciales" avec Diane Kruger et Magimel. Je ne suis pas fan du french bashing mais le cinéma français, c'est pas possible. Une bouse à 15M€ quand même. Ils ont voulu se la jouer à l'américaine (cela ne me dérange pas) mais l'américain marseillais vu les foutages de gueules des scènes de combat. Bref, passez votre chemin.
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par Kieros »

Je crois que le succès du Sixième Sens lui a amené un public qui n'était pas le sien, friand de twists, de fantastique et de Bruce Willis, et l'a trop tôt consacré petit maitre du suspense. Il a alors été scruté sur la qualité de ses twists - il a d'ailleurs un peu joué là dessus, reléguant comme tu le signales au second plan la richesse thématique de son cinéma, centré il me semble autour de la question de la Foi (religieuse dans Signes et Le Village, foi du merveilleux dans La jeune fille de l'eau, et Incassable est aussi un film sur l'espoir). C'est en se détournant peu à peu de ce twist comme argument de vente (Signes puis Le Village donc, de plus en plus ouvertement porteurs d'autre chose) que la critique s'est polarisée, entre le grand public "lol des extraterrestres" et les fans hardcore/théoriciens/poseurs, les Cahiers (qui à la sortie du Village lui avaient taillé une pipe si goulue que sur lolastube, elle aurait été classée dans la catégorie "Extrème" ), les Inrocks et Chronicart en tête, qui voient dans chaque nouveau film un joyau brut (ces derniers l'ont même suivi jusque dans The Last Airbender)

D'ailleurs - je ne suis pas du tout spécialiste du cinéaste, à tel point que je ne sais pas orthographier son nom, aussi je m'aventure sur les terres accidentées de l'extrapolation et de l'hypothèse, mais vu via ce prisme, Sixième Sens m'apparait comme le film le plus impersonnel de sa carrière pré-Phénomènes, et j'ai du mal à ne pas le voir comme un film où il montre ses muscles, essayant de gagner la confiance des producteurs via un film et un sujet (un peu) bankable.

En fait, il arrive à un point de sa carrière où il semble tellement seul contre tous qu'il pourrait être le héros d'un de ses films :hmm:
Je souscris totalement à cette analyse :chinois: :beer: :beer:

Je ne dirai rien sur le dernier maitre de l'air, qui ne mérite pas le moindre mot. Il faisait froid, il avait froid, il avait faim.
G.bédécarrax a écrit :Ah, tu rassures! car To The Wonder me fait très, très peur. J'ai tellement la trouille qu'il passe de l'autre côté de l'esthétique d'une pub pour du parfum :peur:
C'est pas tout a fait faux :grinj: Parfois, Olga Kurylenko ou Rachel McAdams à poil, on n'en est pas loin. Si on vut le voir, on le voit. Mais c'est tellement plus profond derrière... (TWSS)
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par G.bédécarrax »

si-ma-tante-en-avait a écrit :Alors moi hier, j'ai vu "Forces Spéciales" avec Diane Kruger et Magimel. Je ne suis pas fan du french bashing mais le cinéma français, c'est pas possible. Une bouse à 15M€ quand même. Ils ont voulu se la jouer à l'américaine (cela ne me dérange pas) mais l'américain marseillais vu les foutages de gueules des scènes de combat. Bref, passez votre chemin.
Alors, dans le fond et parce que je tiens à mes stylos et à mon pain au chocolat, je vais être d'accord avec toi, mais je ne pense pas que Forces Spéciales puisse être exemplaire de ton constat, tant il avait été unanimement salué comme un putain de nanar à l'époque de sa sortie, une bouse même sur l'échelle du cinéma français.
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par Kieros »

La Baronne a écrit :Oui... :smilej:

Une autre raison d'aller voir Forgetting Sarah Marshall... :grinj:
5 ans plus tard...

Boudiou que j'ai détesté :dead: L'impression d'avoir perdu 2 heures de ma vie, je me sens violé :sad: :oops:
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par G.bédécarrax »

Hmm, Springbreakers. Sur le papier, j'adore ce genre de malentendu, quand un sujet, un casting et une promo racoleuse attirent des gens vers un film qui ne leur est pas destiné. Cosmopolis Style. Ici, on peut facilement imaginer que celles et ceux qui ont grandi devant Disney Channel, puis qui ont découvert le goût de la bite au même rythme que Vanessa Hudgens et Selena Gomez, se sont précipités vers un film qui promettait de les montrer légèrement vêtues et largement bourrées, et qui cache en fait un film d'auteur plutôt abscons et peu abordable. Le film en lui-même, bah, on peut facilement le démonter en considérant qu'il ne suffit pas de déconstruire un récit pour en cacher la vacuité, et qu'il ne s'agit en fait que d'une suite de clips de gangsta-rap racoleurs à base de biatchs à oualpé et de scènes de spleen sur de l'ambiant qui se répondent. Mais c'est aussi un bel objet pop, presque un prétexte pour que Benoît Debie se fasse zizir avec des néons (les teintures des comédiennes, leurs bikinis, leur cagoule, tout ça semble pensé en terme de lumière) qui certes ne raconte pas grand chose, mais qui finit par dégager une forme de poésie déglinguée aux relents de Britney Spears, tout comme ces poèmes qui ne tiennent que sur les vibrations de leurs sonorités. Et puis putain, y'a James Franco, qu'il va vite falloir prendre au sérieux avant que son image d'icône pop décalée ne prenne le pas sur ses talents de comédien. Il est impayable en simili-roi Heenok, en particulier dans deux scènes à se pisser dessus.
J'ai beaucoup aimé, mais je n'irai reprocher à personne de détester :grinj:


Et puis, plus embarrassant, Mobius, le retour aux affaires d'Eric Rochant après des films de plus en plus dispensables (jusqu'au triste "L'Ecole pour tous" :sad: ) et une carrière qui semblait (semble ?) devoir s'inscrire à la télé, puisqu'il a réalisé les saisons 2 et 3 de Mafiosa. Avant ça, il était surtout connu pour Total Western Un monde sans pitié et surtout Les Patriotes, échec commercial violent, au point de plus ou moins détruire la carrière de son auteur, foudroyé par la presse de l'époque puis via le net largement réhabilité par les fans. Je suis peut-être influencé par ces derniers, mais je dois reconnaître que c'est un film très très impressionnant, dense, jusqu'au-boutiste dans son refus du spectaculaire et son envie de dépeindre un espionnage sous un jour très concret (dit comme ça, vous pensez surement à la Taupe, mais c'est en fait assez proche de Munich, pas uniquement parce qu'il est question du Mossad, également parce que leurs espions y sont habités par la même humanité), ambitieusement mis en scène, et avec des production values qui semblent incompatibles avec l'idée qu'on se fait d'un film français (et c'est partiellement la faute à ce film là, justement) : tournage et casting international, trois langues, amplitude inhabituelle du sujet et de la narration, etc. Bref, le genre de terreau très fertile en hype mais malgré mes réticences, j'ai adoré au point de l'avoir revu deux fois en six mois.
Et justement, l'ombre du lalilulelo des patriotes plane sur Mobius : a priori un film d'espionnage, tournage et casting international, trois langues :grinj: ( à ce titre, méfiez-vous. Naïf, pensant avoir affaire à un film français je suis allé le voir en V.F, eh bien c'en est vraiment une : Tim Roth et les scènes tournées en anglais - mais pas en russe, ce qui est un peu débile - sont doublées, et c'est assez douloureux. D'un autre côté, il paraît que les accents russe et anglais de Dujardin le sont tout autant). Sauf que le film est surtout une histoire d'amour, plutôt réussie, censée s'écrire en creux de l'intrigue d'espionnage, façon Les Enchainés qui est une référence assumée, mais qui échoue à s'immiscer au sein de celle-ci, n'ajoutant aucune tension narrative ou émotionnelle à un récit par ailleurs plutôt mou et inutilement alambiqué. Je retiens surtout la performance et le personnage de Cécile de France, et une romance qui à ma grande surprise m'a très rapidement ému (mais peut-être dois-je remercier Arcade Fire pour le coup :hmm: ). Déçu, je trouve le film globalement raté, mais pas sans intérêt non plus.
Enfin, Rochant, qui s'était déjà fait remarquer pour avoir live-twitté quasiment tout le tournage de son film (ce qui avait été plutôt mal vu par la profession, de ce que j'ai pu comprendre), décrypte Mobius sur son blog, scène par scène, de l'écriture au montage :wow: et c'est une lecture passionnante, pour ne pas dire obligatoire, peut-être la meilleure raison d'aller voir son film.
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par Kieros »

Putain tu sais donner envie ! :grinj: Peut-être pas au point que j'aille les voir au ciné, mais au moins pour que je persévère chez Rochant, dont j'avais beaucoup aimé Un Monde Sans Pitié :beer: (et un peu aussi Total Western :french: ). Une très bonne critique de Rochant par lui-même :
« Un monde sans pitié » l’avait propulsé prince des années 90. Puis l’accident industriel des « Patriotes » lui a valu un désamour qu’il tente d’effacer avec « Möbius ». Eric Rochant revisite sa carrière sans faux-fuyants ni détours.

L’Idhec ou l’école de l’anarchie


« En 1981, j’intègre la 36ème promotion de l’Idhec (Institut des Hautes Etudes Cinématographiques, aujourd’hui baptisé Femis, NDLR). Dans la promo d’au-dessus, il y a Christian Vincent et Eric Barbier. Dans celle d’en-dessous, les producteurs de « la Vérité si je mens ». Mes camarades s’appellent Philippe Le Guay, Arnaud Desplechin et Pascale Ferran. Arnaud, Pascale et moi, formons un trio soudé : Pascale est assistante sur mes courts-métrages, je fais le cadre de ceux d’Arnaud et il devient mon chef-opérateur. Arnaud a, d’ailleurs, failli réaliser la lumière d’ « Un monde sans pitié ». Mais il a décliné mon offre en se disant : ‘’Si j’accepte, je resterai chef-op à vie’’. A l’époque, l’Idhec tient du chaos. La direction laisse les étudiants autogérer leurs études ou presque. De Jacques Tati au critique Jean Douchet, nous invitons les intervenants de notre choix. Ca s’engueule beaucoup. C’est vivant, assez fou. Nous appartenons à une génération charnière. Avant nous, on glorifie les intellectuels, après nous, on les méprisera. »

« Un monde sans pitié » : en découdre avec la qualité française.


« "Présence féminine", mon dernier court-métrage, décroche pas mal de prix et je croise Alain Rocca (Lazennec Productions), qui va produire 6 de mes longs-métrages. Je lui donne le ton d’« Un monde sans pitié », l’histoire d’un roi de la rue. A l’époque, j’ai le sentiment que le cinéma ne parle pas de moi. Je ne me reconnais pas dans la façon dont il décrit la jeunesse. Deux films m’apparaissent à tort ou à raison comme des repoussoirs : « Désordre » d’Olivier Assayas et « les Nouveaux tricheurs », un remake des « Tricheurs » de Carné, signé Michaël Schock. J’ai fréquenté les jeunesses communistes sans y adhérer et, à la fac de philo où je m’inscris avant l’Idhec, je baigne dans une ambiance désenchantée. Le héros d’ « Un monde sans pitié », Hippo, glandeur lucide, vient de là. Je ne me positionne pas contre le cinéma de « bourges », mais, à l’image de la Nouvelle Vague, j’ai besoin d’en découdre avec ma « qualité française » à moi : ces films d’adolescence ridicules comme « la Boum » ou « la Gifle ». Ma cinéphilie se réfère beaucoup plus au cinéma américain qu’à la Nouvelle Vague, ça, c’est le rayon d’Arnaud Desplechin et de Pascale Ferran. Ils se situent dans la mouvance « Cahiers du Cinéma » et m’appellent « Positif » parce qu’un jour, à la cantine, j’ai dû défendre John Huston. On peut se réclamer d’Howard Hawks ou de John Ford. Pas de Huston. Moi, j’aime Altman, Rafelson, Pakula, Lumet, des cinéastes engagés qui réalisent des films de genre. »

« Aux yeux du monde » : défauts de jeunesse


« Je fais un casting pour trouver le copain d’Hippo : Yvan Attal est le seul qui crève l’écran en ne faisant… rien. Les autres se survendent. Il adapte d’emblée une attitude raccord avec ce que je demande aux comédiens : « par pitié, dis le texte sans le jouer ». Je sens son potentiel. Yvan correspond à la trajectoire que, sans la calculer, j’ai déjà en tête : « Aux yeux du monde », mon « Après-midi de chien ». Puis, « les Patriotes ». Nous tournons « Aux Yeux du monde » : échec public. Dès mon deuxième long-métrage, je casse la logique d’« Un monde sans pitié », en dégainant un film de genre référencé et en refusant de me plier à ce que l’on attend de moi : devenir le cinéaste du réel, un réalisateur générationnel. Je pousse Yvan à surjouer. J’ai les défauts de ma jeunesse. Me voilà étiqueté « le petit Français qui veut faire comme les Américains ». A la même période, sort, sur un sujet similaire, « le Petit criminel » de Jacques Doillon qui rallie les suffrages. Doillon et moi ne sommes pas du même monde. J’entends élargir les espaces. Sortir de mon pré carré et de la chambre à coucher. Lui a tendance à y rester. »

« Les Patriotes » : l’équation impossible

« Je veux mettre en scène un film d’espionnage à la John Le Carré. J’avale des tonnes d’ouvrages sur la CIA, le MI5, le MI6, le KGB, les services secrets français. Je tâtonne. En marchant dans la rue, l’évidence me saute aux yeux : seul le Mossad incarne le renseignement contemporain. J’ai l’idée d’un scénario qui retrace deux opérations à la suite, tout le monde tente de m’en dissuader : ‘’Tu es cinglé’’. Comme si Norman Mailer (« Harlot et son fantôme ») et Robert Littell (« La Compagnie ») se posaient ce genre de questions. Comme eux, je cherche à m’inscrire dans la durée. Ma source d’inspiration, c’est Sergio Leone. Le film se monte sans vedettes, une aberration de production que nous allons payer au prix fort. Personne ne peut monter un film cher sans stars. Jean-Paul Rappeneau a essayé en vain avec Olivier Martinez dans « le Hussard sur le toit ». « les Patriotes » était une équation impossible. Le Festival de Cannes sélectionne le film. Mais au « Cercle de Minuit », Michel Field et Thierry Jousse (critique aux Cahiers du cinéma, ndlr) le descendent pour des raisons politiques. Je traite du Mossad ; « les Patriotes » devient donc un film sur Israël. Pro, anti, j’entends tout et son contraire. Le lendemain, les critiques me pulvérisent. Descente aux enfers. Clint Eastwood, président du jury, remarque mon travail mais Quentin Tarantino débarque avec « Pulp Fiction ». Tarantino « m’a tuer », ça, à la limite, je peux comprendre. Gaumont aussi, en sacrifiant ‘’les Patriotes’’, que je considère toujours comme un pari cinématographique formidable. Il sort le 5 juin. Il a besoin de la presse qui pointe aux abonnés absents. Il ne sera réhabilité que grâce au DVD. La catastrophe des « Patriotes » me ferme les portes. Elle n’éradique pas mon ambition, mais me coupe de mon projet cinématographique. Je vais désormais vers les films que l’on m’autorise à faire. Je choisis le pragmatisme contre la pureté. »

« Anna Oz » : le film que personne n’a vu.

« Je croise Gérard Brach. Il m’apporte « Anna Oz » (l’histoire d’une jeune fille plongée dans ses cauchemars entre Paris et Venise, NDLR). Brach s’abîme dans ses « visions torturées », j’adore le scénario, propice à un film esthétique et poétique, pur exercice de mise en scène. Rocca, ce fou intéressant, replonge. Nous péchons par excès de présomption. « Anna Oz » est mon film maudit, celui que pas un spectateur n’a vu, ou peut-être David Lynch, pour « Mulholland Drive » qui, à sa façon, est aussi un « Anna Oz ». Aujourd’hui, personne ne peut le voir. Je n’en possède moi-même qu’une version DVD time codée. »

« Vive la République ! » : Chirac m’a tuer


« Il faut que je me refasse et « Vive la République ! », comédie modeste (l’itinéraire de chômeurs qui créent un parti, NDLR) est susceptible de m’en donner l’occasion. J’écris le script en trois mois. Je choisis un casting de jeunes comédiens, tous devenus des stars aujourd’hui (Roschdy Zem, Gad Elmaleh, Mathilde Seigner, NDLR). Je le conçois comme un film à l’arrache, rapide et léger. Il doit sortir en pleine période électorale, alimenter le débat. C’est le moment que choisit ce con de Chirac pour dissoudre l’Assemblée nationale. Nouvel échec. On me reproche d’avoir réalisé un film politique light peuplé de chômeurs désabusés. Le public rit. Mais il sort déprimé. »

« Total Western » : un sale quart d’heure

« Un pur film de genre (un action-movie dégénéré dans l’Aveyron, ndlr), inspiré de « The Lolly Madonna War » de Richard Sarafian. Je veux y injecter un peu d’humour et Laurent Chalumeau l’écrit pour moi. Mais UGC, qui distribue le film, bousille la sortie. Ils le trouvent trop violent et craignent que le public de banlieue ne casse leurs fauteuils. Ils le sortent en juillet et le dégagent des écrans au bout d’une semaine. Une fois de plus, je n’ai aucune vedette. Samuel Le Bihan n’a pas encore joué dans « le Pacte des loups ». J’avais proposé le rôle à Jean-Pierre Bacri qui ne l’a pas senti. « Total Western » marche très bien en vidéo. Il a des défauts mais c’est un des premiers films de genre en France. Il précède de peu « Les Rivières pourpres ». Il paraît que Luc Besson, quand il était président du jury à Cannes, a dit que c’était le genre de films qui devraient être en compétition ! Je connaissais Luc, mais ses productions, qui ont drainé des réalisateurs comme Krawczyk, ne me correspondaient pas. Ce n’est pas du film de genre à la française, c’est du film de genre à la Besson. Moi, je ne suis pas un faiseur. Après l’échec de « Total Western », je passe l’un des pires quarts d’heure de ma vie. Alain Rocca et moi nous séparons en bons termes. On a tout essayé mais on se nuit l’un à l’autre : entre nous, le dialogue n’est plus fertile. Il ne reste que de l’angoisse. »
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Message par si-ma-tante-en-avait »

Quelques flops français passés au crible dans Le Parisien

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Message par G.bédécarrax »

Hum. JE HAIS LEP ARISIEN C4EST DES GROSSES PUTES DE CONCIERGE.
Ceci étant.
Puisqu'ils affichent le box-office du film, j'imagine qu'il s'agit de flops commerciaux ?

Si oui :

1) Expliquer un flop commercial par des défauts artistiques = HAHAHA
2) Je crois que 20 000 entrées doivent suffire à rentabiliser le Brisseau.

S'il s'agit en revanche de flops artistiques, prendre cinq films au pif + en extraire une réplique + les balayer en une sentence = SALUT C4EST MOI LE PARISIEN JE GFAIS DES ARTICLES DE CONCIERGE
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Message par si-ma-tante-en-avait »

T'aimes bien prendre la voix d'autres personnages quand tu veux donner ton avis.
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Message par si-ma-tante-en-avait »

Au fait, j'ai vu Zero Dark Thirty. Je sais pas mais j'ai pas du tout aimé. La vie est parfois une belle salope. Un film qui est multi nominé aux Oscars (quoique souvent j'ai du mal avec les lauréats) alors que dans le même temps d'autres films qui portent plus ou moins sur le même sujet n'ont pas le même succès alors qu'ils les surpassent. Syriana par exemple, est beaucoup mieux foutu que ce sous Homeland. Franchement, j'ai cru voir Claire Daines. Toujours le même schéma de la nana survoltée qui passent son temps à combattre les méchants et la bureaucratie. Je reste perplexe devant Bigelow et ses films qui connaissent à chaque fois un succès critique.
Quant à tonton Ben Laden, franchement, si l'assaut s'est passé comme ça, je suis déçu. Une plombe pour le plomber, un boucan pas possible et pas de cachette ? C'était plus simple de le choper que les dealers de cité dans 90' Enquêtes.
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Message par G.bédécarrax »

:lol:
G.bédécarrax a écrit :J'ai enfin vu The Hobbit. Cette histoire d'un peuple sans terre, qui aime vraiment beaucoup l'or et qui a un nez rigolo, m'évoque vaguement quelque chose :hmm:
Je débarque, mais j'apprends à peine qu'en fait, le peuple juif est une inspiration assumée par Tolkien :eek: :wow: Admirez l'étendue de mon antisémitisme la pertinence de mes intuitions :fier:

Sinon, comme je le craignais, je n'ai pas aimé To the Wonder. Il serait plus juste de dire que je n'ai pas adhéré, le film me glissait constamment entre les doigts, aussi je ne sais pas bien trop quoi dire. On y célèbre un amour qui m'est étranger, aucune de mes grilles de lecture n'est compatible. Alors que paradoxalement, je pourrais tout à fait utiliser ce que j'ai dit sur Springbreakers :french: c'est un film qui certes ne raconte pas grand chose, mais qui finit par dégager une forme de poésie déglinguée aux relents de Britney Spears, tout comme ces poèmes qui ne tiennent que sur les vibrations de leurs sonorités. Ca doit signifier que je préfère le dubstep à la musique classique :peur:

Un petit texte pécho sur un forum et qui formule une opinion proche de celle que j'aurais aimé emettre :
je vois To The Wonder comme un prolongement un peu foireux de The Tree of Life, qui fait tout en moins bien. Quand on dit que le cinéma de Malick est précieux parce que risqué (frisant l'imagerie publicitaire, le new age, le ridicule...), il faut assumer que ça implique de possibles ratages.

Le début fait ULTRA-peur. Voir un cinéaste étranger quitter son exotisme pour tourner en France et en français, c'est toujours un test vérité assez radical. Si la vision de la France façon "50 nuances de gris" est pas dénuée de finesse, le cinéma de Malick s'y déploie vraiment sur un mode touristique - moins parce qu'on visite le Mont Saint Michel que parce que le style n’œuvre à rien d'autre qu'à forger sa propre caricature. Plus on avance dans sa filmo, plus Malick semble chercher à distiller la grâce des situations, à y toucher directement sans s'encombrer de péripéties qui feraient écran. Mais il reste que ses films ont toujours eu un objet. Ici, ce n'est plus le cas - sinon une vague réflexion sur l'amour, mais c'est un amour théorique, d'imagerie, sans substance. Olga est sans doute très belle, mais à part être imposée d'emblée comme la grâce à contempler, elle n'est rien d'autre - et à force de n'être qu'une image vide que la caméra course avec une obsession un peu ridicule, elle devient un personnage irritant et distant, notamment dans ses scènes de craquage complètement artificielles.

Malick cherche donc la grâce, sélectionnée par ultra-bribes, comme on fait le videur devant une discothèque select, via un montage fétichiste au surdécoupage un peu usant. Mais surtout il l'épuise à vide, à travers une scénographie inepte répétée ad nauseam, montrant des personnages qui s'évitent, se rapprochent, en silence : qui littéralement TOURNENT EN ROND putain, qui n'existent aucunement dans la réalité (Olga est quoi à part être belle ou amoureuse en levant les bras au ciel ? elle a des envies ? une passion ? un boulot ? elle est déjà à peine mère... le fait que leur maison soit longtemps complètement vide, comme un décor qui attend d'être investi par une narration, me semble particulièrement révélateur). Bref, pour la première fois chez Malick, j'ai l'impression que la forme ne raconte rien.

J'ai l'air de détester, mais je souligne cette artificialité car ce qui sauve le film (ce qui le parsème de pépites en tout cas) tient justement à l'arrivée d'une altérité paradoxale : l'Amérique contemporaine. Ou en tout cas ce territoire anodin d'Oklahoma : ce décor plat, sec, aride, loin de la sophistication des décors français choisis, ce lieu qui en soi n'est ni beau ni chantant, qui aligne les maisons préfabriquées ou abandonnées, a besoin de l’œil de Malick pour trouver du sens. Il y a une espèce de radiographie de l'Amérique aujourd'hui, qui est autre chose que la nostalgie dorée de Tree of Life, qui explose par incongruités magnifiques (la fête foraine, le troupeau de bisons), et qui fait le prix du film. In extremis. C'est aussi dans cette arrivée en Amérique que se mettent en place les rares effets de structure (les voix-off particulièrement ineptes qui trouvent une raison d'être par le mélange des langues, ce genre de chose).

Je dirais pas que ça manque d'ambition : un petit film sur un petit sujet, c'est finalement un véritable défi dans cette filmo. Mais Malick doit commencer à requestionner la forme de ses films - comme il l'a toujours fait jusque là d'ailleurs - et éventuellement penser à se séparer de Lubeski, dont le travail est à présent autonome, et qui assure ici 50% du boulot.
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Message par Kieros »

G.bédécarrax a écrit :Tiens, Happiness Therapy (je m'interdis de mettre les titres V.O - car oui oui, Happiness Therapy est un titre "français", mais cette fois c'es pas passé loin :tic: ) c'est ... bien. Malgré le titre malgré Bradley Cooper malgré cette infâme bande annonce, c'est bien. Et même ponctuellement très bien. Etrangement, le film est plutôt vénèr', via sa mise en scène traversée de rushs d'adrénaline mais surtout dans ses dialogues, où tu retrouves cette nervosité qui a fait la réputation de David O. Russell. La famille de Bradley Cooper, autour d'un Robert de Niro qui, sans déconner, joue, ça fait formulaïque je sais, dans son premier grand rôle depuis blablabla et d'ailleurs c'est pas franchement un grand rôle mais c'est un rôle, autour duquel je ne suis même pas sûr que De Niro compose grand chose, il fait du De Niro mais je vous jure, je vous jure ça fait du bien de le voir faire du De Niro au lieu de juste être De Niro you know what I'm saying ? eh bien la famille de Bradley Cooper ne connait pas le non-dit et troque la traditionnelle grande scène de déballage familial contre des engueulades constantes, bruyantes, dégueulasses, comme s'il s'agissait de la conclusion naturelle à toute discussion.
C'est effectivement, et de manière surprenante, un petit film très sympathique :beer: Petit film, parce que je l'oublierais facilement ( un peu comme tous les films de Russell, je dirais :tic: ), j'ai eu l'impression de voir un film de Sundance mais avec un casting quatre étoiles (eh, mais c'est Chris Tucker ! La meuf de Animal Kingdom ! Robert de Niro !). J'ai quelques réserves sur les changements de ton du film - ça commence comme un drame psychiatrique; ça se poursuit comme un drame familial; on frôle le thriller, puis le flic disparait sans raison; ça devient un film de danse; puis une comédie à l'italienne; Mafia Blues 3; puis une comédie romantique; Dirty Dancing - et sur le rythme du film en général.
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Message par Kieros »

Passion, de Brian de Palma. C'est un film formidablement réalisé :beer: Presque aussi formidablement réalisé qu'il est formidablement chiant. Triangle amoureux saphique, le film ne parvient jamais à aller au bout de ses "idées". Une exemple : Rachel McAdams est une nymphomane qui veut se taper Noomi Rapace, sa subordonnée qui découvre un gode ceinture à son domicile. Faut-il une notice de montage Ikéa pour expliquer comment l'histoire doit s'emboiter ? On en restera pourtant au stade du bisous-bisous. Un thriller porno-chic de gouines qui sent trop la branlette et pas assez la chatte.

The Master, de PT Anderson. L'histoire non officiel de Ron Hubbard, fondateur de la scientologie. Le film est parvenu à me retenir pendant 2h30 malgré le sujet inintéressant pour moi, mais je crois qu'il n'est ni divertissant ni fondamentalement profond. Il vaut surtout pour les performances de Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman, ainsi que la réalisation virtuose, vraiment superbe.
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Message par JUAN »

Hum
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Message par Kieros »

si-ma-tante-en-avait a écrit :
Kieros a écrit :Il faudrait que je vois Anchorman, qui a une réputation assez délirante et est, paraît-il, son meilleur film :coup:


Queua ??? T'as pas vu Ron Burgundy ? L'un de mes films comiques préférés. J'ai aimé Anchorman et j'ai aimé.
Je l'ai finalement vu :beer: J'ai bien ri et c'est sans doute le meilleur Will Ferrell, mais je suis forcément déçu, par rapport à la réputation qui le précédait :tic:
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par si-ma-tante-en-avait »

La suite sort cette année :beer:
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Message par ZeroZero13 »

J'ai vu Argo et j'ai aimé.
J'ai aimé le fait de faire passer une histoire vraie si sérieuse avec ce côté un peu loufoque de comment se réalise le sauvetage. L'histoire aide bien c'est évident mais on aurait pu avoir un film qui ne laisse pas passer toutes ces émotions qui donnent au film de l'action, de la tension et du suspense.

Après vous dire si cela mérite la l'Oscar ou pas j'en suis incapable bien sur, il ne restera pas dans mon top 20 mais tout classement est subjectif bien évidemment. J'avais plus été marqué par Le Discours d'un Roi et bien moins par Démineurs (pour parler des derniers Oscars dont je me souviens là vite fait et en ometant The Artist).
#Thauvin2018
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par si-ma-tante-en-avait »

Pour Démineurs, j'ai pas compris. Sinon hier j'ai vu "Killing them softly". Franchement déçu par ce film qui manque de rythme mais surtout d'une histoire. J'ai ressenti le vide en matant ce film. Bref, un film que je trouve très moyen. Du sous Guy Ritchie.
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Message par ZeroZero13 »

Merde je l'ai depuis quelques temps sur mon disque dur car je l'avais raté au ciné et j'étais vraiment impatient de le voir, surtout pour James Gandolfini :smilej: Mais tu m'as refroidi :sad:
#Thauvin2018
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par si-ma-tante-en-avait »

Le James, même pas 10 mn dans le film.
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par Kieros »

Je vais sans doute être le plus dithyrambique du forum, mais j'ai adoré The Hobbit :smilej: Ça n'a pas la même ampleur que LOTR, évidemment, mais j'ai eu un bonheur fou de revoir cet univers sous mes yeux :love: Au delà de l'aspect nostalgique, ça reste pour moi largement au dessus de la grande majorité des blockbuster, en terme de réalisation et de narration.
Modifié en dernier par Kieros le dim. mars 31, 2013 17:07, modifié 1 fois.
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par si-ma-tante-en-avait »

Content pour toi. Hier j'ai regardé Mais qui a re tué Pamela Rose. Enfin disons 20 mn. D'une nullité.
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par Kieros »

T'avais aimé le 1er ? Je l'ai raté à sa sortie, j'ai peur de voir cette suite :-| Il a fait un four abominable au box office.
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Re: Cinéma... Tchi Tcha !

Message par si-ma-tante-en-avait »

J'avais apprécié le 1er. Je suis plutôt bon public avec ce genre d'humour (je regardais souvent les sketch de Kadeo). Mais là, c'était pas possible.
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