OPINION | Notre éditorialiste Jairome s'est penché sur la situation des supporters historiques du PSG. Alors que l'affrontement PSG-OM brouille souvent les raisonnements, il démontre que le Lynx est un loup pour l'homme supporter, qu'il soit parisien ou marseillais.
Quel supporter marseillais n'a pas été "attaqué" verbalement par un supporter parisien mettant en avant le fameux "0 point" en Ligue des Champions ? Balançant à la figure de la "sardine" que son équipe ne gagne plus rien comparé au grand PSG ? Quel supporter marseillais n'a pas entendu cette tirade de la part d'un fan parisien :
C'est ça la méthode Bielsa ? Même pas sur le podium, peut-être pas de Coupe d'Europe. Ça vous dirait pas d'essayer de dominer un peu ?
Ce n'est pas la volonté de dominer qui est en cause. Les Qataris s'en branlent de l'institution PSG, cela se manifeste à l'écoute de la réaction de Nasser à la suite du match retour à Barcelone. Il comparait 101 ans d'existence du Barça à 4 ans d'existence du PSG, comme si le club n'existait pas avant lui, comme s'il parlait d'une entité nouvelle.
Et ça déteint sur les joueurs qui semblent oublier que Pauleta, que Kombouaré, que Susic, que Dahleb ont existé, ou encore que le PSG a déjà gagné une Coupe d'Europe :
Thiago Motta dans l'Equipe Magazine, septembre 2014
Où est le respect du club, de l'institution, de l'histoire ? Personne n'est là pour rappeler à Nasser qu'il y avait un PSG avant lui ?
À en juger par la manière avec laquelle il a traité les supporters historiques, cela semble clair, son PSG n'a rien à voir avec le PSG que les "anciens" supporters parisiens ont aimé. Et c'est là que je comprends tout à fait les supporters "à l'ancienne", ceux qui se sont détachés de ce PSG-là, parce que j'aurais moi-même bien du mal à soutenir l'OM sur un tel projet.
Gagner oui, mais pas à n'importe quel prix. Oui, j'étais amoureux de l'OM quand on était au top, mais encore plus en L2 avec Cascarino et Ferreri, encore plus avec Pouget-Porato-Bakayoko, encore plus quand on gagne une Intertoto de merde avec Niang et Oruma.
Je supporte l'OM avant tout, même si je me rends bien compte que ce n'est pas le petit club familial et qu'il y a eu, à certains moments, la volonté de le "moderniser" aux dépends de son Histoire, comme avec les maillots oranges ou gris, les changements de logo, etc.
Mais si demain, un gars arrive avec des vedettes ou pré-vedettes, qu'il pose ses couilles en or sur ma gueule et qu'il vient me dire, en plus, que rien n'a existé avant qu'il arrive... je lui dirai gentiment d'aller bien se faire enculer, lui, ses vedettes et son pétrole.
C'est en ce sens que je respecte Marcelo Bielsa et que j'admire sa philosophie. Il n'est pas venu pour l'argent, il aurait pu en gagner bien plus ailleurs. Il n'est pas venu pour un développement personnel; quand tu as connu les grandes sélections sud-américaines et que tu es adoré partout où tu es passé, tu n'as pas besoin de ça. Il est venu apporter sa pierre à l'édifice de notre institution, lui apporter une nouvelle philosophie, sans jamais renier le passé du club. Mieux, il veut sublimer les valeurs qu'on aime quand on supporte l'OM : le don de soi, le fameux "Droit au But", le supporter au centre du club.
Quand on voit comment Bielsa place l'institution OM avant toute chose dans ses discours, comment il met en avant les supporters et comment il considère qu'ils sont la seule chose importante dans sa philosophie.... le Lynx ou les journalistes sportivo-people osent se demander pourquoi on est si attachés à lui ?
Mais les gars, il y a plus de foot en Bielsa que dans tous les habitants de Saint-Germain et du Qatar réunis. Putain, mais pas une minute j’échange Bielsa contre un actionnaire Qatari . Même pas pour un triplé en France. Même pas pour 3 quarts de finales de C1.
Le cynisme des dirigeants Qataris a déteint sur ces supporters qui arrivent encore à soutenir ce club.
Ça enchante les fameux Lynx parisiens qui pullulent sur Twitter que nous n'accrochions pas l'Europe cette année ? : Mais rien à battre. Rien - à - battre, putain.
Le cynisme des dirigeants Qataris a déteint sur ces supporters qui arrivent encore à soutenir ce club. Ils n'arrivent plus à comprendre qu'on peut supporter une équipe composée de brêles, juste parce qu'elle fait plaisir à voir jouer. Ils ont perdu le romantisme des années Hechter, Borelli et Canal+, ils ne cherchent que le résultat, le résultat, et le résultat parce que c'est le seul moyen de justifier le fait de supporter un nouveau club fait de stars surpayés, qui viennent pour palper un peu de l'Arab money.
Au sommet de leur derrick, ils sont confortablement installés. Mais pas sûr que la vue soit si belle.
En tant que supporter parisien et fan de Bielsa je comprends l’attachement des Marseillais à ce coach qui, même s’ils terminent au-delà du podium, leur a procuré davantage de joie et de frémissements que Baup et sa 2ème place. En revanche, il ne faut pas donner de leçon là où il n’y en a pas : Marseille et Paris ont 2 histoires, 2 cultures distinctes (ce qui participe à l’antagonisme folklorique forgé par Canal). Ce n’est pas un cliché de dire que le PSG est avant tout un club bourgeois, un club à paillettes dont le premier président est un créateur de mode et dont les périodes de gloire coïncident avec un apport massif de fonds nouveaux. Canal et les années 90 ont été tout aussi florissantes financièrement parlant qu’aujourd’hui. Mais le problème est à chercher ailleurs et il est évoqué au début de l’article : quid de l’institution PSG ? Quand Ibra affirme, même avec toute l’ironie du monde, qu’avant lui il n’y avait rien, tout Ibra qu’il est j’ai juste envie de lui faire ses bagages et de réserver un aller simple pour la Suède. On ne peut se targuer d’être un grand club, de faire partie du gotha européen sans une once d’histoire et surtout sans une légitimité institutionnelle. Les demi finalistes de la LDC ? 21 LDC à eux 4. Le projet des Qatari ne se construit peut être pas en un jour mais cela ne doit pas effacer 40 ans d’histoire.
J’approuve à 100% cet article.